FORGE

ÉblouissementLutteCreusetDéfaitePessimismeTu le peux!Se battre encore...RésurrectionVictoireTravailSélectionFéconditéEternité

 «    ÉBLOUISSEMENT    » 

1 Enfants de Dieu. – Porteurs de la seule flamme capable d'illuminer les chemins terrestres des âmes, de la seule flamme qui ne sera jamais mêlée d'ombres, de pénombres ou d'obscurités.
– Le Seigneur se sert de nous comme de flambeaux, pour que cette lumière éclaire... Il dépend de nous qu'ils soient nombreux, ceux qui ne restent pas dans les ténèbres, mais qui marchent au contraire sur des chemins qui mènent à la vie éternelle.

2 Dieu est mon Père! Si tu médites bien cela, tu ne voudras pas sortir d'une considération aussi consolante.
– Jésus est mon Ami très cher (encore une autre découverte de taille)! Il m'aime de toute la folie divine de son Cœur.
– L'Esprit Saint est mon Consolateur! Il guide mes pas tout au long de mon chemin.
Penses-y bien! Tu es à Dieu..., et Dieu est à toi.

3 Mon Père – appelle-Le ainsi, avec cette confiance! –, mon Père qui es aux Cieux, regarde-moi dans ton amour compatissant, et fais en sorte que je te réponde.
– Enflamme, embrase mon cœur de bronze, brûle et purifie ma chair rebelle à la mortification, inonde mon entendement de lumières surnaturelles, fais que ma langue proclame l'Amour et la Gloire du Christ.

4 Le Christ, Lui qui est monté sur la Croix, les bras grands ouverts de part et d'autre dans un geste de Prêtre Eternel, veut compter sur nous, qui ne sommes rien, pour porter à "tous" les hommes les fruits de sa Rédemption.

5 C'est avec joie, Seigneur, que nous nous trouvons dans ta main blessée. Serre-nous! Presse-nous bien fort: que nous abandonnions toute notre misère terrestre! Pour nous purifier, nous enflammer, nous sentir imbibés de ton Sang!
– Et ensuite, lance-nous au loin, très loin, en nous donnant le désir de moissonner, de faire, par Amour pour Toi, des semailles de plus en plus fécondes.

6 N'aie donc pas peur, ne crains rien, ne t'étonne pas et ne te laisse pas guider par une fausse prudence.
L'appel à accomplir la Volonté de Dieu – c'est vrai aussi pour la vocation – vient subitement, comme pour les Apôtres: rencontrer le Christ et suivre son invitation... Aucun n'a hésité: connaître le Christ et Le suivre, ce fut tout un.

7 Un jour de salut, un jour d'éternité est arrivé pour nous. Une fois de plus les sifflements du Divin Pasteur se sont fait entendre: ces paroles affectueuses, "vocavi te nomine tuo" – Je t'ai appelé par ton nom.
Comme notre mère, Il nous appelle par notre nom. Mieux encore, par notre petit nom affectueux, familier. – Et c'est là, dans l'intimité de ton âme, qu'Il t'appelle; et il te faut Lui répondre: "ecce ego quia vocasti me" – me voici, parce que Tu m'as appelé, bien résolu à ce que, cette fois-ci, le temps ne passe pas comme l'eau sur des galets polis, sans laisser de trace.

8 Vis près du Christ! Sois, dans l'Evangile, comme un personnage de plus, qui partage sa vie avec Pierre, avec Jean, avec André..., parce que maintenant aussi le Christ est vivant: "Iesus Christus, heri et hodie, ipse et in saecula!" – Jésus-Christ est vivant! Aujourd'hui comme hier. Il est le même, pour les siècles des siècles.

9 Seigneur, que tes enfants soient comme une braise bien ardente, aux flammes invisibles de loin. Une braise qui allume un premier foyer dans chacun des cœurs dont elle s'approche...
Tu aideras cette étincelle à devenir un incendie: tes Anges – je le sais, je l'ai vu – sont de si grands experts pour souffler sur la braise des cœurs. et un cœur exempt de toute scorie ne peut que t'appartenir.

10 Pense à ce que dit le Saint-Esprit, et sois à la fois tout étonné et reconnaissant: "elegit nos ante mundi constitutionem" – Tu nous a choisis avant la création du monde, "ut essemus sancti in conspectu eius!" – pour que nous soyons saints en ta présence.
– Il n'est guère facile d'être saint, mais ce n'est pas non plus très difficile. Etre saint, c'est être un bon chrétien: c'est ressembler au Christ. – Celui qui ressemble le plus au Christ, c'est celui qui est plus chrétien, plus assimilé au Christ, et donc plus saint.
– Et pour cela, de quels moyens disposons-nous? – Des mêmes que les premiers fidèles, qui purent voir Jésus, ou qui l'ont entrevu à travers les récits des Apôtres ou des Evangélistes.

11 Quelle dette que la tienne envers Dieu ton Père! Il t'a donné l'existence, l'intelligence, la volonté... Il t'a donné la grâce: l'Esprit Saint; Jésus dans l'Hostie; la filiation divine; la très sainte Vierge, Mère de Dieu et notre Mère; Il t'a donné la possibilité de participer à la Sainte Messe et Il t'accorde le pardon de tes péchés. Son pardon, et tant de fois! Il t'a accordé des dons innombrables, quelques-uns d'entre eux extraordinaires...
– Dis-moi, mon enfant: comment Lui as-tu répondu? Comment Lui réponds-tu?

12 J'ignore comment toi, tu vas réagir... Quant à moi, j'ai besoin de te confier mon émotion intérieure, à la lecture de ces paroles du prophète Isaïe. "ego vocavi te nomine tuo, meus es tu!" – Je t'ai appelé, Je t'ai amené à mon Eglise, tu es mien! Dieu me dit, à moi, que je suis à Lui! De quoi devenir fou d'Amour!

13 Prends garde: il y a dans le monde beaucoup d'hommes et de femmes, et le Maître n'exclut personne de son appel...
Il les appelle à la vie chrétienne, à une vie de sainteté, à une vie d'élection, à une vie éternelle.

14 Le Christ a souffert par toi et pour toi, pour t'arracher à l'esclavage du péché et de l'imperfection.

15 En ces temps de violence, de sexualité brutale, sauvage, notre devoir est d'être des rebelles. Toi et moi, nous sommes des rebelles: nous ne voulons pas nous laisser entraîner par le courant et devenir des bêtes.
Nous voulons nous comporter en enfants de Dieu, en hommes ou en femmes qui recherchent l'intimité de leur Père qui est dans les Cieux et qui veut être très proche de nous – au-dedans de nous!

16 Médite souvent cette vérité: je suis catholique, je suis un enfant de l'Eglise du Christ! Il m'a fait naître dans un foyer qui est "sien", sans aucun mérite de ma part.
– Comme je Te dois beaucoup, ô mon Dieu!

17 Rappelez à tous – et de manière toute spéciale à tant de pères et de mères de famille qui se disent chrétiens – que la "vocation", l'appel de Dieu est une grâce du Seigneur, une élection émanant de la bonté divine, un motif de saint orgueil, une manière de servir avec joie tous les hommes pour l'amour de Jésus-Christ.

18 Fais écho à ma voix: si Dieu demande à des parents leurs enfants, ce n'est pas un sacrifice pour eux; pas plus que ce n'est un sacrifice de Le suivre pour ceux que le Seigneur appelle.
Bien au contraire, c'est un honneur immense, un motif de grand, de saint orgueil, le signe d'une prédilection, d'une affection toute particulière que Dieu a manifestée à un moment donné, mais qui était dans son esprit de toute éternité.

19 Sois reconnaissant à tes parents de ce qu'ils t'ont donné la vie, afin de pouvoir devenir enfant de Dieu. – Et plus reconnaissant encore si ce premier germe de la foi, de la piété, de ton chemin de chrétien ou de ta vocation, ce sont eux qui l'ont mis dans ton âme.

20 Il y a beaucoup de monde autour de toi, et tu n'as pas le droit d'être un obstacle à leur bien spirituel, à leur bonheur éternel.
Tu as l'obligation d'être saint, de ne pas décevoir Dieu, compte tenu du choix dont tu as fait l'objet; de ne pas décevoir non plus ces créatures qui attendent tellement de ta vie de chrétien.

21 Le commandement qui oblige à aimer ses parents relève du droit naturel et du droit divin positif. Et je l'ai toujours appelé "un très doux précepte".
– Ne néglige pas cette obligation d'aimer les tiens toujours davantage; de te mortifier pour eux; de prier pour eux, et de les remercier pour tout le bien que tu leur dois.

22 Selon la volonté du Maître, toi, bien plongé tant dans ce monde où il nous est donné de vivre, que dans toutes les activités des hommes, tu dois être sel et lumière. La lumière qui illumine les intelligences et les cœurs, le sel qui donne la saveur et préserve de la corruption.
C'est pourquoi, si le zèle apostolique te fait défaut, tu deviendras insipide et inutile, tu frustreras les autres et ta vie sera absurde.

23 Une vague sale et putride – rouge et verte – tend à submerger la terre, crachant son immonde salive sur la Croix du Rédempteur...
Et Lui, Il veut que de nos âmes jaillisse une autre vague, une vague immaculée et puissante, comme la main droite de Notre-Seigneur, et qu'elle détruise, par sa pureté, la pourriture de tout matérialisme, qu'elle neutralise la corruption qui a inondé le globe. Et telle est, entre autres, la tâche des enfants de Dieu.

24 Nombreux sont ceux qui se demandent, l'air suffisant: et moi, pourquoi irais-je m'introduire dans la vie des autres?
– Parce qu'en tant que chrétien, tu as l'obligation de t'introduire dans la vie des autres, afin de les servir!
– Parce que le Christ s'est introduit dans ta vie et dans la mienne!

25 Si tu es un autre Christ, si tu te comportes comme un enfant de Dieu, tu embraseras les autres où que tu te trouves. Car le Christ est un feu brûlant. II ne laisse pas les cœurs indifférents.

26 Il est triste de voir qu'après deux mille ans, il y ait dans le monde si peu de gens qui se disent chrétiens! Quelle peine aussi que, parmi ceux qui se proclament chrétiens, il y en ait si peu qui incarnent dans leur vie la vraie doctrine de Jésus-Christ.
Il vaut la peine de mettre en jeu sur ce point toute sa vie! De travailler et de souffrir, par Amour, pour mener à bien les desseins de Dieu! Pour être des corédempteurs!

27 Je vois ta Croix, mon Jésus, et je bénéficie de ta grâce: ton Calvaire nous a valu le Saint-Esprit en récompense...Et chaque jour, par amour, Tu te donnes à moi – c'est une pure folie! – dans la très Sainte Hostie... Et Tu as fait de moi un enfant de Dieu! Et Tu m'as donné à ta propre Mère.
Il ne me suffit pas de faire une action de grâces. Ma pensée s'envole: Seigneur, Seigneur, combien d'âmes restent loin de Toi!
Dans ta vie, ravive ta soif d'apostolat: pour qu'on Le connaisse..., et qu'on L'aime, et qu'on se sente aimé de Lui!

28 Souvent, tu as entendu cette remarque sur mes lèvres: on parle parfois de l'amour comme s'il s'agissait de la recherche d'une satisfaction, ou d'un simple moyen de perfectionner sa propre personnalité de façon égoïste.
– Et moi, je t'ai toujours dit qu'il ne doit pas en être ainsi: l'amour véritable suppose que l'on sorte de soi-même et que l'on se donne. L'amour authentique entraîne avec lui la joie: une joie dont les racines sont en forme de croix.

29 Mon Dieu, comment peut-il se faire que je voie un crucifix sans que je crie de douleur et d'amour?

30 Il y a de quoi rester stupéfait devant la magnanimité de Dieu: Il s'est fait Homme pour nous racheter, pour que toi et moi – qui ne valons rien, reconnais-le! – nous vivions en toute confiance avec Lui.

31 O, Jésus..., fortifie nos âmes! Aplanis le chemin! Et surtout, enivre-nous d'Amour: fais ainsi de nous des foyers brûlants, qui enflamment la terre du feu divin que Tu es venu nous apporter.

32 S'approcher un petit peu plus de Dieu, qu'est-ce donc sinon être toujours prêt à se convertir, à se corriger de nouveau; à attendre ses inspirations – les saints désirs qu'Il a fait naître dans notre âme –, et à les mettre en pratique?

33 De quoi peux-tu t'enorgueillir? Tout ce qui te pousse à agir vient de Lui. Tires-en les conséquences.

34 Que de respect, de vénération, d'affection ne devons-nous pas ressentir à l'égard d'une seule âme quand nous pensons à cette réalité: Dieu l'aime comme quelque chose qui est à Lui?

35 Aspiration: les jours que le Seigneur nous accorde, puissions-nous ne les employer qu'à Lui plaire!

36 Mon désir est que ton comportement soit celui de Pierre et de Jean! Autrement dit que ton oraison se charge des besoins de tes amis, de tes collègues..., afin que tu en parles avec Jésus..., et que tu puisses ensuite leur dire, grâce à ton exemple: "respice in nos!" – regardez-moi!

37 Lorsque l'on aime beaucoup une personne, on désire connaître tout ce qui la concerne.
– Une question à méditer: éprouves-tu le désir de connaître le Christ? Car... c'est avec cette mesure-là que tu L'aimes.

38 Ils mentent, ou ils se trompent, ceux qui affirment que nous autres, prêtres, nous sommes seuls: nous sommes plus accompagnés que quiconque, parce que nous pouvons compter sur la compagnie continuelle de Notre-Seigneur, Lui avec qui nous ne devons pas cesser de nous entretenir.
– Nous sommes des amoureux de l'Amour, de l'auteur de l'Amour!

39 Je me considère comme un pauvre oisillon, habitué à voler d'arbre en arbre, ou tout au plus jusqu'au balcon d'un troisième étage... Or voici qu'au cours de sa vie ce petit oiseau s'est trouvé un jour suffisamment fort pour arriver jusqu'au toit d'une maison d'une hauteur modeste, qui n'avait rien d'un gratte-ciel...
Mais soudain notre oiseau est emporté par un aigle, qui l'a pris pour un petit de sa race. Et, entre ses serres puissantes, le petit oiseau monte haut, très haut, au-dessus des montagnes de la terre et des sommets enneigés, au-dessus des nuages blancs, bleus et roses, et plus haut encore, jusqu'à ce qu'il arrive à regarder fixement le soleil... Alors l'aigle, lâchant le petit oiseau, lui dit: Vas-y! Envole-toi!
– Seigneur, que je ne recommence pas à voler au ras du sol! Que m'illuminent toujours les rayons du Soleil divin – le Christ – dans l'Eucharistie! Fais que mon vol ne s'interrompe pas, tant que je n'aurai pas trouvé le repos en ton Cœur!

40 Voici comment cet ami achevait sa prière: "j'aime la volonté de mon Dieu. C'est pourquoi, dans un complet abandon, je Lui demande de me conduire comme Il voudra, et où Il voudra".

41 Prie le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et ta Mère, pour qu'ils t'aident à mieux te connaître; et à pleurer pour cette quantité de souillures qui ont marqué ta vie en y laissant, hélas, leur trace... – Et en même temps, sans vouloir t'éloigner de cette considération, dis-Lui: donne-moi, Jésus, un Amour qui soit comme un foyer de purification, où ma pauvre chair, mon pauvre cœur, ma pauvre âme, mon pauvre corps se consument, en se purifiant de toutes les misères terrestres... Et, quand je serai vidé de tout ce moi, remplis-moi de Toi: fais que je ne m'attache à rien ici-bas et que l'Amour me soutienne toujours.

42 Ne désire rien pour toi, rien de bon ni rien de mauvais: recherche seulement ce que Dieu voudra pour toi.
Quoi qu'il en soit, puisque cela viendra de sa main – de la main de Dieu –, aussi mauvais que cela paraisse aux yeux des hommes, cela te paraîtra bon, à toi, et même très bon. Et tu diras, de plus en plus convaincu: "et in tribulatione mea dilatasti me..., et calix tuus inebrians, quam praeclarus est!" – c'est dans la tribulation que je me suis réjoui... Comme il est merveilleux ton calice, lui qui enivre tout mon être!

43 Comme il est bon d'offrir au Seigneur le sacrifice d'Abel. Le sacrifice d'une chair jeune et belle – la meilleure du troupeau –; d'une chair saine et sainte; le sacrifice de cœurs qui n'aient qu'un seul amour: Toi, mon Dieu! D'intelligences burinées par des études approfondies, et qui s'inclineront devant ta Sagesse. Le sacrifice d'âmes d'enfants, qui n'auront d'autre pensée que celle de Te plaire.
– Reçois dès à présent, Seigneur, ce sacrifice d'agréable odeur.

44 Il faut savoir se donner, savoir brûler devant Dieu comme cette lumière que l'on place sur le chandelier, afin d'éclairer les hommes qui marchent dans les ténèbres; comme ces veilleuses qui brûlent devant l'autel, et qui se consument jusqu'à ce qu'elles meurent.

45 Le Seigneur – ce Maître d'Amour! – est un amant jaloux qui nous demande tout ce qui est à nous, tout notre vouloir. Il attend que nous Lui offrions ce que nous avons, en suivant le chemin qu'Il nous a tracé à chacun.

46 Mon Dieu, je vois que je ne T'accepterai comme mon Sauveur que si je Te reconnais en même temps comme mon Modèle.
– Puisque Tu as voulu être pauvre, donne-moi l'amour de la Sainte Pauvreté. Mon ferme propos est de vivre et de mourir pauvre, avec ton aide, aurais-je des millions à ma disposition.

47 Tu es resté bien sérieux quand je t'ai dit en confidence: pour le Seigneur, tout me paraît, à moi, si peu de choses.

48 Pourvu que l'on puisse dire de ta vie que ce qui la distingue, c'est d'"aimer la Volonté de Dieu".

49 Quand il est offert à Dieu, tout travail, même le plus insignifiant, renferme la force de la vie de Dieu!

50 Pour mieux te faire sentir la responsabilité de ta mission, je te dirai que le Ciel tout entier est là, qui te contemple!

51 Dieu t'attend! – C'est pourquoi, où que tu sois, tu dois vouloir t'engager à L'imiter; à t'unir à Lui, avec joie, avec amour, avec enthousiasme, même s'il t'arrive un jour – ou de façon permanente – de faire les choses à contre-cœur.
Dieu t'attend..., et Il te veut fidèle!

52 Tu écrivais ces lignes: "O mon Roi, je T'entends T'écrier d'une voix forte, qui résonne encore à mes oreilles: "ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut accendatur?" – Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que désiré-je, sinon qu'il brûle?"
Et tu ajoutais: "Seigneur, je Te réponds avec mes sens et mes facultés, de tout mon être: "ecce ego quia vocasti me!" – me voici parce que Tu m'as appelé!"
– Ainsi doit être ta réponse dans la réalité de tous les jours.

53 Tu dois avoir la mesure, la force, le sens des responsabilités que la plupart des gens n'acquièrent qu'après bien des années, avec l'âge. Même jeune, tu obtiendras tout cela si le sens surnaturel propre à un enfant de Dieu demeure vivant en toi; en effet, plus qu'aux personnes âgées, ll te donnera les qualités nécessaires pour mener à bien ton travail d'apôtre.

54 Tu te sens comblé d'une joie intérieure et d'une paix que tu n'échangerais pour rien au monde. Oui, Dieu est là: rien n'est meilleur que de Lui dire tes chagrins, afin qu'ils ne soient plus des chagrins.

55 Est-il possible, me disais-tu, que le Christ soit à l'œuvre sur terre depuis tant d'années – depuis vingt siècles – et que le monde soit dans cet état? Et tu insistais: est-il possible qu'il y ait encore des gens qui ne connaissent pas le Seigneur?
– Moi, plein d'assurance, je t'ai répondu: à nous la faute! Nous avons reçu un appel: être des corédempteurs; et parfois – peut-être bien des fois! – nous ne répondons pas à cette Volonté de Dieu.

56 L'humilité de Jésus! Par contraste, quelle honte pour moi – poussière de fumier – d'avoir si souvent dissimulé mon orgueil sous couvert de dignité, de justice!... – Et ainsi, pour suivre le Maître, que d'occasions perdues, ou non mises à profit, parce que je n'ai pas su leur donner leur sens surnaturel!

57 Douce Mère..., menez-nous à la folie qui en rendra d'autres fous de notre Christ.
Douce Vierge Marie: que l'Amour ne soit pas, chez nous, l'incendie trompeur de feux follets sans consistance (ceux que font parfois les cadavres en décomposition...); faites que je sois un véritable incendie, ravageur, qui se communique à tout ce qu'il touche et l'embrase.

 «    LUTTE    » 

58 L'élection divine a pour signe et pour exigence la sainteté personnelle.

59 Si tu réponds à l'appel que t'a adressé le Seigneur, ta vie – ta pauvre vie! – laissera dans l'histoire de l'humanité un sillon large et profond, lumineux et fécond, un sillon éternel et divin.

60 Chaque jour tu dois te sentir obligé d'être saint. – Oui, saint! Ce qui ne veut nullement dire que tu fasses quoi que ce soit d'étrange, mais simplement que tu luttes dans ta vie intérieure et dans l'accomplissement héroïque, achevé de ton devoir.

61 La sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses. Elle est avant tout une lutte pour que, dans le domaine surnaturel, la vie ne s'éteigne pas: elle consiste pour toi à te laisser brûler jusqu'à la dernière fibre, en servant Dieu à la dernière place..., ou à la première: là où le Seigneur t'appellera.

62 Notre-Seigneur ne s'est pas contenté de nous dire qu'Il nous aime: Il nous l'a montré par ses œuvres et par sa vie tout entière. – Et toi?

63 Si tu aimes Notre-Seigneur, tu dois "nécessairement" ressentir la charge bénie des âmes, qu'il faut mener à Dieu.

64 Pour qui veut vivre de l'Amour (avec une majuscule), le moyen terme est bien peu de chose: mesquinerie, calcul misérable.

65 Voilà ce que je te prescris pour ton chemin de chrétien: prière, pénitence, travail inlassable, dans l'accomplissement plein d'amour de ton devoir.

66 Mon Dieu, apprends-moi à aimer! – Mon Dieu, apprends-moi à prier!

67 Nous devons demander à Dieu la foi, l'espérance, la charité, humbles, persévérants dans notre prière, droits dans notre conduite et honnêtes dans nos mœurs.

68 Tu ne sais comment me remercier pour ce saint zèle qui s'est emparé de ton âme, m'as-tu dit.
– Et moi de te répondre bien vite que ce n'est pas moi mais le Saint-Esprit qui fait vibrer ton âme.
– Aime-Le donc, recherche sa compagnie. – C'est ainsi que tu L'aimeras davantage et mieux; et tu Le remercieras d'avoir pris possession de ton âme, pour te faire don de la vie intérieure.

69 Un objectif pour ta lutte: que le saint Sacrifice de l'Autel devienne le centre et la racine de ta vie intérieure; et toute ta journée rendra un culte à Dieu (prolongation de la Messe que tu as entendue, préparation de la suivante); et un culte qui se manifestera par des oraisons jaculatoires, par des visites au Saint-Sacrement, par l'offrande de ton travail professionnel et de ta vie de famille.

70 Efforce-toi de rendre grâces à Jésus dans l'Eucharistie en chantant les louanges de Notre-Dame, de la Vierge pure, sans tache, de celle qui a mis au monde le Seigneur.
– Et, audacieux comme un enfant, ose dire ces paroles à Jésus: mon bel amour, bénie soit la Mère qui t'a mis au monde!
Cela lui fera plaisir à coup sûr, et Il n'en mettra que plus d'amour dans ton âme.

71 Saint Luc, l'Evangéliste, évoque Jésus en train de prier... Comment devait-elle être, la prière de Jésus!
Contemple calmement cette réalité: les disciples vivent dans l'intimité de Jésus-Christ. Et au fil de ces conversations – comme par son exemple – le Seigneur leur apprend comment ils doivent prier; Il leur révèle ce grand prodige de la miséricorde divine: nous sommes enfants de Dieu et nous pouvons nous adresser à Lui, comme un enfant parle à son Père.

72 Au seuil de chacune de tes journées, lorsque tu te disposes à travailler près du Christ et à répondre à tant d'âmes qui Le cherchent, convaincs-toi qu'il n'existe qu'un seul chemin, le recours à Notre-Seigneur.
C'est seulement dans la prière et par la prière que nous apprenons à servir les autres!

73 Souviens-t'en: la prière ne consiste pas à faire de beaux discours, des phrases grandiloquentes, consolantes...
La prière, c'est parfois un simple regard sur une représentation de Notre-Seigneur ou de sa Mère; d'autres fois encore l'offrande de tes bonnes œuvres, des fruits de ta fidélité...
Comme la sentinelle qui veille, nous devons nous tenir nous autres à la porte de Dieu Notre-Seigneur: et cela c'est prier. Un peu comme le petit chien aux pieds de son maître.
– N'aie pas peur de le lui dire: Seigneur, tu me vois ici comme un chien fidèle; ou mieux, comme un petit âne qui n'enverra pas de ruades à celui qui l'aime.

74 Nous devons tous être "ipse Christus" – le Christ lui-même. C'est ce que nous recommande saint Paul au nom de Dieu: "induimini Dominum Iesum Christum" – revêtez-vous de Jésus-Christ.
Que chacun d'entre nous – et toi aussi! – examine comment il se revêt de ce vêtement dont nous parle l'Apôtre; que chacun ne cesse de dialoguer personnellement avec le Seigneur.

 «    CREUSET    » 

75 Que ta prière ne s'en tienne pas à de simples paroles! Mais qu'elle soit assez concrète pour entraîner des conséquences pratiques!

76 Prier: c'est la voie qui nous fait couper court aux maux dont nous souffrons.

77 Ce conseil que je te donne, je ne me lasserai pas de le redire aux âmes: aime à la folie la Mère de Dieu, notre Mère.

78 Pour l'héroïsme, la sainteté, l'audace, il faut une préparation spirituelle constante. Tu ne donnes jamais aux autres que ce que tu possèdes: aussi, pour donner Dieu, tu dois Le fréquenter, vivre de sa Vie, Le servir.

79 Pour bien te le graver dans l'âme, je ne me lasserai jamais de redire: piété, piété, et piété! Si tu manques à la charité, ce sera par manque de vie intérieure et non par suite de ton mauvais caractère.

80 Tout comme un petit enfant a besoin de sentir ses parents près de lui au moment du lever et du coucher, si tu es un bon enfant de Dieu, c'est à Lui qu'iront ta première et ta dernière pensée de chaque jour.

81 Tu dois être constant, très exigeant envers toi-même pour ce qui concerne tes normes de piété, quand bien même tu te sens fatigué et qu'elles te paraissent arides. Sois persévérant! A ces moments-là elles sont comme ces grands piquets peints en rouge qui, sur les sentiers de montagne, servent de jalons quand vient la neige, pour que le bon chemin soit indiqué en toute certitude.

82 A chaque instant efforce-toi de répondre à ce que Dieu te demande: sois résolu à L'aimer par des œuvres. – Par de petites œuvres, mais sans en négliger aucune.

83 La lutte affermit la vie intérieure, une lutte amoureuse pour accomplir – ou mieux pour vivre! – nos pratiques quotidiennes de piété: oui, notre chemin d'enfants de Dieu est un chemin d'Amour.

84 Cherche Dieu au fond de ton cœur – limpide, pur –, au fond de ton âme quand tu lui es fidèle, et ne perds jamais cette intimité!
– Et s'il t'arrive de ne pas savoir comment Lui parler, ni quoi Lui dire, ou si tu n'oses pas chercher Jésus en toi-même, aie recours à Marie, "tota pulchra" (toute pure et si belle). Confie-toi à elle: Notre-Dame, notre Mère, le Seigneur a voulu que ce fût vous qui ayez soin de Dieu, de vos propres mains– apprenez-moi – apprenez-nous à nous tous – à vivre dans l'intimité de votre Fils!

85 Inculquez aux âmes l'héroïsme d'accomplir à la perfection les petites choses de chaque jour: comme si le salut du monde dépendait de chacun de ces actes.

86 Par ta vie de piété, tu apprendras à pratiquer les vertus qui sont le propre de ta condition d'enfant de Dieu, de chrétien.
– Et, avec ces vertus, tu acquerras toute cette gamme de valeurs spirituelles, qui paraissent petites, mais qui en réalité sont grandes; ces pierres précieuses qui brillent et que nous devons ramasser au long du chemin, pour les mettre au pied du trône de Dieu, au service des hommes: la simplicité, la joie, la loyauté, la paix, les petits renoncements, les services qui passent inaperçus, le fidèle accomplissement du devoir, l'amabilité...

87 Ne te crée pas d'autre obligation que... la gloire de Dieu, son Amour, son Apostolat.

88 Le Seigneur t'a fait voir clairement ton chemin de chrétien au milieu du monde. Or tu m'assures que très souvent tu as envisagé avec envie (tout en m'avouant que ce n'était au fond que pure facilité) le bonheur d'être un inconnu qui travaille au dernier rang, ignoré de tous... rien que Dieu et toi!
– Et maintenant, outre l'idée d'aller évangéliser le Japon, tu penses à une vie cachée et souffrante. A supposer que tu te libères d'autres obligations naturelles et très saintes, si tu cherchais à te "cacher" dans une institution religieuse quelconque, sans que cela soit ta vocation, en serais-tu plus heureux? Non, car tu n'aurais pas la paix car tu aurais fait ta volonté, et non pas celle de Dieu.
– Ta "vocation" mériterait alors cet autre nom: défection; et ce ne saurait être le produit d'une inspiration divine, mais tout simplement de la peur humaine face à la lutte qui s'approche. Et de cette peur-là... pas question!

89 La vie honnête, la sainte pureté se heurtent à une grande difficulté – et nous y sommes tous exposés: le danger de l'embourgeoisement, dans la vie spirituelle ou dans la vie professionnelle. Et ceux que Dieu a appelés au mariage sont également exposés à ce danger: vivre en célibataires, comme des personnes égoïstes, sans amour.
– Combats ce risque à sa racine même, sans t'accorder de concessions d'aucune sorte.

90 Pour vaincre ta sensualité – tant il est vrai que nous devrons toujours supporter ce petit âne qu'est notre corps – tu dois t'exercer chaque jour à de petites mortifications bien vivantes et généreuses; et parfois tu devras en faire de plus grandes; et il te faut garder en toi la présence de ce Dieu qui ne cesse jamais de te regarder.

91 Ta chasteté ne peut se limiter à éviter la chute, la mauvaise occasion...
Elle ne peut être en aucun cas une négation froide, mathématique.
– La chasteté est une vertu et, en tant que telle elle doit croître et se perfectionner: en as-tu seulement pris conscience? – La continence, selon ton état, ne te suffit donc pas: tu dois être chaste, en poussant cette vertu jusqu'à l'héroïsme.

92 La bonne odeur du Christ – "bonus odor Christi" – est aussi celle de notre vie pure; celle de la chasteté, chacun selon son état, je le répète; celle de la sainte pureté, cette affirmation joyeuse: quelque chose de ferme et de délicat à la fois, une finesse qui va jusqu'à bannir de notre langage des paroles inconvenantes, car elles ne peuvent pas plaire à Dieu.

93 Habitue-toi à remercier d'avance les Anges gardiens..., pour mieux les obliger à te rendre service.

94 Ainsi qu'aux premiers temps, on devrait pouvoir dire de tout chrétien qu'il est "porteur de Dieu".
– Comporte-toi de telle manière que l'on puisse "en toute vérité" te donner ce titre admirable.

95 Pense à ce qui arriverait si nous autres chrétiens, nous ne voulions pas vivre en chrétiens... et alors, corrige ta conduite!

96 Attache-toi à voir le Seigneur derrière chaque événement, chaque circonstance. Ainsi tu sauras tirer de tout ce qui t'arrive davantage d'amour de Dieu, davantage de désir de Le payer de retour, parce qu'Il est toujours à nous attendre et qu'Il nous offre la possibilité d'accomplir continuellement cette résolution que nous avons prise: "serviam!", je te servirai!

97 Renouvelle chaque jour le désir efficace de t'anéantir, de t'oublier toi-même, d'avancer "in novitate sensus", avec une vie renouvelée, en substituant à toute notre misère la grandeur cachée et éternelle de Dieu.

98 Seigneur! accorde-moi de T'appartenir tellement que les sentiments les plus saints ne puissent pénétrer dans mon cœur qu'à travers ton Cœur blessé.

99 Efforce-toi d'être délicat, d'être une personne bien élevée. Ne sois pas grossier! – Délicatesse toujours, ce qui ne veut pas dire affectation.

100 La charité obtient tout. Sans la charité on ne peut rien faire.
L'Amour! Voilà donc le secret de ta vie... Aime! Souffre avec joie. Fortifie ton âme. Trempe ta volonté. Assure ton abandon à la volonté de Dieu, car c'est par là que l'efficacité viendra.

101 Sois simple et pieux comme un enfant, et en même temps solide et fort comme un chef.

102 La paix, celle qui apporte la joie, le monde ne peut la donner.
Les hommes passent leur temps à conclure des traités de paix, et ils restent toujours empêtrés dans des conflits, parce qu'ils ont oublié ces bons conseils: il faut lutter contre soi-même, il faut recourir à l'aide de Dieu, pour que Lui seul triomphe, pour gagner la paix en nous-mêmes, dans notre propre foyer, dans la société et dans le monde.
– Si nous nous conduisons ainsi, nous connaîtrons, toi et moi, la joie, qui est le propre des vainqueurs. Et, avec la grâce de Dieu – ce Dieu qui ne perd pas de batailles –, si l'humilité ne nous manque pas, nous serons des vainqueurs authentiques.

103 Ta vie, ton travail ne doivent pas se réduire à un effort négatif: ils ne doivent pas être "anti–..." Au contraire, qu'ils se distinguent par l'affirmation, l'optimisme, la jeunesse, la joie et la paix.

104 Il y a deux aspects fondamentaux dans la vie des peuples: les lois sur le mariage et les lois sur l'enseignement. Sur ces points-là les enfants de Dieu doivent se montrer fermes, batailler dur, avec noblesse, pour l'amour de toutes les créatures.

105 La joie est le bien du chrétien; et nous en jouirons tant que nous lutterons, car ce bien nous arrive avec la paix. La paix, qui est le fruit de la victoire dans la guerre. De plus, lisons-nous dans l'Ecriture, elle n'est que lutte, la vie de l'homme sur la terre.

106 Notre guerre si divine est une merveilleuse semence de paix.

107 Il fait du mal à l'Eglise, celui qui cesse de lutter; il nuit à sa mission surnaturelle, à ses frères, à toutes les âmes. – Fais un examen de conscience: pour l'amour de Dieu, tu pourrais, n'est-ce pas, donner plus d'enthousiasme à ta lutte spirituelle? Je prie pour toi... et pour tous. Alors, toi, fais de même.

108 Si quelque chose en moi te déplaît, Seigneur, dis-le moi, et nous l'arracherons!

109 II y a un ennemi de la vie intérieure, mesquin et stupide, mais malheureusement dangereux: le manque d'effort dans l'examen de conscience.

110 Dans l'ascétique chrétienne, l'examen de conscience répond à un besoin d'amour; c'est une question de sensibilité.

111 Si quelque chose en toi n'est pas en accord avec l'esprit de Dieu, repousse-le tout de suite!
Pense aux Apôtres: ils ne valaient rien par eux-mêmes, mais au nom de Notre-Seigneur, voilà qu'ils font des miracles. Seul Judas – peut-être a-t-il lui aussi fait des miracles – s'est écarté du chemin parce qu'il s'est separé volontairement du Christ, parce qu'il n'a pas su se couper, violemment et vaillamment, de ce qui n'était pas en accord avec l'esprit de Dieu.

112 Mon Dieu, quand vais-je me convertir?

113 Pour être saint, n'attends pas d'être vieux quelle erreur tu ferais!
– Mets-toi à l'œuvre dès maintenant, avec sérieux et entrain, dans tes obligations actuelles, dans ton travail, dans ta vie quotidienne...
N'attends pas d'être vieux pour être saint: non seulement ce serait une grande erreur, je te le répète, mais tu n'es même pas sûr que ce moment viendra pour toi.

114 Demande à Notre-Seigneur qu'Il t'accorde toute la sensibilité nécessaire pour prendre conscience du péché véniel: que tu arrives à y voir un ennemi authentique et radical de ton âme; et que tu l'évites, avec la grâce de Dieu.

115 Sois serein, évite les scrupules lorsque tu penses à ta vie; mais demande pardon à Dieu pour tes fautes et prends la résolution ferme, concrète et bien déterminée de devenir meilleur en ceci et en cela; sur ce point qui te coûte, et sur cet autre point où, bien que tu en sois conscient, tu n'es pas fidèle comme tu devrais l'être.

116 Remplis-toi de bons désirs. C'est une chose sainte, et que Dieu encourage. Mais n'en reste pas là! Homme ou femme, tu dois être une âme sensible aux réalités. Pour que tes bons désirs aboutissent à quelque chose, il faut que tu formules des résolutions claires, précises.
– Et ensuite, mon enfant, à toi de lutter à toi de les mettre en pratique, avec l'aide de Dieu!

117 Et comment faire pour que mon amour du Seigneur soit durable, pour qu'il grandisse? me demandes-tu dans ton ardeur.
– Dépouille-toi du vieil homme, mon enfant; jusqu'à renoncer avec joie à ces choses, bonnes en elles-mêmes, mais qui t'empêchent de te détacher de ton moi... Dis au Seigneur, par tes œuvres, sans cesse: "me voici pour faire ce que tu voudras".

118 Etre saint! Un enfant de Dieu se doit d'exagérer dans l'exercice de la vertu, si tant est que l'on puisse exagérer en la matière... Les gens en effet se regarderont alors en lui comme dans un miroir, et c'est seulement s'il a des visées très élevées sur lui-même que les autres parviendront à la moyenne.

119 N'aie pas honte de découvrir que tu as dans ton cœur le "fomes peccati", cette inclination au mal qui t'accompagnera tant que tu vivras, puisque personne n'est exempt de ce fardeau.
Nulle honte à avoir! Le Seigneur, qui est tout-puissant et miséricordieux, nous a donné tous les moyens nécessaires pour dominer cette inclination: les sacrements, la vie de piété, le travail, s'il est sanctifié.
– Recours à ces moyens avec persévérance, en étant disposé à commencer et à recommencer, sans te décourager.

120 Seigneur, délivre-moi de moi-même!

121 Un apôtre qui ne pratique pas l'oraison de façon habituelle, méthodique, ne peut que tomber dans la tiédeur... et il cesse d'être apôtre.

122 Seigneur! A partir de maintenant, fais que je ne sois plus "moi", mais cet "autre" que tu veux que je sois!
– Fais que je ne refuse rien de ce que Tu me demanderas! Que je sache prier! Que je sache souffrir! Que rien ne me préoccupe, sinon ta gloire. Que je sente toujours ta présence!
– Fais que j'aime le Père, et que je Te désire, Toi, mon Jésus, dans une communion permanente! Que l'Esprit Saint embrase mon âme!

123 "Meus es tu" – tu es à Moi, le Seigneur te l'a dit.
– Ce Dieu, qui est toute beauté et toute sagesse, toute grandeur et toute bonté, penser qu'Il te dit, à toi, que tu es à Lui!... et que tu ne saches pas comment Lui répondre!

124 Ne t'étonne pas si, dans ta vie, tu éprouves cette pesanteur dont parlait saint Paul: "je vois qu'il y a une autre loi dans mes membres qui est contraire à la loi de mon esprit".
– Souviens-toi alors que tu es au Christ, et tourne-toi vers la Mère de Dieu, qui est ta Mère: tous les deux, ils ne t'abandonneront pas.

125 Reçois les conseils que l'on te donne dans la direction spirituelle comme s'ils venaient de Jésus-Christ lui-même.

126 Tu m'as demandé un conseil qui t'aide à vaincre dans tes batailles quotidiennes; et je t'ai répondu: quand tu ouvriras ton âme, raconte en premier lieu ce que tu ne voudrais pas que l'on sache. Ainsi le diable sera toujours vaincu.
– Sois clair et simple. Ouvre toute grande ton âme afin que, jusqu'au dernier recoin, le soleil de l'Amour de Dieu y pénètre!

127 Le démon muet – celui dont nous parle l'Evangile –, il gâtera tout s'il vient à s'introduire dans ton âme. En revanche, tout s'arrange si on le repousse tout de suite; on avance plein de joie, et tout marche bien.
– Prendre cette ferme résolution: être d'une "sincérité sauvage" dans la vie spirituelle, mais en personne de tact et bien élevée... Et que cette sincérité soit immédiate.

128 Aime celui qui a charge de ton âme, et recherche son aide. Dans la direction spirituelle mets ton cœur à nu, complètement – montre-le pourri s'il est pourri! Sois sincère, aie envie de guérir, faute de quoi cette pourriture ne disparaîtra jamais.
Si tu as recours à une personne qui ne peut que nettoyer superficiellement la plaie..., tu n'es qu'un lâche, parce qu'au fond tu viens à elle pour cacher la vérité, à ton détriment.

129 N'aie jamais peur de dire la vérité, mais n'oublie pas que, parfois, il vaut mieux se taire, par charité envers le prochain. Et ne te tais jamais par négligence, par facilité ou par lâcheté.

130 Le monde vit du mensonge. Et cela fait vingt siècles que la Vérité est venue aux hommes.
– Il faut dire la vérité! Et c'est à cela que nous sommes destinés, nous autres, les enfants de Dieu. Le jour où les hommes s'habitueront à proclamer et à entendre la vérité, il y aura davantage de compréhension sur notre terre.

131 Ce serait pratiquer une fausse charité, une charité diabolique et mensongère que de céder sur des questions de foi. "Fortes in fide" – soyez forts dans la foi, fermes comme l'exige saint Pierre.
– Nul fanatisme en cela; il s'agit simplement de vivre notre foi: non de manquer d'amour à l'égard de qui que ce soit; nous pouvons céder sur tout ce qui est accessoire, mais en matière de foi nous ne pouvons pas céder: nous ne pouvons pas donner l'huile de nos lampes, parce que, l'Epoux arrivant, Il les trouverait éteintes.

132 L'humilité et la pénitence sont des conditions indispensables pour recevoir la bonne doctrine.

133 Accueille en toi la parole du pape, et que ton adhésion soit religieuse, humble, intérieure et efficace: fais-toi l'écho de sa parole!

134 Aime le Souverain Pontife, vénère-le avec de plus en plus d'affection chaque jour; prie pour lui, mortifie-toi pour lui qui est la pierre de fondation de l'Eglise; lui qui prolonge parmi les hommes tout au long des siècles et jusqu'à la fin des temps cette mission de sanctification et de gouvernement que Jésus a confiée à Pierre.

135 Envers le pape, le vice-Christ sur la terre, tu dois montrer aussi le plus grand amour, la plus grande estime, la plus profonde vénération en même temps que l'obéissance la plus soumise et la plus grande affection.
Nous autres catholiques, nous comprenons bien qu'après Dieu et notre Mère la très sainte Vierge, c'est le Saint-Père qui vient en troisième lieu dans la hiérarchie de l'amour et de l'autorité.

136 Considère chaque jour la charge très lourde qui pèse sur le pape et sur les évêques, pour mieux les vénérer, les aimer d'une affection véritable, pour mieux les aider par ta prière.

137 Que ton amour pour la Vierge soit plus vif, plus surnaturel.
– Ne va pas toujours à sainte Marie pour lui demander quelque chose.
Approche-toi d'elle aussi pour lui faire des cadeaux: ton affection, ton amour pour son divin Fils: montre-lui cet amour par des œuvres de service dans tes rapports avec les autres, parce qu'ils sont aussi ses enfants.

138 Jésus est notre modèle. Imitons-Le! – Imitons-Le en servant la sainte Eglise et toutes les âmes.

139 Lorsque tu contemples la scène de l'Incarnation, renforce dans ton âme la résolution d'être humble "en vérité". Considère qu'Il s'est abaissé lorsqu'Il a pris notre pauvre nature.
– C'est pourquoi, chaque jour, tu dois réagir immédiatement; avec la grâce de Dieu, pour accepter les humiliations que le Seigneur te réservera.

140 Sois naturel pour vivre ta vie chrétienne! J'y insiste: fais connaître le Christ grâce à ta conduite, de même qu'un miroir renvoie une image non déformée, non caricaturale. – Si tu es "conforme", comme ce miroir, tu reflèteras la vie du Christ, et tu permettras aux autres de la voir.

141 Si tu es vaniteux, si tu ne te préoccupes que de ton seul confort personnel, si tu fais tourner autour de toi l'existence des autres, et jusqu'à celle du monde, tu n'as pas le droit de porter le nom de chrétien, ni de te considérer comme un disciple du Christ. C'est Lui, en effet, qui a tracé la limite de son exigence: offrir pour chacun "et animam suam", jusqu'à son âme et jusqu'à sa vie tout entière.

142 Que "l'humilité de l'entendement" soit de règle chez toi.
Arrête-toi pour y penser... N'est-il pas vrai qu'on a du mal à comprendre qu'il puisse y avoir des "orgueilleux en esprit"? Un saint docteur de l'Eglise montrait bien que "c'est un désordre détestable que l'homme, ayant pu voir Dieu fait enfant, veuille néanmoins toujours paraître grand sur la terre".

143 Quand tu auras quelqu'un à tes côtés – qui que ce soit –, sans rien faire d'étrange, vois comment lui faire partager ta joie d'être et de vivre comme un enfant de Dieu.

144 Quelle grande et belle mission le Divin Maître nous a confiée: servir! – Aussi ce bon esprit – cette dignité! est-il parfaitement compatible avec l'amour de la liberté qui doit imprégner le travail des chrétiens.

145 Tu n'a jamais le droit de manquer à la miséricorde envers qui que ce soit! Et s'il te semble que telle personne n'est pas digne de cette miséricorde, pense que toi non plus tu ne mérites rien.
Tu ne mérites pas d'avoir été créé, ni d'être chrétien, ni d'être enfant de Dieu, ni d'appartenir à ta famille...

146 Ne néglige pas la pratique de la correction fraternelle, qui est une manifestation évidente de la vertu surnaturelle de la charité. Il en coûte! Il est tellement plus facile de ne rien faire. C'est plus facile! Mais ce n'est guère surnaturel.
– Et de ces omissions, tu devras rendre compte à Dieu.

147 Quand tu devras la faire, la correction fraternelle doit être imprégnée de délicatesse – de charité! et dans la forme et dans le fond, car tu es à ce moment-là un instrument de Dieu.

148 Si tu sais aimer les autres et si tu diffuses autour de toi cette affection, qui est la charité du Christ, toute de finesse et d'attentions délicates, vous pourrez, vous tous, vous appuyer les uns sur les autres. Et celui qui sera sur le point de tomber se sentira soutenu – et entraîné – par cette force fraternelle, afin d'être fidèle à Dieu.

149 Exerce ton esprit à la mortification dans de petits riens qui touchent à la charité. Aie pour tous le souci de rendre aimable le chemin de la sainteté au milieu du monde: un sourire, parfois, sera la meilleure expression de ton esprit de pénitence.

150 Jour après jour, en âme généreuse, tu dois apprendre à renoncer à tes goûts, en restant joyeux et discret, afin de servir les autres et de leur rendre la vie agréable.
– Agir ainsi, telle est la vraie charité du Christ.

151 Où que tu sois, tu dois t'efforcer de répandre autour de toi cette "bonne humeur" – cette joie – qui est le fruit de la vie intérieure.

152 Je te recommande un exercice de mortification très intéressant: fais en sorte que tes conversations ne tournent pas autour de toi.

153 Je te donne un bon moyen de faire ton examen de conscience:
– Aujourd'hui, ai-je accueilli comme un moyen d'expiation les contrarietés qui me sont venues de la main de Dieu? Et celles que m'ont causées mes collègues par leur caractère? Et celles qui procèdent de ma propre misère?
– Ai-je su offrir au Seigneur, à titre d'expiation, la douleur que j'éprouve si souvent de L'avoir offensé? Lui ai-je offert la honte qui me fait rougir intérieurement quand je me sens humilié par ma lenteur à avancer sur le chemin de la vertu?

154 Des mortifications habituelles, répétées: oui, mais non pas des manies...
– Il n'est pas nécessaire que ces mortifications soient toujours les mêmes: ce qui est constant, habituel, ce à quoi l'on est habitué, sans y être attaché, voilà le véritable esprit de mortification.

155 Tu veux marcher sur les pas du Christ; tu veux endosser son vêtement, t'identifier à Jésus. Fais donc en sorte que ta foi soit agissante, qu'elle soit fondée sur le sacrifice, sur des œuvres de service. Et rejette tout ce qui peut gêner.

156 La sainteté est flexible comme des muscles bien deliés. Celui qui veut devenir saint s'arrange, tandis qu'il fait une chose qui le mortifie, pour ne pas faire – dans la mesure où Dieu n'en est pas offensé – une autre chose qui lui coûte tout autant, et il rend grâces à Dieu pour cette latitude. Si nous procédions autrement, nous risquerions de devenir de ces chrétiens raides, sans vie, semblables à des marionnettes de chiffon.
Or la sainteté n'a pas la rigidité du carton: elle sait sourire, céder, attendre. Elle est vivante: vivante d'une vie surnaturelle.

157 Mère, ne m'abandonnez pas! Faites que j'aille à la rencontre de votre Fils; faites que je trouve votre Fils; faites que j'aime votre Fils... de tout mon être! – Souvenez-vous, Notre-Dame, souvenez-vous!

 «    DÉFAITE    » 

158 Quand notre vue se trouble, quand nos regards perdent de leur clarté, c'est alors que nous avons besoin d'aller vers la lumière. Et Jésus-Christ nous a dit qu'Il est la lumière du monde et qu'Il est venu guérir les malades.
– C'est pourquoi tu dois faire en sorte que tes maladies, tes chutes – si le Seigneur les permet – ne t'éloignent pas du Christ, mais qu'au contraire elles te rapprochent de Lui!

159 En raison de ma faiblesse il m'est arrivé de me plaindre auprès d'un ami que Jésus me semblait ne faire que passer, me laissant seul.
– Aussitôt j'ai réagi par un acte de contrition plein de confiance: non, ce n'est pas vrai, mon Amour! C'est moi qui, sans doute, me suis écarté de Toi. Seigneur, je ne le ferai plus jamais!

160 Supplie le Seigneur de t'accorder sa grâce, pour qu'Il te purifie par son Amour... et au moyen d'une pénitence constante.

161 Adresse-toi à la Sainte Vierge et demande-lui de te faire, comme fruit de son amour pour toi, ce don de la contrition, du regret de tes péchés et des péchés de tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps, le tout accompagné d'une douleur d'Amour.
Ainsi disposé, enhardis-toi et demande-lui: O Mère, ma Vie, mon Espérance, conduisez-moi par la main... et si en ce moment quelque chose déplaît à Dieu mon Père, obtenez-moi la grâce de le découvrir, afin qu'à nous deux, nous l'extirpions.
Et poursuis, sans avoir peur: – O très clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie, priez pour moi, afin qu'en accomplissant la très aimable Volonté de votre Fils, je sois digne d'obtenir les promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ et d'en jouir.

162 O ma Mère du Ciel! Faites que je revienne à la ferveur, au don généreux de moi-même, à l'abnégation: en un mot, à l'Amour.

163 Ne te laisse donc pas aller à la facilité! N'attends pas le Nouvel An pour prendre des résolutions. Tous les jours de l'année sont bons pour prendre de bonnes décisions. "Hodie, nunc!" – Aujourd'hui et maintenant!
Ce sont de pauvres défaitistes, ceux qui attendent le Nouvel An pour commencer..., parce que d'ailleurs, finalement... ils ne commencent rien du tout!

164 D'accord: tu as mal agi, par faiblesse. – Mais je ne comprends pas pourquoi tu ne réagis pas en toute conscience: tu ne peux pas faire de mauvaises choses et dire – ou penser – qu'elles sont saintes, ou qu'elles sont sans importance.

165 Pour que tu t'en souviennes toujours: les facultés de l'esprit se nourrissent de ce que leur proposent les sens. Veille donc bien sur eux!

166 Tu perds la paix – tu en es bien conscient! quand tu cèdes sur des points qui te conduisent hors de ton chemin.
– Décide-toi à devenir cohérent et responsable!

167 Le souvenir ineffaçable des faveurs que tu as reçues de Dieu doit toujours être pour toi un vigoureux stimulant. Et plus encore à l'heure de la tribulation.

168 Il n'y a qu'une maladie mortelle, une seule erreur funeste: accepter la défaite, ne pas savoir lutter selon l'esprit des enfants de Dieu. Si cet effort personnel fait défaut, l'âme s'engourdit et se paralyse dans la solitude, et elle devient incapable de donner du fruit...
Dans cette situation de lâcheté, la créature oblige Notre-Seigneur à prononcer ces paroles qu'Il entendit du paralytique, au bord de la piscine de Siloé: "Hominem non habeo!" – je n'ai personne!
– Quelle honte si Jésus ne trouvait pas en toi l'homme, la femme qu'Il attendait!

169 La lutte ascétique n'est pas quelque chose de négatif, et partant d'odieux, mais c'est une affirmation joyeuse. Un sport!
Le vrai sportif ne lutte pas pour une seule victoire, et qu'il remporterait du premier coup. Il se prépare, il s'entraîne pendant longtemps, avec confiance et sérénité: il essaie une fois après l'autre et, même s'il ne triomphe pas tout de suite, il insiste avec opiniâtreté, jusqu'à ce qu'il ait surmonté l'obstacle.

170 J'attends tout de Toi, mon Jésus: convertis-moi!

171 Quand ce prêtre de nos amis signait "le pécheur", il le faisait persuadé d'écrire la vérité.
– Mon Dieu, purifie-moi, moi aussi!

172 Si tu as commis une erreur, petite ou grande, reviens en courant vers Dieu!
– Et savoure les paroles du psaume: "cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies" – le Seigneur ne méprisera jamais un cœur contrit et humilié, jamais Il ne s'en désintéressera.

173 Penses-y souvent, dans ton intelligence et dans ton âme: Seigneur, quand je suis tombé, combien de fois m'as-tu relevé! Et combien de fois, après m'avoir pardonné, m'as-tu pressé contre ton Cœur!
Penses-y souvent... et ne te sépare plus jamais de Lui.

174 Tu te vois comme si tu étais un pauvre petit serviteur auquel son maître a enlevé sa livrée – il n'est plus qu'un pécheur! – et tu comprends alors le sentiment de nudité qu'ont éprouvé nos premiers parents.
– Tu devrais être toujours en train de pleurer. Et tu as beaucoup souffert. Et pourtant tu es très heureux. Tu n'échangerais pas ton sort avec qui que ce soit. Ton "gaudium cum pace" – ta joie sereine, tu ne la perds pas depuis de nombreuses années. Tu en remercies Dieu et tu voudrais apporter à tous le secret du bonheur.
– Oui, on comprend que l'on ait dit bien souvent de toi (même si tu te moques du qu'en dira-t-on) que tu étais un "homme de paix".

175 Certains ne font que ce qui est à la portée des pauvres créatures, et ils perdent leur temps. L'expérience de Pierre se renouvelle à la lettre: "praeceptor, per totam noctem laborantes nihil cepimus!" – Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre.
Si l'on travaille pour son compte sans être uni à l'Eglise, sans l'Eglise, quelle efficacité pourra avoir cet apostolat? Aucune! – Ces gens-là doivent s'en persuader: par leurs seules forces, ils ne pourront rien. Aide-les à écouter la suite du récit évangélique: "in verbo autem tuo laxabo rete" – confiant en ta parole, je jetterai le filet. Alors la pêche sera abondante et efficace.
– Qu'il est beau de se corriger quand on a fait, pour une raison ou une autre, un apostolat pour son compte!

176 Tu m'écris, et je recopie: "Domine, tu scis quia amo te!" – Seigneur, tu sais que je T'aime! Combien de fois, Jésus, je redis et redis encore, comme une litanie aigre-douce, ces paroles de ton Céphas. Parce que je sais que je T'aime, mais je suis si peu sûr de moi que je n'ose pas Te le dire clairement. Il y a tant de négations dans ma vie perverse! "Tu scis, Domine!" – Tu sais que je t'aime! – Que mes œuvres, Jésus, ne contredisent jamais ces élans de mon cœur."
– Insiste dans cette prière, qu'Il entendra à coup sûr.

177 Répète avec confiance: Seigneur, si seulement mes larmes avaient été des larmes de contrition!...
Demande-lui avec humilité de t'accorder la douleur que tu désires.

178 Que de vilenie dans ma conduite, et que d'infidélité à la grâce!
– Ma Mère, Refuge des pécheurs, priez pour moi: faites que jamais plus je ne mette d'obstacles à l'œuvre de Dieu dans mon âme.

179 Avoir été si près du Christ pendant tant d'années et... malgré tout si pécheur!
– Est-ce qu'elle ne t'arrache pas des sanglots, l'intimité de Jésus avec toi?

180 La vraie joie ne me fait pas défaut, bien au contraire... Et pourtant, devant la conscience de ma propre bassesse, il est normal, n'est-ce pas, que je m'écrie comme saint Paul: malheureux homme que je suis!
– C'est ainsi que grandissent les désirs d'extirper une fois pour toutes la barrière qu'élève le Moi.

181 Ne t'effraie pas et ne te décourage pas quand tu découvriras tes erreurs... et quelles erreurs!
– Lutte pour les extirper. Et tant que tu lutteras, sois convaincu qu'il est bon pour toi de ressentir ces faiblesses; autrement tu ne serais qu'un orgueilleux: et l'orgueil éloigne de Dieu.

182 Reste abasourdi de la bonté de Dieu, parce que le Christ veut vivre en toi..., même quand tu éprouveras le poids de ta pauvre misère, de cette pauvre chair, de cette bassesse, de cette pauvre argile dont tu es pétri.
Et qu'alors, justement, cet appel de Dieu résonne dans ton esprit: Jésus-Christ, Lui qui est Dieu, Lui qui est Homme, Il me comprend et Il m'écoute parce qu'Il est mon Frère et mon Ami.

183 Dans ta vie, tu es content, tu es très heureux, même si tu ressens parfois le coup de griffe de la tristesse, et même si tu éprouves presque habituellement un fond de réel chagrin.
– Cette joie et cette angoisse peuvent cœxister, chacune dans son "homme" à elle: celle-là dans le nouveau et l'autre dans l'ancien.

184 L'humilité naît de la connaissance de Dieu et de la connaissance de soi.

185 Seigneur, je Te demande un présent: l'Amour..., un Amour qui me purifie – et un autre cadeau encore: que je me connaisse, afin de me remplir d'humilité.

186 Sont saints ceux qui luttent jusqu'à la fin de leur vie: ceux qui savent toujours se relever après leurs chutes ou leurs trébuchements, pour repartir vaillamment sur leur chemin, humbles, pleins d'amour et pleins d'espérance.

187 Si tes erreurs te rendent plus humble, si elles t'amènent à rechercher avec davantage d'énergie l'appui de la main divine, elles seront alors pour toi un chemin de sainteté: "felix culpa!" – heureuse faute! chante l'Eglise.

188 La prière – même la mienne! – est toute-puissante.

189 L'humilité pousse chaque âme à ne pas se décourager devant ses propres erreurs.
La véritable humilité... nous porte à demander pardon!

190 Même si j'étais lépreux, ma mère m'embrasserait: sans rien craindre et sans prendre de précautions, elle poserait ses lèvres sur mes plaies.
– Et la très sainte Vierge, alors! Quand nous nous rendons compte que nous avons la lèpre, que nous sommes couverts de plaies, nous devons nous écrier: ô Mère! Et la protection de notre Mère sera comme un baiser sur nos plaies, un baiser qui nous obtiendra la guérison.

191 Dans le sacrement de la Pénitence, Jésus nous donne son pardon.
– C'est là que nous sont dispensés les mérites du Christ, Lui qui, par amour pour nous, se trouve sur la Croix, les bras étendus, et transpercé sur le bois, bien plus par l'amour qu'Il nous porte que par les clous.

192 Mon enfant, s'il t'arrive de tomber, dépêche-toi d'aller te confesser, de te confier à ton directeur spirituel. Montre ta plaie! pour qu'on te guérisse complètement; pour qu'on écarte de toi tout risque d'infection, même si cela te fait souffrir, comme fait souffrir une opération chirurgicale.

193 Si l'on veut avancer dans l'union à Dieu la sincérité est indispensable.
– S'il se cache en toi un "nœud de vipères", mon enfant, rejette-le! Dis d'abord, comme je te l'ai toujours conseillé, ce que tu ne voudrais pas que l'on sache. Comme on se sent bien après que, dans la confession, on a lâché le "crapaud"!

194 "Nam, et si ambulavero in medio umbrae mortis, non timebo mala" – même si je marchais dans l'ombre de la mort, je n'en éprouverais aucune crainte. Ni mes misères, ni les misères de l'ennemi ne doivent me préoccuper, "quoniam tu mecum es" – parce que le Seigneur est avec moi.

195 Jésus! Je considérais mes misères, et sur-le-champ, je t'ai dit: laisse-Toi tromper par ton enfant, comme ces bons parents, ces papas-gâteaux qui placent dans les mains de leurs enfants les cadeaux qu'eux-mêmes veulent recevoir... car ils savent très bien que leurs enfants n'ont rien.
– Et quels éclats de joie chez le père et chez le fils, bien que les deux soient dans le secret.

196 Jésus, mon amour, lorsque je pense que je peux de nouveau T'offenser!.. "Tuus sum ergo..., salvum me fac!" – je suis à Toi, sauve-moi!

197 Toi qui te sens dénué de vertus, de talent, de dons... n'as-tu pas envie de t'écrier, comme l'aveugle Bartimée: Jésus, fils de David, prends pitié de moi?
– Quelle belle oraison jaculatoire! Redis-la souvent: Seigneur, aie pitié de moi! – Il t'entendra et Il te répondra.

198 Nourris dans ton âme le désir de réparer tes fautes, pour obtenir la grâce d'une contrition chaque jour plus grande.

199 Si tu es fidèle, tu pourras être digne du titre de vainqueur.
– Et dans ta vie, même vaincu en certains combats, tu ne connaîtras pas de défaites. Il n'y aura pas d'échecs – sois-en convaincu – si tu agis en pleine droiture d'intention et dans le souci d'accomplir la Volonté de Dieu.
– Et alors, que tu réussisses ou non, tu verras que tu triompheras toujours, parce que tu auras fait ton travail avec Amour.

200 Je suis sûr qu'Il a bien accueilli ta requête humble et enflammée: – O, mon Dieu! Que m'importe le "qu'en dira-t-on"! Pardon pour ma vie infâme: fais que je devienne saint! Mais pour Toi seulement!

201 Dans la vie du chrétien, "tout" doit être pour Dieu: jusqu'aux faiblesses personnelles, ces faiblesses que le Seigneur comprend et pardonne, si l'on s'en corrige.

202 Que t'ai-je fait, Jésus, pour que Tu m'aimes ainsi? Rien, sinon T'offenser... et T'aimer.
– T'aimer: voilà à quoi va se ramener ma vie.

203 Toutes ces consolations que m'accorde le Maître peuvent-elles avoir un sens, sinon que je sois, moi, suspendu à Lui, à son service dans de petites choses afin de pouvoir Le servir dans les grandes?
– Une résolution: être agréable à Jésus – à ce Jésus qui est si bon – dans les plus petits détails de ma vie quotidienne.

204 Nous devons aimer Dieu, parce que notre cœur est fait pour l'Amour. C'est pourquoi si Dieu, la sainte Vierge notre Mère et les âmes n'absorbent pas, sincèrement, toute l'affection dont il est capable, notre cœur se venge... et la vermine se met à y grouiller.

205 Dis au Seigneur, du tréfonds de ton âme – en dépit de mes misères, je suis fou d'Amour je suis ivre d'Amour! '.

206 Affligé par une si grave chute, je veux désormais, avec l'aide de Dieu, rester toujours sur la Croix.

207 Ce qui a été perdu par la chair, que la chair le paye: pratique une pénitence généreuse.

208 Invoque le Seigneur, en Le suppliant de t'accorder cet esprit de pénitence qui est le propre de celui qui sait se vaincre tous les jours, et lui offre, en silence, plein d'abnégation, cette lutte constante.

209 Dans ta prière personnelle, quand tu éprouveras la faiblesse de la chair, dis et redis ces paroles: Seigneur, donne ta Croix à ce pauvre corps, qui se fatigue et se rebelle!

210 Comme il avait raison, ce prêtre, quand il prêchait en ces termes: "Jésus m'a pardonné la multitude de mes péchés, et avec quelle générosité, malgré mon ingratitude. Et si bien des péchés furent pardonnés à Marie-Madeleine parce qu'elle avait beaucoup aimé, moi, à qui il a été pardonné davantage encore, quelle grande dette d'amour il me reste!
"Jésus, je veux aller jusqu'à la folie et à l'héroïsme! Avec ta grâce, Seigneur, même s'il me faut mourir pour Toi, je ne T'abandonnerai plus jamais".

211 Lazare a ressuscité parce qu'il a entendu la voix de Dieu: il n'eut de cesse de sortir aussitôt de l'état où il se trouvait. S'il n'avait pas "voulu" bouger, il serait mort de nouveau.
Prendre cette résolution sincère: avoir toujours foi en Dieu; mettre toujours son espérance, toujours son amour en Dieu..., Lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare.

212 N'admires-tu pas cet aimable paradoxe inhérent à la condition du chrétien: c'est notre propre misère qui nous pousse à nous réfugier en Dieu, à nous "diviniser". Et, avec Lui, nous pouvons tout.

213 Lorsque tu seras tombé, ou lorsque tu seras écrasé sous le poids de tes misères, dis et redis avec une ferme espérance: Seigneur, me voici bien malade; Seigneur, Toi qui es mort sur la Croix pour moi et par amour, viens me guérir.
Aie confiance, j'y insiste: persévère en ayant recours à son cœur très aimant. Comme aux lépreux de l'Evangile, Il te rendra la santé.

214 Remplis-toi de confiance en Dieu; nourris, chaque jour avec plus de profondeur un grand désir de ne jamais t'écarter de Lui.

215 O Vierge Immaculée! O ma Mère! Ne m'abandonnez pas! Voyez comment mon pauvre cœur fond en larmes. – Je ne veux pas offenser mon Dieu!
– Je le sais bien, et je pense que je ne l'oublierai jamais: je ne vaux rien; comme elles me pèsent ma petitesse et ma solitude! Mais... je ne suis pas seul: ô vous, ma Douce Dame, et Toi, Dieu mon Père, ne m'abandonnez pas!
Face à la rébellion de ma chair et aux raisons diaboliques qui se dressent contre ma Foi, j'aime Jésus-Christ et je crois: j'Aime et je Crois.

 «    PESSIMISME    » 

216 Avec la grâce de Dieu, tu dois entreprendre et réaliser l'impossible..., parce que ce qui est possible, tout le monde peut le faire.

217 Repousse ton pessimisme et n'admets pas de pessimistes auprès de toi. – C'est joyeux et confiants qu'il faut servir Dieu.

218 Ecarte de toi cette prudence humaine qui te rend si prévoyant et, passe-moi le mot, si lâche.
– N'ayons pas l'esprit étroit, ne soyons pas des hommes et des femmes non émancipés, à la vue courte, sans horizons surnaturels... Ou bien travaillerions-nous pour nous-mêmes? Cela, en aucune façon! Alors, disons donc sans crainte: O, mon Jésus, nous travaillons pour Toi, et... Tu nous refuserais les moyens pratiques pour le faire? Tu sais bien que nous valons peu de choses; et pourtant moi, je ne me conduirais pas ainsi envers l'un de mes serviteurs...
C'est pourquoi nous sommes pleins d'espoir, sûrs que Tu nous donneras ce qui nous est nécessaire pour Te servir.

219 Un acte de foi: contre Lui, on ne peut rien faire! Ni contre les siens!

220 Ne te décourage pas. En avant! En avant, saintement entêté, ce qui a pour nom persévérance dans le domaine spirituel.

221 Mon Dieu: Tu as toujours le remède qui convient aux besoins véritables.

222 Tu ne vas pas plus mal. – Ce qui se passe, c'est qu'un peu plus de lumière à présent te permet de mieux te connaître: garde-toi donc du moindre signe de découragement!

223 Sur le chemin de la sanctification personnelle, on peut avoir parfois l'impression de régresser au lieu d'avancer; d'aller de mal en pis, au lieu de devenir meilleur.
Tant que tu lutteras dans ta vie intérieure, sache que cette pensée pessimiste n'est qu'une illusion, un mirage que tu dois repousser.
– Persévère en restant calme: si tu te bats avec ténacité, tu avanceras sur ton chemin et tu te sanctifieras.

224 La sécheresse intérieure n'est pas la tiédeur. Chez le tiède, en effet, l'eau de la grâce n'imprègne rien: elle coule... En revanche il est des terres sèches qui sont en apparence arides et qui, grâce à quelques gouttes de pluie, se recouvrent en leur temps de fleurs et de fruits savoureux.
Il faudra bien s'en convaincre: il est si important d'être dociles aux appels divins de chaque instant. C'est précisément là que Dieu nous attend!

225 Sois saintement astucieux! N'attends pas que le Seigneur t'envoie des contrariétés: anticipe-les, par ton expiation volontaire. – Alors tu ne recevras plus ces contrariétés avec résignation – mot dépassé! mais avec Amour: voilà un mot toujours jeune.

226 Aujourd'hui, pour la première fois, tu as senti que tout est plus simple, que tout se "décomplique": les voici donc enfin éliminés les problèmes qui te préoccupaient. Et tu comprends que bien d'autres s'arrangeront encore, si tu t'abandonnes davantage entre les bras de Dieu ton Père.
Qu'attends-tu donc pour te conduire toujours comme un enfant de Dieu? Car telle doit être ta raison de vivre!

227 Adresse-toi à la sainte Vierge – la Mère, la Fille, l'Epouse de Dieu, et notre Mère –, et demande-lui qu'elle t'obtienne de la très sainte Trinité davantage de grâces: la grâce de la foi, de l'espérance, de l'amour, de la contrition. Ainsi, lorsqu'il te semblera que souffle dans ta vie un vent fort, sec, capable de flétrir ces floraisons de l'âme, qu'il ne flétrisse rien en toi... ni chez tes frères.

228 Remplis-toi de foi, d'assurance! – C'est ce que nous dit le Seigneur par la bouche de Jérémie: "orabitis me, et ego exaudiam vos" – chaque fois que vous recourrez à moi, chaque fois que vous prierez, Je vous écouterai!

229 Pour toute chose, je m'en remets à Toi, mon Dieu. Qu'en serait-il de moi sans Toi, qui es mon Père?

230 Laisse-moi te donner ce conseil, qui vient d'une âme expérimentée: dans ta prière – et ta vie doit être une prière continuelle – tu dois avoir la confiance d'"un enfant en prière".

231 On présente à Jésus un malade, et Il le regarde. – Contemple bien cette scène et médite ses paroles: "confide, fili" – aie confiance, mon fils.
Voilà ce que te dit Notre-Seigneur, lorsque tu sens le poids de tes erreurs: de la foi! La foi est ce qui vient d'abord; il faut ensuite se laisser conduire, comme le paralytique: avec une obéissance intérieure, pleine de soumission!

232 Mon enfant, par tes propres forces tu ne peux rien sur le plan surnaturel; mais, si tu te fais l'instrument de Dieu, tu pourras tout: "omnia possum in eo qui me confortat!"; car Il veut, dans sa bonté, utiliser des instruments ineptes, comme toi et moi.

233 Chaque fois que tu feras ta prière, efforce-toi d'avoir la foi des malades de l'Evangile: sois sûr que Jésus t'écoute.

234 Ma Mère! Les mères de la terre ont une prédilection spéciale pour l'enfant le plus faible, le plus malade, le moins intelligent, le plus chétif. – Notre-Dame! Je sais que vous êtes plus maternelle que toutes les mères du monde réunies... – Et comme je suis votre fils, et que je suis si faible, et malade... et paralysé... et laid...

235 Nous manquons de foi. Le jour où nous vivrons cette vertu – tout confiants en Dieu et en sa Mère –, nous serons courageux et loyaux. Dieu, qui est le Dieu de toujours, fera alors des miracles par nos mains. – Donne-moi, ô Jésus, cette foi, que je désire véritablement! Ma Mère, Notre-Dame, ma Mère très sainte, faites que je croie!

236 Prendre cette ferme résolution: que je m'abandonne à Jésus-Christ, avec toutes mes misères. Et faire ce qu'Il voudra, à chaque instant – "fiat!" – que cela soit!

237 Ne te décourage jamais, parce que le Seigneur est toujours disposé à te donner la grâce nécessaire à cette nouvelle conversion dont tu as besoin pour te hisser jusqu'au plan surnaturel.

238 Dieu soit béni! te disais-tu, après avoir reçu le sacrement de la confession. Et tu pensais: c'est comme si je venais à renaître. Et après, serein, tu poursuivais: "Domine, quid me vis facere?"; Seigneur, que veux-Tu que je fasse? – Et toi-même, tu t'es donné la réponse: avec ta grâce, contre vents et marées, j'accomplirai ta très sainte Volonté: "Serviam!" – je Te servirai sans conditions!

239 L'Evangéliste nous raconte que les Mages, "videntes stellam" – en revoyant l'étoile – furent remplis d'une grande joie. – Ils se réjouissent, mon enfant, d'une joie immense, parce qu'ils ont la certitude de parvenir au Roi qui n'abandonne jamais ceux qui vont à sa recherche.

240 Quand tu aimeras en vérité la Volonté de Dieu, même aux heures de plus grande tribulation, tu ne manqueras pas de voir que notre Père du Ciel se tient toujours là, tout près, à tes côtés, avec son Amour éternel, avec sa tendresse infinie.

241 Le panorama de ton âme, de ta vie intérieure, est dans l'obscurité? Laisse-toi conduire par la main, comme un aveugle.
– Avec le temps, le Seigneur récompense l'humiliation d'avoir à baisser la tête: Il donne sa lumière.

242 Avoir peur de quelque chose ou de quelqu'un, et tout particulièrement de celui qui dirige notre âme, ce n'est pas digne d'un enfant de Dieu.

243 N'es-tu pas touché d'entendre dire une parole d'affection à ta mère? – Eh bien, il en va de même pour Notre-Seigneur. Nous ne pouvons séparer Jésus de sa Mère.

244 Si tu es épuisé, dégoûté de tout, tourne-toi avec confiance vers Notre-Seigneur, en lui disant, comme tel de nos amis: "Jésus, à Toi de voir ce que Tu dois faire...: moi, avant même de commencer à lutter, je suis déjà fatigué". – Et Il te donnera de sa force.

245 Si elles ne rencontrent pas de difficultés, les choses que nous devons faire n'ont guère d'intérêt, d'un strict point de vue humain... et même d'un point de vue surnaturel. – Si tu ne trouves pas de résistance pour enfoncer un clou dans un mur, que pourras-tu y suspendre?

246 Un homme tel que toi – qui sait bien qu'il n'est rien, d'après ce que tu dis –, peut-on croire qu'il ose dresser des obstacles à la grâce de Dieu?
Eh bien, c'est ce que tu fais avec ta fausse humilité, ton "objectivité", ton pessimisme.

247 Donne-moi la grâce d'abandonner tout ce qui touche à ma personne. Je ne dois pas avoir d'autres préoccupations que ta Gloire..., en un mot ton Amour. – Tout par Amour!

248 "En entendant cela – le Roi est venu sur la terre – Hérode se troubla, et avec lui tout Jérusalem." Tel est notre lot quotidien! II en va de même aujourd'hui: devant la grandeur de Dieu, qui se manifeste de mille manières, on trouve des personnes qui se troublent – même parmi celles qui détiennent une autorité. C'est que... elles n'aiment pas Dieu par-dessus tout; c'est qu'elles ne veulent pas suivre ses inspirations; et elles placent ainsi un obstacle en travers du chemin divin. – Toi, sois donc prévenu: continue de travailler, ne t'inquiète pas; cherche le Seigneur, prie..., et Il triomphera.

249 Tu n'es pas seul. – Ni toi, ni moi nous ne pouvons nous trouver seuls. Et moins encore si nous allons à Jésus par Marie, car elle est une Mère qui ne nous abandonnera jamais.

250 Ne t'attriste pas quand il te semblera que le Seigneur t'abandonne: cherche-Le, sois plus opiniâtre! Lui, l'Amour, Il ne te laisse pas seul.
– Et persuade-toi que c'est par Amour qu'Il te "laisse seul", pour que tu voies bien clairement dans ta vie ce qui est à Lui et ce qui est à toi.

251 Tu me disais: "Je me vois non seulement incapable de progresser sur mon chemin, mais même incapable de faire mon salut – ô ma pauvre âme! – sans un miracle de la grâce. Je suis froid et – pire encore – comme indifférent, comme si, spectateur de mon propre "cas", ce que je vois ne me faisait ni chaud ni froid. Ces jours-ci seront-ils stériles?
"Et pourtant ma Mère est ma Mère, et Jésus est – oserai-je le dire? – mon Jésus! Et il est des âmes saintes, en ce moment même, qui prient pour moi".
– Continue d'avancer, ta main dans la main de ta Mère, t'ai-je répondu, et "ose" lui dire que Jésus est tien. Par sa bonté Il inondera ton âme d'une claire lumière.

252 Donne-moi, Jésus, une Croix sans cyrénéens; je m'exprime mal: ta grâce, ton aide me sont indispensables, comme en toute chose; sois Toi-même mon Simon de Cyrène. Avec Toi, mon Dieu, il n'est pas d'épreuve qui m'épouvante...
– Mais si la Croix devait être le dégoût, la tristesse? Eh bien, je te le dis, Seigneur: avec Toi je serai triste joyeusement.

253 Tant que je ne Te perdrai pas, Toi, il n'y aura pour moi nulle autre peine qui en soit vraiment une.

254 Jésus ne refuse sa parole à personne, une parole qui guérit, qui console, qui illumine.
Toi comme moi, souvenons-nous en toujours, et particulièrement quand nous serons fatigués sous le poids du travail ou de la contradiction.

255 Ne t'attends pas à ce que les gens applaudissent ton apostolat.
– Plus encore! Ne t'attends pas à la compréhension d'autres personnes ou d'autres institutions qui travaillent également pour le Christ.
– Ne cherche que la gloire de Dieu. Et, si tu aimes tout le monde, ne t'inquiète pas si d'autres ne te comprennent pas.

256 Si tu te heurtes à des montagnes, des obstacles, des incompréhensions, des intrigues, voulus par satan et permises par Dieu, tu dois garder la foi, une foi unie à des œuvres, une foi unie au sacrifice, une foi unie à l'humilité.

257 Devant l'apparente stérilité de ton apostolat, tu te sens assailli par les signes avant-coureurs d'une vague de découragement, que ta foi repousse avec vigueur... – Mais tu te rends compte aussi que tu as besoin de davantage de foi, d'une foi plus humble, plus vivante et plus agissante.
Toi qui ne rêves que du salut des âmes, tu dois crier comme le père de ce jeune homme malade possédé par le diable: "Domine, adiuva incredulitatem meam!" – Seigneur, viens au secours de mon incrédulité!
N'aie aucun doute: le miracle se reproduira.

258 Quelle belle prière, pour celui qui la dit fréquemment, que celle de cet ami: il demandait de l'aide pour un prêtre emprisonné par haine de la religion: Mon Dieu, console-le, car il souffre persécution pour Toi. Combien de gens souffrent, du fait qu'ils Te servent!
– Quelle joie donne la Communion des saints!

259 Ces mesures prises par certains gouvernements qui veulent s'assurer que la foi est bien morte dans leurs pays me rappellent les scellés que le Sanhédrin fit apposer sur le Sépulcre de Jésus.
– Lui, qui n'était soumis à rien ni à personne, Il est ressuscité malgré ces entraves.

260 La solution est dans l'amour. L'apôtre saint Jean écrit là-dessus des paroles qui me vont droit au cœur: "qui autem timet, non est perfectus in caritate". Je les traduis ainsi, presque littéralement: celui qui a peur ne sait pas aimer.
– Ainsi toi, qui as en toi l'amour et qui sais aimer, peux-tu craindre quoi que ce soit? – En avant!

261 Dieu est avec toi. Dans ton âme en état de grâce habite la très sainte Trinité.
– C'est pourquoi, en dépit de tes misères, tu peux et tu dois sans cesse converser avec Notre-Seigneur.

262 Tu dois prier toujours, oui, toujours.
– Tu dois sentir le besoin d'aller vers Dieu après chaque succès et après chaque échec dans ta vie intérieure.

263 Que ta prière soit toujours un acte, sincère et réel, d'adoration de Dieu.

264 En te faisant entrer dans l'Eglise, Notre-Seigneur a imprimé dans ton âme un sceau indélébile, grâce au baptême: tu es enfant de Dieu. – Ne l'oublie pas!

265 Rends souvent grâces à Jésus, parce que, par Lui, avec Lui et en Lui, tu as le droit de t'appeler enfant de Dieu. à d'autres apôtres. Certains d'entre eux pourront sembler insurmontables..., mais "inter medium montium pertransibunt aquae" – les eaux passeront à travers les montagnes: l'esprit surnaturel et l'élan de notre zèle creuseront les montagnes, et nous les surmonterons, ces obstacles".

266 Si nous nous voyons comme ce que nous sommes, des enfants bien-aimés de notre Père des Cieux, comment ne serions-nous pas toujours joyeux? – Médite cela.

267 Quand il donnait la sainte communion, ce prêtre avait envie de crier: ce que je t'apporte, c'est le bonheur!

268 Augmente ta foi en la sainte Eucharistie. – Emerveille-toi devant cette réalité ineffable: avoir Dieu avec nous, pouvoir Le recevoir chaque jour et, si nous le voulons, Lui parler de façon intime, comme l'on parle avec un frère, comme l'on parle avec son Père, comme l'on parle avec l'Amour.

269 Comme elle est belle notre vocation de chrétiens – d'enfants de Dieu! C'est elle qui nous procure sur la terre la joie et la paix que le monde ne peut donner!

270 Donne-moi, Seigneur, l'amour avec lequel Tu veux que je T'aime.

271 Pour dominer l'ombre du pessimisme qui t'assaillait ce matin-là, tu t'es une fois de plus lancé dans la lutte..., mais pour te mettre aux prises avec ton ange gardien. Tu lui as adressé des gentillesses! Et puis tu l'as prié de t'apprendre à aimer Jésus, pour le moins autant qu'il L'aime, lui... Et tu t'en es trouvé si tranquille.

272 A ta Mère, sainte Marie, à saint Joseph, à ton ange gardien,... demande-leur de parler à Notre-Seigneur pour qu'ils lui disent ce que ta maladresse t'empêche de bien exprimer.

273 Remplis-toi de confiance: nous autres, nous avons pour Mère la Mère de Dieu, la très sainte Vierge Marie, Reine du Ciel et du monde.

274 Jésus est né dans une grotte de Bethléem, dit l'Ecriture, "parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'auberge".
– Je ne m'écarte pas de la vérité théologique si je te dis que Jésus cherche encore une demeure dans ton âme.

275 Le Seigneur est sur la Croix, et de là Il nous dit: Je souffre pour que mes frères les hommes soient heureux, non seulement dans le Ciel, mais aussi, dans la mesure du possible, sur la terre, s'ils respectent la très sainte Volonté de mon Père céleste.

276 Il est vrai que par toi-même tu ne peux rien faire et que, dans ton âme, c'est Dieu qui fait tout.
– Mais qu'il n'en soit pas ainsi quand il s'agit de ta réponse à la grâce.

277 Exerce-toi à la vertu de l'espérance; pour Dieu, et même s'il t'en coûte, persévère dans ton travail bien fait, convaincu que ton effort n'est pas inutile devant le Seigneur.

278 Dans ta lutte intérieure, qui joue, d'ordinaire, sur un grand nombre de petites choses, lorsque tu éprouveras le désir de plaire sans cesse à Dieu, et que tu t'y efforceras, rien ne sera perdu, je te l'assure!

279 Une pensée, bien conforme au réel: comme le Seigneur est bon, Lui qui est venu me chercher, Lui qui m'a fait connaître cette route sainte et qui me rend efficace, Lui qui me fait aimer toutes les créatures pour leur donner la paix et la joie!
– Avance donc, avec confiance, et avec le souci de lui répondre véritablement.

280 Tu sais que la grâce de Dieu ne te manquera pas: Il t'a choisi de toute éternité; et s'Il t'a traité ainsi, Il t'accordera aussi toutes les aides nécessaires pour que Tu lui sois fidèle, comme son enfant.
– Avance donc, confiant et toujours plus désireux de mieux Lui répondre.

281 Je prie la Mère de Dieu pour qu'elle sache, pour qu'elle veuille bien nous sourire..., et elle nous donnera son sourire.
En outre, elle récompensera à mille pour un notre générosité sur cette terre. Et je lui demande mille pour un!

282 Que ta charité soit pleine de douceur et de force, pleine d'humanité et d'esprit surnaturel: une charité cordiale, accueillante à chacun, toujours souriante et sincère, une charité qui te rende capable de comprendre les idées et les sentiments des autres.
– Ainsi, dans la douceur et la force, sans faire aucune concession en matière de conduite personnelle et de doctrine, la charité du Christ – une charité bien vécue – t'animera d'un esprit de conquête, et plus grande sera chaque jour ta soif de travailler pour les âmes.

283 Tout confiant, je te disais: "Mon fils, je ne me cache pas les "obstacles" que nous rencontrerons si nous voulons faire partager notre "folie" à d'autres apôtres. Certains d'entre eux pourront sembler insurmontables..., mais "inter medium montium pertransibunt aquae" – les eaux passeront à travers les montagnes: l'esprit surnaturel et l'élan de notre zèle creuseront les montagnes, et nous les surmonterons, ces obstacles".

284 "Mon Dieu, mon Dieu! Dire que tous les hommes sont également aimés de Toi, en Toi et avec Toi! Et à présent les voilà tous dispersés." C'est en ces termes que tu te plaignais, en te voyant de nouveau seul et dépourvu de tout moyen humain.
– Mais aussitôt le Seigneur a mis dans ton âme la certitude que Lui, Il résoudrait tout cela. Et tu Lui as dit: c'est Toi qui arrangeras tout!
– Et en effet, plus tôt, davantage et mieux que tu ne l'attendais, le Seigneur a tout arrangé.

285 Il est juste que le Père, et le Fils et le Saint-Esprit couronnent la sainte Vierge en tant que Reine ayant la seigneurie sur toute la création.
– Profite donc de son pouvoir! Plein d'une audace filiale, unis-toi à cette fête du Ciel – Et moi, la Mère de Dieu, qui est aussi ma Mère, je la couronne de mes misères purifiées, parce que je ne possède ni pierres précieuses ni vertus.
– Ose le faire, toi aussi!

 «    TU LE PEUX!    » 

286 Je veux te mettre en garde contre une tentation qui pourra peut-être se présenter à toi: la tentation de la lassitude, du découragement.
– N'as-tu pas encore tout frais le souvenir d'une certaine vie – la tienne – désorientée, privée de but et de tout charme; cette vie que la lumière de Dieu et ta propre générosité ont amendée et remplie de joie?
– Ne fais pas la bêtise d'échanger celle-ci contre celle-là!

287 Si tu remarques que, pour quelque motif que ce soit, tu ne peux pas, abandonne-toi en Lui, pour Lui dire: Seigneur, j'ai confiance en Toi, je m'abandonne en Toi, mais viens en aide à ma faiblesse!
Et, plein de confiance, redis-Lui: regarde-moi, Jésus, je ne suis qu'un chiffon sale; l'expérience de ma vie est si triste que je ne mérite pas d'être ton fils. Il faut le Lui dire...et le Lui dire souvent.
– Alors, tu ne tarderas pas à entendre sa voix: "ne timeas!" – n'aie pas peur! Ou encore: "surge et ambula!" – lève-toi et marche!

288 Encore indécis, tu me faisais ce commentaire: on les remarque bien, ces moments où le Seigneur nous demande davantage!
– Et moi de te rappeler: tu ne voulais que t'identifier à Lui, m'assurais-tu. Alors, à quoi bon cette résistance?

289 Tu t'es fixé cette résolution: "mourir un peu plus à moi-même chaque jour". Puisses-tu savoir la mettre en pratique!

290 La joie, l'optimisme surnaturel et humain sont compatibles avec la fatigue physique, avec la douleur, avec les larmes – car nous avons un cœur –, avec les difficultés qui peuvent survenir dans notre vie intérieure ou dans notre travail apostolique.
Lui, qui est "perfectus Deus, perfectus Homo" – Dieu parfait et Homme parfait, et qui jouissait de tout le bonheur du Ciel, Il a voulu faire l'expérience de la fatigue et de l'épuisement, des larmes et de la douleur... Ainsi pourrions-nous mieux comprendre combien il faut être humain pour être vraiment surnaturel.

291 Jésus te demande de prier... Tu le vois clairement.
– Et pourtant si peu de réponse de ta part! Tout te coûte tellement: tu es comme l'enfant qui a la paresse d'apprendre à marcher. Mais dans ton cas, ce n'est pas seulement de la paresse. Il s'agit aussi de la peur, et d'un manque de générosité.

292 Redis fréquemment ces paroles: Jésus, si jamais un doute s'insinuait dans mon âme à propos de ce que Tu me demandes, et par rapport à d'autres ambitions, je te dirais dès maintenant que je préfère ton chemin, quoi qu'il en coûte. Aussi, ne m'abandonne pas!

293 Recherche l'union à Dieu, et remplis-toi d'espérance – cette vertu si sûre! parce qu'avec les lumières de sa miséricorde, Jésus t'éclairera, même au milieu de la nuit la plus sombre.

294 Ainsi allait ton oraison: "elles me pèsent, mes misères, mais sans m'écraser, parce que je suis enfant de Dieu. Expier. Aimer..." Et d'ajouter: "je désire me servir de ma faiblesse, comme saint Paul, persuadé que je suis que le Seigneur n'abandonne pas ceux qui se confient en Lui".
– Reste dans cette voie, t'ai-je confirmé: avec la grâce de Dieu tu pourras le faire en effet, et tu surmonteras tes misères et tes petitesses.

295 Pour prendre une résolution efficace, ou pour dire "je crois", pour dire "j'espère", pour dire "j'aime", tout moment est favorable.

296 Un devoir: apprendre à louer le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Trouver la voie d'une dévotion toute spéciale à la très sainte Trinité: je crois en Dieu le Père, je crois en Dieu le Fils, je crois en Dieu le Saint-Esprit; j'aime Dieu le Père, j'aime Dieu le Fils, j'aime Dieu le Saint-Esprit. Je crois, j'espère en la très sainte Trinité, et je L'aime.
– Une telle dévotion est utile: elle est comme un exercice spirituel de l'âme, qui se manifeste par des élans du cœur, même s'ils ne se traduisent pas toujours en paroles.

297 Pour obtenir la vie, en abondance et avec un maximum de fécondité surnaturelle, un seul système, une seule méthode, un seul procédé, une seule voie: suivre ce conseil du Saint-Esprit, que nous transmettent les Actes des Apôtres: "omnes erant perseverantes unanimiter in oratione" – tous persévéraient, unanimes dans la prière.
– Sans la prière, il n'y a rien à faire!

298 Mon Seigneur Jésus a un Cœur plus sensible que tous les cœurs de tous les hommes bons ensemble. Prenons un homme bon (moyennement bon) qui saurait qu'une personne déterminée l'aime sans attendre ni satisfaction ni récompense en retour (ce qui s'appelle aimer pour aimer); et si cet homme sait aussi que le seul désir de cette personne est qu'il accepte d'être aimé, ne serait-ce que de loin..., tardera-t-il à répondre à un amour aussi désintéressé?
– Admettons que la Personne aimée soit si puissante qu'elle puisse tout. Je suis sûr qu'elle finira non seulement par se laisser fléchir par l'amour fidèle de la créature (malgré les misères de cette pauvre âme), mais qu'elle donnera aussi à qui l'aime toute la beauté, toute la science et tout le pouvoir surhumain qu'il faudra pour éviter aux yeux de Jésus de se salir en regardant ce pauvre cœur qui l'adore.
– Aime donc, mon enfant. Aime et espère.

299 Si tu sèmes l'amour grâce à ton sacrifice, tu récolteras également l'Amour.

300 Mon enfant: ne brûles-tu pas du désir que tous les hommes L'aiment?

301 Jésus enfant, Jésus adolescent: il me plaît de Te considérer ainsi, Seigneur, parce que... ainsi j'ai plus d'audace. J'aime Te voir ainsi: tout petit, comme désemparé, pour avoir l'illusion que Tu as besoin de moi.

302 Chaque fois que j'entre dans l'oratoire, je dis à Notre-Seigneur que je L'aime plus que nul autre, car je suis redevenu un enfant.

303 Que d'efficacité dans la sainte Eucharistie pour l'action – et d'abord pour l'esprit – des personnes qui la reçoivent souvent, et avec piété.

304 Si ces hommes manifestent leur enthousiasme et T'acclament pour un bout de pain – quelle que soit la grandeur du miracle de la multiplication des pains –, que ne devrons-nous pas faire, nous-mêmes, pour tous ces dons que Tu nous as accordés, et plus spécialement pour ceux que Tu nous prodigues dans l'Eucharistie?

305 Pour toi, qui es un bon enfant: ceux qui aiment sur cette terre, quels baisers ne déposent-ils pas sur les fleurs, la lettre, le souvenir de la personne aimée!...
– Est-il possible que toi, tu oublies un jour que Tu l'as toujours à ton côté...! – Oublieras-tu que tu peux Le manger?

306 Glisse souvent ta tête dans l'oratoire, pour dire à Jésus: ... je m'abandonne entre tes bras.
– Laisse à ses pieds ce que tu as: tes misères!
– Ainsi, malgré la foule des choses que tu dois faire, tu ne perdras jamais la paix.

307 Sois sûr dans ta prière; dis avec le psalmiste: "Seigneur, Tu es mon refuge et ma force, je me confie à Toi!"
Je te garantis qu'Il te préservera des embûches du "démon de midi" – dans les tentations et... dans tes chutes! – alors que l'âge et les vertus auraient dû avoir mûri en toi; alors que tu devrais savoir maintenant par cœur qu'il n'y a de Force qu'en Lui.

308 Dans la vie, crois-tu que l'on est reconnaissant d'un service rendu de mauvaise grâce? Bien sûr que non! Et l'on en vient même à conclure: il eût mieux valu qu'il ne le fît pas.
– Alors, penses-tu que tu puisses servir Dieu en faisant mauvaise figure? Non! – Tu dois Le servir tout joyeux, malgré tes misères, ces misères que nous effacerons avec l'aide divine.

309 Des doutes, des tentations t'assaillent sous des dehors élégants.
– J'aime te l'entendre dire; on voit ainsi que le démon te considère comme un ennemi, et que la grâce de Dieu ne t'abandonne pas. Alors, poursuis ta lutte!

310 La plupart de ceux qui ont des problèmes personnels les "ont" par égoïsme, parce qu'ils ne pensent qu'à eux-mêmes.

311 Il semble que tout soit calme. Mais l'ennemi de Dieu ne dort pas...
– Le Cœur de Jésus lui aussi veille! Et c'est là mon espérance.

312 La sainteté est dans la lutte: savoir que nous avons des défauts et, jusqu'à l'héroïsme, nous efforcer de les éviter.
La sainteté – j'y insiste – consiste à dépasser nos défauts... Mais nous mourrons avec des défauts: autrement, je te l'ai déjà dit, nous serions des orgueilleux.

313 Seigneur, que tu sois remercié! Si Tu permets la tentation, Tu nous donnes aussi la beauté et la force de ta grâce, pour que nous soyons vainqueurs! Merci, Seigneur, pour les tentations, que Tu permets afin de nous rendre plus humbles!

314 Ne m'abandonne pas, Seigneur: ne vois-tu pas vers quel abîme sans fond ce pauvre enfant se précipiterait?
– O ma Mère! Je suis moi aussi votre Fils!

315 Sans l'aide divine, comment mener une vie droite? Dieu veut notre humilité. Il veut que nous lui demandions son aide, par l'entremise de notre Mère, qui est aussi la sienne.
A l'instant même, dans la solitude "accompagnée" de ton cœur, tu dois dire à la sainte Vierge, avec des paroles silencieuses: ma Mère, mon pauvre cœur se rebelle parfois... Mais si vous m'aidez... – Et Elle t'aidera pour que tu le gardes pur, ce cœur, et pour que tu poursuives ce chemin sur lequel Dieu t'a appelé: la Vierge t'aidera toujours à accomplir la Volonté de Dieu.

316 Si tu veux garder la sainte pureté et la droiture dans ta vie, tu dois aimer, tu dois pratiquer la mortification quotidienne.

317 Quand l'aiguillon de cette pauvre chair se fera sentir – et parfois l' attaque est violente, embrasse le Crucifix, embrasse-Le souvent! Et fais-le avec une volonté efficace, même s'il te semble que tu le fais sans amour.

318 Place-toi chaque jour devant Notre-Seigneur et, comme ce pauvre homme de l'Evangile, dis-lui lentement, mais avec tout l'élan de ton cœur: "Domine, ut videam!" – Seigneur, fais que je voie! Que je voie ce que Tu attends de moi, et que je lutte pour y être fidèle.

319 Mon Dieu, qu'il est facile de persévérer, quand on sait que Tu es le Bon Pasteur, et nous – toi et moi... – des brebis de ton troupeau!
– En effet, nous savons bien que le Bon Pasteur donne sa vie tout entière pour chacune de ses brebis.

320 Aujourd'hui, dans ta prière, tu as arrêté ton désir de devenir saint. Et, pour préciser une telle résolution, je comprends bien que tu ajoutes: je sais que j'y arriverai, non que je sois sûr de moi, Jésus, mais parce que... je suis sûr de Toi.

321 A toi seul, sans le secours de la grâce, tu ne pourras rien faire de valable, parce que tu auras mis un obstacle sur le chemin de tes relations avec Dieu.
Avec la grâce, en revanche, tu peux tout.

322 Veux-tu apprendre quelque chose du Christ et prendre exemple sur sa vie? – Ouvre le saint Evangile, écoute le dialogue de Dieu avec les hommes..., avec toi.

323 Jésus sait bien ce qui convient..., et moi j'aime et j'aimerai toujours sa Volonté: c'est Lui qui "tire les fils des marionnettes"; et si ce que je lui demande est un moyen pour atteindre notre fin, malgré ces hommes sans Dieu qui s'obstinent à dresser des obstacles, nul doute qu'Il me l'accordera.

324 C'est grâce à l'humilité que la foi véritable se révèle.
"Dicebat enim intra se"" – cette pauvre femme se disait en elle-même: "si tetigero tantum vestimentum eius, salvus ero" – si j'arrive seulement à toucher la frange de son manteau, je serai sauvée.
– Quelle humilité que la sienne, et c'est un fruit et un signe de sa foi!

325 Si Dieu te donne la charge, Il te donnera la force de la remplir.

326 Invoque le Saint-Esprit dans ton examen de conscience, afin de mieux connaître Dieu, afin de te connaître toi-même; ainsi tu pourras te convertir chaque jour.

327 Direction spirituelle. Ne dresse pas d'obstacles si, par esprit surnaturel et avec une sainte hardiesse, on pénètre dans ton âme, afin de voir jusqu'à quel point tu peux – et tu veux! – rendre gloire à Dieu.

328 "Quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco?" – comment pourra s'accomplir ce prodige, si je ne connais point d'homme? Cette réponse de Marie à l'Ange est le reflet de son cœur sincère.
En contemplant la sainte Vierge, j'ai vérifié cette règle, qui est si claire: pour avoir la paix et vivre en paix, nous devons être sincères avec Dieu, avec ceux qui dirigent notre âme et avec nous-mêmes.

329 Un enfant sot s'agite et trépigne quand, pleine d'affection, sa mère introduit une aiguille dans son doigt pour en retirer l'épine qui s'y était plantée... L'enfant sage, même s'il a les yeux pleins de larmes – car la chair est faible – regarde, reconnaissant, sa mère qui le fait souffrir un peu pour lui épargner des maux pires encore.
– Jésus, fais que je sois cet enfant sage.

330 Mon enfant, tu n'es qu'un pauvre bourricot si, par Amour, le Seigneur a lavé ton échine noire, habituée au fumier, et s'Il te charge d'un harnachement de satin et le recouvre de joyaux éblouissants! Pauvre âne, n'oublie pas que tu "peux", par ta faute, jeter à terre cette charge merveilleuse!... mais qu'à toi seul tu ne "peux" la replacer sur ton dos.

331 Appuie-toi sur la filiation divine. Dieu est un Père – ton Père! – plein de tendresse, plein d'un amour infini.
– Appelle-Le souvent du nom de Père et dis-Lui, seul à seul, que tu L'aimes très fort! Que tu te sens tout fier et fort d'être son fils.

332 La joie est la conséquence normale de la filiation divine: ne savons-nous pas que nous sommes aimés de Dieu notre Père, qui nous accueille, nous aide et nous pardonne? – Que tu t'en souviennes bien, et toujours: même s'il semble que tout s'écroule, en fait rien ne se passe! Dieu ne perd pas de bataille.

333 Comment mieux montrer notre reconnaissance à Dieu qu'en aimant passionnément notre condition, puisque nous sommes ses enfants.

334 Tu es comme ce pauvre petit qui soudain se rend compte qu'il est le fils du Roi! – Aussi, sur la terre, tu n'as plus pour souci que la Gloire – toute la Gloire – de Dieu ton Père.

335 Parle-Lui ainsi, mon ami, comme un enfant: Jésus, je sais que je T'aime et que Tu m'aimes; tout le reste est pour moi sans importance: tout va bien.

336 – J'ai demandé beaucoup de choses à Notre-Dame, m'assurais-tu. Et de te corriger: – pardon, j'ai présenté beaucoup de requêtes à Notre-Dame.

337 "Je peux tout en celui qui me rend fort." Avec Lui, l'échec n'est pas possible. Et de cette conviction naît le saint "complexe de supériorité" qui nous permet de faire face à nos tâches avec un moral de vainqueurs, car Dieu nous accorde sa force.

338 Devant son tableau, cet artiste s'écriait, dans son souci de dépassement: Seigneur, je veux te peindre trente-huit cœurs, trente-huit anges défaillant toujours d'amour près de Toi, trente-huit broderies merveilleuses sur ton ciel, trente-huit soleils sur ton manteau, trente-huit flammes, trente-huit amours, trente-huit folies, trente-huit joies...
Puis, dans son humilité, il reconnaissait que ce n'était là que le fruit de l'imagination et du désir. Car la réalité, ce sont trente-huit sujets peu réussis qui affligent la vue plus qu'ils ne sont agréables.

339 Nous ne pouvons prétendre que les Anges nous obéissent... Mais nous avons en revanche la certitude que les saints Anges nous écoutent toujours.

340 Laisse-toi conduire par Dieu. Il te mènera sur "son chemin", en se servant d'obstacles sans nombre... et peut-être même de ta fainéantise, afin qu'il soit bien clair que c'est Lui qui réalise ton travail.

341 Demande-Lui ce que tu veux sans crainte! Et insiste! Souviens-toi de la scène que nous rapporte l'Evangile à propos de la multiplication des pains. – Vois avec quelle magnanimité Il répond aux Apôtres: combien de pains avez-vous? Cinq?... Que me demandez-vous?... Et Il donne six, cent, mille... Pourquoi?
– Car le Christ connaît nos besoins avec une sagesse divine et, par sa toute-puissance, Il peut faire davantage et aller plus loin que nos désirs.
Le Seigneur voit bien au-delà de notre pauvre logique, et Il est infiniment généreux!

342 Lorsque l'on travaille pour Dieu, il faut avoir un "complexe de supériorité", t'ai-je dit.
Et tu m'as demandé: mais n'est-ce pas là une manifestation d'orgueil? – Eh bien non! C'est une conséquence de l'humilité, d'une humilité qui me fait dire: Seigneur, Tu es qui Tu es. Moi, j'en suis la négation. Toi, tu as toutes les perfections: le pouvoir, la force, l'amour, la gloire, la sagesse, l'empire sur toutes choses, la dignité... Mais moi, si je m'unis à Toi, comme un enfant qui se blottit dans les bras vigoureux de son père ou dans le giron si merveilleux de sa mère, je ressentirai la chaleur de ta divinité, les lumières de ta sagesse, je sentirai ta force circuler dans mes veines.

343 Si tu demeures en présence de Dieu, bien au-dessus de la tempête assourdissante, le soleil brillera toujours dans ton regard; et sous les vagues tumultueuses et dévastatrices, le calme et la sérénité règneront dans ton âme.

344 Pour un enfant de Dieu, chaque jour doit être une occasion de se renouveler, avec la certitude que, la grâce aidant, il arrivera au bout du chemin, c'est-à-dire à l'Amour.
C'est pourquoi, si tu commences et recommences, tu es sur la bonne voie. Si tu as un moral de vainqueur, si tu luttes, avec l'aide de Dieu, tu vaincras! Il n'est pas de difficultés que tu ne puisses surmonter!

345 Va à Bethléem, approche-toi de l'Enfant, berce-le, danse devant lui, dis-lui beaucoup de choses ardentes; et serre-le contre ton cœur...
– Non, ce n'est pas d'enfantillage que je te parle: je parle d'amour! Et l'amour se manifeste dans les faits: dans l'intimité de ton âme, cet enfant, tu peux l'embrasser bien fort!

346 Faisons savoir à Jésus que nous sommes des enfants. Or les enfants, les enfants petits et simples, comme ils peinent pour monter un escalier! On dirait qu'ils restent là à perdre leur temps. Et enfin ils y arrivent. Et maintenant une autre marche. Avec les mains et les pieds, en s'aidant de tout leur corps, ils parviennent à un nouveau triomphe: une autre marche, et ils recommencent. Quels efforts! Il en manque peu maintenant... C'est alors qu'ils font un faux pas... et patatras...! Ils tombent tout en bas. Plein de bosses, fondant en larmes, le pauvre enfant commence et recommence son ascension.
Ainsi en va-t-il de nous, Jésus, quand nous sommes seuls. Prends-nous dans tes bras aimables, comme un grand, comme un bon Ami de l'enfant si simple que nous sommes: ne nous abandonne pas, tant que nous ne sommes pas parvenus en-haut; et alors – oh, alors! – nous saurons répondre à ton Amour Miséricordieux, avec des audaces enfantines, et en Te disant, doux Seigneur, qu'en-dehors de Marie et de Joseph, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de mortel (même s'il y en a eu d'extrêmement fous) qui T'aime comme je T'aime.

347 N'aie pas peur de te laisser aller à de petits enfantillages, t'ai-je conseillé: tant que ces gestes ne seront pas routiniers, ils ne resteront pas stériles.
– Un exemple: supposons qu'une âme, qui suit la voie de l'enfance spirituelle, se sente poussée à habiller chaque soir, avant de s'endormir, une statue de la très sainte Vierge.
Certes l'entendement se révolte à l'idée d'une telle démarche, la trouvant tout à fait inutile! Mais une âme "petite", touchée par la grâce, se rend parfaitement compte qu'un enfant, par pur amour, est parfaitement capable d'agir de la sorte.
Alors la volonté virile se dresse (le propre de ceux qui sont spirituellement petits), et elle oblige l'entendement à s'incliner... Et si cette âme enfantine continue chaque jour de revêtir la statue de Notre-Dame, elle fait chaque jour un petit enfantillage, si fécond aux yeux de Dieu.

348 Quand tu seras vraiment enfant et que tu emprunteras les voies d'enfance – si le Seigneur te mène dans cette direction –, tu seras invincible.

349 Demande confiante d'un petit enfant: je voudrais, Seigneur, atteindre au degré de componction où sont arrivés ceux qui ont le mieux su Te plaire.

350 Un enfant! Tu cesseras de l'être si quelqu'un ou quelque chose s'intercale entre Dieu et toi.

351 Je ne dois rien demander à Jésus: je me contenterai de lui être agréable en tout, et de lui raconter mes problèmes, comme s'Il ne les connaissait pas, tout comme un petit enfant se conduit envers son père.

352 Enfant que tu es, dis à Jésus: je ne veux rien de moins que Toi.

353 Ta prière d'enfance spirituelle, comme elle est pleine de choses puériles que tu dis à Notre-Seigneur! Avec la confiance d'un enfant qui parle à son Grand Ami – et il est sûr de son amour –, voici ce que tu lui confies: fais que je vive seulement pour ta Gloire.
Tu te souviens que tu fais tout de travers et tu le reconnais loyalement, pour ajouter: ô mon Jésus, ceci ne saurait T'étonner; il m'est impossible de faire quoi que ce soit comme il faut. Aide-moi donc, Toi! Fais-le, Toi, à ma place. Et tu verras comment tout marchera bien.
Puis, avec audace et sans trahir la vérité, tu poursuis: imprègne-moi, enivre-moi de ton Esprit, pour que je puisse faire Ta volonté. Je veux la faire. Si je ne la fais pas... c'est que Tu ne m'aides pas; mais pourtant, bien sûr que Tu m'aides!

354 Aie bien conscience de ce devoir, impérieux, nécessaire: tiens-toi pour un tout petit, faible, dépourvu de tout. C'est alors que tu te jetteras dans le giron de notre Mère du Ciel: oraisons jaculatoires, regards affectueux, pratiques de piété mariale..., toutes choses qui sont au cœur de ton esprit filial.
– Et c'est Elle qui te protègera.

355 Quoi qu'il arrive, persévère dans ton chemin; persévère, avec joie et optimisme, car le Seigneur s'obstine à déblayer tous les obstacles devant toi.
– Ecoute-moi bien: si tu luttes, je suis sûr que tu seras saint!

356 Quand le Seigneur les appela, les premiers Apôtres se trouvaient près de la vieille barque, en train de raccommoder leurs filets déchirés. Le Seigneur leur dit de Le suivre; et eux, "statim" – immédiatement, "relictis omnibus" – abandonnant toute chose, oui, tout! ils Le suivirent...
Et nous, qui désirons les imiter, il arrive parfois que nous ne parvenions pas à tout abandonner. Et il nous reste un attachement au cœur, une erreur dans notre vie, que nous ne voulons pas retrancher, pour l'offrir au Seigneur.
– Réussiras-tu à examiner ton cœur en allant au fond des choses? – Qu'il n'y demeure rien qui ne soit pas à Lui! Sinon c'est que ni toi ni moi, nous ne L'aimons vraiment bien.

357 En toute sincérité et avec constance, fais connaître à Notre-Seigneur tes désirs de sainteté et d'apostolat...; et alors le pauvre vase de ton âme ne pourra pas se briser; ou, s'il se brise, il sera si bien restauré qu'il en aura une beauté nouvelle, et qu'il sera encore utile à ta sainteté et à l'apostolat.

358 Ta prière doit être celle d'un enfant de Dieu, non comme celle des hypocrites, auxquels s'appliquent ces mots de Jésus: "ce n'est pas celui qui dit Seigneur! Seigneur! qui entrera dans le Royaume des cieux".
Ta prière, ton exclamation de "Seigneur! Seigneur!" doit être accompagnée, de façons très différentes pendant la journée, du désir et de l'effort efficace que tu fais pour accomplir la Volonté de Dieu.

359 Dis-Lui, toi qui es un enfant: oh, Jésus! Je ne veux pas que le démon s'empare des âmes!

360 Si tu as été choisi, appelé par l'Amour de Dieu pour Le suivre, tu as l'obligation d'y répondre..., et tu as aussi le devoir, non moins fort, de conduire tes frères les hommes, de contribuer à leur sainteté et de les amener sur la bonne voie.

361 Prends courage!.., même quand le chemin devient difficile. N'es-tu pas heureux que ta fidélité à tes engagements de chrétien dépende en partie de toi?
Réjouis-toi, et renouvelle librement ta décision: moi aussi, Seigneur, je le veux. Compte sur ma petitesse!

362 Dieu ne t'arrache pas à ton milieu; Il ne te fait pas non plus quitter le monde, ou ton état; ni renoncer à tes nobles ambitions, ou à ton travail professionnel... Bien au contraire, c'est là qu'Il veut que tu deviennes saint!

363 Le front collé à terre, en présence de Dieu, considère (car il en est vraiment ainsi) que tu es une chose plus sale et plus méprisable que les poussières ramassées par le balai.
– Et malgré tout, le Seigneur t'a choisi.

364 Ah! quand tu te décideras!
Beaucoup de gens autour de toi mènent une vie très sacrifiée pour un motif purement humain; ces pauvres créatures ne se souviennent pas qu'elles sont des enfants de Dieu; si elles se conduisent de la sorte, c'est peut-être simplement par orgueil, pour se faire remarquer, pour se préparer un avenir plus confortable: et elles se privent de tout!
Et toi, qui supportes le doux poids de l'Eglise, des tiens, de tes amis – autant de motifs pour lesquels il vaut la peine de se dépenser –, que fais-tu? Réagis-tu de façon vraiment responsable?

365 Oh! Seigneur! Pourquoi es-tu venu me chercher moi, qui ne suis que néant, alors qu'il y a tant de personnes saintes, sages, riches et prestigieuses?
– Bien jugé!.. C'est précisément pour cela; remercie-Le par tes œuvres et par ton amour.

366 Jésus, que tous, dans ton Eglise sainte, persévèrent sur leur chemin, qu'ils vivent selon leur vocation chrétienne, tout comme les Mages ont suivi l'étoile: en méprisant les conseils d'Hérode..., lesquels ne manqueront jamais.

367 Demandons à Jésus-Christ que le fruit de sa Rédemption croisse abondamment dans les âmes: et plus encore, avec beaucoup plus d'abondance, avec cette abondance qui vient de Dieu!
– Et pour cela, qu'Il fasse de nous de bons entants de sa Mère bénie.

368 Veux-tu un secret pour être heureux? Donne-toi et sers les autres, sans attendre qu'on t'en remercie.

369 Si tu agis – si tu vis et travailles – face à Dieu, par amour et par esprit de service, et avec une âme sacerdotale, même si tu n'es pas prêtre, toute ton action s'imprègne d'un sens surnaturel authentique: et voilà qui permet à la vie de rester unie à la source de toutes les grâces.

370 Devant cet immense panorama des âmes qui nous attendent, devant cette magnifique responsabilité, peut-être te prendras-tu à penser ce que je pense moi-même quelquefois: et c'est avec moi que tout ce travail va s'accomplir? Avec moi, qui suis si peu de chose?
– Ouvrons alors l'Evangile, pour considérer comment Jésus guérit l'aveugle de naissance: avec de la boue faite de la poussière du sol et de salive. Voilà le collyre que la lumière donne à des yeux aveugles!
C'est ce que nous sommes, toi et moi, bien conscients de notre misère, du peu de choses dont nous sommes faits; mais, avec la grâce de Dieu et notre bonne volonté, nous sommes nous-mêmes un collyre! – nous illuminerons, nous communiquerons notre force aux autres et à nous-mêmes.

371 Paroles d'une âme apostolique à Jésus: "A Toi de voir ce que Tu fais..., moi je ne travaille pas pour moi...".

372 Si tu persévères dans la prière avec une "persévérance bien personnelle", Dieu Notre-Seigneur te donnera les moyens dont tu as besoin pour être plus efficace et pour étendre son royaume dans le monde.
– Mais il est nécessaire que tu restes fidèle: demande-le, demande-le... Ou penses-tu que tu le fais déjà?

373 Le Seigneur veut voir ses enfants sur tous les chemins honnêtes de la terre, en train de jeter à la volée la semence de la compréhension, du pardon, de la bonne entente, de la charité et de la paix.
– Alors toi, que fais-tu?

374 La Rédemption est en train de se faire, en ce moment encore... et toi tu es, tu dois être un corédempteur.

375 Etre chrétien dans le monde ne veut pas dire que l'on s'isole, bien au contraire! – Cela revient plutôt à aimer tout le monde, en désirant enflammer tous les hommes au feu de l'amour de Dieu.

376 Notre-Dame, vous qui êtes la Mère de Dieu et ma Mère, je ne voudrais pour rien au monde que vous cessiez d'être la Maîtresse et l'Impératrice de toute la création...

 «    SE BATTRE ENCORE...    » 

377 Suis le conseil de saint Paul: "hora est iam nos de somno surgere!" – C'est l'heure de travailler! – De travailler, à l'intérieur, à l'édification de ton âme; et, à l'extérieur, en restant à ta place, à l'édification du Royaume de Dieu.

378 Contrit, tu me dis: "que de misères je découvre en moi! Ma turpitude et le poids de mes concupiscences sont tels que c'est comme si je n'avais rien fait pour m'approcher de Dieu. Commencer, recommencer: oh! Seigneur, j'en suis toujours aux commencements! Toutefois j'essaierai de tout mon cœur de faire un effort chaque jour, de toute mon âme".
– Qu'Il bénisse tes aspirations.

379 Père, m'as-tu dit, j'ai à mon passif beaucoup, beaucoup d'erreurs.
– Je le sais, t'ai-je répondu. Mais Dieu
Notre-Seigneur sait tout, Lui aussi, et Il tient compte de cela. Il ne te demande que d'avoir l'humilité de le reconnaître et de lutter pour rectifier, afin que tu puisses Le servir mieux chaque jour, avec davantage de vie intérieure, avec une prière continuelle, avec piété et en employant les moyens adéquats pour sanctifier ton travail.

380 Puisses-tu acquérir les vertus de l'âne! – car tu veux les obtenir, n'est-ce pas? Humble, dur au travail et persévérant: têtu, fidèle, tenant fermement son allure, fort et, s'il a un bon maître, reconnaissant et obéissant.

381 Continue de considérer les qualités de l'âne, et remarque que, s'il veut faire œuvre utile, le bourricot doit se laisser dominer par la volonté de celui qui le mène... Seul, en effet, il ne ferait que... des âneries. A coup sûr, il n'aurait pas de meilleure idée que de se vautrer sur le sol, de courir vers sa mangeoire... et de braire.
Ah, Jésus! – dis-le Lui toi aussi –; "ut iumentum factus sum apud te!" – tu as fait de moi ton petit âne; ne m'abandonne pas, "et ego semper tecum!" – et je serai toujours avec Toi. Emmène-moi, bien attaché par ta grâce: "tenuisti manum dexteram tuam..." – tu m'as pris par la bride: "et in voluntate tua deduxisti me..." – et aide-moi à accomplir ta Volonté. Et ainsi je t'aimerai jusqu'à la fin des siècles – "et cum gloria suscepisti me!".

382 Même la plus petite mortification prend pour toi la dimension d'une épopée. Parfois Jésus se sert de tes "bizarreries", de tes mesquineries pour que tu te mortifies, et que tu fasses de la nécessité vertu.

383 Mon Jésus, je veux répondre à ton Amour, mais je suis si faible!
– Avec l'aide de ta grâce, j'y arriverai!

384 C'est exprès que je le rabâche: la vie spirituelle est commencement et recommencement continuels.
– Recommencer? Oui! Chaque fois que tu fais un acte de contrition – et nous devrons en faire beaucoup chaque jour – tu recommences, parce que tu offres à Dieu un amour nouveau.

385 Nous ne pouvons pas nous contenter de ce que nous faisons pour le service de Dieu, de même qu'un artiste ne s'estime pas satisfait du tableau ou de la statue qui sort de ses mains. Tous lui disent que c'est une merveille. Mais lui, il pense: non, ce n'est pas vrai; je voudrais faire davantage. C'est ainsi que nous devrions réagir nous-mêmes.
En outre le Seigneur nous donne beaucoup, et Il a droit à une réponse plénière de notre part: il faut aller à son pas.

386 Tu manques de foi... et tu manques d'amour. Sinon, tu aurais recours à Jésus plus tôt, et plus souvent, en Lui demandant ceci et cela.
– N'attends plus davantage. Invoque-Le, et tu entendras le Christ te dire: "que veux-tu que Je fasse pour toi?" C'est ainsi qu'Il a accueilli ce pauvre aveugle qui, du bord du chemin, ne se lassait pas d'insister.

387 Tel de nos amis écrivait: "souvent j'ai demandé pardon à Dieu pour mes très grands péchés; je lui ai dit que je L'aimais, en baisant le Crucifix, et je L'ai remercié des providences paternelles qu'Il a eues pour moi ces jours derniers. Comme il y a des années, je me suis surpris à dire – sans m'en rendre compte tout d'abord –: "Dei perfecta sunt opera" – toutes les œuvres de Dieu sont parfaites. Aussitôt j'ai eu la certitude totale, sans le moindre doute, que telle était bien la réponse de Dieu à sa créature pécheresse, mais aimante. J'attends tout de Lui! Qu'll soit béni!"
Je me suis empressé de Lui répondre: "le Seigneur se comporte toujours comme un bon Père, et Il nous donne continuellement des preuves de son Amour. Place toute ton espérance en Lui..., et continue de lutter".

388 Oh, Jésus! Vu ce que j'ai été – pauvre de moi! –, si tu as fait pour moi ce que Tu as fait... si je répondais à ta grâce, que ne ferais-tu pas de moi!
Voilà une vérité qui doit te pousser à une générosité sans faille.
Alors, pleure, et repens-toi, plein de peine et de douleur, parce que le Seigneur et sa Mère bénie méritent un autre comportement de ta part.

389 Même si parfois tu n'en as guère l'envie au fond de toi, même s'il te semble que ce que tu dis n'est proféré que du bout des lèvres, renouvelle tes actes de foi, d'espérance et d'amour. Et ne t'endors pas! Sinon les mauvaises choses pousseront au milieu des bonnes, et elles t'entraîneront.

390 Fais ta prière ainsi: si je dois faire quelque chose d'utile, Jésus, c'est Toi qui dois le faire pour moi. Que ta Volonté s'accomplisse: ta Volonté que j'aime, même si elle permet que je sois toujours comme maintenant, moi en train de tomber péniblement, Toi en train de me relever!

391 Rends-moi saint, mon Dieu, même si c'est à force de coups. Je ne veux pas être un obstacle à ta Volonté. Je veux répondre, je veux être généreux... Mais mon vouloir est-il sérieux?

392 Tu es tout préoccupé parce que tu n'aimes pas comme tu le devrais. Tout te gêne. Et l'ennemi fait tout ce qu'il peut pour que ton mauvais caractère réapparaisse.
Je comprends que tu sois humilié, et c'est bien pour cela que tu dois réagir efficacement et sans plus attendre.

393 Non, ce n'est pas la véritable sainteté – dans le meilleur des cas c'en sera la caricature – que celle qui amène à penser que "pour supporter un saint, il faut deux autres saints".

394 Le diable essaye de nous écarter de Dieu. Si tu te laisses dominer par lui, les personnes honnêtes "s'écarteront" de toi, parce qu'elles "s'écartent" des amis ou des possédés de satan.

395 Quand tu parles avec Notre-Seigneur, et même si tu penses que ce que tu dis n'est que bruit de paroles, demande-Lui, pour toi, une plus grande générosité, demande-Lui d'avancer de façon plus décidée sur la voie de la perfection chrétienne. Pour enflammer davantage!

396 Renouvelle ta ferme résolution de vivre avec une volonté "actuelle" ta vie de chrétien: à toutes heures et en toutes circonstances.

397 Ne mets pas d'obstacles à la grâce: tu dois te convaincre que, pour être levain, tu as besoin d'être saint, de lutter pour t'identifier à Lui.

398 Dis lentement, avec un enthousiasme sincère: "nunc cœpi!" – c'est maintenant que je commence!
Ne te décourage pas si, malheureusement, tu ne vois pas en toi de changement, effet de la main droite du Seigneur...: du fond de ta bassesse, tu peux t'écrier: aide-moi, ô mon Jésus, parce que je veux accomplir ta volonté... ta très aimable Volonté!

399 Je suis bien d'accord avec toi: ce sont "eux" qui doivent te préoccuper. Mais ta première préoccupation doit aller à toi-même, à ta vie intérieure. Sinon, tu ne pourras pas leur être utile.

400 Comme elle te coûte, cette mortification que le Saint-Esprit te suggère! Regarde longuement un Crucifix..., et tu finiras par aimer cette expiation.

401 Se clouer sur la Croix! Cette aspiration venait bien souvent comme une lumière nouvelle à l'intelligence, au cœur et aux lèvres de cette âme.
– Se clouer sur la Croix? Comme il en coûte, se disait-elle. Et pourtant elle connaissait très bien le chemin: "agere contra!" – se renoncer soi-même. Aussi suppliait-elle: aide-moi, Seigneur! aide-moi!

402 Quand nous nous plaçons sur le Calvaire, là où Jésus est mort, l'expérience de nos péchés personnels doit nous conduire à la douleur: à prendre une décision plus mûre et plus profonde de ne plus jamais L'offenser.

403 Tout comme on taille une pierre ou du bois, chaque jour un peu plus et dans un esprit de pénitence, il faut limer des aspérités, en éliminant les défauts de notre vie personnelle, grâce à de petites mortifications. Il y en a de deux types: les mortifications actives – celles que nous recherchons, comme de petites fleurs que nous cueillons au long de la journée – et les mortifications passives, qui viennent du dehors et qu'il nous coûte d'accepter. Ensuite Jésus-Christ ajoute ce qui manque.
– Quel magnifique Crucifix tu vas devenir, si ta réponse est généreuse, joyeuse, entière.

404 Le Seigneur, les bras ouverts, te demande sans cesse l'aumône de ton amour.

405 Approche-toi de Jésus mort pour toi, approche-toi de cette Croix qui se détache sur le sommet du Golgotha...
Mais approche-toi avec sincérité, avec ce recueillement intérieur qui est un signe de maturité chrétienne, afin que les événements divins et humains de la Passion pénètrent dans ton âme.

406 Nous avons à accepter la mortification avec les sentiments mêmes de Jésus-Christ au long de sa Sainte Passion.

407 La mortification est la prémisse nécessaire de tout apostolat, et de la bonne mise en œuvre de tout apostolat.

408 L'esprit de pénitence consiste principalement à mettre à profit ces nombreuses petites choses – actions, renoncements, sacrifices, services – que nous rencontrons chaque jour sur notre chemin. Et comment? En en faisant des actes d'amour et de contrition, ou des mortifications; de quoi faire en fin de journée un bouquet, une très belle gerbe pour l'offrir à Dieu!

409 Le meilleur esprit de sacrifice est la persévérance dans le travail entrepris: qu'il soit fait dans l'enthousiasme ou qu'il devienne pénible.

410 Soumets à l'approbation de ton directeur spirituel ton plan de mortifications, afin qu'il les modère.
– Les modérer n'implique pas nécessairement de les diminuer, mais aussi de les augmenter, s'il le juge opportun. – Et, quoi qu'il en soit, accepte-le!

411 Avec saint Augustin, nous pouvons dire que les passions mauvaises nous tirent par notre vêtement, vers le bas. En même temps, nous remarquerons dans notre cœur des désirs grands, nobles et purs: il y a donc une lutte.
– Toi, avec la grâce du Seigneur, si tu mets en œuvre les moyens ascétiques, la recherche de la présence de Dieu, la mortification, la pénitence – oui, la pénitence! –, tu iras de l'avant, tu obtiendras la paix et la victoire.

412 La garde du cœur! – Ainsi priait ce prêtre: "Jésus, que mon pauvre cœur soit un jardin clos; que mon pauvre cœur soit un paradis, où c'est Toi qui vis; que mon Ange gardien le garde avec une épée de feu et que par cette épée il purifie toutes les affections avant qu'elles n'entrent en moi; Jésus, scelle mon pauvre cœur avec le sceau divin de la Croix".

413 Mener une vie propre: avoir cette audace! Chacun selon son état: il faut savoir dire non, au nom du grand Amour, avec un A majuscule.

414 Voici un proverbe très clair: entre un saint et une sainte, un mur de pierre.
– Nous devons garder notre cœur et nos sens, en nous éloignant sans cesse de certaines occasions; et pour cela, éviter à tout prix la passion, aussi sainte qu'elle paraisse!

415 Mon Dieu! Je trouve la grâce et la beauté dans tout ce que je vois: alors, à toute heure par amour, je vais contrôler mes regards.

416 Toi, chrétien, et en tant que chrétien, enfant de Dieu, tu dois sentir sur toi la grave responsabilité de répondre aux preuves de miséricorde que tu as reçues du Seigneur. Et comment? par une attitude vigilante et ferme dans l'amour, pour que rien ni personne ne puisse brouiller les traits caractéristiques de l'Amour, qu'il a imprimés dans ton âme.

417 Tu es parvenu à une grande intimité avec ce Dieu, notre Dieu, qui est si près de toi, au plus profond de ton âme...; mais toi, que fais-tu pour que cette intimité s'accroisse, s'approfondisse? Evites-tu ces vétilles qui, en s'interposant, peuvent troubler cette amitié?
– Sois courageux! N'hésite pas à couper court à tout ce qui, ne serait-ce que légèrement, pourrait faire souffrir Celui qui t'aime tant.

418 Si nous Lui sommes fidèles, Jésus-Christ reproduit sa vie dans la vie de chacun d'entre nous, d'une manière ou d'une autre, tant dans son processus interne – la sanctification – que dans notre conduite extérieure.
– Remercie-le d'une telle bonté.

419 C'est une bonne chose, je crois, que tu manifestes souvent à Notre-Seigneur ton désir ardent, ton grand désir d'être saint, même si tu te vois plein de misères...
– Justement, fais-le pour cela!

420 Ta condition d'enfant de Dieu, tu l'as vue en toute clarté; sache que, même si tu ne la revoyais pas (ce qu'à Dieu ne plaise!) tu dois poursuivre ton chemin, pour toujours, au nom de la fidélité, et sans regarder en arrière.

421 Une résolution: jusqu'à l'héroïsme, et sans chercher d'excuses, être fidèle à l'horaire, dans la vie ordinaire et dans l'extraordinaire.

422 Sans doute as-tu parfois pensé – avec une sainte envie – à Jean, cet Apôtre adolescent, "quem diligebat Iesus": celui que Jésus aimait.
– N'aimerais-tu pas mériter d'être appelé "celui qui aime la Volonté de Dieu": Mets en œuvre ce qu'il faut pour y parvenir, jour après jour.

423 Il faut t'en convaincre: quand il va avec les œuvres, le désir de se conduire en bon enfant de Dieu donne sans cesse la jeunesse et la sérénité, la joie et la paix.

424 Si tu t'abandonnes de nouveau entre les mains de Dieu, l'Esprit Saint te donnera des lumières pour ton intelligence, et la vigueur pour ta volonté.

425 Ecoute des lèvres mêmes de Jésus cette parabole que rapporte saint Jean dans son Evangile: "Ego sum vitis, vos palmites". – Je suis la vigne; vous êtes les sarments.
Voilà déjà toute la parabole, pour ton imagination, et ton intelligence. Tu vois bien qu'un sarment ne sert à rien s'il est séparé du cep, de la vigne, qu'il ne porte pas de fruit et qu'il risque de devenir un bout de bois sec: les hommes et les bêtes le fouleront, ou on le jettera au feu...
– Le sarment, c'est toi: tires-en toutes les conséquences.

426 Aujourd'hui, plein de confiance, j'ai de nouveau présenté cette demande: Seigneur, que nos misères passées et déjà pardonnées ne nous inquiètent pas; non plus que la possibilité de tomber dans d'autres misères; abandonnons-nous entre tes mains miséricordieuses; et nous te dirons nos idées de sainteté et d'apostolat, qui sont cachées comme des braises sous les cendres d'une apparente froideur...
– Seigneur, je sais que Tu nous écoutes. Eh bien! toi aussi, dis-lui la même chose.

427 Quand tu ouvres ton âme, sois sincère et parle, sans rien enjoliver, ce qui serait faire preuve d'infantilisme.
Ensuite, sois docile et poursuis ton chemin: tu en seras plus saint, plus heureux.

428 Ne recherche pas de consolations hors de Dieu. – Vois ce que m'écrivait ce prêtre: pas question d'épancher sans besoin mon cœur auprès d'un autre ami!

429 La sainteté s'obtient avec l'aide de l'Esprit Saint – Lui qui vient habiter dans nos âmes –, moyennant la grâce qui nous est concédée par les sacrements, et une lutte ascétique constante.
Mon enfant, ne nous faisons pas d'illusions! Je ne me lasserai jamais de le répéter: toi et moi, nous devrons toujours nous battre – oui, toujours, jusqu'à la fin de notre vie. Et c'est ainsi que nous finirons par aimer la paix et que nous donnerons la paix, et que nous recevrons la récompense éternelle.

430 Ne te contente pas de parler au Paraclet, écoute-le! Dans la prière, considère bien que la vie d'enfance, c'est elle qui te permet de découvrir en profondeur que tu es enfant de Dieu et c'est elle qui t'a rempli d'un amour filial pour le Père; souviens-toi bien que c'est par Marie que tu es allé à Jésus, Lui que tu adores en ami, en frère, en amoureux que tu es...
Quand tu as reçu ce conseil, tu as compris que, jusqu'alors, tu savais que le Saint-Esprit habitait dans ton âme pour la sanctifier...; mais tu n'avais pas "compris" la réalité de sa présence. Il a fallu cette suggestion: et à présent tu éprouves l'Amour au-dedans de toi; et tu veux te rapprocher de Lui, devenir son ami, son confident..., lui faciliter son travail pour qu'Il polisse, arrache, enflamme...
Je ne serai pas capable de le faire, pensais-tu. Ecoute-Le, j'insiste. Il te donnera des forces, Il fera tout, si tu le veux... et tu le veux!
Dans ta prière, appelle-Le: Hôte Divin, mon Maître, ma Lumière, mon Guide, mon Amour et dis-lui: que je sache T'accueillir, écouter tes leçons et m'enflammer, Te suivre et T'aimer.

431 Pour t'approcher de Dieu, pour voler jusqu'à Dieu, tu as besoin des ailes fortes et généreuses de la Prière et de l'Expiation.

432 Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec l'amour que met la première fois dans ses paroles celui qui aime..., et aussi comme si c'était la dernière occasion que tu avais de t'adresser à Notre-Seigneur.

433 Orgueilleux d'être l'enfant de Sainte Marie...? Si tu l'es vraiment, demande-toi: combien de fois ai-je manifesté ma dévotion à la Sainte Vierge au long de cette journée, du matin au soir?

434 J'ai deux raisons, entre autres, se disait cet ami, pour vouloir plaire à ma Mère Immaculée tous les samedis et les veilles des fêtes qui lui sont consacrées.
– La seconde est que les dimanches et les fêtes de la Sainte Vierge (qui sont traditionnellement des fêtes dans les villages), les gens, au lieu de les consacrer à la prière, les emploient à offenser Notre Jésus par des péchés publics et des crimes scandaleux – il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en convaincre.
La première, c'est que nous qui voulons être de bons enfants de Dieu, peut-être poussés par satan, nous ne vivons pas avec l'attention requise ces jours qui sont consacrés à Notre-Seigneur et à sa Mère.
– Et tu te rends bien compte, toi, que ces raisons sont malheureusement toujours d'actualité, et qu'il est nécessaire que nous fassions réparation, nous aussi.

435 J'ai toujours compris la prière du chrétien comme un entretien amoureux avec Jésus, un entretien qui ne doit jamais s'interrompre, même aux moments où nous sommes physiquement éloignés du tabernacle; en effet, toute notre vie est tissée de ces refrains d'amour humain transposés sur un plan divin... et parce qu'aimer, nous le pouvons toujours.

436 L'Amour de Dieu pour ses créatures est si grand que, si notre réponse était ce qu'elle doit être, nos montres devraient s'arrêter pendant la Sainte Messe.

437 Unis à la vigne, les sarments mûrissent et portent du fruit.
– Que devons-nous faire, toi et moi? Etre très unis, par le Pain et par la Parole à Jésus-Christ, qui est notre vigne..., en lui disant des paroles affectueuses tout au long de la journée C'est ainsi que font les amoureux.

438 Aime beaucoup Notre-Seigneur. Cette volonté pressante de l'Aimer, il faut que tu l'entretiennes, que tu la fasses croître dans ton âme. Que tu aimes Dieu justement maintenant, quand peut-être beaucoup de ceux qui Le touchent de leurs mains ne L'aiment pas; qu'ils Le maltraitent et Le négligent.
Ayez donc grand souci de Notre-Seigneur, dans la Sainte Messe et pendant toute la journée!

439 La prière est l'arme la plus puissante du chrétien. C'est la prière qui nous rend efficaces, la prière qui nous rend heureux, la prière qui nous donne toute la force nécessaire pour accomplir ce que Dieu nous demande.
– Oui, toute ta vie peut et doit devenir une prière!

440 La sainteté personnelle n'est pas une abstraction mais une réalité bien précise, divine et humaine à la fois, et qui se manifeste sans cesse par des actes d'Amour quotidiens.

441 L'esprit de prière qui anime la vie entière de Jésus-Christ parmi les hommes nous apprend que la prière doit précéder, accompagner et suivre toutes les œuvres, qu'elles soient grandes ou petites.

442 Contemple la Passion du Christ pour la vivre avec Lui: prête-Lui souvent et chaque jour ton dos quand on le fouette; offre ta tête à la couronne d'épines.
– On dit dans mon pays que "l'amour se paye par l'amour".

443 Celui qui aime ne laisse pas passer le moindre détail. Je l'ai constaté chez tant d'âmes: ces petites choses représentent une très grande chose: l'Amour!

444 Aime Dieu pour ceux qui ne L'aiment pas: tu dois faire chair de ta chair cet esprit de satisfaction et de réparation.

445 La lutte intérieure devient-elle plus difficile? Voilà une bonne occasion de prouver que notre Amour est authentique.

446 Tu en as la certitude: c'est Dieu qui t'a clairement fait voir que tu dois revenir aux petitesses les plus enfantines par où ta vie intérieure est déjà passée; et persévérer pendant des mois, voire pendant des années dans ces petites choses héroïques à l'aide de ta volonté, même froide, pourvu qu'elle soit résolue à les accomplir par amour (et dans ce domaine la sensibilité n'a pas à entrer en ligne de compte, elle qui est si souvent assoupie pour faire le bien).

447 Dans ta vie de piété, persévère, volontairement et par amour – même si tu te sens sec. Et que t'importe si tu te surprends à compter les minutes ou les jours qui te restent pour achever cette norme de piété ou ce travail, et si tu éprouves le plaisir trouble du mauvais élève qui, dans des circonstances comparables, attend la fin des cours; ou de l'homme condamné à vingt ans de prison, qui attend que les portes de la geôle s'ouvrent devant lui pour retourner à ses erreurs.
Persévère, j'y insiste! Avec une volonté efficace et renouvelée, sans jamais cesser de vouloir effectuer ces exercices de piété et d'en tirer profit.

448 Sois tout joyeux pour vivre ta foi, et très uni à Jésus-Christ. Aime-Le vraiment! – oui, vraiment! et tu deviendras l'un des acteurs de la grande Aventure de l'Amour, parce que tu seras de jour en jour plus amoureux.

449 Dis lentement au Maître: Seigneur, je ne veux rien d'autre que Te servir; je ne veux qu'accomplir mes devoirs, et T'aimer d'une âme amoureuse! Fais sentir ton pas ferme à mes côtés. Sois mon unique appui.
– Dis-le lui lentement..., mais dis-le lui vraiment!

450 Tu as besoin de vie intérieure et de formation doctrinale. Sois exigeant avec toi-même! Toi, qui es un homme chrétien, une femme chrétienne, tu dois être le sel de la terre et la lumière du monde, parce que tu as l'obligation de donner le bon exemple d'une sainte imprudence.
– La charité du Christ doit te pousser avec urgence. Et si tu te sens, si tu te sais un autre Christ depuis le moment où tu Lui as dit que tu Le suivrais, tu ne vas pas te séparer de tes semblables – tes parents, tes amis, tes collègues –, tout comme l'on ne peut séparer le sel de l'aliment qu'il assaisonne.
Ta vie intérieure et ta formation comportent la piété et le jugement que doit posséder un enfant de Dieu, pour que sa présence active puisse relever toute chose.
Prie le Seigneur pour que tu sois toujours une épice dans la vie des autres.

451 Nous autres chrétiens, jeunes d'esprit, nous venons recueillir le trésor de l'Evangile – un trésor toujours neuf pour le faire parvenir aux quatre coins de la terre.

452 Ton devoir: imiter Jésus-Christ et Le faire connaître par ta conduite. N'oublie pas que le Christ a assumé notre nature, afin d'introduire tous les hommes dans la vie divine, ainsi, en nous unissant à Lui nous pouvons, dans notre vie individuelle et sociale, vivre les commandements du Ciel.

453 De par ta condition chrétienne, tu ne peux pas vivre en tournant le dos à la moindre inquiétude, au moindre besoin de tes frères les hommes.

454 Quelle insistance que celle de l'Apôtre saint Jean quand il prêchait le "mandatum novum"! – Aimez-vous les uns les autres!
– Je me mettrai à genoux, sans faire de comédie – car c'est mon cœur qui le crie – pour vous demander que, pour l'amour de Dieu, vous vous aimiez, vous vous aidiez, vous vous donniez la main, et vous sachiez vous pardonner.
– Repoussez donc l'orgueil, et montrez-vous compréhensifs; pratiquez la charité; rendez-vous les uns aux autres le service de la prière et de l'amitié sincère.

455 Tu ne seras bon que si tu sais voir les bonnes choses et les vertus des autres.
C'est pourquoi, quand tu devras corriger quelqu'un, montre-toi plein de charité, fais-le au moment opportun, et sans l'humilier; fais-le dans le souci d'apprendre et de devenir meilleur dans ce domaine où tu corriges un autre.

456 Aime et pratique la charité, sans poser de limites, sans faire de discriminations, car c'est cette vertu qui nous distingue en tant que disciples du Maître.
– Mais, sauf à ne plus être une vertu, cette charité ne peut te conduire à mitiger la foi, à limer les arêtes qui la définissent, à l'édulcorer jusqu'à la transformer, comme certains le prétendent, en quelque chose d'amorphe, privé de la force et de la puissance de Dieu.

457 Tu dois vivre en bonne entente avec les autres, tu dois les comprendre, tu dois être le frère de tes frères les hommes, tu dois mettre l'amour – comme le dit le mystique castillan – là où il n'y a pas d'amour, afin de récolter l'amour.

458 Lorsque tu auras à faire une critique, qu'elle soit positive, imprégnée d'un esprit de coopération; qu'elle soit constructive et jamais faite dans le dos de l'intéressé.
– Sinon, ce n'est que trahison, médisance, diffamation, calomnie peut-être... et ce sera toujours peu honnête.

459 Ne te tais pas quand tu verras que la gloire de Dieu et le bien de l'Eglise exigent que tu parles.
Réfléchis à ceci: qui ne deviendrait courageux face à Dieu, s'il a l'éternité devant lui? Il n'y a rien à perdre, et, en revanche, tout à gagner. Alors, pourquoi ne pas oser?

460 Nous ne sommes pas de bons frères de nos frères les hommes si nous ne sommes pas disposés à nous conduire avec droiture, même dans les cas où ceux qui nous entourent interprèteront mal notre comportement et réagiront de façon désagréable.

461 Ton amour et ton service de la Sainte Eglise ne sauraient dépendre du désir de sainteté personnelle de ceux qui la composent, même si nous désirons ardemment que tous atteignent la perfection chrétienne.
– Tu dois aimer l'Epouse du Christ, ta Mère, parce qu'elle est et sera toujours pure et sans tache.

462 Travailler à notre sanctification personnelle: voilà qui se répercute sur la sainteté de très nombreuses âmes et sur celle de l'Eglise de Dieu.

463 Il faut t'en persuader: étant donné que Dieu t'aime, qu'Il t'écoute, qu'Il te promet la gloire, protégé que tu es par la main toute-puissante de ton Père du Ciel, si tu le veux, tu peux devenir quelqu'un de très solide et prêt à témoigner partout de son aimable, de sa véridique doctrine.

464 Le champ du Seigneur est fertile; bonne est sa semence. C'est pourquoi, quand dans ce monde l'ivraie apparaît, n'en doute pas, c'est que les hommes n'ont pas répondu à Dieu. Et tout particulièrement les chrétiens, qui se sont endormis et ont laissé le terrain libre à l'ennemi.
– Ne t'en lamente pas: ce serait stérile. En revanche, examine ta propre conduite.

465 Voici un commentaire qui m'a beaucoup fait souffrir, et qui te fera penser aussi à toi: "je m'explique très bien le manque de résistance à des lois infâmes, voire l'inefficacité de cette résistance, parce qu'il y a, tout en haut, et tout en bas, et au milieu beaucoup – vraiment beaucoup! – de moutons de Panurge".

466 Inspirés par la haine indéfectible de satan, les ennemis de Dieu et de son Eglise s'agitent et s'organisent sans trêve.
Avec une constance exemplaire, ils préparent leurs plans, soutiennent leurs écoles, leurs chefs et leurs agitateurs, et par le moyen d'une action déguisée, mais efficace, ils propagent leurs idées et sèment, dans les foyers et dans les lieux de travail, leur semence qui détruit toute idée religieuse.
– Que ne nous faudra-t-il pas faire, nous autres chrétiens, pour servir notre Dieu et respecter toujours la vérité?

467 Ne confonds pas la sérénité avec la paresse et l'abandon et le retard pour prendre les décisions ou pour étudier des problèmes.
La sérénité accompagne toujours la diligence, cette vertu si nécessaire pour considérer les questions en cours et les résoudre sans tarder.

468 – Mon enfant: où est le Christ que les âmes cherchent en toi? Dans ton orgueil? Dans tes désirs de t'imposer aux autres? Dans ces mesquineries de caractère que tu ne veux pas vaincre en toi? Dans cet entêtement?... Le Christ se trouve-t-il là? – Non et non!
– D'accord: il faut avoir une personnalité, mais la tienne doit tendre à s'identifier à celle du Christ.

469 Je te propose une bonne règle de conduite pour vivre la fraternité, l'esprit de service: quand tu disparaîtras, que les autres puissent mener à bien la tâche qui est la tienne, parce que tu auras su leur transmettre ton expérience, sans te rendre indispensable.

470 En dépit de tes passions, c'est sur toi que repose la responsabilité de la sainteté, de la vie chrétienne, et de l'efficacité des autres.
Tu n'es pas une pièce isolée. Si tu t'arrêtes, que de personnes tu peux immobiliser! Que de gens à qui tu peux porter préjudice!

471 Pense à ta Mère, la Sainte Eglise, et considère que, si un membre souffre, c'est tout le corps qui s'en ressent.
– Ton corps a besoin de chacun de ses membres, mais chacun des membres a besoin du corps tout entier. – Pauvre de moi si ma main cessait de remplir sa fonction... ou si mon cœur cessait de battre!

472 Comme tu l'as vu clairement: Dieu t'a choisi alors que tant de gens ne Le connaissent pas. Il veut que tu sois un fondement, une pierre de fondation sur laquelle s'appuie la vie de l'Eglise.
Médite bien cette réalité, et tu en tireras maintes conséquences pratiques pour ta conduite ordinaire: la pierre dans les fondations – peut-être cachée, sans brillant –, elle doit être solide, et n'avoir rien de fragile; elle doit servir de base au soutien de l'édifice..., sinon, elle reste isolée.

473 Quand tu te considèreras comme un fondement choisi par Dieu pour co-racheter les âmes – et n'oublie pas que tu es... misère et misère –, ton humilité devra te pousser à te placer sous les pieds de tous, à leur service.
Mais le fondement ne doit pas manquer de force, cette vertu indispensable à qui doit soutenir et stimuler les autres.
Alors, dis-le lui avec force: Jésus, fais que jamais, par fausse humilité, je ne cesse de pratiquer la vertu cardinale de la force! Donne-moi, mon Dieu, de distinguer l'or des scories.

474 O notre Mère, notre Espérance, comme nous nous sentons sûrs, même si tout chancelle, quand nous sommes bien collés à toi.

 «    RÉSURRECTION    » 

475 Tu éprouves le besoin de te convertir: Lui, Il te demande davantage... mais toi, tu lui donnes de moins en moins!

476 A chacun de nous, il est littéralement arrivé ce qui est arrivé à Lazare. C'est un "veni foras" – sors! qui nous a mis en mouvement.
Qu'ils font pitié, ceux qui sont encore morts, et qui ne connaissent pas le pouvoir de la miséricorde de Dieu!
Retrouve la sainte joie en considérant qu'à côté de l'homme qui, sans le Christ, se décompose, se dresse celui qui ressuscite avec Lui.

477 Même quand elles ne sont pas provoquées par une concupiscence suspecte et desséchée, les affections de la terre comportent souvent une part d'égoïsme.
C'est pourquoi, sans mépriser ces affections – qui peuvent être très saintes – tu dois toujours rectifier ton intention.

478 Ne désire pas être plaint. C'est là bien souvent une marque d'orgueil ou de vanité.

479 Quand tu parleras des vertus théologales, de la foi, de l'espérance, de l'amour, pense que, plutôt que de théoriser sur elles, ce qui importe c'est de vivre ces vertus.

480 Dans ta vie, y a-t-il quelque chose qui aille contre ta vocation de chrétien, qui te pousse à ne pas vouloir te purifier: Examine ta conduite et corrige-toi.

481 Examine soigneusement ta conduite. Tu verras que tu es chargé d'erreurs, et que ces erreurs te font du tort à toi, et peut-être aussi à ceux qui t'entourent.
– Souviens-toi, mon enfant, que les microbes ne sont pas moins dangereux que les bêtes sauvages. Et que tu peux cultiver ces erreurs, ces égarements, comme on cultive les microbes en laboratoire: par ton manque d'humilité, ton manque de prière, ton manque de sérieux pour bien accomplir ton devoir, par ton manque de connaissance de toi-même... Et souviens-toi que ces foyers contaminent ensuite l'atmosphère.
– Oui, tu as besoin de faire un bon examen de conscience tous les jours, un examen qui t'amènera à prendre des résolutions précises pour améliorer ta vie, parce que tu te rempliras d'une véritable douleur devant tes fautes, tes omissions et tes péchés.

482 Parce qu'Il est Tout-Puissant, Omniscient, Dieu se devait de choisir sa Mère.
Et toi, qu'aurais-tu fait si tu avais dû la choisir: Je pense que toi et moi, nous aurions choisi celle que nous avons, en la comblant de toutes les grâces. Et c'est ce que Dieu a fait. C'est pourquoi, tout de suite après la très sainte Trinité, vient Marie.
– Les théologiens font un raisonnement logique à propos de cette accumulation de grâces, du fait qu’Elle n’ait pas été assujettie à satan: cela convenait, Dieu pouvait le faire; donc Il l'a fait. Telle est la grande preuve. La preuve la plus claire de ce que Dieu a entouré sa Mère de tous les privilèges, dès le premier instant. Et la voilà belle, et pure, et limpide en son âme et en son corps!

483 Tu attends la victoire, la fin du combat... Et voici qu'elle se fait attendre!
– Remercie pourtant Notre-Seigneur, exactement comme si tu avais déjà atteint ce but; offre-Lui tes impatiences: "vir fidelis loquetur victoriam" – tout joyeux l'homme fidèle chantera la victoire.

484 Privé de cette union à Notre-Seigneur qu'une prière incessante te donnait jusque dans le sommeil, il est des moments où tu as l'impression de résister à la Volonté de Dieu.
– Ce n'est là qu'une faiblesse, tu le sais bien. Aime la Croix; aime la privation de tant de choses que le monde juge nécessaires; aime les obstacles qui s'opposent à ce que tu t'engages sur ce chemin ou... à ce que tu continues de le suivre; aime jusqu'à ta propre petitesse et ta misère spirituelle.
– Avec une volonté efficace, offre ce qui te concerne et qui concerne les tiens. D'un point de vue humain, ce n'est pas peu de choses. Dans une perspective surnaturelle, ce n'est rien.

485 Père, je me sens bien fatigué, et froid, ai-je parfois entendu dire à certain; quand je prie ou quand j'accomplis une autre pratique de piété, j'ai l'impression de jouer la comédie...
A cet ami, et à toi – si tu te trouves dans cette situation –, voilà ce que je réponds: une comédie? – Eh bien! c'est une grande chose, mon enfant! Vas-y! Oui. Joue la comédie! Le Seigneur est ton spectateur! Le Père, le Fils, le Saint-Esprit; c'est la très sainte Trinité qui nous contemplera, dans les moments où nous "jouons la comédie".
– Qu'il est beau d'agir ainsi devant Dieu, par amour, pour le remercier alors qu'on fait tout à contre-cœur! En troubadour de Dieu! Et qu'elle est belle cette prière récitée avec Amour et sacrifice, sans en éprouver la moindre satisfaction personnelle, pour faire simplement plaisir à Notre-Seigneur!
– Voilà bien qui est vivre d'amour!

486 Un cœur qui aime de façon désordonnée les choses de la terre est comme attaché par une chaîne, ou par un fil très fin qui l'empêche de voler vers Dieu.

487 "Veillez et priez, afin de ne pas tomber en tentation..." Il est passionnant de constater comment on peut abandonner les affaires divines pour un mirage éphémère!

488 L'apôtre tiède, voilà le grand ennemi des âmes.

489 Le manque "d'entêtement" surnaturel, le manque de force pour persévérer dans sa tâche, pour ne pas s'arrêter avant d'avoir placé la "dernière pierre", c'est une preuve évidente de tiédeur.

490 Il y a des cœurs endurcis, mais nobles qui, en s'approchant de la chaleur du Cœur de Jésus-Christ, fondent comme le bronze, en larmes d'amour, de réparation. Et ils s'enflamment!
En revanche, les tièdes ont un cœur d'argile, de chair misérable... et ils se fendillent. Ils ne sont que poussière, et ils font peine à voir.
Dis avec moi: Jésus, repousse loin de nous la tiédeur! Tout sauf tièdes!

491 Notre Mère est parée de toute la bonté, de toute la beauté, de toute la majesté possibles. Avoir une Mère pareille, cela ne te remplit-il pas d'amour?

492 L'amour... nous nous en sommes épris. Aussi Notre-Seigneur ne veut pas que nous soyons des gens secs, raides, semblables à des objets inertes. Il nous veut imprégnés de sa tendresse.

493 Dis-moi si tu comprends cette contradiction apparente: lorsqu'il eut trente ans, un homme écrivit dans son journal: "à présent, je ne suis plus jeune". Or, après avoir dépassé la quarantaine, il nota cette fois: "Je resterai jeune jusqu'à ce que je devienne un octogénaire: si je meurs avant, je croirai que j'ai échoué".
En dépit des années, il se sentait toujours jeune, de cette jeunesse pleine de maturité que donne l'Amour.

494 Comme je la comprends bien la question que se posait cette âme éprise de Dieu: y a-t-il eu de ma part la moindre grimace de dégoût? Y a-t-il eu en moi quelque chose qui ait pu te faire de la peine, Seigneur, ô mon Amour?
Demande à Dieu ton Père qu'Il nous accorde toujours cette exigence dans l'amour.

495 As-tu mesuré toute l'affection, toute la confiance que le Christ a reçues de ses amis? Que de naturel chez les sœurs de Lazare quand elles lui reprochent son absence: nous t'avons prévenu! Si Tu avais été là!...
– Dis-Lui donc, alors, calme et confiant; apprends-moi à Te montrer le même amour que Marthe, Marie et Lazare; tout comme faisaient les douze premiers, même si, au début, ils te suivaient pour des raisons qui étaient peu surnaturelles.

496 Comme j'aime contempler Jean, reposant sa tête sur la poitrine du Christ! C'est comme un amoureux abandon de l'intelligence, même s'il coûte, pour l'enflammer au feu du Cœur du Christ.

497 Dieu m'aime... Et l'apôtre Jean écrit: "aimons donc Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier". – De plus, Jésus s'adresse à chacun d'entre nous, malgré nos misères si évidentes, pour nous demander, comme à Pierre, "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?..."
– C'est alors qu'il faut répondre: "Seigneur, Tu sais tout, Tu sais que je T'aime!", ajoutant humblement: "fais que je T'aime davantage, augmente mon Amour.".

498 Les œuvres sont amour, non les beaux discours. Des œuvres! Des œuvres! Une résolution à prendre: oui, je redirai encore très souvent que je t'aime – combien de fois te l'ai-je répété aujourd'hui!; mais, par ta grâce, ce seront surtout ma conduite, mes petits riens de chaque jour dont l'éloquence muette criera devant toi, Seigneur, pour te montrer mon Amour.

499 Nous autres hommes, nous ne savons pas avoir pour Jésus les attentions délicates que des gens rudes, mais chrétiens, ont quotidiennement pour une pauvre créature – leur femme, leur enfant, leur ami, qui sont aussi misérables qu'eux.
– Voilà une réalité qui devrait nous faire réagir.

500 L'Amour de Dieu est si attrayant, si suggestif que sa croissance dans la vie d'un chrétien ne connaît pas de limites.

501 Tu ne peux te comporter comme un enfant turbulent ou comme un fou.
– Enfant de Dieu, tu dois être une personne forte; serein dans ton travail professionnel et dans ta vie sociale, tu dois si bien vivre en la présence du Seigneur que tu saches soigner à la perfection jusqu'aux plus petits détails.

502 Quand on ne leur rend que pure justice, il arrive que les gens se sentent blessés.
– Aussi, tu ne dois agir que pour l'amour de Dieu. Et Lui, Il ajoutera à cette justice le baume de l'amour du prochain, qui rend plus pures et plus nettes les amours de la terre.
Quand Dieu s'en mêle, tout devient plus surnaturel.

503 Aime passionnément Notre-Seigneur. Aime-Le à la folie, car s'il y a l'amour, j'ose t'assurer que tu n'auras pas même besoin de prendre des résolutions. Pense à tes parents! Les miens n'avaient nul besoin de prendre des résolutions pour m'aimer. Et que d'attentions affectueuses ils savaient me montrer!
Oui, c'est avec notre cœur humain que nous pouvons, que nous devons aimer Dieu.

504 L'Amour est sacrifice. Et le sacrifice joie grâce à l'Amour.

505 Réponds-moi: combien de fois, dans la journée, ta volonté te demande-t-elle d'élever ton cœur vers Dieu, pour lui faire le don de tes affections et de tes œuvres?
Quelle meilleure pierre de touche de l'intensité et de la qualité de ton amour!

506 Sois convaincu, mon enfant, que Dieu a le droit de nous dire: penses-tu à moi? Restes-tu en ma présence? Me cherches-tu pour appui? Me cherches-tu comme la Lumière de ta vie, comme une cuirasse..., comme un tout?
– Alors, attache-toi à cette résolution: aux heures que les gens considèrent comme bonnes, je crierai: Seigneur! Et aux heures que l'on dit mauvaises, je redirai: Seigneur!

507 Ne perds jamais le sens surnaturel de ta vie. Même si tu vois tes misères, tes mauvais penchants dans toute leur nudité – et cette boue dont tu es fait –, Dieu compte sur toi.

508 Sois naturel, comme ceux qui t'entourent, tout en rendant surnaturel chaque instant de ta journée.

509 Pour juger en toute droiture d'intention, il faut avoir le cœur pur; il faut mettre du zèle aux affaires de Dieu, il faut aimer les âmes sans préjugés.
– Médite cela!

510 J'entendais des amis parler de leurs postes de radio. Presque sans m'en rendre compte, j'ai porté cette question sur le plan spirituel: des prises de terre, nous en avons beaucoup, beaucoup trop, mais nous avons négligé l'antenne de la vie intérieure...
– Et c'est pourquoi il y a si peu d'âmes qui gardent un rapport constant avec Dieu. Puissions-nous ne jamais perdre l'antenne du surnaturel.

511 Des riens, des petites choses auxquelles je ne dois rien, dont je n'attends rien, voilà ce qui retient mon attention, bien plus que mon Dieu. En quelle compagnie suis-je, quand je ne suis pas avec Dieu?

512 Dis-lui: Seigneur, je ne veux rien de plus que ce que Tu voudras. Et même ce que je t'ai demandé, tout au long de ces derniers jours, ne me le donne pas si cela doit m'écarter, ne fût-ce que d'un millimètre, de ta Volonté.

513 Le secret de l'efficacité, c'est que tu sois pieux, d'une piété bien réelle, bien sincère: ainsi toute ta journée se passera en sa compagnie.

514 Une résolution: rechercher, et si possible sans cesse, l'amitié, la fréquentation aimante et docile de l'Esprit Saint. "Veni, Sancte Spiritus...!." O Esprit Saint, viens demeurer dans mon âme!

515 Redis de tout cœur et avec toujours plus d'amour, et plus encore quand tu seras auprès du Tabernacle ou quand tu porteras en toi Notre-Seigneur: "non est qui se abscondat a calore eius" – fais que je ne te fuie pas, fais que le feu de ton esprit me remplisse!

516 "Ure igne Sancti Spiritus!" – enflamme-moi du feu de ton Esprit, t'exclames-tu. Et d'ajouter: il est nécessaire que ma pauvre âme reprenne à nouveau son vol... et qu'elle ne cesse de voler jusqu'à ce qu'elle repose en Lui.
– Tes désirs me semblent excellents; et pour toi, je vais beaucoup prier le Paraclet; je L'invoquerai sans relâche, afin qu'Il s'établisse au centre de ton être et que, de là, Il préside et donne un ton surnaturel à toutes tes actions, à toutes tes paroles, à tes pensées et à tes préoccupations.

517 En célébrant la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, tu as supplié le Seigneur, de toutes les forces de ton âme, pour qu'Il t'accorde la grâce "d'exalter" la Sainte Croix dans tes facultés et tes sens... Ce serait comme une vie nouvelle! Comme un sceau qui assure l'authenticité de ton ambassade... ton être tout entier sur la Croix!
– Nous verrons, nous verrons bien!

518 Notre mortification doit être continuelle, comme le battement de notre cœur: c'est ainsi que nous gagnerons la maîtrise de nous-mêmes, et que nous vivrons envers les autres la charité de Jésus-Christ.

519 Aimer la Croix, c'est savoir se renoncer généreusement pour l'amour du Christ, même s'il en coûte, et parce qu'il en coûte...: et tu sais par expérience que tout cela est compatible.

520 La joie chrétienne n'est pas une joie physiologique. Son fondement est surnaturel, et elle se situe au-delà de la maladie et des contrariétés.
– La joie, ce n'est pas la gaieté des grelots ou des bals populaires.
La joie véritable est quelque chose de plus intime, quelque chose qui nous rend sereins, débordants de bonheur, même si parfois notre visage reste sévère.

521 Je t'écrivais: même si je comprends que c'est là une façon de parler, je n'aime pas entendre qualifier de croix les contradictions qui naissent de l'orgueil de la personne. Ces charges-là ne sont pas la Croix, la véritable Croix, parce qu'elles ne sont pas la Croix du Christ.
Lutte donc contre ces adversités que tu t'inventes, et qui n'ont rien à voir avec le sceau du Christ. Dépouille-toi de tous les déguisements de ton propre moi!

522 Même les jours où il semble que l'on perd son temps, il y a dans le prosaïsme des milles petites choses ordinaires assez de poésie pour que l'on se sente sur la Croix: sur une Croix sans spectacle.

523 Ne place pas ton cœur dans quelque chose qui peut devenir caduc: imite le Christ, qui s'est fait pauvre pour nous, et qui n'avait où reposer sa tête.
Demande-lui de t'accorder, au milieu du monde, un détachement réel, et que rien ne mitige.

524 Un signe clair de détachement est de ne rien considérer – mais vraiment rien – comme étant à soi.

525 Celui qui vit sincèrement sa foi sait que les biens temporels sont des moyens, et il en use avec générosité, avec héroïsme.

526 Le Christ ressuscité, glorieux, s'est dépouillé de tout ce qui est terrestre, afin que nous ses frères, les hommes, nous pensions nous aussi à ce dont nous devons nous dépouiller.

527 Il faut aimer la très sainte Vierge: jamais nous ne l'aimerons assez!
– Oui, aime-la beaucoup! – Ne te contente pas de placer çà et là des images d'Elle, et de la saluer, et de lui adresser des oraisons jaculatoires. Toi qui vis avec rigueur, tu dois savoir offrir un petit sacrifice chaque jour, afin de lui manifester ton amour, et l'amour que nous voulons que l'humanité tout entière lui porte.

528 La vérité du chrétien, la voici: fondée sur le sacrifice, le don de soi et l'amour – l'amour de Dieu et, par Lui, du prochain.

529 Jésus, je repose, confiant, entre tes bras; je cache ma tête dans ton sein très aimant, plaçant mon cœur tout près de ton Cœur: je veux, en tout, ce que Tu voudras.

530 Aujourd'hui, alors que le monde baigne dans la désobéissance, la médisance, la chicanerie, les ruses, nous devons aimer plus que jamais l'obéissance, la sincérité, la loyauté, la simplicité: et tout cela dans un esprit surnaturel qui nous rendra d'autant plus humains.

531 Tu me dis que oui: que tu es fermement décidé à suivre le Christ.
– Eh bien, tu dois aller au pas de Dieu; non au tien!

532 Tu me demandes quel est le fondement de notre fidélité?
– A grands traits, je te dirais qu'elle repose sur l'amour de Dieu, qui permet de vaincre tous les obstacles: l'égoïsme, l'orgueil, la fatigue, l'impatience...
– Un homme qui aime foule son moi à ses pieds. Il sait bien que, même s'il aime de toute son âme, il ne sait pas encore aimer comme il le devrait.

533 Je transcris parce que c'est très beau, ce qu'une bonne religieuse aragonaise s'exclamait, m'a-t-on dit, dans sa reconnaissance à Dieu pour sa bonté paternelle: "Qu'Il est "pénétrant": Il a l'œil à tout!".

534 Comme tous les enfants de Dieu, tu as toi aussi besoin de la prière personnelle: de cette intimité, de ce rapport direct avec Notre-Seigneur – un dialogue à deux, face à face –, sans te cacher derrière l'anonymat.

535 La première condition de la prière est la persévérance, la seconde est l'humilité.
– Sois saintement entêté! Aie confiance! Pense que le Seigneur, quand nous lui demandons quelque chose d'important, veut peut-être que nous le suppliions des années durant. Insiste!... mais insiste avec toujours plus de confiance.

536 Persévère dans la prière, comme le conseille le Maître. Ce point de départ sera à l'origine de ta paix, de ta joie, de ta sérénité et, par conséquent, de ton efficacité surnaturelle et humaine.

537 Quelque part où l'on parlait, et où une musique se faisait entendre, la prière a jailli de ton âme, te procurant une consolation inexplicable. – Jésus, as-tu fini par dire, je ne veux pas de consolation. C'est Toi que je veux.

538 Ta vie doit être une prière constante, un dialogue continuel avec le Seigneur: devant ce qui est agréable et ce qui est désagréable, devant ce qui est facile et ce qui est difficile, devant ce qui est ordinaire et ce qui est extraordinaire...
En toute occasion, tu dois penser à converser avec Dieu, ton Père, en Le cherchant au centre de ton âme.

539 Se recueillir en prière, en méditation, c'est une chose si facile...! Jésus ne nous fait pas attendre, Il ne nous fait pas faire antichambre. C'est Lui qui attend.
Il suffit que tu lui dises: Seigneur, je veux faire oraison, je veux parler avec Toi! Et te voilà déjà en présence de Dieu, en train de parler avec Lui.
Et par-dessus le marché, Il ne lésine pas sur le temps, puisqu'Il le laisse à ton appréciation. Et non pas durant dix minutes, un quart d'heure. Non, pendant des heures, pendant la journée entière! Et Il est bien qui Il est: le Tout-Puissant, le Très Sage.

540 Dans la vie intérieure, comme dans l'amour humain, il faut se montrer persévérant à tout prix.
Oui, tu dois méditer souvent sur les mêmes sujets, en insistant jusqu'à ce que tu découvres une autre fois l'Amérique.
– Et comment n'avais-je pas vu cela plus tôt, aussi clairement, te demanderas-tu avec surprise? – Tout simplement, parce que nous sommes parfois comme les pierres, qui laissent l'eau glisser, sans en absorber une seule goutte.
– C'est pourquoi il est nécessaire de revenir sur le même sujet – en fait ce n'est pas le même – pour nous imprégner des bénédictions de Dieu.

541 Dans le Saint Sacrifice de l'autel, le prêtre prend le Corps de notre Dieu et le Calice de son Sang; et il les élève au-dessus de toutes les choses de la terre en disant: "Per Ipsum et cum Ipso, et in Ipso" – par mon Amour, avec mon Amour, dans mon Amour! Unis-toi à ce geste. Mieux encore: incorpore cette réalité à ta vie.

542 L'Evangéliste raconte que Jésus, après qu'Il a effectué un miracle, se cache lorsqu'on veut Le faire roi.
– Seigneur, Toi qui veux nous faire participer au miracle de l'Eucharistie, nous Te demandons de ne pas Te cacher à nos yeux; nous Te demandons de vivre avec nous; que nous puissions Te voir, Te toucher, T'entendre, rester toujours près de Toi. Sois le Roi de nos vies et de nos travaux.

543 Fréquente les trois Personnes, Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit. Et pour parvenir à la Très Sainte Trinité, passe donc par Marie.

544 Celui qui n'est pas effectivement donné à Jésus-Christ n'a pas une foi "vive".

545 Tout chrétien doit chercher et fréquenter le Christ, afin de pouvoir L'aimer toujours davantage. – Il en va de même pour les fiançailles: les fiancés doivent se fréquenter, sinon, si deux personnes ne se fréquentent pas, elles ne peuvent parvenir à s'aimer. Or notre vie est faite d'Amour.

546 Prends le temps de considérer la sainte colère du Maître quand Il voit que, dans le Temple de Jérusalem, l'on maltraite les affaires de son Père.
– Quelle leçon! De quoi t'empêcher à jamais de rester indifférent ou lâche, quand on traitera sans respect ce qui est à Dieu!

547 Eprends-toi de la Très Sainte Humanité de Jésus-Christ.
– Ne te réjouis-tu pas qu'Il ait voulu être comme nous? Remercie Jésus pour ce trop-plein de bonté!

548 L'Avent est arrivé. Bonne époque pour renouveler ton désir, ta nostalgie, ton attente sincère de la venue du Christ! De sa venue quotidienne dans ton âme grâce à l'Eucharistie! – "Ecce veniet!" – Il vient! nous dit l'Eglise pour nous encourager.

549 Noël. – L'on chante: "venite, venite...". – Approchons car Il est né.
Et, après avoir bien vu comment Marie et Joseph veillent sur l'Enfant, je me permets de te suggérer de Le regarder de nouveau, de Le regarder sans te lasser.

550 Même s'il nous coûte de le reconnaître – et je demande à Dieu d'en accroître en nous la douleur –, toi et moi, nous ne sommes pas étrangers à la mort du Christ, parce que les péchés des hommes ont été les coups de marteau qui l'ont cloué au bois de la Croix.

551 Saint Joseph! on ne peut pas aimer Jésus et Marie sans aimer le saint Patriarche.

552 Vois toutes les raisons que nous avons pour vénérer saint Joseph et pour nous nourrir de sa vie. Il fut un homme fort dans la foi...; par son travail constant, il a fait vivre sa famille – Jésus et Marie –; il a respecté la pureté de Marie, qui était son épouse...; et il a respecté – il a aimé! – la liberté de Dieu, qui non seulement avait choisi la Vierge comme Mère, mais avait même fait de lui l'époux de Sainte Marie.

553 Saint Joseph, notre Père et Seigneur, toi, très chaste, très pur, qui as mérité de porter l'Enfant Jésus dans tes bras, et de Le laver, et de L'embrasser, apprends-nous à devenir des familiers de notre Dieu, à être purs et dignes d'être d'autres Christs.
Et apprends-nous à faire comme le Christ: à rendre divins nos chemins (qu'ils soient obscurs ou lumineux); et à apprendre aux hommes à faire de même en leur disant qu'ils peuvent avoir en permanence sur la terre une extraordinaire efficacité spirituelle.

554 Aime beaucoup saint Joseph. Aime-le de toute ton âme, car, avec Jésus, c'est la personne qui a le plus aimé Sainte Marie. Celui qui a été le plus proche de Dieu: celui qui L'a le plus aimé, après notre Mère.
– Il mérite bien ton affection, et pour toi, il est bon que tu le fréquentes, parce qu'il est un Maître de vie intérieure, et qu'il peut beaucoup faire auprès du Seigneur et auprès de la Mère de Dieu.

555 La Vierge. Où trouver meilleure maîtresse de l'amour de Dieu que cette Reine, cette Dame, cette Mère, qui entretient la relation la plus intime avec la Trinité: Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils, Epouse de Dieu le Saint-Esprit, et qui est en même temps notre Mère?
– Aie personnellement recours à son intercession!

556 Tu parviendras à être saint si tu vis la charité, si tu sais faire les choses qui plaisent aux autres et qui ne représentent pas une offense à Dieu, même si elles te coûtent.

557 Saint Paul nous donne la recette d'une charité pleine de délicatesse: "alter alterius onera portate et sic adimplebitis legem Christi" – portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ.
– Dans ta vie, en va-t-il ainsi?

558 Notre-Seigneur Jésus a tant aimé les hommes qu'Il s'est incarné, qu'Il a pris notre nature, et a vécu au contact direct des pauvres et des riches, des justes et des pécheurs, des jeunes et des vieux, des Gentils et des Juifs.
Il a dialogué sans cesse avec tous: avec ceux qui L'aimaient bien, et avec ceux qui ne cherchaient que le moyen de fausser ses paroles, afin de pouvoir Le condamner.
– Efforce-toi de te comporter comme le Seigneur.

559 Aimer les âmes pour l'amour de Dieu voilà qui nous permet d'aimer tout le monde et de comprendre, d'excuser, de pardonner...
Notre amour doit être capable de couvrir la multitude des déficiences et des misères humaines. Nous devons avoir une charité merveilleuse, "veritatem facientes in caritate", et défendre la vérité sans blesser.

560 Quand je te parle du "bon exemple", je veux par là t'indiquer ces autres devoirs: comprendre et pardonner, remplir le monde de paix et d'amour.

561 Demande-toi souvent: est-ce que je m'efforce de montrer une charité plus fine à l'égard de ceux qui vivent avec moi?

562 En prêchant qu'il faut devenir tel un tapis profond que les autres pourront fouler au pied, je ne prétends pas faire une belle phrase; non, ceci doit devenir réalité! C'est difficile, comme la sainteté est difficile, mais c'est aussi facile car, j'y insiste, la sainteté est accessible à tous.

563 Parmi tant d'égoïsme, tant d'indifférence – chacun pour soi!, je songe à ces petits ânes de bois, forts, robustes, qui trottent quelque part sur une table... – L'un d'entre eux perdit une patte. Mais il continuait d'avancer, parce qu'il s'appuyait sur les autres.

564 Quand ils défendent et préservent la vérité, sans faire de concessions, les catholiques doivent s'efforcer de créer un climat d'entente mutuelle, qui fasse taire les haines et les rancœurs.

565 Chez un chrétien, chez un enfant de Dieu, l'amitié et la charité fraternelle ne font qu'un: lumière divine qui communique sa chaleur.

566 La pratique de la correction fraternelle – qui plonge ses racines dans l'Evangile – est une manifestation de confiance et d'affection surnaturelle.
Sois donc reconnaissant quand tu la recevras, et ne cesse pas de la pratiquer à l'égard de ceux qui t'entourent.

567 En corrigeant quelqu'un – et ceci est nécessaire si l'on veut accomplir son devoir –, il faut s'attendre à faire souffrir et à souffrir.
Mais que cette réalité ne te serve jamais d'excuse pour te retenir.

568 Place-toi très près de ta Mère la Sainte Vierge. – Tu dois être toujours uni à Dieu: eh bien, recherche cette union auprès de sa Mère bénie.

569 Comprends-moi bien: être dans le monde et être du monde, cela ne veut pas dire que l'on soit mondain.

570 Comment te comporter? Comme une braise allumée, qui communique le feu là où elle se trouve; ou qui tende pour le moins à élever la température spirituelle de ceux qui l'entourent, en les incitant à vivre une vie chrétienne plus intense.

571 Dieu veut que ses œuvres, quand Il les a confiées aux hommes, se réalisent à force de prière et de mortification.

572 Le fondement de toute notre activité de citoyens – de citoyens catholiques – réside dans une intense vie intérieure: dans le fait d'être des hommes et des femmes qui font vraiment de leur journée un dialogue ininterrompu avec Dieu.

573 Et quand tu te trouves avec quelqu'un? Vois en cette personne une âme: une âme qu'il faut aider, qu'il faut comprendre, avec laquelle il faut vivre et qu'il faut sauver.

574 Tu t'obstines à avancer tout seul, en faisant ta propre volonté, guidé exclusivement par ton propre jugement... et, tu le vois, le fruit de tout cela s'appelle le manque de fécondité.
Mon enfant, si tu ne soumets pas ton jugement, si tu es orgueilleux, si tu te consacres à "ton" apostolat, tu pourras travailler toute la nuit – et toute ta vie sera une nuit! Et à la fin tu te réveilleras avec tes filets vides.

575 Penser à la Mort du Christ, c'est une invitation à nous situer devant notre tâche quotidienne avec une absolue sincérité, et à prendre au sérieux la foi que nous professons.
– Ce doit être une occasion de creuser davantage dans les profondeurs de l'Amour de Dieu, afin de pouvoir – par nos paroles et par nos actes – Le montrer à tous les hommes.

576 Fais en sorte que dans la bouche du chrétien – que tu es et que tu dois être à tout moment – l'on trouve, impérieuse, la parole surnaturelle qui touche, qui incite, qui exprime ta situation d'homme radicalement engagé.

577 Une grande facilité – et parfois un grand manque de responsabilité – se cache chez les tenants d'une autorité, quand ils reculent devant la douleur inhérente à la réprimande, sous le prétexte de ne pas faire souffrir les autres.
Peut-être évitent-ils des contrariétés dans cette vie..., mais ils mettent en jeu leur bonheur éternel et celui des autres par leurs omissions, qui constituent de véritables péchés.

578 Dans l'esprit de beaucoup de gens, le saint n'est "pas commode". Mais ceci ne suppose pas qu'il doive être insupportable.
– En effet, son zèle ne doit jamais être amer. Sa correction ne doit jamais être blessante. Son exemple ne doit jamais être perçu comme une sorte de gifle morale qui frappe, arrogante, la joue du prochain.

579 Ce jeune prêtre avait coutume de s'adresser à Jésus avec les paroles mêmes des Apôtres: "edissere nobis parabolam" – explique-nous la parabole. Et il ajoutait: – Maître, mets dans nos âmes la clarté de ta doctrine, afin qu'elle soit toujours présente dans nos vies et dans nos œuvres..., et afin que nous puissions la transmettre aux autres.
– Dis-le, toi aussi, au Seigneur!

580 Comme signe d'humilité et de volonté de servir Dieu, aie toujours le courage de présenter les vérités de la foi telles qu'elles sont, sans faire de concessions, sans laisser d'ambiguïtés.

581 Chez un catholique, il ne saurait y avoir d'autre attitude que celle de défendre "toujours" l'autorité du pape; et celle d'être toujours assez docile et décidé pour réviser son opinion face au Magistère de l'Eglise.

582 Voilà bien des années, quelqu'un m'a demandé, de façon indiscrète, si ceux qui embrassent la carrière sacerdotale avaient droit à la retraite, lorsqu'ils en ont l'âge... Comme je ne lui répondais pas, l'importun a insisté.
– C'est alors qu'il m'est venu à l'esprit une réponse qui ne souffre pas de réplique: le sacerdoce, lui dis-je, ce n'est pas une carrière, c'est un apostolat!
– Et c'est bien ainsi que je le sens. Et c'est pourquoi j'ai voulu consigner ce fait dans ces notes, pour qu'avec l'aide du Seigneur, nous n'oubliions jamais cette différence.

583 Avoir l'esprit catholique suppose que nous portions sur nos épaules une sollicitude pour toute l'Eglise, et pas seulement pour celle-ci ou celle-là. Et cela suppose aussi que notre prière s'étende du nord au sud, de l'est à l'ouest, dans une demande généreuse.
Tu comprends mieux ainsi l'exclamation – l'oraison jaculatoire – de cet ami, devant le manque d'amour de tant d'hommes pour notre Sainte Mère: l'Eglise me fait mal!

584 "Je porte sur moi la sollicitude pour toutes les églises", écrivait saint Paul. Et ce soupir de l'Apôtre rappelle à tous les chrétiens – et à toi aussi – leur responsabilité de mettre aux pieds de l'Epouse de Jésus-Christ, de la Sainte Eglise, ce que nous sommes et ce que nous pouvons, en l'aimant très fidèlement, fût-ce au prix de nos biens, de notre honneur et de notre vie.

585 Ne t'effraie pas de cette conjuration du silence par laquelle l'on veut bâillonner l'Eglise, et réagis contre, dans la mesure du possible. Les uns ne veulent pas que sa voix soit entendue. D'autres ne permettent pas que soit apprécié le bon exemple de ceux qui la prêchent par leurs œuvres. D'autres effacent toute trace de bonne doctrine...; et un si grand nombre ne la supporte pas! Ne t'en effraie pas, je le répète, mais toi, ne te lasse pas de servir de porte-voix aux enseignements du Magistère.

586 Sois de plus en plus "romain"! Et aime cette condition bénie, qui honore les enfants de l'unique et véritable Eglise, puisque c'est ce qu'a voulu Jésus-Christ!

587 La dévotion à la Sainte Vierge éveille dans les âmes chrétiennes une impulsion surnaturelle qui leur permet d'agir en tant que "domestici Dei" – en tant que membres de la famille de Dieu.

 «    VICTOIRE    » 

588 Imite la Sainte Vierge: ce n'est qu'en reconnaissant très exactement notre néant que nous aurons du prix aux yeux du Créateur.

589 Je suis persuadé que si Jean, l'Apôtre jeune, reste aux côtés du Christ sur la Croix, c'est que Notre Mère l'y entraîne. Il est si puissant, l'Amour de Notre-Dame!

590 Nous n'atteindrons jamais à la joie authentique, surnaturelle et humaine, à la "véritable" bonne humeur, si nous n'imitons pas véritablement Jésus, si nous ne sommes pas humbles comme Lui.

591 Se donner sincèrement aux autres est d'une telle efficacité que Dieu le récompense par une humilité pleine de joie.

592 L'humiliation, l'anéantissement – se cacher, disparaître –, voilà qui doit être entier, absolu.

593 Que l'humilité soit sincère! Comment troubler celui qui se réjouit des injures, parce qu'il sait bien qu'il ne mérite pas d'autre traitement?

594 Mon Jésus: ce qui est à moi est à Toi, parce que ce qui est à Toi est à moi et que je l'abandonne en Toi.

595 Es-tu capable de passer par ces humiliations que Dieu te demande, sur des aspects qui n'ont pas d'importance, et qui n'obscurcissent pas la vérité? Tu ne le peux pas? C'est donc que tu n'aimes pas la vertu d'humilité.

596 L'orgueil paralyse la charité. – Demande chaque jour à Notre-Seigneur, pour toi et pour tous, la vertu d'humilité, parce que l'orgueil s'accroît, avec les années, s'il n'est pas corrigé à temps.

597 Qu'y-a-t-il de plus antipathique qu'un enfant jouant à l'homme? Quel effet produira donc à son Dieu un pauvre homme – un enfant – qui veut se faire grand, enflé qu'il est par l'orgueil, tout convaincu de sa valeur, et ne faisant confiance qu'à lui-même?

598 Certes tu peux te condamner. Tu en es bien convaincu, car dans ton cœur il y a des germes de toutes les maladies.
Mais si tu deviens un enfant devant Dieu, voilà qui te poussera à t'unir à Dieu ton Père et à ta mère Sainte Marie. Et saint Joseph, tout comme ton Ange, ne t'abandonneront pas, quand ils verront en toi un si petit enfant.
– Aie la foi, fais tout ce que tu peux, par la pénitence et l'Amour; et ce sont eux qui ajouteront ce qui manquera.

599 Comme il en coûte de vivre l'humilité! En effet, selon la sagesse populaire chrétienne, "l'orgueil d'une personne meurt vingt-quatre heures après elle".
– Par conséquent, lorsque tu penses que tu as raison contre ce que te dit celui qui a une grâce spéciale pour diriger ton âme, convaincs-toi que "tu n'as pas du tout raison".

600 Servir les enfants et leur donner une bonne formation; s'occuper avec affection des malades.
Pour se faire comprendre des âmes simples, il faut humilier son intelligence. Pour comprendre les pauvres malades, il faut humilier son cœur. Et ainsi, l'entendement et le cœur à genoux, il te sera facile de parvenir à Jésus par le chemin sûr de la misère humaine, de notre propre misère, qui nous pousse à nous anéantir pour que Dieu puisse bâtir sur notre néant.

601 Résolution: si je n'en vois pas une nécessité véritable, je ne parlerai jamais de mes affaires personnelles.

602 Remercie Jésus pour l'assurance qu'Il te donne. Ce n'est pas de l'entêtement; c'est une lumière de Dieu qui te rend ferme, comme sur le roc alors que d'autres, bien qu'ils soient bons, ont eu le mauvais rôle et semblent s'enfoncer dans le sable..., parce qu'ils n'ont pas le fondement de la foi.
Demande au Seigneur que les exigences de la vertu de la foi s'incarnent dans ta vie et dans celle de tous.

603 Si j'agissais autrement, si je dominais mieux mon caractère, si je T'étais plus fidèle, Seigneur, comme Tu pourrais bien nous aider!

604 Réparer! Ce désir dont Dieu ton Père imprègne ton âme ne sera satisfait que si tu unis ta pauvre expiation personnelle aux mérites infinis de Jésus.
– Rectifie ton intention; aime la douleur, en Lui, avec Lui et pour Lui.

605 Tu ne sais si tu as progressé, ni de combien... – A quoi te servirait ce calcul?...
– L'important est que tu persévères, que ton cœur brûle, que tu voies davantage de lumière et de plus vastes horizons...: que tu te soucies de nos intentions, que tu les pressentes (même si tu ne les connais pas) et que tu pries pour chacune d'entre elles.

606 Dis à Jésus: je ne vois pas une seule fleur épanouie dans mon jardin; toutes ont des taches... et il semble que toutes ont perdu leur couleur et leur arôme. Pauvre de moi! La bouche dans le fumier, à terre: c'est là ma position.
– Quand tu t'humilies, c'est ainsi qu'Il vaincra en toi, et que tu remporteras la victoire.

607 Je t'ai bien compris quand tu concluais: décidément, je n'arrive même pas au niveau du petit âne qui fut le trône de Jésus pour son entrée à Jérusalem: je fais toujours partie de ce tas de vieux chiffons, petits et misérables, que le plus pauvre des chiffonniers méprisera.
Mais j'ai ajouté à ton intention: et pourtant le Seigneur t'a choisi, et Il veut que tu sois son instrument. C'est pourquoi le fait bien réel de te voir si misérable doit devenir une raison supplémentaire de remercier Dieu pour son appel.

608 Humble et joyeux, le chant de Marie dans le "Magnificat" nous rappelle l'infinie générosité du Seigneur envers ceux qui deviennent comme des enfants, envers ceux qui s'abaissent et qui, en toute vérité, se savent peu de chose.

609 Il est agréable à Dieu que l'on reconnaisse sa bonté en récitant un "Te Deum" d'action de grâces chaque fois qu'un événement extraordinaire se produit, sans s'arrêter au fait qu'il soit favorable ou adverse, comme on le dit dans le monde. En effet, venant de ses mains de Père, même si c'est un coup de ciseau qui blesse la chair, c'est là aussi une preuve d'Amour, qui gomme nos aspérités et nous approche de la perfection.

610 Quand les hommes veulent effectuer un travail, ils s'efforcent d'employer les moyens appropriés.
Si j'avais vécu il y a quelques siècles, j'aurais usé d'une plume d'oie pour écrire. Aujourd'hui, je me sers d'un stylo.
Dieu, en revanche, lorsqu'Il souhaite mener à bien une œuvre, Il choisit des moyens disproportionnés, afin que l'on remarque – combien de fois me l'as-tu entendu dire – que l'œuvre est sienne.
C'est pourquoi toi et moi, qui connaissons le poids énorme de nos misères, nous devons dire au Seigneur: même si je suis misérable, je comprends parfaitement que je suis un instrument divin entre tes mains.

611 Nous consacrerons toutes les aspirations de notre vie – grandes et petites – à l'honneur de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu le Saint-Esprit.
– Je me souviens avec émotion du travail de ces brillants étudiants – deux ingénieurs et deux architectes – qui s'occupaient avec entrain de l'installation d'une résidence d'étudiants. Quand ils eurent placé le tableau noir dans une classe, ces quatre artistes y écrivirent en premier lieu: "Deo omnis gloria!" – que toute la gloire soit pour Dieu!
Jésus, je sais bien que cela T'a enchanté.

612 Partout où tu te trouveras, souviens-toi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir; il faut t'en convaincre: celui qui veut Le suivre ne doit pas avoir d'autre ligne de conduite.

613 Mes enfants, Dieu a sur nous un droit spécial: le droit que nous répondions à son amour malgré nos erreurs personnelles. – Voilà une conviction qui nous impose, certes, une responsabilité à laquelle nous ne devons pas échapper, mais qui nous donne une entière certitude: nous sommes des instruments entre les mains de Dieu, des instruments sur lesquels Il compte tous les jours. Et c'est pourquoi, tous les jours, nous nous efforçons de Le servir.

614 Le Seigneur espère que ses instruments feront leur possible pour être dans de bonnes dispositions. Et toi, tu dois faire en sorte que ces bonnes dispositions ne te fassent jamais défaut.

615 Que chaque Avé Maria, que chaque salutation adressée à la Sainte Vierge fasse de nouveau battre un cœur plein d'amour,... oui, je le comprends très bien!

616 Chrétiens! notre vie doit être ordinaire au point de vouloir bien faire tous les jours les mêmes choses que nous devons faire; de mener à bien dans le monde notre mission divine, en accomplissant le petit devoir qui nous attend à chaque instant.
– Ou mieux: nous efforcer de l'accomplir, parce qu'il nous arrivera de ne pas y arriver et d'être obligé de dire au Seigneur, le soir venu, dans notre examen de conscience: je ne t'offre pas de vertu; aujourd'hui, je ne peux t'offrir que des défauts mais, avec ta grâce, je parviendrai à mériter le titre de vainqueur.

617 De tout mon cœur, je désire que, par la miséricorde de Dieu, et malgré tes péchés (Ah! ne plus jamais offenser Jésus!) Il te fasse "vivre le bonheur habituel d'aimer sa Volonté".

618 Quand on est au service de Dieu, il n'est pas de charge de deuxième ordre: toutes sont de la plus haute importance.
– L'envergure de cette charge dépend de l'élévation spirituelle de celui qui s'en acquitte.

619 Ne te réjouis-tu pas de savoir, en toute certitude, que Dieu s'intéresse à toutes les affaires de sa créature, jusqu'aux plus petites?

620 Manifeste-Lui de nouveau que tu veux être véritablement à Lui: – O Jésus, aide-moi, rends-moi vraiment tien! Que je brûle, que je me consume à force de petites choses qui passent inaperçues de tous.

621 Le Saint Rosaire. – Les joies, les douleurs et les gloires de la vie de la Vierge tissent une couronne de louanges, que redisent indéfiniment les Anges et les Saints du Ciel..., et ceux qui aiment notre Mère ici-bas, sur la terre.
– Pratique quotidiennement cette sainte dévotion, et diffuse-la autour de toi.

622 Le baptême fait de nous des "fideles". Des fidèles! Ce mot, tout comme celui de "sancti" – de saints –, qu'employaient les premiers qui ont suivi Jésus, pour se désigner mutuellement; un mot que l'on emploie encore aujourd'hui, puisque l'on parle des "fidèles" de l'Eglise.
– Penses-y bien!

623 Dieu ne se laisse pas gagner en générosité; sois-en sûr: Il accorde la fidélité à qui se soumet à Lui.

624 N'aie pas peur d'être exigeant envers toi-même. Bien des âmes font de même dans leur vie cachée, pour que seul le Seigneur brille.
Je voudrais que toi et moi, nous réagissions comme cette personne – qui voulait être toute à Dieu – le jour de la fête de la Sainte Famille, que l'on célébrait autrefois dans l'octave avant l'Epiphanie.
– "Les petites croix ne me manquent pas. L'une, d'hier – et j'en ai pleuré –, m'a fait penser, aujourd'hui, que mon Père et Seigneur saint Joseph et ma Mère Sainte Marie n'ont pas voulu laisser "leur enfant" ce jour-là sans un cadeau de Noël. Et ce cadeau a été de reconnaître mon ingratitude envers Jésus, car je n'ai pas su répondre à sa grâce, et l'erreur énorme que j'ai faite en m'opposant par ma vile conduite à la Très Sainte Volonté de Dieu, alors qu'Il veut que je sois son instrument.".

625 Quand les saintes femmes parvinrent au sépulcre, elles remarquèrent que la pierre était roulée.
C'est toujours ce qui arrive quand nous nous décidons à faire notre devoir. Les difficultés sont facilement dépassées.

626 Tu dois t'en convaincre: si tu n'apprends pas à obéir, tu ne seras pas efficace.

627 Quand tu recevras un ordre, que personne ne l'emporte sur toi en obéissance! Qu'il fasse chaud ou froid, que tu en aies envie ou que tu sois fatigué, que tu sois jeune ou moins jeune.
Une personne qui "ne sait pas obéir" n'apprendra jamais à commander.

628 Pour un directeur, quelle bêtise que de se contenter de demander quatre à une âme, quand elle pourrait donner douxe!

629 Obéir, ou commander, tu dois toujours y mettre beaucoup d'amour.

630 Je voudrais – et je compte bien que tu m'y aides par ta prière – que, dans la Sainte Eglise, nous nous sentions tous comme des membres d'un seul corps, ainsi que nous le demande l'Apôtre; et que nous vivions à fond, sans indifférence, les joies, les tribulations, l'expansion de notre Mère, qui est une, sainte, catholique, apostolique et romaine.
Je voudrais que nous vivions une véritable identité des uns aux autres, et de nous tous au Christ.

631 Il faut t'en persuader, mon enfant: dans l'Eglise, se désunir, c'est mourir.

632 Demande à Dieu que, dans la Sainte Eglise, Notre Mère, les cœurs de tous, tout comme dans la chrétienté primitive, ne fassent qu'un seul cœur, afin que s'accomplissent en vérité, jusqu'à la fin des siècles, ces paroles de l'Ecriture: "multitudinis autem credentium erat cor unum et anima una" – la multitude des fidèles n'avait qu'un seul cœur et qu'une seule âme.
– Je te parle sérieusement: que cette sainte unité ne soit jamais remise en cause par toi. Examine bien cela dans ta prière!

633 La fidélité au Souverain Pontife implique une obligation claire et déterminée: connaître la pensée du pape, telle qu'elle se manifeste dans les encycliques ou dans d'autres documents, et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que tous les catholiques écoutent le magistère du Saint-Père et qu'ils ajustent leur manière de vivre à ces enseignements.

634 Tous les jours, du fond du cœur je demande au Seigneur qu'Il nous accorde le don des langues. Un don des langues qui ne consiste pas dans la connaissance de plusieurs langues, mais dans le fait de savoir s'adapter à ses auditeurs.
– Il ne s'agit aucunement de "parler vulgairement au commun des mortels", pour être sûr qu'ils nous comprennent, mais plutôt de parler sagement, en chrétien, mais d'une manière accessible à tous.
– C'est ce don des langues que je demande au Seigneur et à sa Mère bénie pour ses enfants.

635 La malice de certains et l'ignorance de beaucoup: voilà les ennemis de Dieu et de l'Eglise.
– Confondons le malveillant, illuminons l'intelligence de l'ignorant... Avec l'aide de Dieu, et par nos efforts, nous sauverons le monde.

636 Nous devons faire en sorte que, dans toutes les activités intellectuelles il y ait des personnes honnêtes, d'une haute conscience chrétienne, et dont la vie soit cohérente, qui puissent mettre les armes de la science au service de l'humanité et de l'Eglise.
Tout simplement parce qu'il y aura aussi toujours dans le monde, tout comme quand Jésus vint sur la terre, de nouveaux Hérodes qui tenteront de s'approprier les connaissances scientifiques, quitte à les fausser, afin de persécuter le Christ et ceux qui suivent le Christ.
Comme il est grand, ce travail qui nous attend!

637 Dans ton travail au service des âmes – et toutes tes occupations doivent être un travail au service des âmes – remplis-toi de foi, d'espérance et d'amour, parce que toutes les difficultés peuvent être surmontées.
C'est pour nous confirmer cette vérité que le psalmiste a écrit: "et Tu, Domine, deridebis eos: ad nihilum deduces omnes gentes" – Toi, Seigneur, tu te moqueras d'eux: tu les réduiras à rien.
Ces paroles renforcent le "non praevalebunt" – les ennemis de Dieu ne l'emporteront pas: ils ne pourront rien contre l'Eglise ni contre ceux qui servent l'Eglise en bons instruments de Dieu.

638 Notre Sainte Mère l'Eglise, dans un magnifique geste d'amour, répand la semence de l'Evangile dans le monde entier. De Rome à la périphérie.
– Lorsque tu participes à cette expansion, dans le monde entier, guide la périphérie vers le Pape, afin que toute la terre ne soit qu'un seul troupeau sous un seul pasteur: pour qu'il n'y ait qu'un seul apostolat!

639 "Regnare Christum volumus!" – nous voulons que le Christ règne. "Deo omnis gloria!" – A Dieu toute la gloire.
Batailler et vaincre avec les armes du Christ: cet idéal ne se traduira dans les faits que par la prière et par le sacrifice, par la foi et par l'Amour.
– Eh bien! décide-toi à prier, et à croire, et à souffrir, et à Aimer!

640 La tâche qui incombe à l'Eglise, jour après jour, revient à tisser une grande toile, que nous offrons au Seigneur; car nous tous, qui sommes baptisés, nous sommes l'Eglise.
– Si nous accomplissons notre devoir, avec fidélité et générosité, cette grande toile sera belle et sans défauts. – Mais qu'on laisse filer une maille ici, et une autre là, et une autre à un autre endroit... et, au lieu d'un beau tissu, nous n'aurons qu'une guenille de lambeaux.

641 Pourquoi ne te décides-tu pas à faire une correction fraternelle? – Il est vrai que l'on souffre en la recevant, parce qu'il en coûte de s'humilier, au début du moins. Mais il en coûte aussi toujours de la faire. Tout le monde le sait bien.
L'exercice de la correction fraternelle est la meilleure manière d'aider les autres, après la prière et le bon exemple.

642 En raison de la confiance qu'Il a mise en toi en t'amenant à l'Eglise, tu dois avoir la mesure, la sérénité, la force, la prudence humaine et surnaturelle d'une personne mûre, ces caractéristiques que beaucoup acquièrent au fils des ans.
N'oublie pas que, comme nous l'apprenons dans le catéchisme, le nom du chrétien désigne un homme, ou une femme, qui a la foi en Jésus-Christ.

643 Veux-tu être fort? – D'abord rends-toi compte que tu es très faible. Ensuite que tu t'en remettes au Christ, qui est un Père et un Frère, et un Maître, et qui nous rend forts, en nous donnant ces moyens de vaincre que sont les sacrements. Aie donc recours à eux!

644 Je veux m'imprégner de la liturgie de la Sainte Messe, m'as-tu confié. Et moi, comme je te comprenais bien!

645 Valeur de la piété dans la Sainte Liturgie! – Je n'ai pas été étonné outre mesure lorsque, voici quelques jours, l'on m'a fait ce commentaire, à propos d'un prêtre exemplaire, décédé récemment: qu'il était saint!
– L'avez-vous bien connu? ai-je demandé.
– Non – me répondit-on –, mais une fois je l'ai vu célébrer la Sainte Messe.

646 Toi, qui veux être chrétien, tu dois vivre la Sainte Liturgie de l'Eglise, en t'efforçant vraiment de prier et de te mortifier pour les prêtres – et en particulier pour ceux qui ont été récemment ordonnés – aux jours réservés à cette intention, et lorsque tu sauras qu'ils doivent recevoir le Sacrement de l'Ordre.

647 Offre ta prière, ton expiation et ton action pour cette fin: "ut sint unum" – pour que nous tous, les chrétiens, nous ayons une même volonté, un même cœur, un même esprit: pour que, "omnes cum Petro ad Iesum per Mariam!", tous bien unis au pape, nous allions à Jésus par Marie.

648 Tu me demandes, mon fils, ce que tu peux faire pour que je sois très content de toi.
– Si le Seigneur est satisfait de toi, je le serai moi aussi. Et toi, en éprouvant la paix et la joie du cœur, tu sauras que Lui, Il est content de toi.

649 Un trait bien caractéristique d'un homme ou d'une femme de Dieu réside dans la paix de l'âme: avoir "la paix" et donner "la paix" aux personnes que l'on fréquente.

650 Pour répondre aux pierres qu'ils te jettent habitue-toi à lancer toi aussi des pierres à ces pauvres "haineux", sous la forme d'Avé Maria.

651 Si ton travail te paraît aujourd'hui stérile, ne t'en inquiète pas. Les semailles ne se perdent pas quand elles sont de sainteté. D'autres en recueilleront le fruit.

652 Même si tu n'obtiens que peu de lumière dans ta prière, même si cette prière te paraît laborieuse, sèche..., tu dois considérer, avec une vision toujours plus neuve et plus sûre, combien il est nécessaire de persévérer dans tous les détails de ta vie de piété.

653 Tu te grandissais devant les difficultés de ton apostolat, en priant ainsi: "Seigneur, Tu es le même que toujours. Donne-moi la foi de ces hommes qui surent répondre à ta grâce et qui opérèrent en ton Nom de grands miracles, de véritables prodiges..." – Et tu concluais: "je sais que Tu le feras; mais je sais aussi que Tu veux que nous Te le demandions, que Tu veux que nous Te cherchions, que nous frappions avec force aux portes de ton Cœur".
– Finalement, tu as renouvelé ta résolution de persévérer dans une prière humble et confiante.

654 Quand viendra l'épreuve..., et aussi quand tu connaîtras le triomphe, redis avec moi: Seigneur, ne me lâche pas, ne m'abandonne pas. Aide-moi comme un petit enfant dépourvu d'expérience. Guide-moi toujours par la main!

655 "Aquae multae non potuerunt exstinguere caritatem!" – L'abondance des eaux ne peut éteindre le feu de la charité – Je te propose deux interprétations de ces paroles de la Sainte Ecriture. – L'une, c'est que, pour toi qui t'es bien repenti, la multitude des péchés de ta vie passée ne t'écartera pas de l'Amour de Dieu. L'autre, c'est que les eaux de l'incompréhension, des contrariétés, dont tu souffres peut-être, ne devront jamais interrompre ton travail apostolique.

656 Achever! Oui, achever! – Mon fils, "qui perseveraverit usque in finem, hic salvus erit" – celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé.
– Et nous, les enfants de Dieu, nous disposons des moyens nécessaires – et toi aussi! Nous mettrons la maison hors d'eau, parce que nous pouvons tout en Celui qui nous rend forts.
– Avec le Seigneur rien n'est impossible: on y arrive toujours.

657 Si nous n'avons plus une vision surnaturelle des choses, un avenir immédiat très inquiétant peut se présenter à nos yeux.
– Alors, mon fils, alors il faut avoir la foi..., et avec toujours plus d'œuvres. Tu auras ainsi la certitude que Dieu notre Père continuera à apporter une solution à tes problèmes.

658 La providence ordinaire est un miracle continuel; les moyens extraordinaires, c'est Lui qui les ajoutera s'il le faut.

659 L'optimisme chrétien n'est pas un optimisme béat, et ce n'est pas non plus une confiance purement humaine que tout finira par s'arranger.
Cet optimisme s'enracine dans la conscience d'être libre et dans la certitude que la grâce est puissante. C'est un optimisme qui nous pousse à être exigeants pour nous-mêmes, à nous efforcer de répondre à chaque instant aux appels de Dieu.

660 Le jour de la victoire du Seigneur, lors de sa Résurrection est définitif. Où sont-ils, les soldats que les autorités avaient placés là? Où sont-ils, les scellés qu'elles avaient apposés sur la pierre du sépulcre? Où sont-ils, ceux qui avaient condamné le Maître? Et ceux qui ont crucifié Jésus?... Son triomphe entraîne la débandade de ces pauvres misérables.
Alors, remplis-toi d'espérance: Jésus-Christ est toujours vainqueur.

661 Si tu vas à la recherche de Marie, tu rencontreras "nécessairement" Jésus, et tu découvriras – avec toujours plus de profondeur – ce qu'il y a dans le cœur de Dieu.

662 Lorsque tu seras sur le point d'entreprendre une œuvre d'apostolat, applique-toi ce que disait un homme qui cherchait Dieu: – "Aujourd'hui je commence à prêcher une retraite à des prêtres. Puissions-nous en retirer beaucoup de fruit: et moi le premier!"
– Et un peu plus tard, il disait: "Voici plusieurs jours que je fais cette retraite. II y a cent vingt retraitants. J'espère que le Seigneur fera un bon travail dans nos âmes".

663 II vaut la peine, mon enfant, que tu sois humble, obéissant, loyal; imprègne-toi de l'esprit de Dieu, pour que, depuis la place que tu occupes, de ton lieu de travail, tu l'apportes à tous les gens qui peuplent le monde!

664 A la guerre, le courage des soldats qui affrontent l'ennemi ne servirait pas à grand chose s'il n'y avait d'autres personnes qui, sans participer apparemment au combat, fournissaient les combattants en munitions, en vivres et en médicaments...
– Et sans la prière et sans le sacrifice de tant et tant d'âmes, il n'y aurait pas de véritable apostolat de l'action.

665 Le pouvoir de faire des miracles! Combien d'âmes mortes, et même que d'âmes pourries tu ressusciteras, si tu laisses le Christ agir en toi.
En ces temps-là, racontent les Evangiles, le Seigneur passait et les malades L'appelaient et Le cherchaient. Le Christ continue de passer grâce à ta vie chrétienne et, si tu Le secondes, comme ils seront nombreux, ceux qui Le connaîtront, L'appelleront, lui demanderont de l'aide, et comme ils seront nombreux les yeux qui s'ouvriront aux lumières merveilleuses de la grâce!

666 Tu t'obstines à agir selon ton humeur, et ton travail est stérile.
Obéis, sois docile: de même qu'il est nécessaire de placer chaque pièce d'une machine à sa place (faute de quoi elle s'arrête, ou ses pièces se déforment; et alors elle ne produit plus, ou si elle le fait encore, c'est avec un faible rendement), de même un homme ou une femme, en-dehors de leur champ normal d'action, gêneront l'apostolat bien plus qu'ils n'en seront l'instrument.

667 Un apôtre n'a d'autre but que de laisser agir le Seigneur, que de se mettre à sa disposition.

668 Les douze premiers apôtres étaient eux aussi des étrangers dans les terres qu'ils évangélisaient, et ils se heurtaient à des gens qui construisaient le monde sur des fondements diamétralement opposés à la doctrine du Christ.
– Regarde bien: au-delà de ces circonstances adverses, ils se savaient dépositaires du message divin de la Rédemption. Et l'Apôtre s'écrie: "Malheur à moi si je ne Le prêchais pas!".

669 Quelle merveille que l'efficacité corédemptrice de nos vies, et pour l'éternité! Mais elle n'agira que par l'humilité: disparaître, afin que les autres découvrent le Seigneur.

670 Dans leur action apostolique les enfants de Dieu doivent être semblables à de puissantes installations électriques: ils rempliront le monde de lumière, sans que pour autant l'on en voie la source lumineuse.

671 Jésus dit: "celui qui vous écoute m'écoute".
– Crois-tu donc encore que ce sont tes paroles qui convainquent les hommes?... En outre, n'oublie pas que l'Esprit Saint peut se servir pour ce qu'Il veut faire de l'instrument le plus inepte qui soit.

672 Comme elles s'appliquent admirablement aux enfants de Dieu ces paroles de saint Ambroise, quand il parle de l'ânon attaché à l'âne dont Jésus avait besoin pour son triomphe. Voici son commentaire: "seul un ordre du Seigneur pouvait le délier. Ce furent les mains des Apôtres qui le détachèrent. Pour ce faire, il faut une conduite et une grâce spéciales. Toi aussi, sois un apôtre, afin de délivrer ceux qui sont captifs".
– Laisse-moi faire une autre glose de ce texte: combien de fois, sur l'ordre de Jésus, devrons-nous délier ce qui retient les âmes, parce qu'Il a besoin d'elles pour son triomphe! Que nos mains soient alors des mains d'apôtres, ainsi que nos actes, et toute notre vie... Alors Dieu accordera aussi la grâce qu'Il donne à l'apôtre, pour rompre les fers de ceux qui sont enchaînés.

673 Jamais nous ne pouvons nous arroger le pouvoir de Jésus, quand Il passe parmi nous. Le Seigneur passe, et Il transforme nos âmes, lorsque nous nous réunissons tous autour de Lui, d'un seul cœur, d'un seul point de vue, avec le même désir d'être de bons chrétiens. Mais c'est Lui qui est là, ce n'est ni toi ni moi. C'est le Christ qui passe!
– En outre Il demeure dans nos cœurs – dans le tien et dans le mien! et dans nos tabernacles.
– C'est Jésus qui passe, et c'est Jésus qui reste. Il est là, en toi, en chacun de vous, et en moi.

674 Le Seigneur a voulu que nous soyons des corédempteurs avec Lui.
Aussi, pour nous aider à comprendre une telle merveille, Il incite les évangélistes à relater tous ces grands prodiges. Il pouvait, Lui, faire du pain avec n'importe quoi... Eh bien, non! Il recherche la coopération de l'homme: Il a besoin d'un enfant, d'un jeune homme, de quelques morceaux de pain et de quelques poissons.
– Nous lui sommes nécessaires, toi et moi. Et Il est Dieu! – Cela doit nous faire ressentir l'urgence de répondre généreusement aux grâces qu'Il nous envoie.

675 Si tu L'aides, ne serait-ce que d'un rien, tout comme le firent les Apôtres, Il sera disposé à opérer des miracles, à multiplier les pains, à modifier les volontés, à communiquer sa lumière à des intelligences qui se trouvent encore obscurcies, à faire en sorte que certaines d'entre elles acquièrent – moyennant une grâce exceptionnelle – une droiture dont certaines n'ont jamais été capables.
Tout cela... et bien davantage, tu l'obtiendras si tu L'aides avec ce dont tu disposes.

676 Jésus est mort. C'est un cadavre. Les saintes femmes n'espéraient rien. Elles avaient su comment on L'avait maltraité et comment on L'avait crucifié: comme elles avaient présente en mémoire la violence de la Passion qu'Il avait subie!
Elles savaient bien aussi que les soldats gardaient cet endroit; elles savaient que le sépulcre était totalement clos: qui nous enlèvera la pierre de l'entrée? se demandaient-elles, car il s'agissait d'une énorme dalle. Et pourtant..., en dépit de tout, elles accourent afin d'être avec Lui.
Vois comme les difficultés, qu'elles soient petites ou grandes, sautent aux yeux... Mais, quand l'amour est là, on ne tient pas compte de ces obstacles, et on avance avec audace, avec décision, avec courage. Ne dois-tu pas admettre que tu as honte quand tu considères l'élan, l'intrépidité et le courage de ces femmes?

677 Marie, ta Mère, te conduira à l'Amour de Jésus. Et tu te trouveras là "cum gaudio et pace", dans la joie et dans la paix, et toujours "porté" – car si tu étais seul tu tomberais et te couvrirais de boue –, et tu avanceras sur ce chemin qui te fera croire, aimer et souffrir.

 «    TRAVAIL    » 

678 L'enseignement de saint Paul nous apprend que nous devons renouveler le monde dans l'esprit de Jésus-Christ, que nous devons placer le Seigneur au sommet et au cœur de toutes choses.
– Crois-tu que tu y travailles vraiment dans la charge qui est la tienne, ou dans ton travail professionnel?

679 Pourquoi n'essayes-tu pas de transformer toute ta vie en un service de Dieu: ton travail et ton repos, tes peines et tes joies?
Tu peux le faire..., et c'est ton devoir!

680 Que toutes les créatures, et chacune d'entre elles, ainsi que tous les événements de cette vie, sans aucune exception, soient autant de marches qui te mènent à Dieu et qui t'incitent à Le connaître et à L'aimer, à lui rendre grâces et à faire en sorte que tous les hommes Le connaissent et L'aiment.

681 Nous avons l'obligation de travailler, et de travailler consciencieusement, pénétrés de nos responsabilités; travailler avec amour et persévérance, sans abandons ni légèretés: car le travail est un commandement de Dieu, et Dieu, comme dit le psalmiste, il faut lui obéir "in laetitia" – avec joie!

682 Nous devons conquérir pour le Christ toute valeur humaine qui a de la noblesse.

683 Quand on vit vraiment la charité, on n'a pas le temps de se rechercher soi-même. On n'a pas de temps pour l'orgueil. On ne voit en toutes choses que des occasions de servir!

684 Qu'elle soit ou non importante d'un point de vue humain, toute activité doit devenir pour toi un moyen de servir le Seigneur et les hommes: c'est là que réside et que se mesure sa véritable dimension.

685 Toujours et en tout, travaille dans un esprit de sacrifice, afin de placer le Christ au sommet de toutes les activités des hommes.

686 Répondre à la grâce, cela se trouve aussi dans ces petites choses de la journée, apparemment sans importance, mais qui sont revêtues de toute la transcendance de l'Amour.

687 Il ne faut pas oublier que tout travail digne, noble et honnête, humainement, peut et doit être élevé à l'ordre surnaturel, afin qu'il devienne une œuvre de Dieu.

688 Jésus, notre Seigneur et notre Modèle, nous révèle, pour avoir grandi et vécu comme n'importe lequel d'entre nous, que l'existence humaine – la tienne –, que tes occupations courantes et ordinaires ont un sens divin, un sens d'éternité.

689 Admire la bonté de Dieu notre Père: ce que tu aimes à la folie, ton foyer, ta famille, ton pays, tout cela est matière de sainteté; une telle certitude ne te remplit-elle pas de joie?

690 A toi qui as fondé un foyer, ma fille, je veux te rappeler que vous, les femmes – tu le sais d'ailleurs bien! – vous possédez une grande force, une force que vous savez envelopper d'une douceur spéciale, afin qu'on ne la remarque pas. Avec cette force, vous pouvez faire de votre mari et de vos enfants des instruments de Dieu ou des diables.
– Toi, tu en feras toujours des instruments de Dieu: le Seigneur compte sur ton aide.

691 Je suis touché quand l'Apôtre qualifie le mariage chrétien de "sacramentum magnum", de grand sacrement. J'en déduis une fois de plus que votre travail, pères et mères de famille, est extrêmement important.
Vous participez du pouvoir créateur de Dieu, et c'est pourquoi il est saint, il est noble, il est bon, votre amour humain: cette joie du cœur, Notre-Seigneur, dans son amoureuse providence, veut que d'autres y renoncent en toute liberté.
Chaque enfant que Dieu vous accorde est une grande bénédiction divine: n'ayez pas peur des enfants.

692 Quand je m'entretiens, souvent, avec des couples, j'insiste pour leur dire que, tant qu'ils seront en vie, ils doivent aider leurs enfants à devenir saints, en sachant que sur terre aucun d'entre nous ne sera saint. Nous ne ferons que lutter, lutter, et lutter encore.
– Et j'ajoute: vous autres, parents chrétiens, vous êtes comme un grand moteur spirituel, un moteur qui envoie aux vôtres la force de Dieu pour lutter, pour vaincre, pour devenir saints. Alors, ne les décevez pas!

693 N'aie pas peur d'aimer les âmes, pour Lui. Et ne te préoccupe pas si tu aimes encore davantage les tiens, pourvu que, en les aimant tant, tu L'aimes, Lui, des millions de fois davantage.

694 "Cœpit facere et docere", Jésus se mit d'abord à agir et, ensuite, à enseigner. Toi et moi, nous devons rendre ce témoignage de l'exemple, parce que nous ne pouvons mener une double vie: nous ne pouvons pas enseigner ce que nous ne pratiquons pas. En d'autres termes, nous devons enseigner ce que, pour le moins, nous nous efforçons de pratiquer.

695 Toi qui es chrétien, tu as l'obligation de mener une vie exemplaire sur tous les plans. Y compris en tant que citoyen, quand il s'agit d'observer les lois qui visent au bien commun.

696 Puisque tu es si exigeant pour les autres, afin qu'ils accomplissent leurs obligations, y compris dans les services publics – il s'agit d'un devoir, dis-tu! –, t'es-tu demandé comment tu observes ton horaire de travail, et avec quelle conscience tu le réalises, ce travail?

697 Observe tous tes devoirs civiques, sans vouloir te soustraire à l'accomplissement d'aucune obligation. Et exerce aussi tous tes droits, pour le bien de la collectivité, sans en omettre aucun par imprudence.
– Dans ce domaine aussi tu dois porter un témoignage chrétien.

698 Si nous voulons vraiment sanctifier notre travail, il nous faut remplir, coûte que coûte, cette première condition: travailler, et bien travailler, avec sérieux, tant d'un point de vue humain que surnaturel.

699 Que ta charité soit aimable. Avec toute la prudence et le naturel qui sont de mise, que jamais un sourire ne manque à tes lèvres, un sourire pour tous, sans arrière-pensées, même si tu pleures au fond de toi-même.

700 Ce travail à moitié fait, ce n'est qu'une caricature de l'holocauste que Dieu te demande.

701 Si tu affirmes que tu veux imiter le Christ... et que tu as du temps en trop, c'est que tu es sur la voie de la tiédeur.

702 Les occupations professionnelles – y compris le travail au foyer, qui est une profession de première importance – sont un témoignage de la dignité de la personne humaine. Elles nous donnent l'occasion de développer notre personnalité, d'être unis aux autres, d'avoir des revenus, de contribuer au mieux-être de la société dans laquelle nous vivons, et de faire progresser l'humanité tout entière...
– Pour un chrétien, ces perspectives se prolongent et s'élargissent davantage encore, parce que le travail, quand il est assumé par le Christ comme une réalité rachetée et rédemptrice, devient un moyen et un chemin de sainteté; il devient une tâche sanctifiable et sanctifiante, dans ce qu'il a de bien concret.

703 Le Seigneur a voulu que nous qui sommes ses enfants et avons reçu le don de la foi, nous manifestions notre vision optimiste et originale de la création, cet "amour du monde" qui est au cœur du christianisme.
– L'enthousiasme ne doit donc jamais te manquer dans ton travail professionnel, ni dans ton souci de construire la cité temporelle.

704 Tu dois demeurer vigilant, afin que tes succès professionnels, ou tes échecs – et ces derniers ne manqueront pas d'arriver – ne te fassent pas oublier, ne serait-ce qu'un instant, la gloire de Dieu, qui est la véritable finalité de ton travail!

705 La responsabilité du chrétien dans son travail ne se manifeste pas tant dans l'accomplissement effectif d'un horaire que dans la compétence technique et professionnelle avec laquelle ce travail est effectué... et plus encore dans l'amour de Dieu qui l'accompagne.

706 Quel dommage de tuer le temps, ce trésor de Dieu!

707 Comme toutes les professions honnêtes peuvent et doivent être sanctifiées, aucun enfant de Dieu n'a le droit de dire: je ne peux pas faire d'apostolat.

708 Tu dois tirer une autre conclusion de la vie cachée de Jésus-Christ: ne pas se presser..., même si l'on est pressé!
Autrement dit: avant tout, la vie intérieure; le reste, l'apostolat, tout apostolat en est le corollaire.

709 Affronte les problèmes de ce monde avec un esprit surnaturel et en restant en accord avec les principes moraux, qui ne menacent ni ne détruisent la personnalité, bien qu'ils la canalisent.
– Tu imprimeras ainsi à ta conduite une force vitale qui entraînera. Et tu rendras plus sûre ta marche dans le droit chemin.

710 Dieu Notre-Seigneur veut que tu sois saint, pour sanctifier les autres. – Et pour cela, il faut que toi, avec courage et sincérité, tu rentres en toi-même, et que tu te tournes vers notre Dieu et Seigneur... et qu'ensuite seulement tu te tournes vers le monde.

711 Développe tes qualités, en ce qu'elles ont de noble et d'humain. Elles peuvent être le début de l'édifice de ta sanctification. En même temps, comme je te l'ai dit une autre fois, souviens-toi qu'il faut tout brûler quand on se met au service de Dieu. Tout, et s'il le faut même le "qu'en dira-t-on", même ce que l'on appelle la bonne réputation.

712 Toi qui as un profond sens de tes responsabilités, et qui es désireux pour cela de promouvoir l'action des catholiques dans la vie publique, toi qui respectes comme il se doit la liberté de tous et de chacun, tout en leur rappelant qu'ils doivent être cohérents avec leur foi, tu as besoin de bien te former.

713 Ton travail professionnel, tu le fais avec toute la perfection surnaturelle et humaine possible. Aussi tu peux – que dis-je, tu dois! – répandre les principes chrétiens partout où tu exerceras ta profession ou ton métier.

714 En tant que chrétien, ton devoir est d'agir, et non de t'abstenir, tout en exerçant ta liberté personnelle, tu dois apporter ta collaboration à ce qui peut convenir loyalement au bien commun.

715 Nous autres, enfants de Dieu, citoyens de la même catégorie que les autres, nous devons participer "sans peur" à toutes les entreprises et à tous les organismes honnêtes des hommes, afin que le Christ soit présent là aussi.
Notre-Seigneur nous demandera des comptes si, par négligence ou par facilité, chacun d'entre nous ne s'efforce pas d'intervenir librement dans les œuvres et dans les décisions humaines, dont dépendent le présent et l'avenir de la société.

716 Avec une profonde humilité – forts de la force de notre Dieu et non, comme le dit le Psaume, "de la force de nos chars de combat et de nos chevaux" –, et loin de tout respect humain, nous devons faire en sorte qu'il n'y ait pas dans la société de lieux où l'on ne connaisse pas le Christ.

717 En toute liberté, et en fonction de tes goûts et de tes qualités, tu dois prendre une part active, efficace aux associations officielles ou privées de ton pays qui te paraîtront bonnes, en imprégnant ta participation de sens chrétien: de telles organisations ne sont jamais indifférentes quand il s'agit du bien temporel et éternel des hommes.

718 Fais en sorte que les institutions et les structures humaines, dans lesquelles tu travailles et tu agis en tant que citoyen de plein droit, se conforment aux principes qui président à une conception chrétienne de la vie.
C'est ainsi, n'en doute pas, que tu fourniras aux hommes les moyens de vivre selon leur dignité, et que tu permettras à de nombreuses âmes de répondre personnellement, avec la grâce de Dieu, à leur vocation chrétienne.

719 C'est le devoir du chrétien et du citoyen que de défendre et de faire éclore, par piété autant que par culture, les monuments disséminés de par les rues et les chemins – croix, images mariales, etc. –, et en relevant aussi ceux que la barbarie ou le temps ont détruit.

720 Il est nécessaire de faire obstacle avec courage à ces "libertés de perdition", filles du libertinage, petites-filles des passions mauvaises, arrière-petites-filles du péché originel...; comme on le voit, elles descendent du diable en ligne directe.

721 C'est par souci d'objectivité, et aussi pour que ces gens ne fassent plus de mal, que j'ai le devoir d'insister: que l'on ne fasse pas de publicité pour les ennemis de Dieu, qu'on ne les encense pas..., même après leur mort.

722 Aujourd'hui on attaque notre Mère l'Eglise dans le domaine social et en se servant du gouvernement des peuples. C'est pourquoi Dieu envoie ses enfants – et Il t'envoie, toi! pour te battre et diffuser la vérité dans ces domaines.

723 C'est en vertu de ta condition de citoyen courant, et justement du "laïcisme" qui est le tien, ni plus ni moins grand que celui de tes collègues, que tu dois avoir le courage – peu banal quelquefois – de rendre "tangible" ta foi: que l'on voie tes bonnes œuvres, et l'intention qui te pousse.

724 Un enfant de Dieu comme toi ne doit pas avoir peur de vivre dans le milieu professionnel, social... qui est le sien: il n'est jamais seul!
– Dieu Notre-Seigneur t'accompagne toujours, et Il t'accorde les moyens de lui être fidèle, et d'amener les autres à Lui.

725 Faire tout par Amour! Voilà le chemin de la sainteté, le chemin du bonheur.
C'est de ce point de vue que tu dois affronter tes tâches intellectuelles, les occupations les plus hautes de l'esprit, et les choses qui te semblent très à ras de terre, celles que nous devons tous accomplir par nécessité. Et tu vivras alors dans la joie et dans la paix.

726 Toi, parce que tu es chrétien, tu peux faire des concessions sur tout ce qui t'appartient, et de très bon gré, dans les limites qui sont celles du dogme et de la morale...: mais en ce qui concerne Jésus-Christ, tu ne peux pas céder!

727 Lorsque tu devras commander, n'humilie pas l'autre: procède avec délicatesse; respecte l'intelligence et la volonté de celui qui obéit.

728 Il est normal que tu aies recours aux moyens de cette terre. – Mais tu dois tout mettre en œuvre pour te détacher de ce qui est terrestre, pour en user en pensant toujours au service de Dieu et des hommes.

729 Tout planifier? – Tout, m'as-tu dit. – D'accord; il est nécessaire d'exercer la vertu de prudence, mais n'oublie pas que les entreprises humaines, qu'elles soient ardues ou plus ordinaires, conservent toujours une marge d'imprévu..., et qu'un chrétien, en outre, ne doit pas fermer la porte à l'espérance, ni faire abstraction de la Providence divine.

730 Dans ton travail ta vision surnaturelle doit être telle que tu ne te laisses absorber par ton activité que pour la diviniser: ainsi ce qui est terrestre devient divin, ce qui est temporel devient éternel.

731 Les œuvres que l'on réalise pour le service de Dieu n'échouent jamais par manque d'argent, mais par manque d'esprit.

732 Quelle joie, n'est-ce pas, d'éprouver de si près la pauvreté de Jésus?... Qu'il est beau de manquer même du nécessaire! Mais que ce soit comme Lui: d'une façon cachée et silencieuse.

733 La dévotion sincère, le véritable amour de Dieu nous poussent au travail, à l'accomplissement, même douloureux, du devoir de chaque jour.

734 On a souvent signalé le danger des œuvres qu'aucune vie intérieure ne vient animer: mais il faudrait aussi souligner le danger d'une vie intérieure sans œuvres, si tant est que cela puisse se trouver.

735 Loin de nous éloigner de nos occupations temporelles, la vie intérieure nous pousse à toujours mieux les finir.

736 Ton existence ne consiste pas en la répétition d'actes semblables, tout nouvel acte doit être plus droit, plus rempli d'amour que celui qui le précède. – A chaque jour sa lumière neuve, son nouvel enthousiasme! Et que ce soit pour Lui!

737 Chaque jour, fais tout ton possible pour connaître Dieu, pour Le "fréquenter", pour t'éprendre davantage de lui à chaque instant, et pour ne plus penser qu'à son Amour et à sa gloire.
Tu accompliras ce plan, mon enfant, si tu ne négliges pas pour des futilités tes moments de prière, ta présence de Dieu (que des oraisons jaculatoires et des communions spirituelles entretiennent en toi cette flamme), si tu assistes avec recueillement à la sainte Messe; si tu achèves avec perfection le travail que tu réalises pour Lui.

738 Même si je le respecte, je ne partagerai jamais le point de vue de ceux qui séparent la prière de la vie active, comme s'il s'agissait de deux choses incompatibles.
Nous autres, enfants de Dieu, nous devons être des contemplatifs: des personnes qui, au milieu du grondement de la foule, savent trouver le silence d'une âme qui s'entretient sans cesse avec le Seigneur; et Le regarder comme on regarde un Père, comme on regarde un Ami que l'on aime à la folie.

739 Une personne pieuse, d'une piété sans bigoterie, accomplit son devoir à la perfection, parce qu'elle sait que ce travail est une prière qui s'élève vers Dieu.

740 Notre condition d'enfants de Dieu nous poussera – j'y insiste – à entretenir un esprit contemplatif au milieu de toutes les activités humaines (être lumière, sel et levain, par la prière, par la mortification, par une profonde culture religieuse et professionnelle); et pour que ce programme soit une réalité: plus nous serons plongés dans le monde, plus nous devons être à Dieu.

741 Le bon or et les diamants se trouvent dans les entrailles de la terre, non dans la paume de la main.
Te sanctifier et sanctifier les autres, cela dépend de cette ferveur, de cette joie, et de ton travail, ce travail obscur et quotidien, normal et courant.

742 Dans notre conduite ordinaire, nous avons besoin d'une vertu très supérieure à celle du légendaire roi Midas, lui qui convertissait en or tout ce qu'il touchait.
– Nous autres, par amour, nous devons convertir, par amour, le travail humain, celui de notre journée habituelle, en œuvre de Dieu, d'une portée éternelle.

743 Dans ta vie, si tu te le proposes, tout peut devenir une offrande au Seigneur, l'occasion d'un colloque avec ton Père du Ciel, qui garde et concède toujours de nouvelles lumières.

744 Travaille, avec joie, avec paix, en présence de Dieu.
– Ainsi tu réaliseras la tâche qui te revient, et tu la feras en outre avec bon sens: tu iras jusqu'au bout, même si la fatigue t'abat; tu la mèneras à bien..., et tes œuvres seront agréables à Dieu.

745 Tout au long de la journée, tu dois entretenir avec le Seigneur une conversation constante, qui s'alimente aussi des circonstances mêmes de ta vie professionnelle.
– Va au Tabernacle en pensée..., et offre au Seigneur le travail que tu as entre les mains.

746 Là, à partir de ce lieu de travail, laisse s'échapper ton cœur vers le Seigneur, auprès du Tabernacle, afin de pouvoir lui dire, sans faire de choses bizarres: mon Jésus, je T'aime.
– N'aie pas peur de L'appeler ainsi: mon Jésus; n'aie pas peur de le dire souvent.

747 Voici comment un prêtre désirait s'appliquer à l'oraison, tandis qu'il récitait l'Office divin: "je suivrai la coutume qui consiste à dire en commençant: "je veux prier comme prient les saints", et ensuite j'inviterai mon Ange gardien à chanter, avec moi, les louanges du Seigneur".
Essaye ce chemin dans ta prière vocale, et pour que la présence de Dieu grandisse en toi pendant ton travail.

748 Tu as reçu l'appel de Dieu à suivre un chemin concret: te placer à tous les carrefours du monde, en étant toi-même, à partir de ton travail professionnel, plongé en Dieu.

749 Ne perds jamais de vue le point de vue surnaturel. Rectifie ton intention, tout comme l'on rectifie le cap en haute mer: en regardant l'étoile, en regardant Marie. Et tu auras la certitude de parvenir toujours à bon port.

750 Je ne te demande pas, Seigneur de m'enlever mes capacités d'aimer, puisqu'elles peuvent m'aider à Te servir, mais de les passer au creuset.

751 Devant toutes les merveilles de Dieu, et devant tous nos échecs humains, force nous est de reconnaître: Tu es tout pour moi! Sers-toi de moi comme Tu le voudras! – Alors la solitude n'aura plus de sens ni pour toi, ni pour nous.

752 Le grand secret de la sainteté se résume à ce que nous ressemblions de plus en plus à Lui, qui est le seul et le plus aimable Modèle.

753 Quand tu te disposeras à prier, et que tu ne verras rien, et que tu te sentiras embrouillé et sec, je te signale le chemin: ne plus penser à toi; et en revanche tourner ton regard vers la Passion de Jésus-Christ, notre Rédempteur.
Sois-en convaincu: tout comme Il l'a fait pour ces trois Apôtres qui lui étaient les plus intimes, au jardin des oliviers, Il nous demande à nous aussi: "veillez et priez".

754 En ouvrant le Saint Evangile, songe que ce qui y est rapporté – les œuvres et les paroles du Christ –, tu ne dois pas seulement le savoir, mais le vivre. Tout, chacun des points relatés a été recueilli dans le moindre détail, pour que tu l'incarnes dans les circonstances concrètes de ton existence.
– Le Seigneur nous a appelés, nous autres catholiques, pour que nous Le suivions de près et, dans ce Texte Saint, tu découvriras la Vie de Jésus. Mais en outre tu dois y découvrir ta propre vie.
Toi aussi, tu apprendras à demander, plein d'Amour comme l'Apôtre: "Seigneur, que veux-tu que je fasse:..." – La volonté de Dieu! c'est ce que tu entends de façon très nette au fond de ton âme.
Eh bien, prends l'Evangile tous les jours, et lis-le, vis-le comme une norme à suivre. – C'est ainsi qu'ont procédé les saints.

755 Si tu veux vraiment que ton cœur réagisse bien, je te conseille de t'introduire en pensée dans une des Plaies de Notre-Seigneur: c'est ainsi, en effet, que tu Le fréquenteras de plus près, que tu te placeras tout contre Lui, que tu sentiras palpiter son Cœur..., et que tu Le suivras dans tout ce qu'Il te demandera.

756 La prière est sans nul doute la "consolation" de ceux qui aiment Jésus, comme nous.

757 La Croix symbolise la vie de l'apôtre du Christ, avec une vigueur et une vérité qui enchantent l'âme et le corps, même s'il arrive qu'elle coûte et que l'on en ressente le poids.

758 Je comprends que, par Amour, tu désires souffrir avec le Christ: que tu veuilles interposer tes épaules entre Lui et les bourreaux qui Le fouettent; que tu offres ta tête, à la place de la sienne, pour recevoir la couronne d'épines; et tes pieds et tes mains pour les clous... ou, pour le moins, que tu veuilles accompagner notre Mère Sainte Marie, au Calvaire, et t'accuser toi-même de déicide pour tes péchés..., et souffrir et aimer.

759 Je me suis proposé, me disais-tu, de fréquenter davantage le Paraclet, et de Lui demander ses lumières.
– Bravo! Mais souviens-toi, mon enfant, que l'Esprit Saint est le fruit de la Croix.

760 L'amour de bon vouloir, celui qui rend l'âme heureuse, est fondé sur la douleur: pas d'amour sans renoncement.

761 Le Christ est cloué sur la Croix. Et toi:... Encore attaché à tes goûts! Ou plutôt: cloué par tes goûts.

762 Ne soyons pas – car nous ne pouvons pas l'être! – des chrétiens douceâtres: sur cette terre, il doit y avoir douleur et Croix.

763 Dans notre vie, il faut compter avec la Croix. Qui ne compte pas avec la Croix n'est pas chrétien..., et il ne pourra éviter la rencontre avec "sa croix", qui lui sera alors source de désespérance.

764 A présent que la Croix est sérieuse, lourde, Jésus arrange les choses de telle façon qu'Il nous comble de paix; Il devient notre Cyrénéen, pour que la charge nous paraisse légère.
Dis-lui alors, plein de confiance: Seigneur, quelle Croix est-ce là? C'est une Croix sans croix? Eh bien désormais, avec ton aide, puisque je connais la manière de m'abandonner en Toi, toutes mes croix seront ainsi.

765 Réaffirme dans ton âme l'ancienne résolution de cet ami: Seigneur, je veux la souffrance, non le spectacle.

766 Avoir la Croix, c'est avoir la joie: c'est T'avoir, Toi, Seigneur!

767 Ce qui rend vraiment malheureuse une personne – et même toute une société – c'est cette recherche, anxieuse et égoïste, du bien-être; cet effort pour éliminer tout ce qui nous contrarie.

768 Le chemin de l'Amour s'appelle Sacrifice.

769 La Croix, la Sainte Croix! Comme elle est lourde!
– D'un côté, mes péchés. D'un autre, la triste réalité des souffrances de notre Mère l'Eglise: l'apathie de tant de catholiques qui ont un "vouloir sans vouloir"; pour des raisons diverses, la séparation des gens que l'on aime; les maladies et les tribulations, celles des autres et les miennes...
La Croix – la Sainte Croix! – pèse: "Fiat, adimpleatur...!" – Que soit faite, que soit accomplie, que soit louée et éternellement exaltée la très juste et très aimable Volonté de Dieu sur toutes choses! Amen. Amen.

770 Lorsqu'on passe par où passe le Christ, lorsqu'on n'en est plus à la résignation, mais que l'âme est pleinement d'accord avec la Croix – lorsqu'elle prend la forme de la Croix –; lorsqu'on aime la Volonté de Dieu; lorsqu'on aime la Croix..., alors, et seulement alors, c'est Lui qui la porte, cette croix.

771 Unis la douleur – la Croix extérieure ou intérieure –, à la Volonté de Dieu, par le moyen d'un "fiat" généreux; et tu te rempliras de joie et de paix.

772 Signes non équivoques de la véritable Croix du Christ: la sérénité, un profond sentiment de paix, un amour prêt à toute sorte de sacrifice, une grande efficacité qui émane du Côté même de Jésus, et toujours, à l'évidence, la joie. Une joie qui vient de cette certitude: qui se donne vraiment se trouve tout près de la Croix et, par conséquent, près de Notre-Seigneur.

773 N'omets pas de prendre conscience et de rendre grâces au Roi pour la prédilection en vertu de laquelle, dans ta vie tout entière, Il scelle ta chair et ton esprit du sceau royal de la Sainte Croix.

774 "Je porte sur moi, écrivait cet ami, un petit Crucifix, dont la figure est polie par l'usage et les baisers; mon père en a hérité à la mort de sa mère, qui le portait toujours sur elle.
"Il est si pauvre et si usé que je n'oserais même pas en faire cadeau à personne; et ainsi, chaque fois que je le regarderai, mon amour de la Croix augmentera.".

775 Voici comment priait un prêtre, dans des moments d'affliction: "Envoie-moi, ô, Jésus, la Croix que tu voudras: dès à présent, je la reçois avec joie, et je la bénis avec la plénitude de bénédiction de mon sacerdoce".

776 Quand tu recevras un coup très fort, une Croix quelconque, tu ne dois pas t'en affliger. Au contraire c'est le visage joyeux que tu devras en remercier le Seigneur.

777 J'ai vu hier un tableau qui m'a enchanté: il représentait Jésus mort. Avec une onction inexprimable, un ange baise sa main gauche; aux pieds du Sauveur, un autre tient un clou arraché à la Croix; et au premier plan, de dos et regardant le Christ, un petit angelot pleure.
J'ai demandé au Seigneur que l'on m'offre ce tableau, car il est beau et respire la piété. – J'ai été attristé de savoir qu'une personne à qui l'on avait montré cette toile afin qu'elle l'achète, l'ait refusée en disant: "c'est un cadavre!" Pour moi, Tu seras toujours la Vie.

778 Seigneur – peu m'importe de le répéter des milliers de fois –, je veux T'accompagner en souffrant avec Toi, dans les humiliations et les cruautés de la Passion et de la Croix.

779 Rencontrer la Croix, c'est rencontrer le Christ.

780 Jésus, que ton Sang divin pénètre dans mes veines, afin qu'il me fasse vivre, à chaque instant, la générosité de la Croix.

781 Devant Jésus, mort sur la Croix, fais oraison; que la Vie et la Mort du Christ soient le modèle et le stimulant de ta vie et de ta réponse à la Volonté divine.

782 Pour que tu t'en souviennes à l'heure de la douleur ou de l'expiation: la Croix est le signe du Christ Rédempteur. Elle a cessé d'être le symbole du mal pour devenir le signe de la victoire.

783 Parmi les ingrédients de tes repas, mets-en un "très bon": celui de la mortification.

784 Pratiquer de grandes mortifications certains jours, pour les abandonner d'autres jours, ce n'est pas là l'esprit de pénitence.
– L'esprit de pénitence suppose qu'on sache se vaincre tous les jours, en offrant des choses – grandes et petites – par amour et sans spectacle.

785 Si nous unissons nos petitesses – celles qui sont insignifiantes comme les grandes contradictions – aux grandes souffrances du Seigneur, du Seigneur Victime – c'est Lui la seule Victime! – leur valeur n'en fera qu'augmenter, elles deviendront un trésor et c'est alors que, de bon gré, et avec empressement, nous prendrons sur nous la Croix du Christ.
– Et ainsi il n'y aura pas de peine qu'on ne puisse vaincre rapidement; et il n'y aura rien ni personne pour nous enlever la paix et la joie.

786 Pour être apôtre, tu dois porter en toi, comme l'enseigne saint Paul, le Christ crucifié.

787 C'est vrai! la Sainte Croix amène dans nos vies la confirmation que nous appartenons au Christ.

788 La Croix ne veut pas dire la peine, ni le chagrin, ni l'amertume... La Croix, c'est le saint bois sur lequel Jésus-Christ triomphe..., et sur lequel nous triomphons nous aussi, lorsque nous recevons avec joie et générosité ce qu'Il nous envoie.

789 Après le Saint Sacrifice, tu as constaté comment c'est de ta Foi et de ton Amour – de ta pénitence, de ta prière et de ton action – que dépendent en bonne partie la persévérance des tiens et, parfois, leur vie terrestre elle-même.
– O Croix bénie que nous portons, mon Seigneur Jésus – Lui! et toi, et moi!

790 Oh! Jésus, je veux être un foyer de folie d'Amour! Je veux que ma seule présence suffise à mettre le feu au monde, à de nombreux kilomètres à la ronde, d'un incendie inextinguible. Je veux savoir que je suis tien. Qu'ensuite vienne la Croix...
– Magnifique chemin: souffrir, aimer et croire!

791 Quand tu seras malade, offre tes souffrances avec amour, et elles seront converties en un encens qui s'élèvera en l'honneur de Dieu et qui te sanctifiera.

792 En tant qu'enfant de Dieu, et avec sa grâce, tu dois être un homme fort, une femme forte, rempli de désirs et de réalités.
– Nous ne sommes pas des plantes de serre. Nous vivons au milieu du monde, et nous devons être exposés à tous les vents, à la chaleur et au froid, à la pluie et aux cyclones..., mais en restant fidèles à Dieu et à son Eglise.

793 Comme le mépris fait souffrir, même si l'on s'applique à l'aimer!
– Ne t'en étonne pas, et offre-le à Dieu.

794 Ce mépris-là t'a blessé!... – Cela veut dire que tu oublies trop facilement à qui tu appartiens.

795 Devant les accusations que nous considérons comme injustes, examinons notre conduite, devant Dieu, "cum gaudio et pace" – avec une sérénité joyeuse – et apportons la mise au point nécessaire, bien qu'il s'agisse d'affaires innocentes, si la charité nous y invite.
– Luttons pour être saints, chaque jour davantage. Et ensuite, que l'on raconte ce qu'on voudra, pour autant qu'à ces racontars on puisse appliquer cette béatitude: "beati estis cum... dixerint omne malum adversus vos mentientes propter me" – bienheureux serez-vous quand on vous calomniera à cause de moi.

796 Je ne sais qui a affirmé – ni où – que la bourrasque de l'embûche s'acharne sur ceux qui se distinguent, tout comme l'ouragan fouette les pins les plus élevés.

797 Intrigues, interprétations misérables – faites à la mesure de la mesquinerie du cœur qui en est l'auteur –, lâches insinuations... – Voilà une scène qui se répète malheureusement dans différents milieux, où l'on ne travaille pas, mais où l'on ne laisse pas non plus travailler les autres.
Médite dans le calme ces vers d'un psaume: "Mon Dieu, je suis devenu un étranger pour mes frères, et un inconnu pour les fils de ma mère. Car le zèle pour ta maison m'a consumé, et les insultes de ceux qui t'insultaient ont rejailli sur moi"... Et continue de travailler.

798 L'on ne saurait faire le bien, même au milieu de bonnes âmes, sans recevoir la sainte Croix des commérages.

799 "In silentio et in spe erit fortitudo vestra" – c'est dans le silence et dans l'espérance que résidera votre force..., assure le Seigneur aux siens. Se taire et avoir confiance: voici deux armes fondamentales dans les moments d'adversité, où les moyens humains te seront refusés.
Une souffrance que l'on supporte sans plainte – observe donc Jésus dans sa Sainte Passion et dans sa Mort –, c'est aussi la mesure de l'amour.

800 Voici comment priait une âme qui voulait se donner entièrement à Dieu et, pour Lui, à toutes les âmes: "Seigneur, je te demande d'agir dans ce pauvre pécheur, et de rectifier, de purifier et de passer mes intentions au creuset de ton amour".

801 J'ai souffert de la condescendance – la transigeance et l'intransigeance – de cet homme très savant et très saint lorsqu'il disait: je m'accommode de tout, sauf d'offenser Dieu.

802 Mesure le bien qu'ils ont fait à ton âme ceux qui, pendant ta vie, t'ont maltraité ou ont tenté de te maltraiter.
– D'autres traiteront ces gens d'ennemis. Quant à toi, essaie d'imiter les saints, même en cela; considère-toi comme trop peu de chose pour avoir ou avoir eu des ennemis, et appelle-les plutôt des "bienfaiteurs". Tu verras qu'à force de les recommander à Dieu, tu finiras par éprouver pour eux de la sympathie.

803 Ecoute-moi bien, mon enfant: tu dois te considérer heureux quand on te maltraitera, et qu'on te déshonorera; quand nombreux seront ceux que ta conduite dérangera et qu'il sera à la mode de te cracher dessus; car tu es "omnium peripesma" – comme une ordure pour tous...
– Cela coûte, cela coûte même beaucoup. C'est dur, jusqu'au moment où, à la fin, l'homme s'approche du Tabernacle, alors qu'il se voit considéré comme s'il était à lui seul toute la saleté du monde, comme un pauvre ver de terre. Et il dit: "Seigneur, si Tu n'as pas besoin de mon honneur, pourquoi, moi, en voudrais-je?"
Jusqu'à ce moment cet enfant de Dieu n'avait pas su ce que c'était que d'être heureux: jusqu'à ce qu'il parvienne à cette nudité, à ce don de soi, qui est don d'amour, mais fondé sur la mortification, sur la douleur.

804 L'opposition des bons? – Ce sont des choses qui viennent du démon.

805 Quand tu perds ton calme et que tu es nerveux, c'est comme si tu enlevais la raison à ta raison.
Dans ces moments se fait de nouveau entendre la voix du Maître qui dit à Pierre, alors que celui-ci s'enfonce dans les eaux de son inquiétude et de sa nervosité: "pourquoi as-tu douté?".

806 L'ordre donnera à ta vie son harmonie et t'apportera la persévérance. L'ordre donnera la paix à ton cœur et de la gravité à ton comportement.

807 Je recopie pour toi ce texte, qui peut redonner la paix à ton âme: "Je me trouve dans une situation financière pire que jamais. Je n'en perds pas la paix pour autant. J'ai la certitude absolue que Dieu, mon Père, résoudra ce problème tout d'un coup."
"Je veux, Seigneur, abandonner le souci qui est le mien entre tes mains généreuses. Notre Mère – ta Mère –, comme elle l'a fait à Cana, T'a soufflé à l'oreille: ils n'en ont plus... Je crois en Toi, j'espère en Toi, je T'aime, ô Jésus: rien pour moi; tout pour eux".

808 J'aime ta Volonté. J'aime la sainte pauvreté, ma grande maîtresse.
– Et j'exècre, une fois pour toutes, tout ce qui suppose, même de loin, un manque d'adhésion à ta très juste, à ta très aimable et paternelle Volonté.

809 L'esprit de pauvreté, de détachement des biens terrestres, contribue à l'efficacité de l'apostolat.

810 Nazareth: chemin de foi, de détachement, dans lequel le Créateur s'assujettit aux créatures comme à son Père Céleste.

811 Jésus nous parle toujours avec amour..., même quand Il nous corrige ou qu'Il permet pour nous la tribulation.

812 Identifie-toi à la volonté de Dieu..., et ainsi la contrariété ne sera plus contrariété.

813 Dieu nous aime infiniment plus que toi-même tu t'aimes... Laisse-Le donc exiger beaucoup de toi!

814 Accepte sans peur la Volonté de Dieu. Fais sans hésiter la promesse d'édifier toute ta vie avec ce que nous enseigne et exige de nous notre foi.
– Ainsi, tiens pour certain que, même au milieu des peines et des calomnies, tu seras heureux, d'un bonheur qui te poussera à aimer les autres et à les faire participer à ta joie surnaturelle.

815 Si des contrariétés se présentent, sois sûr qu'elles sont une preuve de l'amour paternel que le Seigneur a pour toi.

816 Dans cette forge de douleur qu'est nécessairement la vie de ceux qui aiment, le Seigneur nous apprend que celui qui marche sans crainte sur les traces du Maître, même si cela lui coûte, y trouve la joie.

817 Fortifie ton esprit par la pénitence, et lorsque l'adversité arrivera, tu ne te décourageras pas.

818 Quand te proposeras-tu, une bonne fois, de t'identifier à ce Christ qui est la Vie?

819 Afin de persévérer à la suite de Jésus, il faut une liberté continuelle, un vouloir continuel, un exercice continuel de sa propre liberté.

820 Tu t'émerveilles de découvrir que, dans chacune des possibilités que tu as de devenir meilleur, il existe de nombreux buts différents...
– Ce sont d'autres chemins, à l'intérieur du "chemin"; ils évitent la routine, et t'approchent davantage du Seigneur.
– Aspire avec générosité à ce qui est le plus élevé.

821 Travaille avec humilité, c'est-à-dire en comptant d'abord sur les bénédictions de Dieu, qui ne sauraient te manquer; puis sur tes bons désirs, sur tes plans de travail; et enfin sur les difficultés que tu rencontreras! Sans oublier que, parmi ces difficultés, tu dois toujours inclure ton manque de sainteté.
– Tu seras un bon instrument si tu luttes chaque jour pour devenir meilleur.

822 Tu m'as confié que, dans ta prière, tu ouvrais ton cœur au Seigneur en lui parlant ainsi: "je considère mes misères, qui me semblent grossir de plus en plus, malgré les grâces que Tu m'accordes: sans doute parce que je n'y réponds pas. Je reconnais que je manque totalement de préparation pour réaliser l'entreprise que Tu demandes. Et quand je lis dans les journaux que tant et tant d'hommes prestigieux et pleins de talent, que tant d'hommes fortunés parlent, écrivent, s'organisent pour défendre ton royaume..., je me vois tel que je suis, moi, et je me trouve si insignifiant, si ignorant, si pauvre, en un mot si petit..., que je serais tout confus si je ne savais pas qu'en fait c'est ainsi que Tu m'aimes, ô Jésus! Et d'un autre côté Tu sais bien comment, de tout cœur, j'ai mis mon ambition à tes pieds... Foi et Amour: Aimer, Croire, Souffrir. Oui, c'est en cela que je veux être riche et savant, mais ni plus savant ni plus riche que Toi Tu ne l'as disposé, dans ta Miséricorde infinie: en effet je dois mettre tout ce que j'ai de prestige et d'honneur dans l'accomplissement fidèle de ta très juste et très aimable Volonté".
– Et moi de te conseiller: n'en reste pas à ces bons désirs.

823 L'amour de Dieu nous invite à porter la Croix à bout de bras..., à sentir sur nos épaules le poids de l'humanité tout entière et, selon les circonstances propres à l'état et au travail de chacun, à accomplir la Volonté du Père dans ses desseins pleins de lumière et d'amour.

824 C'est Lui, le plus grand fou qu'il y ait jamais eu et qu'il y aura jamais. Y a-t-il plus grande folie que de se donner comme Il se donne, et à qui Il se donne?
Car c'eût été une folie s'Il était resté un Enfant sans défense; mais alors nombre de malfrats se seraient émus et n'auraient pas osé Le maltraiter. Or cela lui a semblé encore trop peu: Il a voulu s'anéantir davantage et se donner davantage. Et Il s'est fait nourriture, Il s'est fait Pain.
– O Fou divin! Comment les hommes Te traitent-ils?.. Et moi-même?

825 Jésus, ta folie d'Amour me ravit le cœur. Tu es sans défense et tout petit, pour rendre plus grands ceux qui Te mangent.

826 Un but à atteindre: que ta vie devienne essentiellement – totalement! – eucharistique.

827 Prison d'amour! C'est ainsi que j'aime appeler le Tabernacle.
– Depuis vingt siècles, Il est là... volontairement enfermé, pour moi et pour tous.

828 As-tu déjà envisagé comment tu te préparerais à recevoir Notre-Seigneur, si l'on ne pouvait communier qu'une seule fois dans sa vie?
– Quel bonheur pour nous que de nous approcher aussi facilement de Dieu! Nous devons L'en remercier... Remercions-Le par le grand soin que nous mettons à Le recevoir.

829 Dis au Seigneur que désormais, chaque fois que tu célèbreras ou assisteras à la Sainte Messe, et que tu administreras ou recevras le Sacrement de l'Eucharistie, ce sera avec une foi très vive et brûlant d'amour, comme si c'était la dernière fois de ta vie.
– Et repens-toi de tes anciennes négligences.

830 Je m'explique bien ton désir de recevoir tous les jours la Sainte Eucharistie: en effet celui qui se sent enfant de Dieu a un besoin impérieux du Christ.

831 Lorsque tu assisteras à la Sainte Messe, pense – et c'est la pure vérité – que tu es en train de participer à un Sacrifice divin: sur l'autel, le Christ continue de s'offrir encore pour toi.

832 Quand tu Le recevras, dis-Lui: Seigneur, j'espère en Toi; je T'adore, je T'aime; augmente en moi la foi. Sois un appoint pour ma faiblesse, Toi qui as voulu demeurer dans l'Eucharistie, sans défense, pour apporter un remède à la faiblesse des créatures.

833 Nous devons faire nôtres ces paroles de Jésus-Christ, en nous assimilant à Lui: "desiderio desideravi hoc Pascha manducare vobiscum" – j'ai désiré ardemment manger cette Pâque avec vous. Nous ne pourrons mieux manifester tout notre intérêt et tout notre amour pour le Saint Sacrifice qu'en soignant particulièrement jusqu'à la plus petite des cérémonies prescrites par la sagesse de l'Eglise.
En plus de l'Amour, c'est la nécessité de ressembler au Christ qui doit nous presser, non seulement intérieurement mais extérieurement, quand nous évoluons dans les vastes espaces de l'autel chrétien, avec le rythme et l'harmonie de la sainteté obéissante, qui s'identifie à la volonté de l'Epouse du Christ, à la Volonté du Christ Lui-même.

834 Le Seigneur dans l'Eucharistie est comme les grands de la terre que nous devons recevoir. Et mieux encore: avec des parures, des lumières, des habits tout neufs...
– Et si tu me demandes de quelle propreté, de quelles parures et de quelles lumières tu dois t'orner, je te répondrai: la propreté dans tes sens, un à un; la parure dans tes puissances, une à une; et la lumière dans toute ton âme.

835 Sois donc une âme eucharistique!
– Si le Tabernacle est au centre de tes pensées et de tes espérances, mon enfant, comme ils seront nombreux, les fruits de sainteté et d'apostolat que tu récolteras!

836 Il convient que les objets dont on se sert pour le culte divin soient des œuvres d'art sans oublier que le culte n'est pas pour l'art, mais l'art Pour le culte.

837 Rends-toi souvent devant le Tabernacle de corps ou de cœur, afin de te rassurer, de trouver la sérénité: mais aussi pour te sentir aimé... et pour aimer!

838 Je recopie pour toi ces paroles qu'un prêtre adressait à ceux qui le suivaient dans son entreprise apostolique: "quand vous contemplez l'Hostie Sacrée, exposée dans l'ostensoir sur l'autel, voyez comme ils sont grands l'amour, la tendresse du Christ. Moi je me l'explique, en pensant à mon amour pour vous. Si je pouvais en même temps être au travail loin de vous, et me trouver tout près de chacun d'entre vous, avec quelle joie je le ferais!
"Mais le Christ, Lui, Il le peut. Et Lui qui nous aime d'un amour infiniment supérieur à ceux que peuvent abriter tous les cœurs de la terre, Il est resté là pour que nous puissions nous unir toujours à sa très sainte Humanité, et pour nous aider, pour nous consoler, pour nous fortifier, pour que nous soyons fidèles".

839 Ne crois pas qu'il soit facile de faire de sa vie un service. Un si bon désir, il faut le traduire dans les faits, car "le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en vertu", comme nous l'apprend l'Apôtre. Et aussi parce qu'il n'est pas possible d'aider constamment les autres sans sacrifices.

840 Toujours et en toute chose, réagis en communion avec l'Eglise! – Acquiers, par conséquent, la formation spirituelle et doctrinale nécessaire, qui fasse de toi une personne au raisonnement droit dans ses options temporelles, humble et prompte à se corriger lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle se trompe.
– Reconnaître loyalement ses erreurs personnelles est une manière très humaine et très surnaturelle d'exercer sa liberté personnelle.

841 Il importe absolument que nous diffusions la lumière de la doctrine du Christ.
Etoffe ta formation, remplis ton esprit d'idées claires, de la plénitude du message chrétien, afin de pouvoir ensuite transmettre tout cela à d'autres.
– N'attends pas de Dieu des illuminations, car Il n'a aucune raison de te les communiquer, alors que tu disposes de moyens humains bien concrets: l'étude, le travail.

842 Non seulement l'erreur obscurcit l'intelligence, mais elle divise les volontés.
– En revanche, "veritas liberabit vos" – la vérité vous délivrera des factions qui dessèchent la charité.

843 Tu recherches, quoi qu'il t'en coûte, la compagnie de tel de tes camarades qui te dit à peine bonjour...
– Continue dans cette voie et ne le juge pas: il doit avoir "ses raisons", tout comme tu nourris les tiennes afin de prier davantage pour lui chaque jour.

844 Si tu te considères toi-même comme quelqu'un qui va dans le monde à quatre pattes, pourquoi t'étonnes-tu que les autres ne soient pas des anges?

845 Veille avec amour sur ta sainte pureté... car une étincelle s'éteint plus facilement qu'un incendie.
Mais toute la diligence humaine, même accompagnée de ces armes si nécessaires que sont la mortification, le cilice et le jeûne, a vraiment peu de valeur sans Toi, mon Dieu!

846 Souviens-toi toujours qu'à tout moment tu collabores à la formation spirituelle et humaine de ceux qui t'entourent, et de toutes les âmes – la bienheureuse Communion des Saints va en effet jusque là: quand tu travailles et quand tu te reposes; quand on te voit joyeux ou préoccupé; quand, dans ton travail, ou en pleine rue tu pries en enfant de Dieu, et que la paix de ton âme se manifeste au-dehors; quand on remarque que tu as souffert – que tu as pleuré –, et que tu souris.

847 Une chose est la sainte contrainte, une autre la violence aveugle ou la vengeance.

848 Le Maître nous l'avait bien dit: nous autres, enfants de la lumière, puissions-nous faire le bien avec au moins la même opiniâtreté et le même entêtement que les enfants des ténèbres mettent dans leurs propres affaires!
– Ne te plains pas: travaille, en revanche, à noyer le mal sous l'abondance du bien!

849 Fausse charité que celle qui porte préjudice à l'efficacité surnaturelle de l'apostolat.

850 Dieu a besoin d'hommes et de femmes solides, fermes, sur lesquels on puisse s'appuyer.

851 Nous ne vivons pas pour la terre, ni pour notre honneur, mais pour l'honneur de Dieu, pour la gloire de Dieu, pour le service de Dieu: voilà ce qui doit nous pousser!

852 Depuis que Notre-Seigneur a fondé l'Eglise, notre Mère a perpétuellement subi la persécution. Peut-être ces persécutions ont-elles été faites au grand jour en d'autres temps, et aujourd'hui se présentent-elles de manière plus sournoise. Mais, aujourd'hui comme hier, l'Eglise est toujours combattue.
– D'où le devoir impératif pour nous de vivre chaque jour comme des catholiques responsables!

853 Une bonne recette pour ta vie: "je ne me souviens pas que j'existe. Je ne pense pas à mes problèmes, car il ne me reste pas de temps pour moi".
– Travail et service!

854 Voici vers où nous dirige la bonté inégalable de notre Mère Sainte Marie: un amour poussé à l'extrême, dans le soin mis à accomplir la Volonté divine, et un oubli total de soi-même. Elle était contente d'être là où Dieu l'avait placée.
– C'est pourquoi rien chez Elle n'est commun: pas le moindre de ses gestes. – Retiens cette leçon!

 «    SÉLECTION    » 

855 Engagé! Comme j'aime ce mot! – Nous autres, enfants de Dieu, nous nous engageons – librement – à vivre au service du Seigneur; notre désir est qu'Il règne de façon souveraine et totale sur nos vies.

856 La sainteté – la véritable sainteté – déborde de son vase pour remplir d'autres cœurs, d'autres âmes de sa surabondance.
Nous autres, enfants de Dieu, nous nous sanctifions en sanctifiant les autres. – Est-ce que la vie chrétienne se diffuse autour de toi? Penses-y bien chaque jour.

857 Le Royaume de Jésus-Christ. La voilà, notre affaire! – C'est pourquoi, mon enfant, tu dois être généreux, sans même chercher à connaître les nombreuses raisons pour lesquelles Notre-Seigneur veut régner en toi.
Si tu Le regardes, il te suffira de considérer combien Il t'aime..., et tu seras assoiffé de lui répondre, en lui criant très fort que "tu L'aimes pour de bon", et tu comprendras que, si tu ne L'abandonnes pas, Lui Il ne t'abandonnera pas non plus.

858 Le premier pas à faire pour que d'autres personnes s'approchent des chemins du Christ, c'est qu'elles voient chez toi le bonheur, la joie, l'assurance dans ta marche vers Dieu.

859 Un homme – ou une femme – catholique ne peut oublier cette idée maîtresse: imiter Jésus-Christ, dans tous les milieux, sans repousser personne.

860 C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui le veut: nous devons Le suivre de très près Il n'y a pas d'autre chemin.
Telle est l'œuvre du Saint-Esprit dans chaque âme, et dans la tienne. Et tu dois être docile, afin de ne pas mettre d'obstacles à Dieu.

861 Voici un signe évident que tu recherches la sainteté: un salutaire, un bon "préjugé psychologique" – permets-moi de l'appeler ainsi – qui te fait penser aux autres de façon habituelle, en t'oubliant toi-même, pour les rapprocher de Dieu.

862 Grave clairement dans ton âme l'idée que Dieu n'a pas besoin de toi. – Son appel est le fruit de la miséricorde de son Cœur très aimant.

863 Sois affectueux pour celui qui se trompe, montre-lui une charité toute chrétienne, mais ne fais pas de compromis avec ce qui s'oppose à notre sainte Foi.

864 Aie recours à Marie, la Douce Dame, la Mère de Dieu et notre Mère, en lui confiant, pour tous, la pureté de l'âme et du corps.
Dis-lui que tu veux l'invoquer (et que tu veux qu'on l'invoque toujours), pour toujours vaincre aux heures mauvaises – ou dans les bons, voire les très bons moments – de notre lutte contre ceux qui s'en prennent à notre condition d'enfants de Dieu.

865 Il est venu sur la terre, parce que "omnes homines vult salvos fieri" – afin de sauver tout le monde.
– Tandis que tu travailles au coude à coude avec tant de personnes, tâche de toujours te souvenir qu'il n'est pas d'âme qui n'intéresse le Christ!

866 Seigneur, lui assurais-tu, il me plait d'être reconnaissant; je veux l'être toujours et à l'égard de tous.
– Eh bien, vois: tu n'es pas une pierre..., ni une buse..., ni un mulet. Tu n'es pas de ces êtres qui ont ici-bas leur fin. Parce que Dieu a voulu faire de toi un homme ou une femme – un de ses enfants –..., et qu'Il t'aime "in caritate perpetua" – d'un amour éternel.
– Toi qui veux être reconnaissant, vas-tu faire une exception pour le Seigneur? – Fais donc en sorte qu'une action de grâces quotidienne jaillisse impétueusement de ton cœur.

867 De la compréhension, une charité vraie. Quand tu y parviendras réellement, ton cœur sera largement ouvert à tous, sans la moindre discrimination et, même à l'égard de ceux qui t'ont fait du mal, tu vivras ce conseil de Jésus: "venez à moi, vous tous qui êtes accablés..., car Je vous soulagerai".

868 Sois affectueux envers ceux qui ignorent les choses de Dieu. Mais tu dois traiter ainsi avec encore plus de raison ceux qui les connaissent. Sans cela tu ne peux faire ce que je viens de te dire.

869 Si tu aimais vraiment Dieu de tout ton cœur, ton amour du prochain, aussi difficile que parfois il te paraisse, serait une conséquence nécessaire du Grand Amour. – Et tu ne pourrais te sentir l'ennemi de personne. Tu ne ferais pas acception des personnes.

870 Tu as, me dis-tu, un grand désir, un désir divinement fou de faire connaître l'Amour de Dieu aux âmes? Eh bien, dans ta vie courante, offre des mortifications, prie, accomplis ton devoir triomphe de toi-même dans une foule de petites choses.

871 Dis-Lui lentement: O, bon Jésus, si je dois être un apôtre – l'apôtre d'autres apôtres – il faut que Tu me rendes très humble.
Il faut que je me connaisse: que je me connaisse et que je Te connaisse.
– Ainsi je ne perdrai jamais de vue mon néant.

872 "Per Iesum Christum Dominum nostrum" – par Jésus-Christ, Notre-Seigneur. C'est ainsi que tu dois être à l'œuvre: pour Jésus-Christ!
– Une bonne chose que tu aies un cœur très humain; mais si tu n'agis qu'en fonction d'une personne déterminée, voilà qui est mauvais! – Même si tu le fais pour ce frère ou pour tel ami, fais-le surtout pour Jésus-Christ!

873 L'Eglise, les âmes – celles de tous les continents, de tous les temps actuels et à venir – attendent beaucoup de toi... Mais il faut que tu te mettes bien dans la tête et dans le cœur que tu resteras stérile si tu n'es pas saint! Ou plutôt: si tu ne luttes pas pour être saint.

874 Laisse-toi modeler par les coups de la grâce (qu'ils soient forts ou délicats). Efforce-toi de ne pas être un obstacle mais un instrument! Et, si tu le veux bien, ta très sainte Mère t'aidera et tu deviendras un canal, au lieu d'être une pierre qui détourne le cours des eaux divines.

875 Seigneur, aide-moi à être fidèle et docile, "sicut lutum in manu figuli" – comme l'argile entre les mains du potier! – Et ainsi ce ne sera pas moi qui vivrai, mais c'est Toi qui vivras et agiras en moi, ô mon Amour.

876 Jésus: c'est Lui qui t'aidera à éprouver pour tous ceux que tu rencontres habituellement une grande affection, qui n'enlèvera rien à celle que tu éprouves pour Lui. Au contraire, plus tu aimeras Jésus, plus ton cœur pourra abriter de monde.

877 Plus la créature s'approche de Dieu, plus elle se sent universelle: dans le seul et unique désir de mettre l'univers aux pieds de Jésus son cœur s'élargit, si bien que tout et tous y trouvent place.

878 Quand II est mort sur la Croix, Jésus avait trente-trois ans. La jeunesse ne peut nous servir d'excuse!
En outre, à chaque jour qui passe, tu deviens de moins en moins jeune..., bien qu'auprès de Lui, tu trouveras son éternelle jeunesse.

879 Repousse le nationalisme, qui rend difficiles la compréhension et la bonne entente entre les hommes: c'est là une des barrières les plus pernicieuses qui se soient dressées en de nombreux moments de l'histoire.
Et repousse-le avec davantage de force encore – car il en serait d'autant plus nocif – quand on prétend l'étendre au Corps de l'Eglise, car c'est là que doit resplendir davantage l'union de tout et de tous dans l'amour de Jésus-Christ.

880 Toi, enfant de Dieu, qu'as-tu fait jusqu'à présent pour aider les âmes de ceux qui t'entourent?
– Tu ne peux te résigner à cette passivité, à cette langueur: Lui, Il veut arriver à d'autres, grâce à ton exemple, à ta parole, à ton amitié, à ton service...

881 Sacrifie-toi, donne-toi, et soigne les âmes une à une, comme on travaille les pierres précieuses.
– Plus encore, tu dois faire un effort plus grand, compte tenu de l'enjeu: quelque chose d'une valeur inestimable! L'objet de cette vigilance spirituelle est de préparer de bons instruments pour le service de Dieu: or chacun d'entre eux a coûté tout le Sang du Christ!

882 Etre chrétien – et d'une façon toute particulière, être prêtre, si l'on se souvient que tous les baptisés participent du sacerdoce royal –, c'est être continuellement sur la Croix.

883 Maintenant que tu as vu sa lumière, si tu étais cohérent avec toi-même, tu devrais avoir le désir d'être aussi saint que tu as été pécheur, et tu lutterais pour qu'un tel désir passe dans les faits.

884 Ce n'est pas de l'orgueil, mais de la force, que de faire sentir le poids de l'autorité, en coupant court à ce qu'il convient de corriger, quand l'exige l'accomplissement de la Sainte Volonté de Dieu.

885 Parfois il faut lier des mains, avec du tact et de la mesure, sans faire d'affront ni manquer à la courtoisie. Non pas pour se venger, mais pour apporter un remède. Non pas pour châtier, mais pour guérir.

886 Tu m'as regardé d'un air fort sérieux... mais, à la fin, tu m'as compris, quand je t'ai fait ce commentaire: "je veux reproduire la vie du Christ chez les enfants de Dieu, à force de la méditer, afin d'agir comme Lui et de ne parler que de Lui".

887 Jésus est resté dans l'Eucharistie par amour... pour toi.
– Il y est resté, tout en sachant comment les hommes le recevraient et comment tu le recevrais toi-même.
– Il y est resté, afin que tu Le manges, afin que tu lui rendes visite et que tu lui racontes tes problèmes; afin qu'en Le fréquentant dans la prière auprès du Tabernacle et dans la Communion, tu t'éprennes de Lui de plus en plus, et que tu fasses en sorte que d'autres âmes – beaucoup d'âmes! – suivent le même chemin.

888 Tu me dis que tu désires vivre la sainte pauvreté, le détachement des choses dont tu te sers. Alors demande-toi: les affections de Jésus-Christ sont-elles les miennes. Ai-je les mêmes sentiments que Lui à l'égard de la pauvreté et des richesses? Et moi de te conseiller: ne te contente pas de te reposer en Dieu ton Père, avec l'abandon véritable d'un enfant..., mais fixe particulièrement tes yeux sur cette vertu, afin de l'aimer comme Jésus. Et ainsi, au lieu de considérer la pauvreté comme une croix, tu y reconnaîtras comme un signe de prédilection.

889 Parfois, par leur manière d'agir, certains chrétiens ne donnent pas toute sa valeur au précepte de la charité. Le Christ, entouré par les siens, disait dans cet ultime et merveilleux sermon, en guise de testament: "Mandatum novum do vobis, ut diligatis invicem" – je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres.
Et il insistait encore davantage: "in hoc cognoscent omnes quia discipuli mei estis" – en cela ils vous reconnaîtront tous comme mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.
– Puissions-nous être résolus à vivre selon sa Volonté!

890 S'il manque la piété – ce lien qui nous unit fortement à Dieu, et par Lui aux autres, parce que dans les autres nous voyons le Christ –, il est inévitable que naisse la désunion, avec pour conséquence la perte de tout esprit chrétien.

891 Remercie le Seigneur de tout cœur de ces puissances admirables... et terribles que sont l'intelligence et la volonté avec lesquelles Il a voulu te créer. Admirables, parce qu'elles te rendent semblable à Lui; terribles, parce qu'il est des hommes qui les retournent contre leur Créateur.
Notre reconnaissance d'enfants de Dieu, moi j'aime la résumer en disant, maintenant et toujours, à ce Père qui est le nôtre: "serviam!" – je Te servirai!

892 Sans vie intérieure, sans formation, il n'est pas de véritable apostolat, ni d'œuvres fécondes: le travail devient précaire, voire factice.
– Quelle responsabilité, par conséquent, que celle des enfants de Dieu! Aussi devons-nous avoir faim et soif de Lui et de sa doctrine.

893 On disait à tel de nos bons amis, afin de l'humilier, que son âme était de deuxième ou de troisième choix.
Et lui, convaincu de son néant, raisonnait ainsi: étant donné que chaque homme n'a qu'une seule âme – et moi aussi, je n'en ai qu'une –, pour chacun son âme sera... de premier choix. Je ne veux pas ajuster le tir vers le bas! Par conséquent, j'ai une âme "de tout premier choix" et je veux, avec l'aide de Dieu, la purifier et la blanchir et l'enflammer, afin que mon Bien-aimé s'en réjouisse.
– Ne l'oublie pas, toi non plus, bien que tu te voies plein de misères: tu ne peux pas "ajuster le tir vers le bas".

894 A toi qui te plains d'être seul, que ton milieu est hostile, je te fais remarquer ceci: pense que le Christ Jésus, le Bon Samaritain, serre chacun de ses enfants comme du blé dans sa main blessée; qu'Il nous inonde de son Sang, qu'Il nous purifie, qu'Il nous lave, qu'Il nous enivre!... et qu'ensuite, Il nous lance généreusement dans le monde, un par un: car le blé ne se sème pas en déversant des sacs, mais grain par grain.

895 J'insiste auprès de toi: demande au Seigneur d'accorder à ses enfants le "don des langues", le don de nous faire comprendre de tous.
Pourquoi je le désire, ce "don des langues"? Tu peux le déduire des pages de l'Evangile, qui sont abondantes en paraboles, en exemples qui rendent tangible la doctrine et illustrent ce qui est spirituel sans avilir ni dégrader la parole de Dieu.
Pour tous – qu'ils soient ou non des savants –, il est plus facile de considérer et de comprendre le message divin au moyen de ces images empruntées à la vie des hommes.

896 En ces temps où le Seigneur veut que sa semence soit répandue partout – et même en tout temps! –, dans une dispersion qui atteint tous les milieux, Il veut aussi que cette extension n'enlève rien à l'intensité...
Et toi, tu as la mission, claire et surnaturelle, de contribuer à ce que cette intensité ne s'altère pas.

897 Oui, tu as raison: que ta misère est profonde! Livré à toi-même, où en serais-tu à présent, où serais-tu parvenu?...
"Seul un Amour rempli de miséricorde est capable de m'aimer encore", reconnaissais-tu.
– Rassure-toi: Il ne te refusera ni son Amour, ni sa Miséricorde, pourvu que tu Le cherches.

898 Tu dois faire en sorte qu'il y ait, au milieu du monde, de nombreuses âmes qui aiment Dieu de tout leur cœur.
– C'est l'heure de dresser un bilan: combien de personnes as-tu aidées à découvrir cet Amour?

899 La présence et le témoignage des enfants de Dieu dans le monde ont pour but d'entraîner les autres, non de se laisser entraîner; de diffuser une bonne ambiance – celle du Christ –, non de se laisser entraîner par une autre.

900 Tu as l'obligation de t'approcher de ceux qui t'entourent, de les tirer de leur engourdissement, de leur ouvrir des horizons différents, des horizons plus larges que ceux de leur vie embourgeoisée et égoïste, d'introduire une sainte complication dans leur vie, de faire en sorte qu'ils s'oublient eux-mêmes et qu'ils comprennent les problèmes des autres.
Sinon, tu n'es pas un bon frère de tes frères les hommes, eux qui ont besoin de ce "gaudium cum pace" – de cette joie et de cette paix, qu'ils ne connaissent peut-être pas ou qu'ils ont oubliées.

901 Aucun enfant de la Sainte Eglise ne peut vivre tranquille, sans éprouver de l'inquiétude devant ces masses dépersonnalisées: des troupeaux, des bandes, des hardes, t'écrivais-je en une autre occasion. Que de nobles passions sous leur apparente indifférence! Et donc que de choses possibles!
Il est nécessaire de servir tout le monde, d'imposer les mains à chacun – "singulis manus imponens", comme le faisait Jésus –, pour rendre la vie à tous, illuminer leurs intelligences et fortifier leurs volontés, et tous, ils deviendront utiles!

902 Moi non plus je ne pensais pas que Dieu allait me saisir comme Il l'a fait. Mais le Seigneur – laisse-moi te le redire – ne nous demande pas notre permission pour nous "compliquer la vie". Il s'y introduit et... voilà tout!

903 Seigneur, je n'aurai de confiance qu'en Toi. Aide-moi, pour que je te sois fidèle, car je sais que je peux tout attendre de cette fidélité à ton service, si je remets entre tes mains toutes mes préoccupations et tous mes soucis.

904 Exprimons souvent notre grande reconnaissance à Dieu pour cet appel merveilleux que nous avons reçu de Lui: que cette gratitude soit réelle et profonde, et qu'elle soit étroitement unie à l'humilité.

905 Le privilège – le suprême bonheur – de pouvoir nous compter au nombre des enfants de Dieu est toujours immérité.

906 Elle nous déchire le cœur, cette plainte – toujours actuelle! – du Fils de Dieu qui se lamente parce que la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux.
– Ce cri est sorti de la bouche du Christ, pour que tu l'entendes toi aussi: comment lui as-tu répondu jusqu'à présent? Est-ce que tu pries, au moins tous les jours, à cette intention?

907 Pour suivre le Seigneur, il faut se donner une fois pour toutes, sans réserve et vigoureusement: il faut brûler les navires avec résolution, afin de n'avoir aucune possibilité de revenir en arrière.

908 Ne t'effraye pas quand Jésus exigera davantage de toi, même au prix du bonheur de ta famille. Persuade-toi que, d'un point de vue surnaturel, pour sa Gloire Il a le droit de passer par-dessus les tiens.

909 Tu affirmes que tu veux être un apôtre du Christ.
– Je me réjouis beaucoup de te l'entendre dire. Je demande au Seigneur qu'Il t'accorde de persévérer. Et souviens-toi que notre bouche, notre pensée, notre cœur ne doivent rien concevoir que selon des raisons divines; n'avoir de souci que pour les âmes; ne s'intéresser qu'à ce qui, d'une manière ou d'une autre, porte à Dieu; ou qui, pour le moins ne t'écarte pas de Lui.

910 L'Eglise a besoin – et elle aura toujours besoin – de prêtres. Pour qu'elle en ait, demande-les tous les jours à la très sainte Trinité, par la médiation de Sainte Marie.
– Et demande qu'ils soient joyeux, actifs, efficaces; qu'ils soient bien formés; et qu'ils se sacrifient volontiers pour leurs frères, sans pour autant se considérer comme des victimes.

911 Aie constamment recours à la très sainte Vierge, Mère de Dieu et Mère de l'humanité: et, dans sa douceur de Mère, Elle attirera l'amour de Dieu sur les âmes que tu fréquentes, afin qu'elles se décident – dans leur travail ordinaire, dans leur profession –, à être des témoins de Jésus-Christ.

 «    FÉCONDITÉ    » 

912 Tu dois répondre à l'amour de Dieu en lui étant fidèle, très fidèle! Et, par voie de conséquence, par fidélité, cet Amour que tu as reçu, communique-le à d'autres personnes, afin qu'elles jouissent elles aussi de cette rencontre avec Dieu.

913 Jésus, mon Seigneur: fais que je ressente ta grâce et que je la seconde de telle manière que mon cœur se vide..., afin que ce soit Toi qui le remplisses, Toi, mon Ami, mon Frère, mon Roi, mon Dieu, mon Amour!

914 Si, par ta prière, ton esprit de sacrifice et tes actes, tu ne fais pas preuve d'une préoccupation constante pour l'apostolat, voilà une preuve évidente que tu n'es pas assez heureux, et donc que ta fidélité doit s'accroître.
– En effet, il s'efforce de le donner aux autres, celui qui jouit du bonheur ou du bien.

915 Lorsque tu fouleras pour de bon aux pieds ton propre moi et que tu vivras pour les autres, c'est alors que tu seras l'instrument qu'il faut entre les mains de Dieu.
Il a appelé – Il appelle – ses disciples, et Il leur commande: "ut eatis!: allez en chercher d'autres!".

916 Décide-toi à embraser le monde à ces amours limpides; oui, tu le peux! Et ainsi tu feras le bonheur de l'humanité entière, en l'approchant véritablement de Dieu.

917 "In modico fidelis!" – être fidèle en peu de choses... – Ton travail, mon enfant, ne consiste pas seulement à sauver des âmes, mais à les sanctifier jour après jour, en communiquant un élan d'éternité à chaque instant, aussi vulgaire soit-il en apparence.

918 II ne convient pas de séparer la semence de la doctrine de la semence de la piété.
En semant la doctrine, ce n'est que la piété qui te fera éviter les microbes qui priveraient ton travail de son efficacité.

919 De même que l'immense machinerie de dizaines d'usines s'arrête et reste sans forces lorsque le courant électrique est coupé, de même l'apostolat cesse d'être fécond quand manquent la prière et la mortification, qui touchent tant le Cœur très Sacré du Christ.

920 Si tu es fidèle aux impulsions de la grâce, tu donneras de bons fruits: des fruits durables pour la gloire de Dieu.
– Etre saint suppose que l'on est efficace, même si le saint n'arrive pas à toucher du doigt ni à voir son efficacité.

921 La droiture d'intention consiste à rechercher "seulement et en tout" la gloire de Dieu.

922 L'apostolat, qui est une manifestation évidente de la vie spirituelle, est comparable à un flux constant qui nous fait élever au plan surnaturel chaque événement – grand ou petit – de la journée, en vertu de l'amour de Dieu que l'on met en tout.

923 Les livres qui lui servaient de lecture avaient toujours pour signet une bande de papier avec cette devise, écrite en caractères larges et énergiques: "Ure igne Sancti Spiritus!"
– On aurait dit qu'il n'écrivait pas, mais qu'il gravait: brûle du feu du Saint-Esprit!

924 Efforce-toi d'être cet enfant saintement impertinent, qui "sait" que Dieu son Père lui envoie toujours ce qu'il y a de mieux pour lui.
Aussi, lorsqu'il a besoin de ce qui semble le plus nécessaire, il ne s'en inquiète pas. Rempli de paix, il dit: il me reste toujours le Saint-Esprit, que je possède.

925 Soigne ta prière quotidienne pour cette intention: que nous soyons fidèles, nous tous qui sommes catholiques, que nous nous décidions à lutter pour être saints.
– Quoi de plus logique! Que pouvons-nous désirer d'autre pour ceux que nous aimons, pour ceux qui nous sont attachés par le lien si fort de la foi?

926 Quand on me dit qu'il y a des personnes données à Dieu qui ne s'appliquent pas à rechercher avec ferveur la sainteté, si c'est vrai, je pense qu'elles vont ainsi tout droit au grand échec de leur vie.

927 "Qui sunt isti, qui in nubes volant et quasi columbae ad fenestras suas?" – qui sont ceux-ci qui volent comme des nuages, comme les colombes vers leurs nids? demande le Prophète. Et un auteur commente: "les nuages ont leur origine dans la mer et les rivières, et après un périple ou une course plus ou moins longs, ils reviennent à leur source".
Et moi d'ajouter: c'est ce que tu dois être, un nuage qui féconde le monde, en le faisant vivre de la vie du Christ... Ces eaux divines baigneront, en les imprégnant, les entrailles de la terre; et au lieu d'en être salies, elles seront filtrées en traversant tant d'impureté, et elles rejailliront en sources très pures, qui deviendront ensuite des ruisseaux et des fleuves immenses capables de rassasier la soif de l'humanité. – Ensuite, retire-toi dans ton Refuge, dans ta Mer immense, en ton Dieu, sachant que d'autres fruits mûriront sans cesse, grâce à l'irrigation surnaturelle de ton apostolat, grâce à la fécondité des eaux de Dieu, qui couleront jusqu'à la fin des temps.

928 L'enfant que tu es doit Lui offrir aussi les peines et les douleurs des autres.

929 Des peines? Des contrariétés pour cet événement ou pour tel autre?... Ne vois-tu pas que c'est Dieu ton Père qui veut qu'il en soit ainsi..., Lui qui est bon..., Lui qui t'aime – toi seul! plus que toutes les mères du monde peuvent aimer leurs enfants?

930 Examine avec sincérité ta façon de suivre le Maître. Vois si tu t'es engagé d'une manière officielle et sèche, sans que la foi vibre en toi. L'humilité te ferait-elle défaut, tout comme le sacrifice et les œuvres dans tes journées? N'es-tu que pure façade? Es-tu ou non présent dans ce que chaque instant a de détails à soigner... En un mot demande-toi si ce n'est pas l'Amour qui te manque.
S'il en va ainsi, ton manque d'efficacité ne saurait t'étonner, mais réagis tout de suite, conduit par la main de Sainte Marie!

931 Lorsque tu auras un besoin, lorsque tu rencontreras n'importe quelle contrariété, petite ou grande, invoque ton Ange Gardien, afin qu'il résolve cette affaire avec Jésus, ou qu'il te rende le service nécessaire selon les cas.

932 Dieu se trouve au centre de ton âme, et de la mienne, et de celle de tous les hommes qui sont en état de grâce. Et Il y est pour quelque chose: pour qu'en nous il y ait plus de sel, pour que nous acquérions beaucoup de lumière, et que chacun à notre place nous sachions répandre ces dons de Dieu.
Et comment pourrons-nous répandre ces dons de Dieu? En étant humbles, bien unis à notre Mère l'Eglise.
– Te souviens-tu de la vigne et des sarments? Quelle fécondité que celle du sarment qui reste uni à la vigne! Que de grappes abondantes! Et quelle stérilité que celle du sarment isolé, qui se dessèche et perd toute vie!

933 Jésus, que mon pauvre cœur se remplisse de l'océan de ton Amour! Que ses vagues me lavent de toute misère!.. Que les eaux très pures, très ardentes de ton Cœur se déversent dans le mien! Et ainsi satisfait, que mon désir de T'Aimer se brise et éclate, en mourant d'Amour, à force de ne plus pouvoir contenir davantage les affections de ce divin incendie! Et que cet amour qui est le tien rejaillisse en cataractes vivifiantes, irrésistibles et fécondes, sur d'autres cœurs que le contact de ces eaux fera vibrer de Foi et de Charité.

934 Oui, vis la Sainte Messe! – Elle t'aidera, cette réflexion, que se faisait un prêtre ardent: est-il possible, ô mon Dieu, de participer à la Sainte Messe sans être saint? Et il poursuivait: chaque jour je resterai blotti dans la Plaie du Côté de mon Seigneur, afin d'accomplir une résolution que j'ai prise il y a longtemps! – Essaye à ton tour!

935 Que de mal et que de bien tu peux faire!
– Du bien, si tu es humble, et si tu sais te donner avec joie et avec un esprit sacrifié. Du bien pour toi et pour tes frères les hommes, pour l'Eglise, pour cette bonne Mère.
– Et que de mal, si tu te laisses guider par l'orgueil.

936 Ne t'embourgeoise pas: embourgeoisé, tu serais une gêne, un poids mort pour l'apostolat, et surtout un motif de douleur pour le Cœur du Christ!
Ne cesse jamais de faire de l'apostolat, n'abandonne pas ton effort pour travailler le mieux possible, ne néglige pas ta vie de piété.
– Le reste, c'est Dieu qui le fera.

937 De temps en temps il faut faire pour les âmes ce que l'on fait pour le feu du foyer: y introduire un tison en fer et le remuer, afin d'en retirer la scorie, celle qui brille le plus et fait s'éteindre le feu de l'amour de Dieu.

938 Nous irons à Jésus, dans le Tabernacle, pour Le connaître, pour assimiler sa doctrine, et pour donner cet aliment aux âmes.

939 Lorsque tu auras Jésus dans ton cœur et que tu savoureras les folies de son Amour, promets-Lui donc de changer le cours de ta vie en tout ce qui sera nécessaire, c'est ainsi que tu pourras L'apporter à la foule de ceux qui ne Le connaissent pas et qui, vides de tout idéal, suivent malheureusement leurs chemins comme des animaux.

940 "Où il y a la charité et l'amour, Dieu est là", chante l'hymne liturgique. Et c'est ainsi que cette âme a pu écrire cette réflexion: "cet amour fraternel est un grand, un merveilleux trésor; et il n'est pas qu'une consolation – nécessaire bien souvent –, mais il diffuse autour de lui l'assurance d'avoir Dieu auprès de soi, et il se manifeste par la charité de nos proches et pour nos proches".

941 Fuis le spectacle! Que ce soit Dieu qui connaisse ta vie, car la sainteté passe inaperçue, même si elle est pleine d'efficacité.

942 Efforce-toi d'apporter une aide sans qu'on le remarque, sans qu'on te loue, sans que personne ne le voie... Ainsi, passant inaperçu, comme le sel, tu seras le condiment des milieux que tu fréquentes, et par le sens chrétien qui est en toi tu contribueras à rendre tout plus naturel, aimable et savoureux.

943 Pour que notre monde suive un chemin chrétien – le seul qui en vaille la peine –, nous devons vivre avec les hommes dans une amitié loyale, fondée en premier lieu sur une loyale amitié envers Dieu.

944 Tu m'as souvent entendu parler de l'apostolat "ad fidem".
Je n'ai pas changé d'opinion; quel merveilleux champ de travail nous attend dans le monde entier: avec ceux qui ne connaissent pas la vraie foi et qui pourtant sont nobles, généreux et joyeux!

945 Souvent, l'envie me prend de crier à l'oreille de tant et tant de personnes qui, dans les bureaux et les magasins, dans les journaux et dans les tribunes, à l'école, à l'atelier, dans les mines et dans les champs, protégées par leur vie intérieure et par la Communion des Saints, sont appelées à être des porteurs de Dieu dans tous les milieux, suivant en cela l'enseignement de l'Apôtre: "glorifiez Dieu par votre vie et portez-Le toujours avec vous".

946 Nous qui possédons la vérité du Christ dans notre cœur, nous devons mettre cette vérité dans le cœur, dans la tête et dans la vie des autres. Le contraire serait du laisser-aller, le fruit d'une tactique erronée.
Penses-y de nouveau: le Christ t'a-t-il demandé ta permission, à toi, pour s'introduire dans ton âme? – Il t'a laissé la liberté de Le suivre, mais Il est venu te chercher parce qu'Il l'a voulu.

947 Par nos œuvres de service, nous pouvons préparer au Seigneur un triomphe plus grand que celui de son entrée à Jérusalem... Car la scène de Judas ne se reproduira pas, pas plus que celle du Jardin des Oliviers, ni celle de cette nuit obscure... Nous parviendrons à faire brûler le monde dans les flammes du feu qu'Il est venu apporter sur la terre!... Et la lumière de la Vérité – notre Jésus lui-même – illuminera les intelligences dans un jour sans fin.

948 Ne sois pas si timoré! C'est en tant que chrétien que tu as le droit et le devoir de provoquer chez les âmes la crise salutaire qui les fera vivre face à Dieu.

949 Prie pour tout le monde, pour les hommes de toutes les races et de toutes les langues et de toutes les croyances; pour les hommes qui ont une vague idée de la religion, comme pour ceux qui ne connaissent pas la foi.
– Et c'est cette préoccupation pour les âmes, preuve fidèle et claire que nous aimons Jésus, qui fera effectivement venir Jésus.

950 Comme leurs yeux brillaient quand ils entendaient parler d'œuvre pour les âmes en des terres lointaines! On avait l'impression qu'ils étaient prêts à sauter d'un bond par-dessus l'océan. C'est que le monde est tout petit quand l'Amour est grand.

951 Pour toi aucune âme, je dis bien aucune, ne peut t'être indifférente!

952 Jamais un disciple du Christ ne raisonnera ainsi: "moi, je m'efforce d'être bon, et les autres, s'ils le veulent, qu'ils aillent en enfer".
Rien d'humain dans un tel comportement. Et rien non plus de conforme à l'amour de Dieu et à la charité que nous devons à notre prochain.

953 Quand le chrétien comprend et vit la catholicité, quand il mesure l'urgence qu'il y a à annoncer la Bonne Nouvelle du salut à toutes les créatures, il sait que – comme l'enseigne l'Apôtre – il doit se faire "tout à tous pour les sauver tous".

954 Tu dois aimer tes frères, les hommes, au point que leurs défauts – quand ils ne constituent pas une offense à Dieu – ne t'apparaissent pas comme des défauts. Si tu n'aimes que les bonnes choses que tu vois chez les autres, si tu ne sais pas comprendre, excuser, pardonner, c'est que tu es un égoïste.

955 Tu n'as pas le droit de démolir, par ta nonchalance ou par ton mauvais exemple, les âmes de tes frères les hommes.
– Malgré tes passions, tu es responsable de la vie chrétienne des tes proches, de l'efficacité surnaturelle de tous, de leur sainteté!

956 physiquement éloigné, je suis cependant très proche de tous. Oui, très proche de tous! Et tu étais si heureux de le redire!
Heureux, grâce à cette communion dans la charité dont je t'ai parlé, et que tu dois entretenir sans relâche.

957 Tu me demandes ce que tu pourrais bien faire pour tel de tes amis, afin qu'il ne se sente pas seul.
– Je te redirai ce que j'ai toujours dit: nous avons vraiment à notre disposition la solution à tout, l'arme merveilleuse de la prière... D'abord prier. Et ensuite, faire pour lui ce que tu voudrais que l'on fasse pour toi, dans des circonstances semblables.
Sans l'humilier, aide-le, si bien que ce qui lui semble difficile lui devienne facile.

958 Mets-toi toujours à la place de ton prochain: ainsi tu seras plus serein pour envisager ses problèmes ou les questions qu'il pose, tu ne te fâcheras pas, tu le comprendras, tu l'excuseras, tu le corrigeras quand il faudra, et comme il le faudra, et tu rempliras le monde de charité.

959 On ne peut transiger dans ce qui relève de la foi: mais n'oublie pas que, pour dire la vérité, il n'est pas nécessaire de malmener les gens.

960 S'il s'agit du bien du prochain, tu ne dois pas te taire, mais parler d'une façon aimable, sans intempérance ni colère.

961 Il n'est pas possible de faire des commentaires sur des faits ou des doctrines sans se référer à des personnes... que tu ne jugeras pas: "qui iudicat Dominus est" – c'est Dieu qui juge.
– Ne t'inquiète donc pas s'il arrive que tu te heurtes à un interlocuteur dépourvu d'une conscience droite et qui, dans sa mauvaise foi ou son manque de jugement, qualifie tes paroles de médisance.

962 Certains pauvres petits sont gênés par le bien que tu fais, comme si le bien cessait d'être le bien quand ce ne sont pas eux qui le font ou le contrôlent...
– Qu'une telle incompréhension ne te serve pas d'excuse pour te relâcher dans ton travail. Efforce-toi, pour l'heure, d'avoir un plus grand rendement: c'est quand les applaudissements manquent ici-bas que ta tâche est plus agréable au Ciel.

963 On peut perdre parfois cinquante pour cent de son activité dans des luttes intestines, qui n'ont pour fondement que l'absence de la charité et les racontars, les commérages entre frères. D'autre part vingt cinq pour cent de l'activité se perd à bâtir des édifices qui ne sont pas nécessaires pour l'apostolat. Ne jamais consentir la moindre médisance, et ne pas perdre non plus son temps à édifier tant de maisons. Ainsi tous seront des apôtres à cent pour cent.

964 Prie pour les prêtres, pour ceux d'aujourd'hui et pour ceux qui viendront plus tard, pour qu'ils aiment leurs frères les hommes en vérité, toujours plus et sans discriminations, et pour qu'ils sachent se faire aimer d'eux.

965 En pensant aux prêtres du monde entier aide-moi à prier pour la fécondité de leurs apostolats.
– Prêtre, mon frère, ne cesse pas de parler de Dieu, car si tu es à Lui, il n'y aura pas de monotonie dans tes conversations.

966 La prédication, la prédication du Christ "Crucifié", telle est la parole de Dieu.
C'est en recherchant le salut des âmes que les prêtres doivent se préparer du mieux qu'ils peuvent à exercer un aussi divin ministère.
Quant aux laïcs, qu'ils les écoutent avec un respect tout particulier.

967 Je me suis réjoui que l'on ait dit de ce prêtre: "il prêche de toute son âme... et de tout son Corps".

968 Ceci pour ta prière, âme d'apôtre: Seigneur, aide-moi à me montrer exigeant envers les personnes; aide-moi à toutes les enflammer aux foyers de l'Amour, qui doivent être le seul moteur de nos activités.

969 Nous autres catholiques, nous devons parcourir la vie en apôtres que nous sommes: avec la lumière de Dieu, avec le sel de Dieu. Sans peur, en étant naturels, et si pleins de vie intérieure, si unis au Seigneur que nous éclairions, que nous évitions la corruption et les ombres, que nous diffusions le fruit serein et efficace de la doctrine chrétienne.

970 Le semeur sortit pour semer, pour lancer à la volée la semence à tous les carrefours de la terre... – Bienheureux travail que le nôtre! Faire en sorte que, dans toutes les situations, en tous lieux et à toutes les époques, la parole de Dieu s'enracine, germe et donne du fruit.

971 "Dominus dabit benignitatem suam et terra nostra dabit fructum suum." – Le Seigneur donnera sa bénédiction et notre terre produira son fruit.
– Oui, cette bénédiction est à l'origine de tout fruit qui est bon; c'est comme le climat nécessaire pour que, dans notre monde, nous puissions cultiver des saints, des hommes et des femmes de Dieu.
"Dominus dabit benignitatem." – Le Seigneur donnera sa bénédiction. – Mais, note-le bien, Il fait ensuite observer qu'Il attend le fruit que nous donnerons – toi et moi. Et non pas un fruit rachitique, chétif, parce que nous n'aurions pas su nous donner. Il attend un fruit abondant, parce qu'Il nous comble de bénédictions.

972 Tu envisageais ta vocation à la manière de ces enveloppes qui renferment la semence. Le moment de l'expansion viendra, avec des enracinements multiples et simultanés.

973 Au sein de la grande multitude humaine – car toutes les âmes nous intéressent – toi, tu dois être un ferment: que, par la grâce divine et ta réponse à cette grâce, tu agisses partout dans le monde comme le levain, qui apporte la qualité la saveur et le volume, pour qu'ensuite le pain du Christ puisse nourrir d'autres âmes.

974 Les ennemis de Jésus – et certains, qui se disent ses amis –, protégés par l'armure de la science humaine, et empoignant l'épée du pouvoir, se moquent des chrétiens comme le Philistin se moquait de David, en le méprisant.
Aujourd'hui encore il tombera à terre, le Goliath de la haine, de l'hypocrisie, de la puissance méprisante, du laïcisme, de l'indifférence...; et alors, une fois que le grand géant de ces fausses idéologies aura été blessé par les armes, apparemment faibles, de l'esprit chrétien – la prière, l'expiation, l'action –, nous le dépouillerons de l'armure de ses doctrines erronées, afin de revêtir nos frères les hommes de la véritable science: la culture et la pratique chrétiennes.

975 Dans leurs campagnes contre l'Eglise, de nombreuses organisations intriguent – et parfois des gens bien intentionnés les aident –, pour remuer le peuple par le moyen de journaux, de bulletins, d'affiches, de calomnies, de propagande orale. Ensuite ils le mènent là où ils veulent: jusqu'en enfer. Ils voudraient que la masse soit amorphe, comme si les personnes n'avaient pas d'âme..., et ils font de la peine.
Mais comme les gens ont une âme, il faut les arracher aux griffes de ces organisations du mal et les engager au service de Dieu.

976 Un pourcentage considérable des personnes qui fréquentent les Sacrements lit une mauvaise presse...
Avec calme, avec amour de Dieu, nous devons prier et répandre la bonne doctrine, pour qu'ils ne lisent plus ces diaboliques feuilles de chou qu'achètent... les membres de leur famille, disent-ils, car ils ont honte, bien qu'ils le fassent peut-être eux-mêmes.

977 Quand les affaires de Dieu sont en jeu, défends la vérité, avec charité et avec fermeté. Mets une sainte insolence à dénoncer les erreurs, qui sont parfois de petites insinuations, et d'autres fois des raisonnements odieux ou de l'ignorance manifeste; plus ordinairement c'est l'impuissance des hommes qui se révèle, incapables qu'ils sont d'admettre la fécondité de la parole de Dieu.

978 Dans des moments de désarroi général, alors que tu réclames au Seigneur "ses âmes", c'est comme s'Il ne t'entendait pas, comme s'Il faisait le sourd à tes appels. Tu en arrives même à penser que ton travail apostolique est vain.
Ne t'en inquiète pas! Poursuis ton travail avec la même joie, avec le même enthousiasme, avec le même élan. – Permets-moi d'insister: quand on travaille pour Dieu, rien n'est infécond!

979 Mon enfant: toutes les mers de ce monde sont à nous, et c'est là où la pêche est la plus difficile qu'elle est aussi la plus nécessaire.

980 Par ta doctrine de chrétien, par ta vie intègre et ton travail bien fait, dans l'exercice de ta profession et dans l'accomplissement des devoirs propres de ta charge, tu dois donner le bon exemple à ceux qui t'entourent: à tes parents, à tes amis, à tes camarades, à tes voisins, à tes élèves... – Tu n'as pas le droit de bâcler ce que tu as à faire.

981 Ton intimité avec le Christ t'oblige à porter du fruit.
– Un fruit qui rassasie la faim des âmes, lorsqu'elles s'approcheront de toi, à l'occasion de ton travail, dans tes relations, dans ton milieu familial...

982 Par l'accomplissement joyeux et généreux de ton devoir, tu obtiens aussi des grâces abondantes du Seigneur pour d'autres âmes.

983 Efforce-toi de répandre ton sens chrétien dans le monde, afin qu'il y ait beaucoup d'amis de la Croix.

984 Outre sa grâce abondante et efficace, le Seigneur t'a donné une tête, des mains et des facultés intellectuelles pour que tu fasses fructifier tes talents.
Des miracles – ressusciter des morts, rendre l'ouïe aux sourds, la vue aux aveugles, la faculté de marcher aux boîteux... –, Dieu veut sans cesse en opérer à travers ton activité professionnelle, quand elle est sanctifiée, transformée en holocauste agréable à Dieu et utile aux âmes.

985 Le jour où tu ne t'efforceras plus d'approcher les autres de Dieu – toi qui dois toujours être comme une braise ardente –, tu deviendras un petit morceau de charbon de rien, ou un petit tas de cendres, qu'un souffle de vent disperse.
– Tu dois apporter le feu, tu dois être une matière qui brûle et qui allume de grands feux d'amour de Dieu, de fidélité, d'apostolat.

986 Invoque la très Sainte Vierge. Ne manque pas de lui demander d'être toujours envers toi comme une Mère: "monstra te esse Matrem!" Et, par la grâce de son Fils, obtiens d'Elle la clarté de la bonne doctrine dans ton intelligence, l'amour et la pureté dans ton cœur, afin que tu saches aller vers Dieu et Lui amener de nombreuses âmes.

 «    ETERNITÉ    » 

987 Un enfant de Dieu n'a peur ni de la vie, ni de la mort, parce que le sens de la filiation divine est le fondement de sa vie spirituelle. Dieu est mon Père, pense-t-il. C'est Lui l'Auteur de tout bien, Il est la Bonté même.
– Mais toi et moi, agissons-nous vraiment comme des enfants de Dieu?

988 J'ai été vraiment heureux de constater que tu comprenais ce que je t'avais dit: nous devons tous deux agir, vivre et mourir comme des amoureux, et ainsi nous "vivrons" éternellement.

989 Le Seigneur est toujours vainqueur. – Si tu es au nombre de ses instruments, toi aussi tu seras vainqueur parce que tu livreras les combats de Dieu.

990 La sainteté consiste justement en cela: lutter pour être fidèle durant sa vie; accepter avec joie la Volonté de Dieu, à l'heure de la mort.

991 Lorsque tu recevras le Seigneur dans l'Eucharistie, remercie-Le de toute ton âme de la bonté qu'Il te prodigue de rester avec toi.
– N'as-tu jamais considéré que des siècles et des siècles ont passé avant que ne vienne le Messie? La prière des patriarches et des prophètes, et de tout le peuple d'Israël: la terre a soif, Seigneur, viens!
– Que telle soit ton espérance en l'amour.

992 A notre époque aussi, et en dépit de ceux qui nient Dieu, la terre est tout près du Ciel.

993 Tu écrivais: ""simile est regnum caelorum" – le Royaume de Dieu est semblable à un trésor... Ce passage du Saint Evangile est tombé dans mon âme et il s'y est enraciné. Je l'avais pourtant lu tant de fois, sans en saisir le sens, la divine saveur".
Tout!.. L'homme sage doit tout vendre pour obtenir le trésor, la pierre précieuse de la Gloire!

994 Mets-toi à parler avec Sainte Marie, et confie-toi à Elle: ô, Notre-Dame, pour vivre l'idéal que Dieu a mis dans mon cœur, j'ai besoin de m'envoler... très haut, très haut!
Il ne suffit pas de se détacher, avec l'aide divine, des choses de ce monde, en sachant qu'elles ne sont que terre. Il faut aller plus loin: même si tu places l'univers entier en tas sous tes pieds, pour être plus près du Ciel... cela ne suffit pas!
Tu dois voler, sans t'appuyer sur rien ici-bas, attentif à la voix et au souffle de l'Esprit. – Mais, me dis-tu, mes ailes sont toutes tachées! Il y a sur elles de la boue très ancienne, sale, collante...
Et j'ai insisté auprès de toi: aie recours à la sainte Vierge. Redis-lui donc: Notre-Dame, j'arrive à peine à voler plus haut! La terre m'attire comme un aimant maudit! – Notre-Dame, Vous seule pouvez faire que mon âme se lance dans un vol définitif et glorieux, qui a sa fin dans le Cœur de Dieu.
– Aie confiance, car Elle t'écoute.

995 Songe comme Notre-Seigneur aime l'encens qu'on brûle en son honneur. Songe aussi au peu de valeur des choses de la terre, qui à peine commencées finissent...
En revanche, un grand Amour t'attend au Ciel: là ni déceptions, ni tromperies; mais tout l'amour, toute la beauté, toute la grandeur, toute la science du monde...! Et sans le moindre écœurement: il te rassasiera sans te rassasier.

996 Que ta vision du monde soit surnaturelle! Et sois calme, sois en paix! Considère ainsi les choses, les personnes et les événements..., sous un regard d'éternité.
Alors même si, humainement parlant, il est imposant, comme il compte peu le mur qui peut te barrer le passage, quand tu élèves vraiment les yeux au Ciel!

997 Si nous sommes près du Christ et si nous suivons ses traces, nous devons aimer de tout cœur la pauvreté, le détachement des biens terrestres, les privations.

998 Dans la vie spirituelle, il faut bien souvent savoir perdre, aux yeux de la terre, afin de gagner dans le Ciel. – Ainsi l'on est toujours gagnant.

999 Les hommes mentent quand, à propos des affaires temporelles, ils disent "pour toujours". Seul est vrai, et d'une vérité totale, le "pour toujours" de l'éternité.
– Ainsi que tu vives, toi, d'une foi qui te fasse savourer le miel des douceurs célestes, en pensant à cette éternité qui, elle, est "pour toujours"!

1000 S'il n'y avait pas d'autre vie que celle-ci, la vie ne serait qu'une farce cruelle: hypocrisie, méchanceté, égoïsme, trahison.

1001 Poursuis ta route dans la joie et le labeur, même si tu es si peu de chose. Rien du tout!
– Avec Lui, rien ne t'arrêtera dans ce monde. Pense en outre que tout est bon pour ceux qui aiment Dieu: sur cette terre tout peut s'arranger, sauf la mort: et pour nous la mort c'est la Vie!

1002 Pour sauver l'homme, Seigneur, tu meurs sur la Croix; et pourtant, pour un seul péché mortel, tu condamnes l'homme à une éternité pleine de malheurs et de tourments... Comme le péché T'offense! Combien je dois le détester!

1003 Sainte Thérèse assure que "celui qui ne fait pas oraison n'a pas besoin d'un démon pour le tenter; tandis que celui qui en fait ne serait-ce qu'un quart d'heure par jour se sauve nécessairement"... En effet, le dialogue avec Notre-Seigneur, toujours aimable, jusque dans les moments d'âpreté ou de sécheresse que l'âme traverse, nous révèle le vrai relief et la juste dimension de la vie.
Sois donc une âme de prière!

1004 "Ainsi donc tu es roi"... – Oui, le Christ est Roi, un roi qui ne t'accorde pas seulement une audience quand tu la lui demandes, mais qui, dans sa folie d'Amour, va jusqu'à abandonner – tu me comprends! – le magnifique palais du Ciel, ce palais auquel tu ne peux pas encore parvenir, pour t'attendre dans le Tabernacle.
– Quelle chose absurde, n'est-ce pas, de ne pas y accourir pour parler avec Lui, et avec toujours plus de constance!

1005 J'en suis de plus en plus persuadé: le bonheur du Ciel est pour ceux qui savent vivre heureux sur la terre.

1006 Je vois en toute clarté quelle est la recette, le secret du bonheur sur la terre et au Ciel: ne pas se contenter d'accepter la Volonté de Dieu, mais y adhérer, s'identifier à la Volonté divine; en un mot: la vouloir, en vertu d'un acte positif de notre volonté.
J'y insiste: tel est le secret infaillible de la joie et de la paix.

1007 Tu te verras très souvent inondé, rendu ivre par la grâce de Dieu: quel grand péché si tu n'y répondais pas!

1008 A l'heure de la tentation, exerce la vertu de l'Espérance, en disant: pour me reposer en toute jouissance, une éternité m'attend; à présent, plein de Foi, je dois gagner ce repos par mon travail; et la jouissance par la douleur... L'Amour au Ciel, que ne sera-t-il pas!
Et mieux encore! Exerce l'Amour en réagissant ainsi: je veux satisfaire mon Dieu, mon Aimé, accomplissant en tout sa Volonté..., comme s'il n'y avait ni récompense ni châtiment, mais seulement pour lui plaire.

1009 Ton intention ne serait pas droite? Lorsque cette idée vient à inquiéter ton esprit – parfois comme dans un éclair, et en d'autres occasions comme une mouche sale et insistante, que l'on chasse et qui revient –, proteste toujours et aussitôt, par des actes opposés, et continue de travailler en toute tranquillité, pour Lui et avec Lui.
– Profites-en pour dire lentement, même s'il te semble que tu le fais seulement du bout des lèvres: Seigneur, je ne veux rien pour moi. Mais tout pour ta gloire et pour ton Amour.

1010 Cela t'est égal, me dis-tu, d'être ici ou en Chine.
– Eh bien, efforce-toi d'être bien là où tu accompliras la Sainte Volonté de Dieu.

1011 Qu'ils soient nombreux à ne pas rester dans les ténèbres, et à marcher sur des sentiers qui mènent à la vie éternelle! Cela dépend aussi de toi.

1012 Prends l'habitude de confier à son Ange Gardien chaque personne que tu fréquentes, afin qu'il l'aide à être bonne et fidèle, et joyeuse; afin qu'elle puisse recevoir, le moment venu, l'étreinte éternelle de l'Amour de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu le Saint-Esprit et de Sainte Marie.

1013 Tout comme le grain de blé, il nous faut mourir pour être féconds.
Toi et moi, nous voulons, avec la grâce de Dieu, ouvrir un sillon fécond et lumineux. Aussi devons-nous abandonner ce pauvre animal humain pour nous lancer dans les champs de l'esprit, pour donner un sens surnaturel à toutes les tâches humaines et, en même temps, le communiquer à ceux qui y travaillent.

1014 Jésus, que mes distractions soient des distractions à l'envers: au lieu de me souvenir du monde, lorsque je Te parle, que je me souvienne de Toi en m'occupant des affaires du monde.

1015 En voyant tant de lumière, tu as eu un peu peur..., tant et si bien qu'il t'est maintenant difficile de regarder, et même de voir.
– Ferme les yeux sur ton évidente misère; ouvre le regard de ton âme à la foi, à l'espérance, à l'amour, et va de l'avant, en te laissant guider par Lui, par l'intermédiaire de celui qui dirige ton âme.

1016 Sois généreux! Ne demande même pas une consolation à Jésus!
– Pourquoi? m'as-tu demandé. Et je t'ai répondu: même si notre Dieu semble être loin, tu sais bien qu'Il réside au centre de ton âme, et qu'Il donne un relief divin à ta vie tout entière!

1017 Je t'ai rapporté que même des personnes qui n'ont pas reçu le baptême m'ont dit avec émotion: "c'est vrai, je comprends que les âmes saintes doivent être heureuses, parce que leur vision des événements va au-delà des choses de la terre, parce qu'elles voient les choses sous un angle d'éternité".
Puisse cette perspective ne jamais te manquer, ai-je ajouté, afin que tu sois conséquent avec la prédilection que la Sainte Trinité t'a réservée.

1018 Je te l'assure: si nous le voulons, nous, les enfants de Dieu, nous contribuerons puissamment à illuminer le travail et la vie des hommes grâce à la splendeur divine – éternelle! – que le Seigneur a voulu déposer dans nos âmes.
– Mais "celui qui demeure en Jésus doit suivre le chemin que Lui-même a suivi", comme nous l'enseigne saint Jean: un chemin qui conduit toujours à la gloire, mais qui, toujours aussi, passe par le sacrifice.

1019 Quel désenchantement pour ceux qui ont vu la lumière de ce faux semblant d'apôtre et qui ont voulu sortir de leurs ténèbres en s'approchant de cette clarté! Ils ont couru pour arriver. Peut-être ont-ils laissé sur le chemin des lambeaux de leur peau... Quelques-uns, dans leur recherche de lumière, ont abandonné aussi des lambeaux de leur âme... Et les voilà près de ce faux apôtre, où ils ne trouvent que le froid, l'obscurité. Le froid et l'obscurité ont réussi à remplir les cœurs brisés de ceux qui, pour un moment, ont cru en cet idéal.
Ce faux apôtre a fait un bien mauvais travail: ces hommes déçus, qui avaient fini par troquer la chair de leurs entrailles pour une braise ardente, pour un prodigieux rubis de charité, retournent à la terre d'où ils sont venus..., et ils retombent le cœur éteint, avec un cœur qui n'est pas un cœur..., mais un morceau de glace enveloppé de ténèbres qui finiront par obscurcir leur cerveau.
Voilà ton œuvre, faux apôtre des paradoxes! Car le Christ est sur tes lèvres, et non dans tes actions; parce que tu attires avec une lumière dont tu es dépourvu; parce que tu n'as pas la chaleur de la charité, et que tu feins de te soucier des étrangers alors que tu abandonnes les tiens; parce que tu es un menteur et que le mensonge est le fils du diable... C'est pourquoi tu travailles pour le démon, tu déconcertes ceux qui suivent le Maître et, même si tu triomphais souvent ici-bas, malheur à toi au jour, proche, où viendra notre amie la Mort et où tu verras la colère du Juge, que tu n'as jamais trompé, Lui! – Des paradoxes? non, Seigneur! plus jamais de paradoxes!

1020 Voilà le chemin sûr: aller par l'humiliation à la Croix; et de la Croix, avec le Christ, à la Gloire immortelle du Père.

1021 Comme elle m'a réjoui, l'épître de ce jour! L'Esprit Saint, par l'intermédiaire de saint Paul, nous apprend le secret de l'immortalité et de la Gloire. Nous tous, les hommes, nous ressentons le désir de durer sans fin.
Nous voudrions rendre éternels les instants de notre vie que nous estimons heureux. Nous voudrions glorifier notre mémoire... Nous voudrions que nos idéaux soient immortels. C'est pourquoi, dans les moments de bonheur apparent, lorsque nous avons quelque chose qui console notre détresse, nous disons et désirons tous (et c'est naturel), que ce soit "pour toujours, pour toujours"...
Quelle sagesse que celle du démon! Comme il connaissait bien le cœur humain! Vous serez comme des dieux, a-t-il dit à nos premiers parents. Or ceci n'a été qu'une cruelle tromperie. Saint Paul, dans cette épître aux Philippiens, nous livre le secret divin de l'immortalité et de la Gloire: Jésus s'est anéanti, en prenant la forme d'un esclave... Il s'est humilié lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une Croix. C'est pourquoi Dieu L'a exalté et Lui a donné un nom qui est au-delà de tout nom: afin qu'au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les Cieux et sur la terre et dans les enfers...

1022 Pour accompagner le Christ dans sa Gloire, lors de sa victoire définitive, il est nécessaire de participer à son holocauste et de nous identifier à Lui, qui est mort sur le Calvaire.

1023 Ne te laisse pas distraire, ne lâche pas la bride à ton imagination: vis à l'intérieur de toi-même et tu seras plus proche de Dieu.

1024 Aide-moi à redire à l'oreille de celui-ci ou de celui-là..., et de tous: le pécheur qui a la foi, même s'il obtient tous les bonheurs de la terre, est nécessairement un infortuné et un malheureux.
Il est vrai que le motif qui doit nous pousser à haïr le péché, même véniel, le motif qui doit nous remuer tous est surnaturel. Car Dieu hait ce péché infiniment, et cette haine est suprême, éternelle et nécessaire, puisqu'à ce mal s'oppose le bien infini...; mais la première réflexion que je t'ai signalée peut nous conduire à la seconde.

1025 Tu auras d'autant plus de sainteté que, par Amour, tu seras plus mortifié.

1026 Tandis qu'une violente persécution se déchaînait, ce prêtre disait dans sa prière: Jésus, que chaque incendie sacrilège fasse croître mon incendie d'Amour et de Réparation.

1027 Quand tu considères la beauté, la grandeur et l'efficacité de ta tâche apostolique, tu assures que tu arrives à en avoir mal à la tête, parce que tu penses au chemin qu'il te reste à parcourir – combien d'âmes nous attendent! et tu te sens si heureux, quand tu t'offres à Jésus pour être son esclave. Tu désires ardemment la Croix, et la douleur, et l'Amour des âmes. Sans le vouloir, dans un mouvement instinctif – qui est tout d'Amour –, tu étends les bras et tu ouvres les paumes de tes mains, pour qu'Il te cloue à sa Croix bénie: pour devenir son esclave: "serviam!", autant dire pour régner avec Lui.

1028 J'ai été touché d'entendre la supplique enflammée qui est sortie de tes lèvres: mon Dieu, mon seul désir c'est d'être agréable à tes yeux; tout le reste m'est indifférent. – Ma Mère Immaculée, faites que l'Amour, et lui seul me fasse agir.

1029 De tout ton cœur, demande la mort et même mille morts, plutôt que d'offenser Dieu.
Demande-la, non pour les peines qu'entraîne le péché, et que nous méritons bien, mais parce que Jésus a été et reste si bon envers toi.

1030 Mon Dieu: quand donc T'aimerai-je Toi, rien que pour Toi? Encore qu'à y bien réfléchir, Seigneur, désirer le prix éternel, c'est Te désirer Toi, qui Te donnes à nous en récompense.

1031 Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur, prie le Psalmiste.
Parce qu'elle est Amour, la conquête spirituelle doit être, dans les grandes choses comme dans les petites, un ardent désir d'infini, d'éternité.

1032 Jésus, je ne veux pas penser à ce que sera "demain", parce que je ne veux pas mettre de bornes à ta générosité.

1033 Fais tiennes les pensées de cet ami, qui écrivait: "j'ai considéré les bontés que Dieu a eues envers moi et, rempli de joie intérieure, je me serais bien mis à crier dans la rue, pour que tout le monde se rende bien compte de ma reconnaissance filiale: ô Père! Père! Et, si je n'ai pas crié, j'ai marché bien souvent en murmurant ainsi – Père!, sûr que j'étais de lui plaire.
– Je ne recherche pas autre chose: je ne veux que son contentement et sa Gloire: tout pour Lui. Et si je veux mon salut, ma sanctification, c'est parce que je sais que Lui, Il la veut. Si, dans ma vie de chrétien, j'ai un profond souci des âmes, c'est parce que Lui, Il a ce souci. Et je lui dis sincèrement: jamais je ne dois porter mon regard sur le prix. Je ne désire aucune récompense: tout faire par Amour".

1034 Comme elle aimait la Volonté de Dieu, cette malade à laquelle j'apportais des secours spirituels! Elle voyait dans sa longue et pénible maladie, dans ses multiples maladies (plus rien n'allait) que la bénédiction et les prédilections de Jésus. Et, même si elle affirmait dans son humilité qu'elle méritait ce châtiment, la terrible douleur qu'elle éprouvait dans tout son organisme n'était pas pour elle un châtiment, mais une faveur de la miséricorde divine.
– Nous avons parlé de la mort. Et du Ciel. Et de ce qu'elle devait dire à Jésus et à Notre-Dame... Et qu'elle ferait un meilleur "travail" là-haut qu'ici-bas... Elle voulait mourir lorsque Dieu le voudrait..., mais – s'écriait-elle, pleine de joie – quel dommage si c'était aujourd'hui même! Elle considérait la mort avec la joie de celui qui sait qu'en mourant, on va retrouver son Père.

1035 N'aie pas peur de la mort. Elle est ton amie!
– Efforce-toi de t'accoutumer à cette réalité. Tourne souvent les yeux vers ta sépulture. Et là, regarde, sens et palpe ton cadavre pourri, mort depuis huit jours.
– Et que tu t'en souviennes plus spécialement lorsque l'aiguillon de la chair te perturbera.

1036 Il m'ouvrait son âme: "je pensais ces jours-ci à la mort comme à un repos, malgré mes crimes. Et je me disais: si l'on m'annonçait "l'heure de mourir est arrivée", avec quelle joie je répondrais "l'heure de Vivre est arrivée".".

1037 Mourir est une bonne chose. Comment peut-il se faire qu'on ait la foi et, en même temps, peur de mourir?... Mais, tant que le Seigneur veut te garder sur la terre, mourir, pour toi, serait une lâcheté. Vivre, vivre et souffrir, et travailler par Amour: voilà ce qui te convient.

1038 Ne serait-ce qu'une fois par jour, imagine que tu es à l'article de la mort, pour voir sous cet éclairage les événements de chaque journée.
Je t'assure que tu feras une bonne expérience dans la paix que procure cette considération.

1039 Avec quel sérieux tu m'as écouté dire: j'accepte la mort quand Il voudra, comme Il voudra et où Il voudra; et en même temps je pense que c'est trop "commode" de mourir tôt, car nous devons avoir le désir de travailler pendant de nombreuses années pour Lui, et à cause de Lui au service des âmes.

1040 Mourir?... Que c'est commode, je le répète!
– Dis, avec ce saint évêque, vieux et malade: "non recuso laborem": Seigneur, tant que je pourrai t'être utile, je ne refuse pas de vivre et de travailler pour Toi.

1041 Souhaite ne rien faire pour obtenir des mérites, ni par peur des peines du purgatoire: que tout, jusqu'au plus petit détail, dès à présent et toujours, tu t'efforces de le faire pour plaire à Jésus.

1042 Un désir ardent: quand notre sœur la mort, si inéluctable et si bonne, viendra te rendre le service de t'amener à Dieu, qu'elle ne te trouve attaché à rien sur la terre!

1043 Si tu désires avoir la vie, et la vie et le bonheur éternels, tu ne peux sortir de la barque de notre Sainte Mère l'Eglise. – Vois, si tu t'éloignes du cadre de cette barque, parmi les vagues de la mer, tu vas à la mort, noyé dans l'océan; tu cesses d'être en communion avec le Christ, tu perds son amitié, cette amitié que tu as choisie volontairement quand tu t'es rendu compte qu'Il te l'offrait.

1044 Jésus est venu sur la terre pour souffrir..., et pour éviter aux autres les souffrances – même terrestres.

1045 Il n'est pas de meilleure souveraineté que de se savoir au service de quelqu'un: au service volontaire de toutes les âmes!
– C'est ainsi que s'obtiennent les grands honneurs: ceux de la terre et ceux du Ciel.

1046 Devant la douleur et la persécution, une âme disait avec un grand sens surnaturel: "je préfère être maltraité ainsi plutôt que d'être maltraité au purgatoire!".

1047 Si j'aime, pour moi il n'y aura pas d'enfer.

1048 Qu'il est bon de vivre de Dieu! Qu'il est bon de ne rien vouloir d'autre que sa Gloire!

1049 Si tu veux vraiment gagner la vie et les honneurs éternels, apprends à faire abstraction dans bien des cas de tes nobles ambitions personnelles.

1050 Ton "moi", ne le place pas dans ta santé, dans ton nom, dans ta carrière, dans tes occupations, dans chaque pas que tu fais... Comme c'est triste! Il semble que tu as oublié que "toi", tu n'as rien, que tout est à Lui.
Lorsque, au long de la journée, tu te sentiras humilié, peut-être sans raison, lorsque tu penseras que ton jugement devrait prévaloir; lorsque tu t'apercevras que ton "moi" bouillonne, à chaque instant (ce qui est à toi, à toi, à toi...) sois sûr que tu es en train de tuer le temps, et que tu as besoin que l'on "tue" ton égoïsme.

1051 Je te conseille de ne pas chercher de louange pour toi-même, pas même celle que tu mériterais: il vaut mieux passer inaperçu, et que reste caché ce qu'il y a de plus beau et de plus noble dans notre activité, dans notre vie. Qu'il est grand que de se faire tout petit! "Deo omnis gloria!" – à Dieu toute la gloire!

1052 Dans des moments de peine, cette âme disait au Seigneur: "Mon Dieu, que pouvais-je Te donner, outre mon honneur, je n'avais rien d'autre. Si j'avais eu de la fortune, je Te l'aurais donnée. Si j'avais eu des vertus, chacune d'entre elles m'aurait permis d'édifier, pour Te servir. Je n'avais plus que mon honneur, et je Te l'ai donné. Béni sois-tu, Seigneur! Je vois bien qu'entre tes mains j'étais en sécurité!".

1053 La boue a été mon commencement et la terre est l'héritage de tout mon lignage.
Qui mérite la louange, sinon Dieu?

1054 Quand tu sentiras l'orgueil bouillonner en toi, cette superbe qui te pousse à te considérer comme un surhomme, c'est le moment de te reprendre: non! Ainsi tu jouiras de la joie du bon enfant de Dieu, qui passe sur la terre en commettant des erreurs, certes, mais en faisant le bien.

1055 "Sancta Maria, Stella Maris" – Sainte Marie, Etoile de la Mer, conduisez-nous!
– Oui, crie-le très fort, car il n'est pas de tempête qui puisse faire chavirer le très doux Cœur de la Vierge. Quand tu verras venir la tempête, si tu t'abrites sous ce solide refuge qu'est Marie, nul danger pour toi de sombrer ou d'être englouti.