SAINT ROSAIRE
« AU LECTEUR »
Comme autrefois, le Rosaire doit être aujourd'hui une arme puissante, pour vaincre dans notre lutte intérieure, et pour aider toutes les âmes.
Que ta langue exalte Sainte Marie: ton Dieu demande réparation et louanges de ta bouche.
Puisses-tu savoir et vouloir semer dans le monde entier la paix et la joie, par cette admirable dévotion mariale et par ta charité vigilante.
Rome, octobre 1968.
Réciter le Saint Rosaire, en considérant les différents mystères, en répétant les Notre Père et les Je vous salue Marie, en chantant les louanges de la Très Sainte Trinité, et en invoquant constamment la Mère de Dieu, représente un continuel acte de foi, d'espérance et d'amour, d'adoration et de réparation.
Josémaria Escriva de Balaguer.
Rome, le 9 janvier 1973.
« PROLOGUE »
Ces lignes ne sont pas écrites pour des femmelettes. – Elles sont écrites pour des hommes faits, pleinement... hommes, à qui, sans doute, il est arrivé d'élever leur cœur vers Dieu, lui criant avec le psalmiste:
Notam fac mihi viam in qua ambulem; quia ad te levavi animam meam. – Fais que je sache la route à suivre, car vers toi j'élève mon âme (Sal 143, 10).
Je dois confier à ces hommes un secret qui pourrait bien être le début de ce chemin que le Christ veut leur faire parcourir.
Mon ami: si tu veux être grand, fais-toi petit.
Pour être petit il faut croire comme croient les enfants, aimer comme aiment les enfants, s'abandonner comme s’abandonnent les enfants..., prier comme prient les enfants.
Et tout cela est nécessaire pour mettre en pratique ce que je vais te révéler dans les lignes qui suivent.
Le début du chemin, dont le terme est d'être complètement fou de Jésus, est un amour confiant envers Marie.
– Veux-tu aimer la Sainte Vierge? – Eh bien! Fréquente-la. Comment? – En priant bien le Rosaire.
Mais, dans le Rosaire... nous répétons toujours les mêmes choses! – Toujours les mêmes choses? Et ceux qui s'aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l'un à l'autre?... La monotonie de ton Rosaire ne viendrait-elle pas de ce que, au lieu de prononcer des mots comme un homme, tu émets des sons comme un animal, l'esprit très loin de Dieu? Écoute encore ceci: le mystère que nous allons contempler est indiqué avant chaque dizaine. – Est-ce que toi... tu as jamais contemplé ces mystères?
Fais-toi petit. Viens avec moi et – c'est là le point central de ma confidence – nous vivrons la vie de Jésus, de Marie et de Joseph.
Chaque jour nous leur rendrons un nouveau service. Nous écouterons leurs conversations familiales. Nous verrons grandir le Messie. Nous admirerons ses trente ans de vie cachée... Nous serons présents à sa Passion et à sa Mort... Nous serons éblouis par la gloire de sa Résurrection... En un mot: fous d'Amour (il n'y a pas d'autre amour que l'Amour), nous contemplerons tous les instants de la vie de Jésus-Christ.
Preface a la cinquieme edition espagnole
Ami lecteur: j'ai écrit "Saint Rosaire" pour que toi et moi sachions nous recueillir en prière lorsque nous nous adressons à Notre-Dame.
Ne trouble pas ce recueillement par le bruit des mots lorsque tu méditeras les pensées que je te propose. Ne les lis pas à haute voix, car elles perdraient leur intimité.
Prononce, en revanche, clairement et sans hâte, le Notre Père et les Je vous salue Marie de chaque dizaine. De cette façon tu profiteras toujours plus de cet exercice d'amour envers Sainte Marie.
Et n'oublie pas de prier pour moi.
L'auteur
Rome, le 2 février 1952, en la fête de la Purification de Notre-Dame
Preface a la douzieme edition espagnole
Mon expérience de prêtre me dit que chaque âme a un chemin qui lui est propre. Toutefois, cher lecteur, je vais te donner un conseil pratique qui, si tu le suis avec prudence, ne gênera pas en toi l'action du Saint-Esprit: arrête-toi quelques secondes – trois ou quatre – pour une méditation silencieuse, en considérant chaque mystère du chapelet avant de réciter le Notre Père et les Je vous salue Marie de chaque dizaine. Je suis sûr que cette pratique augmentera ton recueillement et rendra plus fructueuse ta prière.
Et n'oublie pas de prier pour moi.
L'auteur
Rome, le 8 septembre 1971, en la fête de la Nativité de Notre-Dame
« MYSTÈRES JOYEUX »
N'oublie pas, mon ami, que nous sommes des enfants. Marie, la Dame au doux nom, est en prière.
Toi, tu es dans cette maison tout ce que tu voudras: un ami, un serviteur, un curieux, un voisin... – Quant à moi, je n'ose pas être quoi que ce soit en ce moment. Caché derrière toi, je contemple la scène, ébloui:
L'Archange transmet son message... Quomodo fiet istud, quoniam virum non cognosco? – Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d'homme? (Lc 1, 34).
La voix de notre Mère ramène à ma mémoire, par contraste, toutes les impuretés des hommes..., les miennes aussi:
Et combien je hais alors les misérables bassesses de la terre!... Quelles résolutions!
Fiat mihi secundum verbum tuum. – Qu'il me soit fait selon ta parole (Lc 1, 38). Et dans l'enchantement de ces paroles virginales, le Verbe s'est fait chair.
La première dizaine va s'achever... Avant tout autre mortel, j'ai encore le temps de dire à mon Dieu: Jésus, je t'aime
Maintenant, mon jeune ami, tu dois déjà savoir te débrouiller. – Accompagne avec joie Joseph et Sainte Marie... et tu apprendras les traditions de la Maison de David:
Tu entendras parler d'Élisabeth et de Zacharie, tu t'attendriras devant l'amour très pur de Joseph, et ton cœur battra très fort chaque fois que l'on prononcera le nom de l'Enfant qui va naître à Bethléem...
Nous marchons en hâte vers les montagnes, jusqu'à une ville de la tribu de Juda (Lc 1, 39).
Nous arrivons. – C'est la maison où va naître Jean, le Baptiste. – Élisabeth salue, avec reconnaissance, la Mère de son Rédempteur: Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni! – D'où me vient cet honneur que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? (Lc 1, 42 et 43).
Jean-Baptiste tressaille dans le sein de sa mère... (Lc 1, 4l). – L'humilité de Marie s'épanche dans le Magnificat... – Et toi et moi, qui sommes orgueilleux – qui étions orgueilleux –, promettons d'être humbles
Un décret de César Auguste qui ordonne un recensement général, vient d'être promulgué. Chacun doit se rendre pour cela au pays de ses ancêtres. – Étant de la maison et de la famille de David, Joseph va avec la Vierge Marie de Nazareth jusqu'à une ville de Judée appelée Bethléem (Lc 2, 1-5).
Et c'est à Bethléem que naît notre Dieu: Jésus-Christ! – Il n'y a pas de place à l'auberge: il viendra au monde dans une étable. – Et sa Mère l'enveloppe dans des langes et le couche dans une mangeoire (Lc 2, 7).
Froid. – Pauvreté. – Je suis un petit serviteur de Joseph – Comme il est bon Joseph! – Il me traite comme un père. – Et même il me pardonne si je prends l'Enfant dans mes bras et passe des heures entières à lui dire des choses douces et ardentes!...
Et je l'embrasse – embrasse-le toi aussi –, et je le berce, et je chantonne pour lui, et je l'appelle Roi, Amour, mon Dieu, mon Unique, mon Tout!... Comme l'Enfant est beau... et comme la dizaine est courte!
Une fois accompli le temps de la purification de la Mère, il faut aller à Jérusalem avec l'Enfant pour le présenter au Seigneur, selon la Loi de Moïse (Lc 2, 22).
Et cette fois c'est toi, mon ami, qui vas porter la cage avec les tourterelles. – Te rends-tu compte? Elle – l'Immaculée – se soumet à la Loi comme si elle était souillée. '
Cet exemple, petit sot, t'apprendra-t-il à obéir à la Sainte Loi de Dieu, malgré tous les sacrifices personnels?
Se purifier! Toi et moi nous avons bien besoin de purification! – Expier et, en plus de l'expiation, l'Amour. – Un amour qui soit un cautère brûlant les impuretés de notre âme, et un feu embrasant de flammes divines la misère de notre cœur.
Un homme juste et craignant Dieu, venu au Temple poussé par l'Esprit Saint – il lui avait été révélé qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Christ – prend le Messie dans ses bras et lui dit: Maintenant, Seigneur, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix... car mes yeux ont vu le Sauveur. (Lc 2, 25-30)
Où est Jésus? – Notre Dame l'Enfant!... où se trouve-t-il?
Marie pleure. – En vain nous avons couru toi et moi de groupe en groupe, de caravane en caravane: personne ne l'a vu. – Joseph, après des efforts inutiles pour se retenir de pleurer, pleure à son tour... Et toi aussi... Et moi.
Moi, petit serviteur un peu rude, je pleure toutes les larmes de mon cœur et j'implore le ciel et la terre... pour toutes ces fois où je l'ai perdu par ma faute et où je n'ai pas pleuré.
Jésus: puissé-je ne jamais plus te perdre... Alors toi et moi, unis dans le
malheur et dans la peine, comme nous l'étions dans le péché, nous sentons monter du fond de notre être des gémissements de contrition profonde et des phrases brûlantes que la plume ne peut ni ne doit rapporter.
Et lorsque nous nous consolerons à la joie de retrouver – après trois jours d'absence! – Jésus discutant avec les Docteurs d'Israël (Lc 2, 46), nous garderons gravée dans notre âme l'obligation que nous avons de quitter les nôtres pour servir notre Père céleste
« MYSTÈRES DOULOUREUX »
Priez, pour ne pas entrer en tentation. – Et Pierre s'est endormi. – Et les autres apôtres. – Et toi, mon jeune ami, tu t'es endormi... et moi aussi j'ai été un Pierre somnolent.
Jésus, seul et triste, souffre et trempe la terre de son sang.
A genoux sur le sol dur, il persévère dans la prière... Il pleure pour toi... et pour moi: le poids des péchés des hommes l'accable.
Pater, si vis, transfer calicem istum a me. – Père, si tu le veux, éloigne de moi ce calice... Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, sed tua fiat, mais la tienne (Lc 22, 42).
Un Ange venu du ciel le réconforte. – Jésus est en agonie. – Il continue à prier prolixius, plus intensément... – Il s'approche de nous, qui sommes endormis: levez-vous et priez – répète-t-il – pour ne pas entrer en tentation (Lc 22, 46).
Judas le traître: un baiser. – L'épée de Pierre brille dans la nuit. – Jésus parle: Suis-je un brigand que vous soyez venus me saisir ainsi? (Mc 14, 48).
Nous sommes des lâches: nous le suivons de loin, mais éveillés et priants. – Prière... Prière.
Pilate parle: C'est votre coutume que je vous relâche un prisonnier à Pâques. Qui allons-nous libérer, Barabbas – un bandit emprisonné avec d'autres pour meurtre – ou Jésus? (Mt 27, 17). – A mort cet homme et relâche-nous Barabbas, crie la foule, poussée par ses grands prêtres (Lc 23, 18).
Pilate parle de nouveau: Que ferai-je donc de Jésus que l'on appelle Christ? (Mt 27, 22). – Crucifige eum! – Crucifie-le! (Mc 15, 14).
Pour la troisième fois, Pilate leur dit: Quel mal a donc fait cet homme? Je n'ai rien trouvé en lui qui mérite la mort (Lc 23, 22).
La clameur de la foule se fait plus forte: crucifie-le, crucifie-le! (Mc 15,14).
Et Pilate, voulant contenter la populace, leur relâche Barabbas et ordonne de flageller Jésus.
Il est lié à la colonne; couvert de blessures.
Les coups de lanière claquent sur sa chair déchirée, sur sa chair sans tache qui souffre pour ta chair pécheresse. – Davantage de coups. Davantage de fureur. Davantage encore... C'est le comble de la cruauté humaine.
Finalement, épuisés, ils détachent Jésus. – Et le corps du Christ succombe à son tour à la douleur et s'écroule comme une masse, brisé, à demi-mort.
Toi et moi, nous sommes incapables de parler. – Les mots sont inutiles. – Regarde-le, regarde-le... lentement.
Après cela... pourras-tu jamais craindre l'expiation?
La soif de souffrance de notre Roi a été satisfaite!
– Voici que l'on mène mon Seigneur à la cour du prétoire, où toute la cohorte est réunie (Mc 15, 16). – Des soudards brutaux ont dépouillé son corps très pur. Ils couvrent Jésus d'une guenille pourpre, vieille et sale. – Un roseau, comme sceptre, dans la main droite...
La couronne d'épines, enfoncée à coups de marteau, fait de lui un Roi dérisoire... Ave Rex judaeorum! – Salut, Roi des Juifs (Mc 15, 18). Et, de leurs coups, ils blessent sa tête. Et ils le giflent... et ils crachent sur lui.
Couronné d'épines, et revêtu de haillons de pourpre, Jésus est présenté à la foule des Juifs: Ecce homo! – Voici l'homme. Et à nouveau les grands prêtres et les gardes crient: Crucifie-le! crucifie-le! (Jn 19, 5 et 6).
– Toi et moi, ne l'aurions-nous pas de nouveau couronné d'épines, frappé et couvert de crachats?
Jamais plus, Jésus, jamais plus... Et une résolution ferme et concrète met fin à ces dix Je vous salue Marie.
Portant lui-même sa Croix, il marche vers le Calvaire, ce lieu dit Golgotha en hébreu (Jn 19, 17). – Et ils réquisitionnent un certain Simon de Cyrène, qui revient d'une ferme, et le chargent de la Croix pour la porter derrière Jésus (Lc 23, 26).
La prophétie d'Isaïe (Is 53, 12) s'est accomplie: cum sceleratis reputatus est, il a été mis au rang des malfaiteurs: car on conduit encore deux autres condamnés – des voleurs – pour être exécutés avec Lui (Lc 23, 32).
Si quelqu'un veut me suivre... Mon petit ami: nous sommes tristes, lorsque nous vivons la Passion de notre Seigneur
Jésus. – Vois comme il embrasse avec amour la Croix. – Apprends cela de lui. – Jésus porte la Croix pour toi: toi, porte-la pour Jésus.
Mais ne porte pas la Croix en la traînant... Porte-la d'aplomb, car ta Croix, si tu la portes ainsi, ne sera plus une Croix quelconque: ce sera... la Sainte Croix. Ne te résigne pas à la Croix. Il y a peu de générosité dans le mot résignation. Aime la Croix. Lorsque tu l'aimeras vraiment, ta Croix sera... une Croix, sans Croix.
Et, comme lui, tu trouveras sûrement Marie sur le chemin
Pour Jésus de Nazareth, Roi des Juifs, on a préparé le trône de triomphe. Ni toi ni moi ne le voyons se tordre de douleur lorsqu'on le cloue: souffrant tout ce que l'on peut souffrir, il étend les bras dans un geste de Prêtre Eternel.
Les soldats prennent les saints vêtements et en font quatre parts. – Pour ne pas déchirer la tunique, ils tirent au sort qui l'aura. – Ainsi, une fois de plus, les mots de l'Écriture s'accomplissent: Ils se sont partagé mes habits, ils ont tiré au sort mon vêtement (Jn 19, 23 et 24).
Maintenant il est là-haut... – Et, tout près de son Fils, au pied de la Croix, Sainte Marie... et Marie, femme de
Cléophas, et Marie-Madeleine. Et Jean, le disciple qu'il aimait. Ecce mater tua! – Voici ta Mère!: Il nous donne sa Mère pour Mère.
Auparavant ils lui avaient donné à boire un mélange de vin et de fiel, mais lorsqu'il en eut goûté, il n'en prit pas (Mt 27, 34). Maintenant il a soif... soif d'amour, soif d'âmes. Consummatum est. – Tout est consommé (Jn 19, 30).
Regarde, petit sot: tout cela..., il a souffert tout ceci pour toi... et pour moi. – Tu ne pleures pas?
« MYSTÈRES GLORIEUX »
Le soir du sabbat, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller oindre le corps sans vie de Jésus. – Le lendemain, elles se rendent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil se lève (Mc 16, 1 et 2). En entrant, elles sont consternées de ne pas trouver le corps du Seigneur. – Un jeune homme, vêtu de blanc, leur dit: Ne craignez rien: je sais bien que vous cherchez Jésus de Nazareth: non est hic, surrexit enim sicut dixit, – il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit (Mt 28, 5).
Il est ressuscité! – Jésus est ressuscité. Il n'est pas dans le sépulcre. – La vie a été plus forte que la mort.
Il est apparu à sa très sainte Mère. – Il est apparu à Marie de Magdala, qui est folle d'amour. – Et à Pierre et aux autres apôtres. – Et à toi et à moi qui sommes ses disciples et plus fous que Madeleine: que de choses nous lui avons dites!
Puissions-nous ne jamais mourir par le péché; puisse notre résurrection spirituelle être éternelle. – Et, avant de terminer cette dizaine, tu as embrassé les blessures de ses pieds..., et moi, plus audacieux – étant plus enfant – j'ai posé mes lèvres sur son côté ouvert
Maintenant le Maître instruit ses disciples: il a éclairé leurs esprits pour qu'ils puissent comprendre les Ecritures, et il les prend à témoin de sa vie, de ses miracles, de sa passion et de sa mort, et de la gloire de sa résurrection (Lc 24, 45 et 48).
Puis il les emmène jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Ce faisant, il se sépare lentement d'eux et monte vers le ciel (Lc 24, 50), jusqu'à ce qu'un nuage le dérobe à leur vue (Hch 1, 9).
Jésus est allé au Père. – Deux anges vêtus de blanc s'approchent pour nous dire: Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel? (Hch 1, 11).
Pierre et les autres retournent à Jérusalem – cum gaudio magno – avec une grande joie (Lc 24, 52). – Il est juste que la sainte Humanité du Christ reçoive l'hommage, la louange et l'adoration de toutes les hiérarchies des Anges et de toutes les légions des bienheureux dans la Gloire.
Mais toi et moi nous nous sentons orphelins: nous sommes tristes et nous allons nous consoler auprès de Marie
Le Seigneur avait dit: Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, un autre Consolateur, pour être avec vous à jamais (Jn 14, 16). – Alors que les disciples se trouvaient tous ensemble au même endroit, vint soudain du ciel un bruit semblable à celui d'un violent coup de vent qui remplit toute la maison où ils se tenaient. – Au même moment apparurent des langues de feu qui se divisaient et il s'en posa une sur chacun d'eux (Hch 2, 1-3).
Remplis de l'Esprit Saint, les Apôtres étaient comme ivres (Hch 2, 13).
Et Pierre, entouré des onze autres Apôtres, éleva la voix et parla. – Nous l'entendons, nous, hommes de cent nations différentes. – Chacun d'entre nous l'écoute dans sa langue. – Toi et moi dans la nôtre. – Il nous parle de Jésus-Christ et de l'Esprit Saint et du Père.
Il n'est ni lapidé ni jeté en prison: de ceux qui l'ont entendu, trois mille se convertissent et sont baptisés.
Toi et moi, après avoir aidé les Apôtres à administrer le baptême, nous bénissons Dieu le Père pour son Fils Jésus, et nous nous sentons nous aussi ivres du Saint-Esprit
Assumpta est Maria in coelum: gaudent angeli! – Dieu a transporté Marie au ciel – corps et âme: et les Anges se réjouissent!
Ainsi chante l'Eglise. – Et c'est ainsi, avec cette même explosion de joie, que nous commençons notre contemplation de cette dizaine du Saint Rosaire:
La Mère de Dieu s'est endormie. – Les douze Apôtres se tiennent autour de son lit. – Matthias à la place de Judas.
Et nous, par une grâce que tous respectent, nous sommes aussi à ses côtés.
Mais Jésus désire avoir sa Mère corps et âme, dans la gloire. – Et la Cour céleste déploie toute sa splendeur pour accueillir Notre-Dame. – Toi et moi – qui ne sommes, après tout, que des enfants – nous prenons la traîne du magnifique manteau bleu de Marie et ainsi nous pouvons contempler cette scène merveilleuse.
La très Sainte-Trinité reçoit et comble d'honneurs la Fille, la Mère et l'Epouse de Dieu... – Et la majesté de Notre-Dame est si grande que les Anges s'interrogent: Qui est-ce donc?
Tu es toute belle et en Toi il n'y a pas de tache. – Tu es un jardin bien clos, ma sœur, ma fiancée, un jardin bien clos, une source scellée. – Veni: coronaberis. – Viens: Tu seras couronnée. (Ct 4, 7, 12 et 8).
Si toi et moi en avions eu le pouvoir, nous l'aurions aussi faite Reine et Souveraine de toute la création.
Un grand signe apparut dans le ciel: une femme avec une couronne de douze étoiles sur la tête. – Revêtue du soleil. – La lune à ses pieds. (Ap 12, 1). Marie, Vierge sans tache, a réparé la chute d'Ève: et elle écrase de son talon immaculé la tête du serpent infernal. Fille de Dieu, Mère de Dieu, Épouse de Dieu.
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit la couronnent en tant qu'impératrice de l'univers.
Et les anges, ses sujets, lui rendent hommage..., et les patriarches, les prophètes et les Apôtres..., et les martyrs, les confesseurs, les vierges et tous les saints..., et tous les pécheurs, et toi et moi.
« MYSTÈRES DE LUMIÈRE »
Dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, le Saint-Père Jean Paul II, eu égard au caractère christologique de cette dévotion mariale, a décidé d’ajouter aux quinze mystères traditionnels cinq nouveaux mystères qu’il a appelés « mystères lumineux ».
Saint Rosaire, écrit en 1931 par saint Josémaria, ne comportait pas de commentaire de ces mystères, mais, tout au long de sa vie, il les a contemplés et prêchés avec amour, comme tous les chapitres de l’Évangile. Pour permettre de méditer le saint rosaire en son entier, quelques textes, parmi bien d’autres possibles, ont été tirés des écrits du fondateur de l’Opus Dei, et réunis dans cet appendice.
Nous serons fidèles à l’esprit de l’auteur de Saint Rosaire si, chaque fois que nous récitons les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, nous nous unissons aux intentions du successeur de Pierre, évêque de Rome. Omnes cum Petro ad Jesum per Mariam!
Rome, le 14 février 2003
+ Xavier Echevarria
Prélat de l’Opus Dei
Alors paraît Jésus: de Galilée il vient au Jourdain vers Jean pour être baptisé par lui [.…]. Et voici qu’une voix venue des cieux disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » (Mt 3, 13.17).
Par le baptême, Dieu notre Père a pris possession de notre vie, nous a incorporés à celle du Christ et nous a envoyé le Saint-Esprit.
La force et la puissance de Dieu illuminent la face de la terre.
Nous ferons que le monde brûle, dans les flammes du feu que tu es venu apporter sur la terre!… Et la lumière de ta vérité, Jésus, illuminera les intelligences en un jour sans fin.
Je t’entends clamer, mon Roi, d’une voix forte et qui vibre encore: « Ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut accendatur? » – Et je réponds, de tout mon être, de tous mes sens et de toutes mes puissances: « Ecce ego: quia vocasti me! »
Notre Seigneur a imprimé dans ton âme un sceau indélébile, grâce au baptême: tu es enfant de Dieu.
Mon enfant: ne brûles-tu pas du désir que tous les hommes l’aiment?
Dans la foule des invités d’une de ces bruyantes noces campagnardes auxquelles accourent des gens de tous les alentours, Marie s’aperçoit que le vin vient à manquer (cf. Jn 2, 3). Elle seule s’en aperçoit, et immédiatement. Comme ces scènes de la vie du Christ nous paraissent familières! C’est que la grandeur de Dieu se mêle à la vie ordinaire, courante. Et c’est bien le propre d’une femme, d’une maîtresse de maison avisée, que de relever une négligence, d’être attentive aux petits détails qui rendent agréable l’existence humaine; ainsi en est-il de Marie.
Faites ce qu’il vous dira (Jn 2, 5).
Implete hydrias (Jn 2, 7), remplissez les jarres. Et le miracle s’opère. Avec cette simplicité. Tout ordinairement. C’était leur rôle. L’eau était à portée de main. Et voilà la première manifestation de la divinité du Seigneur. Les choses les plus banales se transforment en extraordinaire, en surnaturel, quand nous manifestons de la bonne volonté pour nous occuper de ce que Dieu nous demande.
Je veux, Seigneur, abandonner le souci qui est mien entre tes mains généreuses. Notre Mère – ta Mère – comme elle l’a fait à Cana, t’a soufflé à l’oreille: ils n’en ont plus…
Si notre foi est faible, accourons à Marie. Saint Jean raconte que ses disciples crurent en lui (Jn 2, 11) à cause du miracle des noces de Cana, que le Christ réalisa à la demande de sa Mère. Notre Mère intercède toujours devant son Fils pour qu’il nous prête attention et se montre à nous, de sorte que nous puissions confesser: Tu es le Fils de Dieu.
Donne-moi, ô Jésus, cette foi que je désire véritablement! Ma Mère, Notre-Dame, ma Mère très sainte, faites que je croie!
Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle (Mc 1, 15).
Tout le peuple venait à lui, et il les enseignait (Mc 2, 13).
Jésus voit ces barques sur la rive et monte dans l’une d’entre elles […]. Avec quel naturel Jésus monte dans la barque de chacun de nous!
Quand tu t’approcheras du Seigneur, pense qu’il est toujours tout près de toi, en toi: Regnum Dei intra vos est (Lc 17, 21). Tu le trouveras dans ton cœur.
Le Christ doit avant tout régner en notre âme. Pour qu’il règne en moi, j’ai besoin de sa grâce en abondance. C’est le seul moyen pour que tout, le moindre battement de cœur, le moindre souffle, le moindre regard, le mot le plus anodin, la sensation la plus élémentaire se transforme en un hosanna à mon Christ Roi.
Duc in altum – Au large! – Repousse le pessimisme qui te rend lâche. Et laxate retia vestra in capturam – et jette tes filets pour pêcher.
Nous devons avoir confiance en ces paroles du Seigneur, monter dans la barque, saisir les rames, hisser les voiles et nous lancer sur cette mer du monde que le Christ nous remet en héritage.
Et regni ejus non erit finis – son règne n’aura pas de fin!
N’es-tu pas heureux de travailler pour un tel royaume?
Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière (Mt 17, 2).
Jésus: te voir, te parler! Demeurer là, en te contemplant, abîmé dans l’immensité de ta beauté et ne cesser jamais, jamais, de contempler ainsi! Ô Christ, si l’on te voyait! Qui ne serait, en te voyant, blessé d’amour pour toi!
Et voici qu’une voix disait de la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur; écoutez-le» (Mt 17, 5).
Seigneur, nous voici pour écouter ce que tu veux nous dire. Parle-nous; nous sommes attentifs à ta voix. Que ta conversation, en tombant dans notre âme, enflamme notre volonté pour qu’elle se lance à ton service avec ferveur.
Vultum tuum, Domine, requiram (Sal 27, 8), Seigneur, je chercherai ton visage. Je suis tout ému, en fermant les yeux, de penser que viendra le moment, quand Dieu voudra, où je pourrai le voir, non pas dans un miroir, d’une manière confuse, mais… face à face (1Co 13, 12). Oui, mon âme a soif de Dieu, du Dieu de vie; quand irai-je voir la face de Dieu? (Sal 42, 3).
Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. (Jn 13, 1)
La nuit tombait sur le monde, car les rites anciens, les signes qu’autrefois Dieu avait donnés de sa miséricorde infinie envers l’humanité, allaient se réaliser pleinement, ouvrant la voie à une aube authentique: la nouvelle Pâque. L’Eucharistie fut instituée pendant la nuit, comme une préparation au matin de la Résurrection.
Jésus est resté dans l’Eucharistie par amour…, pour toi.
– Il y est resté, tout en sachant comment les hommes le recevraient… et comment tu le recevrais toi-même.
– Il y est resté, afin que tu le manges, afin que tu lui rendes visite et que tu lui racontes tes problèmes; afin qu’en le fréquentant dans la prière auprès du tabernacle et dans la communion, tu t’éprennes de lui de plus en plus, et que tu fasses en sorte que d’autres âmes – beaucoup d’âmes! – suivent le même chemin.
Pour toi, qui es un bon enfant: ceux qui aiment sur cette terre, quels baisers ne déposent-ils pas sur les fleurs, la lettre, le souvenir de la personne aimée!…
– Est-il possible que toi, tu oublies un jour que tu l’as toujours à ton côté…! – Oublieras-tu que tu peux le manger?
– Seigneur que je ne recommence pas à voler au ras du sol! Que m’illuminent toujours les rayons du Soleil divin – le Christ – dans l’Eucharistie! Fais que mon vol ne s’interrompe pas, tant que je n’aurai pas trouvé le repos en ton Cœur!
« LITANIES »
La litanie de louanges retentit maintenant, dans un éclat de lumière sans cesse nouvelle, avec une couleur et un sens toujours différents.
Invocations à Notre-Seigneur, au Christ; demandes à chacune des personnes divines et à la Sainte Trinité; mots brûlants d'amour à Sainte Marie: Mère du Christ, Mère sans tache, Mère du bon conseil, Mère du Créateur, Mère du Sauveur..., Vierge très prudente..., Siège de la sagesse, Rose mystique, Tour de David, Arche de l'Alliance, Etoile du matin..., Refuge des pécheurs, Consolatrice des malheureux, Secours des chrétiens...
Et la proclamation de son règne – Regina! – Reine! – et de sa médiation: Sub tuum praesidium confugimus, – nous nous réfugions sous votre protection, Sainte Mère de Dieu..., délivrez-nous de tous les dangers, O Vierge glorieuse et bénie.
Priez pour nous, Reine du très Saint Rosaire, afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus Christ.
« ÉPILOGUE »
Mon ami: je t'ai dévoilé une partie de mon secret. A toi, avec l'aide de Dieu, de découvrir le reste. Prends courage. Sois fidèle.
Fais-toi petit. Le Seigneur se cache aux orgueilleux et montre les trésors de sa grâce aux humbles.
Ne crains pas si, en méditant par toi-même, il t'arrive de laisser échapper des marques d'affection et des mots audacieux et enfantins. Jésus le désire. Marie t'encourage. Si tu récites le Rosaire de cette manière, tu apprendras à faire une bonne prière.