AIMER L痛GLISE

 ォ    LA FIN SURNATURELLE DE L痛GLISE    サ 

1 Pour commencer, je veux vous rappeler ces mots de saint Cyprien: L'ノglise universelle se pr駸ente ・nous comme un peuple qui tire son unit・de l'unit・du P鑽e, du Fils et du Saint-Esprit (Saint Cyprien, De oratione dominica, 23; PL 4, 553). Ne vous 騁onnez donc pas si, en cette f黎e de la Tr鑚 Sainte Trinit・ l'hom駘ie parle de l'ノglise; c'est que l'ノglise prend racine dans le myst鑽e fondamental de notre foi catholique: celui de Dieu un en essence et trine en personnes.
Les P鑽es de l'ノglise l'ont toujours vue ainsi: centr馥 sur la Trinit・ Voyez la clart・avec laquelle s'exprime saint Augustin: Dieu habite donc dans son temple: non seulement le Saint-Esprit, mais aussi le P鑽e et le Fils La sainte ノglise est par cons駲uent le temple de Dieu, c'est-・dire de la Trinit・tout enti鑽e (Saint Augustin, Enchiridion, 56, 15; PL 40, 259).
Quand nous nous r騏nirons de nouveau dimanche prochain, nous consid駻erons un autre aspect merveilleux de la sainte ノglise: ses caract鑽es, que nous r馗iterons d'ici peu dans le Credo, apr鑚 avoir chant・notre foi au P鑽e, au Fils et au Saint-Esprit. Et in Spiritum Sanctum, disons-nous. Et ensuite: et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam (Credo de la Sainte Messe); nous affirmons qu'il n'y a qu'une seule ノglise, sainte, catholique et apostolique.
Tous ceux qui ont vraiment aim・l'ノglise ont su rapporter ces quatre notes au myst鑽e le plus ineffable de notre sainte religion: celui de la Tr鑚 Sainte Trinit・ Nous croyons en l'ノglise de Dieu, une, sainte, catholique et apostolique, dans laquelle nous recevons la doctrine; nous connaissons le P鑽e, le Fils et le Saint-Esprit et nous sommes baptis駸 au nom du P鑽e, du Fils et du Saint-Esprit (Saint Jean Damasc鈩e, Adversus Icon., 12; PG 96, 1358, D).

2 Nous devons m馘iter souvent, pour ne pas l'oublier, que l'ノglise repr駸ente un myst鑽e grand et profond. Nous ne pourrons pas l'appr馼ender pleinement en cette vie. Si la raison essayait de l'expliquer ・elle seule, elle ne verrait que la r騏nion de personnes qui accomplissent certains pr馗eptes et qui pensent de fa輟n semblable. Mais cela, ce ne serait pas la sainte ノglise.
Nous les catholiques, nous trouvons dans la sainte ノglise notre foi, nos r鑒les de conduite, notre pri鑽e, le sens de la fraternit・ la communion avec tous nos fr鑽es d駛・disparus et qui se purifient dans le purgatoire ・l'ノglise souffrante ・ou avec ceux qui jouissent d駛・de la vision b饌tifique ・l'ノglise triomphante ・et aiment 騁ernellement le Dieu trois fois saint. C'est l'ノglise qui demeure ici et qui, en m麥e temps, transcende l'histoire. L'ノglise qui est n馥 sous la protection de sainte Marie et qui continue, sur la terre et au ciel, ・la louer comme M鑽e.
Croyons donc fermement au caract鑽e surnaturel de l'ノglise: proclamons-le, si besoin est, parce que nombreux sont ceux qui de nos jours ・・l'int駻ieur m麥e de l'ノglise et jusque dans ses hautes sph鑽es ・ont oubli・ces v駻it駸 essentielles et pr騁endent donner une image de l'ノglise qui n'est pas sainte, qui n'est pas une, qui ne saurait 黎re apostolique parce qu'elle ne s'appuie pas sur le roc de Pierre, qui n'est pas catholique parce qu'elle est sillonn馥 de particularismes ill馮itimes, de caprices humains.
Ce n'est pas nouveau. Depuis que Notre Seigneur J駸us-Christ a fond・la sainte ノglise, notre M鑽e a souffert une pers馗ution constante. Peut-黎re qu'・d'autres 駱oques les agressions 騁aient organis馥s au grand jour; ・pr駸ent, il s'agit bien souvent d'une pers馗ution sournoise. Aujourd'hui comme hier, on continue de s'attaquer ・l'ノglise.
Je vous r駱騁erai une fois de plus que je ne suis pessimiste ni par temp駻ament ni par inclination. Comment 黎re pessimiste quand Notre Seigneur nous a promis d'黎re avec nous jusqu'・la fin des si鐵les (Cf. Mt 28, 20)? L'effusion de l'Esprit Saint a fait de la r騏nion des disciples au C駭acle la premi鑽e manifestation publique de l'ノglise (L駮n XIII, encyclique Divinum illud munus, ASS 29, p. 648: Ecclesia, qu・jam concepta, ex latere ipso secundi Adami velut in cruce dormientis orta erat, sese in lucem hominum insigni modo primitus dedit die celeberrima Pentecostes. Ipsaque die beneficia sua Spiritus Sanctus in mystico Christi Corpore prodere coepit.).
Dieu Notre P鑽e ・ce P鑽e aimant qui prend soin de nous comme de la prunelle de ses yeux (Dt 32, 10), ainsi que nous le rapporte l'ノcriture avec une expression imag馥 pour nous le faire comprendre ・ne cesse de sanctifier, par l'Esprit Saint, l'ノglise fond馥 par son Fils bien-aim・ Mais l'ノglise vit actuellement des jours difficiles: ce sont des ann馥s de grand d駸arroi pour les 穃es. La clameur de la confusion s'駘钁e de toutes parts et toutes les erreurs qui se sont produites au long des si鐵les r饌pparaissent bruyamment.

3 Foi. Nous avons besoin de foi. Si l'on regarde avec les yeux de la foi, l'on d馗ouvre que l'ノglise porte en elle et diffuse autour d'elle sa propre apologie. Celui qui la regarde, celui qui l'騁udie avec l'amour de la v駻it・doit reconna羡re que, ind駱endamment des hommes qui la composent et des modes pratiques sous lesquels elle se pr駸ente, elle porte en elle un message de lumi鑽e universelle et unique, lib駻ateur et n馗essaire, divin (Paul VI, allocution du 23.VI.1966).
Quand nous entendons la voix de l'h駻駸ie ・car il s'agit bien d'h駻駸ie, je n'ai jamais aim・les euph駑ismes -, quand nous remarquons que l'on attaque impun駑ent la saintet・du mariage et celle du sacerdoce; la conception immacul馥 de notre M鑽e sainte Marie et sa virginit・perp騁uelle, ainsi que tous les autres privil鑒es et bienfaits dont Dieu l'a orn馥; le miracle continuel de la pr駸ence r馥lle de J駸us-Christ dans la Sainte Eucharistie, le primat de Pierre, et jusqu'・la r駸urrection de Notre Seigneur, comment notre 穃e tout enti鑽e ne se remplirait-elle pas de tristesse? Mais ayez confiance: la sainte ノglise est incorruptible. L'ノglise vacillera si son fondement vacille, mais le Christ pourra-t-il vaciller? Tant que le Christ ne vacille pas, l'ノglise ne faiblira jamais jusqu'・la fin des temps (Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, 103, 2, 5; PL 37, 1353).

4 De m麥e qu'il y a deux natures dans le Christ, l'humaine et la divine, de m麥e nous pouvons, par analogie, parler de l'existence d'un 駘駑ent humain et d'un 駘駑ent divin dans l'ノglise. L'aspect humain est 騅ident pour tout le monde. Ici-bas l'ノglise est compos馥 d'hommes; elle est pour les hommes; et qui dit homme dit libert・ possibilit・de grandeur et de mesquinerie, d'h駻o・me et de d馭aillance.
Si nous n'admettions que cet 駘駑ent humain dans l'ノglise, nous ne la comprendrions jamais, parce que nous ne serions pas parvenus ・la porte du myst鑽e. La Sainte ノcriture emploie beaucoup d'expressions, tir馥s de l'exp駻ience humaine, pour parler du Royaume de Dieu et de sa pr駸ence parmi nous, dans l'ノglise. Elle la compare au bercail, au troupeau, ・la maison, ・la semence, ・la vigne, au champ que Dieu a ensemenc・ou au terrain sur lequel il a construit. Mais elle met l'accent sur une expression qui les r駸ume toutes: l'ノglise est le Corps du Christ.
C'est encore le Christ qui a donn・aux uns d'黎re apres, ・d'autres d'黎re proph鑼es, ou encore 騅ang駘istes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l'oeuvre du minist鑽e, en vue de la construction du corps du Christ (Ef 4, 11-12). Saint Paul 馗rit aussi que nous, ・plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, 騁ant, chacun pour sa part, membres les uns des autres (Rm 12, 5). Comme notre foi est lumineuse! Nous sommes tous dans le Christ parce qu'il est la t黎e du corps de l'ノglise (Col 1, 18).

5 C'est la foi que les chr騁iens ont toujours confess馥. ノcoutez avec moi ces paroles de saint Augustin: Et depuis lors le Christ entier est form・de la t黎e et du corps, v駻it・que vous connaissez, je n'en doute pas. La t黎e est notre Sauveur lui-m麥e, qui a souffert sous Ponce Pilate et, apr鑚 黎re ressuscit・d'entre les morts, est maintenant assis ・la droite du P鑽e. Et l'ノglise est son corps. Non pas cette 馮lise-ci ou celle-l・ mais celle qui s'est r駱andue ・travers le monde entier. Ce n'est pas non plus seulement celle qui existe parmi les hommes d'aujourd'hui, car ceux qui ont v馗u avant nous et ceux qui doivent exister apr鑚 nous jusqu'・la fin du monde en font 馮alement partie. Toute l'ノglise form馥 par la r騏nion des fid鑞es, parce que tous les fid鑞es sont membres du Christ, a donc pour t黎e le Christ qui, du ciel, gouverne son corps. Et bien que cette T黎e soit hors de vue du corps, elle lui est n饌nmoins unie par l'amour (Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, 56, 1; PL 36, 662).

6 Vous comprendrez maintenant pourquoi l'on ne peut pas s駱arer l'ノglise visible de l'ノglise invisible. L'ノglise est ・la fois corps mystique et corps juridique. Parce que l'ノglise est un corps, elle est visible aux yeux (L駮n XIII, encyclique Satis cognitum, ASS 28, p. 710), enseigne L駮n XIII. Des mis鑽es, des h駸itations, des trahisons apparaissent dans le corps visible de l'ノglise, dans le comportement des hommes qui la composent ici, sur la terre. Mais l'ノglise ne se termine pas l・ elle ne se confond pas non plus avec ces conduites erron馥s: en revanche, il ne manque pas, ici et de nos jours, de preuves de g駭駻osit・ d'affirmations h駻o・ues, de vies saintes qui ne font pas de bruit, qui se consument avec joie au service de leurs fr鑽es dans la foi et de toutes les 穃es.
Pensez en outre que si les d馭aillances d駱assaient en nombre les attitudes courageuses, il resterait encore la r饌lit・mystique ・claire, ind駭iable, bien que nous ne la percevions pas avec les sens ・du Corps du Christ Notre Seigneur en personne, l'action du Saint-Esprit, la tendre pr駸ence du P鑽e.
Par cons駲uent, l'ノglise est ins駱arablement humaine et divine. Par son origine, l'ノglise est donc une soci騁・divine: par sa fin, et par les moyens imm馘iats qui y conduisent, elle est surnaturelle; par les membres dont elle se compose et qui sont des hommes, elle est une soci騁・humaine (Ibid., p. 724). Elle vit et agit dans le monde. Toutefois sa fin et sa force ne se trouvent pas sur la terre, mais au Ciel.
Ce serait une grave erreur que d'essayer de s駱arer une ノglise charismatique ・/i> qui serait celle v駻itablement fond馥 par le Christ ・d'une autre ノglise juridique ou institutionnelle, qui serait l'oeuvre des hommes et le simple produit de contingences historiques. Il n'y a qu'une ノglise. Le Christ n'a fond・qu'une ノglise: visible et invisible, avec un corps hi駻archique et organis・ avec une structure fondamentale de droit divin et une profonde vie surnaturelle qui l'anime, la soutient et la vivifie.
Et l'on ne peut manquer de se rappeler que le Seigneur, quand il a institu・son ノglise, ne l'a pas con輹e, ni institu馥, form馥 de plusieurs communaut駸 qui se ressembleraient par certains traits g駭駻aux, mais seraient distinctes les unes des autres, et non rattach馥s entre elles par ces liens, qui peuvent rendre indivisible et unique l'ノglise Aussi bien, quand J駸us-Christ parle de cet 馘ifice mystique, il ne mentionne qu'une seule ノglise, qu'il appelle sienne: ォ Je b穰irai mon ノglise サ (Mt 16, 18). Toute autre qu'on voudrait imaginer en dehors de celle-l・ n'騁ant point fond馥 par J駸us-Christ, ne peut 黎re la v駻itable ノglise de J駸us-Christ (Ibid., pp. 712 et 713).
Ayons la foi, je le r駱鑼e; augmentons notre foi; demandons-la ・la Tr鑚 Sainte Trinit・ dont nous c駘饕rons la f黎e aujourd'hui. Il peut se passer toute sorte de choses, sauf que le Dieu trois fois saint abandonne son ノpouse.

7 Dans le premier chapitre de son 駱羡re aux ノph駸iens, saint Paul affirme que le myst鑽e de Dieu, annonc・par le Christ, se r饌lise dans l'ノglise. Dieu le P鑽e lui a tout soumis et, le pla軋nt plus haut que tout, il a fait de lui la t黎e de l'ノglise qui est son corps; et l'ノglise est l'accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble de sa pl駭itude (Ef 1, 22-23). Le myst鑽e de Dieu consiste, quand les temps seront accomplis, ・ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les 黎res c駘estes comme les terrestres (Ef 1, 10).
Myst鑽e insondable, pure gratuit・d'amour, parce qu'il nous a 駘us en lui d鑚 avant la cr饌tion du monde, pour 黎re saints et immacul駸 en sa pr駸ence, dans l'amour (Ef 1, 4). L'Amour de Dieu n'a pas de bornes: saint Paul lui-m麥e annonce que Notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauv駸 et parviennent ・la connaissance de la v駻it・/i> (1Tm 2, 4).
C'est en cela, et en cela seulement, que consiste la fin de l'ノglise: le salut des 穃es, une par une. C'est pour cela que le P鑽e a envoy・son Fils, et que moi aussi je vous envoie (Jn 20, 21). D'o・le commandement de faire conna羡re la doctrine et de baptiser, pour que la Tr鑚 Sainte Trinit・habite dans l'穃e par la gr稍e: Tout pouvoir m'a 騁・donn・au ciel et sur la terre. Allez donc et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du P鑽e et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant ・observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu'・la fin du monde (Mt 28, 18-20).
Ce sont les paroles simples et sublimes de la fin de l'ノvangile de saint Matthieu: elles marquent l'obligation de pr鹹her les v駻it駸 de foi, l'urgence de la vie sacramentelle, la promesse de l'assistance continuelle du Christ ・son ノglise. L'on n'est pas fid鑞e au Seigneur si l'on d駘aisse les r饌lit駸 surnaturelles que sont l'instruction dans la foi et la morale chr騁iennes, la pratique des sacrements. C'est avec ce commandement que le Christ fonde son ノglise. Tout le reste est secondaire.

8 Nous ne pouvons pas oublier que l'ノglise est beaucoup plus qu'un chemin de salut: c'est l'unique chemin. Et cela, ce ne sont pas les hommes qui l'ont invent・ c'est le Christ qui l'a 騁abli: Celui qui croira et sera baptis・ sera sauv・ celui qui ne croira pas sera condamn・/i> (Mc 16, 16). C'est pourquoi l'on affirme que l'ノglise est n馗essaire, d'une n馗essit・de moyen, pour se sauver. Au IIe si鐵le, Orig鈩e 馗rivait d駛・ Si quelqu'un veut se sauver, qu'il vienne ・cette demeure afin de pouvoir y arriver Que personne ne se trompe lui-m麥e: en dehors de cette demeure, c'est-・dire en dehors de l'ノglise, personne ne se sauve (Orig鈩e, In Iesu Nave hom., 5, 3; PG 12, 841). Et saint Cyprien: Si quelqu'un avait 馗happ・(au d駘uge) en dehors de l'arche de No・ nous admettrions alors que celui qui abandonne l'ノglise puisse 馗happer ・la condamnation (Saint Cyprien, De catholic・Ecclesi・unitate, 6; PL 4, 503).
Extra Ecclesiam, nulla salus. C'est un avertissement constant des P鑽es de l'ノglise: l'on peut tout trouver en dehors de l'ノglise catholique ・admet saint Augustin ・sauf le salut. On peut avoir l'honneur, on peut avoir les sacrements, on peut chanter " all駘uia サ, on peut r駱ondre " amen サ, on peut affirmer l'ノvangile, on peut avoir foi dans le P鑽e, le Fils et le Saint-Esprit, et la pr鹹her; mais l'on ne peut jamais trouver le salut, si ce n'est dans l'ノglise catholique (Saint Augustin, Sermo ad Cassariensis ecclesi・plebem, 6; PL 43, 456).
N饌nmoins, comme Pie XII le d駱lorait il y a une vingtaine d'ann馥s, quelques-uns r馘uisent ・une vaine formule la n馗essit・d'appartenir ・l'ノglise pour arriver au salut 騁ernel (Pie XII, encyclique Humani generis, AAS 42, p. 570). Ce dogme de foi constitue le fondement de l'activit・cor馘emptrice de l'ノglise et de la grave responsabilit・apostolique des chr騁iens. Parmi les commandements expr鑚 du Christ, celui de nous incorporer ・son Corps Mystique par le bapt麥e est formul・de fa輟n cat馮orique. Le Sauveur n'a pas seulement ordonn・que tous les peuples entrassent dans l'ノglise, mais il a d馗id・aussi que l'ノglise serait le moyen de salut, sans lequel nul ne peut entrer dans le royaume de sa gloire 騁ernelle (Pie XII, Lettre du Saint-Office ・l'Archev麭ue de Boston, Denzinger-Sch. 3868).
C'est un dogme de foi que celui qui n'appartient pas ・l'ノglise ne se sauve pas; et que celui qui ne re輟it pas le bapt麥e n'entre pas dans l'ノglise. La justification, comme l'a 騁abli le Concile de Trente, depuis la promulgation de l'ノvangile, ne peut s'accomplir sans le bain de la r馮駭駻ation ni sans le d駸ir de le recevoir (D馗ret De justificatione, chap. 4, Denzinger-Sch. 1524).

9 C'est l・une exigence continuelle de l'ノglise qui, si elle met en notre 穃e l'aiguillon du z鑞e apostolique, montre 馮alement avec clart・la mis駻icorde infinie de Dieu envers ses cr饌tures.
Il y a deux fa輟ns de ne pas 黎re baptis・ D'une part, ne l'黎re ni de fait ni de d駸ir: c'est le cas de ceux qui ne sont pas baptis駸 et ne veulent pas l'黎re. Et c'est manifestement m駱riser le sacrement, au moins chez ceux qui ont l'usage du libre arbitre. Ceux qui ainsi n'ont pas le bapt麥e, ne peuvent parvenir au salut, puisque ni sacramentellement, ni spirituellement, ils ne sont incorpor駸 au Christ qui seul peut nous sauver. D'autre part, on peut n'黎re pas baptis・de fait, mais en avoir le d駸ir. C'est le cas de celui qui d駸ire 黎re baptis・ mais qui par accident est surpris par la mort avant d'avoir pu recevoir le bapt麥e. Celui-l・peut parvenir au salut ・cause du d駸ir du bapt麥e, qui proc鐡e de la foi " qui op鑽e par la charit・サ, par laquelle Dieu, dont la puissance n'est pas li馥 aux sacrements visibles, sanctifie int駻ieurement l'homme (Saint Thomas, S. Th., III, q. 68, a. 2).
Bien que la f駘icit・騁ernelle et surnaturelle soit un don enti鑽ement gratuit et qu'elle ne soit due ・personne, ・aucun titre ・et moins encore apr鑚 le p馗h・・Dieu Notre Seigneur ne la refuse ・personne: sa g駭駻osit・est infinie. Nous savons et vous savez que ceux qui ignorent de fa輟n invincible notre tr鑚 sainte religion, et qui m鈩ent une vie honn黎e et droite en observant avec soin la loi naturelle et ses pr馗eptes grav駸 par Dieu dans le c忖r de tous, tout en 騁ant dispos駸 ・ob駟r ・Dieu, ceux-l・peuvent, avec l'aide de la lumi鑽e et de la gr稍e divines, acqu駻ir la vie 騁ernelle (Pie IX, encyclique Quanto conficiamur moerore 10.VIII.1863: Denzinger-Sch. 1677 (2866)). Dieu seul sait ce qui se passe dans le c忖r de tout homme, et il ne s'occupe pas des 穃es en bloc, mais une par une. Il n'appartient ・personne de juger sur cette terre du salut ou de la condamnation 騁ernelle dans un cas concret.

10 Mais n'oublions pas que la conscience peut se d馭ormer coupablement, s'endurcir dans le p馗h・et r駸ister ・l'action salvatrice de Dieu. D'o・la n馗essit・de pr鹹her la doctrine du Christ, les v駻it駸 de foi et les normes morales; d'o・aussi le besoin des sacrements, 騁ablis par J駸us-Christ comme causes instrumentales de sa gr稍e (Cf. Saint Thomas, S. Th. III, q. 62, a. 1) et rem鐡es aux mis鑽es qui d馗oulent de notre condition de nature d馗hue (Cf. ibid., q. 61, a. 2). D'o・en outre, l'avantage de recourir fr駲uemment au sacrement de la P駭itence et ・la Communion Eucharistique.
Par cons駲uent, la terrible responsabilit・de tous dans l'ノglise, et sp馗ialement des pasteurs, se concr騁ise parfaitement dans ces conseils de saint Paul: Je t'adjure devant Dieu et devant le Christ J駸us qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son apparition et de son r鑒ne, proclame la parole, insiste ・temps et ・contretemps, r馭ute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire. Car un temps viendra o・les hommes ne supporteront plus la sainte doctrine, mais au contraire, au gr・de leurs passions et l'oreille leur d駑angeant, ils se donneront des ma羡res en quantit・et d騁ourneront l'oreille de la v駻it・pour se tourner vers les fables (2Tm 4, 1-4).

11 Je ne saurais dire combien de fois ces paroles proph騁iques de l'Apre se sont r饌lis馥s. Mais seul un aveugle ne se rendrait pas compte qu'elles s'accomplissent actuellement presque au pied de la lettre. On rejette la doctrine des commandements de Dieu et de l'ノglise; on d馭orme le contenu des b饌titudes en en faisant une lecture politico-sociale; et l'on traite d'ignorant ou de d馭enseur obstin・du pass・celui qui s'efforce d'黎re humble, doux et pur de c忖r. On ne supporte pas le joug de la chastet・ et l'on invente mille fa輟ns de tourner en d駻ision les pr馗eptes divins du Christ.
Il y a un sympte qui englobe tous les autres: la tentative de changer les fins surnaturelles de l'ノglise. Par justice, il y en a qui ne comprennent d駛・plus vie de saintet・ mais lutte politique d騁ermin馥, plus ou moins empreinte de marxisme, ce qui est inconciliable avec la foi chr騁ienne. Par lib駻ation, ce n'est pas la bataille personnelle pour 馗happer au p馗h・qu'ils admettent, mais une t稍he humaine qui peut 黎re noble et juste, en elle-m麥e, mais qui n'a pas de sens pour le chr騁ien si elle l'am鈩e ・minimiser l'importance de la seule chose n馗essaire (Cf. Lc 10, 42), le salut 騁ernel des 穃es, une ・une.

12 Avec un aveuglement qui vient de l'駘oignement de Dieu ・ce peuple m'honore des l钁res, mais son c忖r est loin de moi (Mt 15, 8) ・l'on fabrique une image de l'ノglise qui n'a rien ・voir avec celle que le Christ a fond馥. Il n'est pas jusqu'au Saint Sacrement de l'autel ・le renouvellement du Sacrifice du Calvaire ・qui ne soit profan・ ou r馘uit ・un pur symbole de ce que l'on appelle " communion des hommes entre eux サ. Qu'arriverait-il aux 穃es si Notre Seigneur n'avait pas vers・pour nous jusqu'・la derni鑽e goutte de son pr馗ieux sang! Comment est-il possible que l'on m駱rise le miracle perp騁uel de la pr駸ence r馥lle du Christ dans le tabernacle? Il est demeur・ pour que nous le fr駲uentions, pour que nous l'adorions, pour que, gage de la gloire future, nous nous d馗idions ・suivre ses traces.
Le moment pr駸ent est un temps d'駱reuves et, par une clameur continue (Cf. Is 58, 1), nous devons demander au Seigneur de l'馗ourter, de regarder son ノglise avec mis駻icorde et d'accorder de nouveau la lumi鑽e surnaturelle ・l'穃e des pasteurs et de tous les fid鑞es. Il n'y a aucune raison pour que l'ノglise s'attache ・plaire aux hommes, 騁ant donn・que ce ne seront jamais les hommes ・ni s駱ar駑ent, ni tous ensemble ・qui donneront le salut 騁ernel: Celui qui sauve, c'est Dieu.

13 Il faut r駱騁er aujourd'hui ce que saint Pierre disait devant les personnages importants de J駻usalem: Ce J駸us est la pierre que vous, les b穰isseurs, vous avez rejet馥, et qui est devenue la pierre d'angle; et le salut ne se trouve en aucun autre; car il n'y a, sous le ciel, aucun autre nom donn・aux hommes, par lequel nous devions 黎re sauv駸 (Hch 4, 11-12).
Ainsi parlait le premier pape, la pierre sur laquelle le Christ 馘ifia son ノglise, m・par sa d騅otion filiale au Seigneur et par sa sollicitude pour le petit troupeau qui lui avait 騁・confi・ Les premiers chr騁iens apprirent de lui et des autres apres ・aimer l'ノglise avec affection.
Avez-vous remarqu・ en revanche, le peu de pi騁・avec lequel on parle quotidiennement de notre sainte M鑽e l'ノglise? Comme il est consolant de lire chez les P鑽es de l'antiquit・chr騁ienne ces phrases pleines d'amour enflamm・pour l'ノglise du Christ! Aimons le Seigneur notre Dieu, aimons son ノglise ・/i> 馗rit saint Augustin. Lui comme notre P鑽e, elle comme notre m鑽e. Que nul ne dise: sans doute, j'ai recours aux idoles, je consulte les devins et les sorciers; mais je n'abandonne pas l'ノglise de Dieu, je suis catholique: fid鑞e ・votre m鑽e, vous offenseriez alors votre P鑽e. Un autre dit: loin de moi de consulter les sorciers, de rechercher les d駑oniaques, de recourir ・des divinations sacril鑒es; je ne vais pas adorer les d駑ons, je ne sers pas les pierres; mais je suis du parti de Donat. De quoi vous sert de ne pas avoir offens・votre P鑽e, qui sera contraint de venger l'offense faite ・votre m鑽e? (Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, 88, 2, 14; PL 37, 1140) Saint Cyprien, lui, avait d馗lar・plus bri钁ement: Qui n'a pas l'ノglise pour M鑽e ne peut avoir Dieu pour P鑽e (Saint Cyprien, op. cit., PL 4, 502).
Beaucoup se refusent de nos jours ・馗outer la doctrine v駻itable sur notre sainte M鑽e l'ノglise. Certains veulent r駟nventer l'institution, avec la folie d'implanter dans le Corps Mystique du Christ une d駑ocratie du genre de celle qui se con輟it ou plus exactement, de celle que l'on pr騁end promouvoir dans la soci騁・civile: tous 馮aux en toute chose. Et ils ne sont pas convaincus que, par institution divine, l'ノglise se compose du Pape, des 騅麭ues, des pr黎res, des diacres et des la・s. C'est ce que J駸us a voulu.

14 Par volont・divine, l'ノglise est une institution hi駻archique. Le Concile Vatican II l'appelle soci騁・hi駻archiquement organis馥 (Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, 8) dans laquelle les ministres d騁iennent un pouvoir sacr・/i> (Ibid., n. 18). Non seulement la hi駻archie est compatible avec la libert・mais, bien plus, elle est au service de la libert・des fils de Dieu (Cf. Rm 8, 21).
Le terme de d駑ocratie n'a aucun sens dans l'ノglise qui ・j'insiste ・est hi駻archique par volont・divine. Mais hi駻archie veut dire gouvernement saint et ordre sacr・ aucunement arbitraire humain ou despotisme infra-humain. Le Seigneur a 騁abli dans l'ノglise un ordre hi駻archique, qui ne doit pas se transformer en tyrannie, parce que l'autorit・elle-m麥e est un service, tout comme l'ob駟ssance.
Il y a une 馮alit・dans l'ノglise: une fois baptis駸, nous sommes tous 馮aux, parce que nous sommes enfants du m麥e Dieu, Notre P鑽e. En tant que chr騁iens, aucune diff駻ence ne s駱are le Pape et le dernier venu ・l'ノglise. Mais cette 馮alit・radicale n'entra絜e pas pour autant la possibilit・de changer la constitution de l'ノglise, dans ce qui a 騁・騁abli par le Christ. Par une volont・divine expresse, nous avons une diversit・de fonctions, qui comporte aussi une diversit・de capacit駸, un caract鑽e ind駘饕ile conf駻・aux ministres sacr駸 par le sacrement de l'Ordre. Le sommet de cette organisation est constitu・par le successeur de Pierre et, avec lui et sous lui, tous les 騅麭ues avec leur triple mission de sanctifier, de gouverner et d'enseigner.

15 Permettez-moi cette insistance r駟t駻馥: les v駻it駸 de foi et de morale ne se d騁erminent pas ・la majorit・des voix, mais elles composent le d駱 ・depositum fidei ・/i> remis par le Christ ・tous les fid鑞es et confi・ quand ・son exposition et ・son enseignement autoris・ au Magist鑽e de l'ノglise.
Ce serait une erreur de penser qu'il faut modifier la constitution de l'ノglise pour la mettre en accord avec son temps, parce que les hommes ont peut-黎re pris davantage conscience des liens de solidarit・qui les unissent les uns aux autres. Le temps n'appartient pas aux hommes, qu'ils soient ou non des eccl駸iastiques; le temps appartient ・Dieu, qui est le Ma羡re de l'histoire. Et l'ノglise ne peut donner le salut aux 穃es que si elle demeure fid鑞e au Christ, dans sa constitution, dans ses dogmes, dans sa morale.
Repoussons donc l'id馥 que l'ノglise ・oubliant le Sermon sur la Montagne ・cherche le bonheur humain sur la terre parce que nous savons que son unique t稍he consiste ・mener les 穃es ・la gloire 騁ernelle du paradis; repoussons toute solution naturaliste, qui m駱rise le re primordial de la gr稍e divine; repoussons les opinions mat駻ialistes, qui essaient de faire perdre leur importance aux valeurs spirituelles dans la vie de l'homme; repoussons 馮alement les th駮ries s馗ularisantes, qui pr騁endent identifier les fins de l'ノglise de Dieu avec celles des ノtats terrestres, en en d馮uisant l'essence, les institutions et l'activit・ sous des caract駻istiques semblables ・celles de la soci騁・temporelle.

16 Rappelez-vous les r馭lexions de saint Paul que nous avons lues dans l'駱羡re: ヤ ab絈e de richesse dans la sagesse et dans la science de Dieu! Que ses d馗rets sont insondables et ses voies imp駭騁rables! Qui donc a connu la pens馥 du Seigneur? Qui en fut jamais le conseiller? Qui l'a pr騅enu de ses dons, pour 黎re pay・de retour? Car tout est de lui, par lui, pour lui. ・lui soit la gloire 騁ernellement! Amen (Rm 11, 33-36). Vus ・la lumi鑽e de la parole de Dieu, comme les desseins humains paraissent peu de chose quand ils essayent de modifier ce que Notre Seigneur a 騁abli!
Mais je ne dois pas vous cacher que l'on constate partout ・l'heure actuelle une 騁range capacit・chez l'homme: ne pouvant rien contre Dieu, il s'acharne contre autrui, se faisant ainsi un terrible instrument du mal, une occasion et une incitation au p馗h・ un semeur de confusion, cette confusion qui porte ・commettre des actes intrins鑷uement mauvais, tout en les pr駸entant comme bons.
L'ignorance a toujours exist・ mais actuellement l'ignorance la plus grossi鑽e en mati鑽e de foi et de morale se d馮uise parfois sous des termes pompeux d'apparence th駮logique. C'est pourquoi le commandement que le Christ donne ・ses apres ・nous venons de l'馗outer dans l'ノvangile ・retrouve, si l'on peut dire, une actualit・pressante: Allez et enseignez toutes les nations (Mt 28, 19). Nous ne pouvons pas nous en d駸int駻esser; nous ne pouvons pas nous croiser les bras; nous ne pouvons pas nous enfermer en nous-m麥es. Allons livrer pour Dieu une grande bataille de paix, de s駻駭it・ de doctrine.

17 Nous devons 黎re compr馼ensifs et, avec une grande affection, tout recouvrir du manteau de la charit・ Une charit・qui nous affermit dans la foi, qui augmente notre esp駻ance et qui nous rend forts, pour proclamer bien haut que l'ノglise n'est pas cette image que certains proposent. L'ノglise est de Dieu et ne poursuit qu'une seule fin: le salut des 穃es. Approchons-nous du Seigneur, parlons avec lui dans la pri鑽e, face ・face, demandons-lui pardon de nos mis鑽es personnelles et r駱arons pour nos p馗h駸 et pour ceux des autres hommes qui, dans ce climat de confusion, n'arrivent peut-黎re pas ・se rendre compte de la gravit・de leurs offenses envers Dieu.
Au cours de la Sainte Messe de ce dimanche, par la r駭ovation non sanglante du sacrifice sanglant du Calvaire, J駸us ・Pr黎re et Victime ・s'immolera pour les p馗h駸 des hommes. Ne le laissons pas seul: que jaillisse en notre c忖r un d駸ir ardent d'黎re avec lui, au pied de la Croix; que redouble notre clameur au P鑽e, Dieu de mis駻icorde, pour qu'il rende la paix au monde, la paix ・l'ノglise, la paix aux consciences.
Si nous agissons de la sorte, nous rencontrerons au pied de la Croix la Tr鑚 Sainte Vierge Marie, M鑽e de Dieu et notre M鑽e. Sa main b駭ie nous m鈩era jusqu'・J駸us et par lui, jusqu'au P鑽e, dans le Saint-Esprit.

 ォ    LOYAUTノ ENVERS L痛GLISE    サ 

18 Les textes de la liturgie de ce dimanche forment une cha絜e d'invocations au Seigneur. Nous lui disons qu'il est notre appui, notre rocher, notre forteresse (Cf. Sal 18, 19-20; 2-3. Intro・ de la Messe). L'oraison aussi reprend le th鑪e de l'intro・: Tu ne prives jamais de ta lumi鑽e ceux qui s'enracinent solidement dans ton amour (Oraison du deuxi鑪e dimanche apr鑚 la Pentece).
Dans le graduel nous recourons de nouveau ・lui: Dans les moments d'angoisse j'ai invoqu・le Seigneur D駘ivre mon 穃e, ・Seigneur, des l钁res menteuses et des langues perfides. Seigneur, je cherche abri en toi (Sal 120, 1-2 et Sal 7, 2. Graduel de la Messe). Nous sommes 駑us de cette insistance de Dieu notre P鑽e, d騁ermin・・nous rappeler que nous devons toujours recourir ・sa mis駻icorde, quoi qu'il arrive. Et maintenant aussi, bien que des voix confuses sillonnent l'ノglise. Ce sont des moments d'馮arement, parce qu'un grand nombre d'穃es ne rencontrent pas de bons pasteurs, ces autres Christ qui les guident jusqu'・l'Amour du Seigneur; elles rencontrent en revanche voleurs et bandits, qui viennent voler, tuer et d騁ruire (Jn 10, 8 et 10).
N'ayons pas peur. L'ノglise, qui est le Corps du Christ, doit demeurer ind馭ectiblement le chemin et le bercail du Bon Pasteur, le fondement solide et le chemin ouvert ・tous les hommes. Nous venons de lire dans l'ノvangile: Va-t-en par les chemins et le long des clures, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison se remplisse (Lc 14, 23).

19 Mais qu'est-ce que l'ノglise? O・est l'ノglise? Beaucoup de chr騁iens, 騁ourdis et d駸orient駸, ne re輟ivent pas de r駱onse s皞e ・ces questions, et ils en viennent peut-黎re ・penser que celles que le Magist鑽e a formul馥s pendant des si鐵les ・et que les bons cat馗hismes proposaient avec une pr馗ision et une simplicit・fondamentales ・sont maintenant d駱ass馥s et doivent 黎re remplac馥s par de nouvelles r駱onses. Toute une s駻ie de faits et de difficult駸 semblent s'黎re donn・rendez-vous pour alt駻er le visage limpide de l'ノglise. Certains pr騁endent que l'ノglise est l・ dans ce souci de s'adapter ・ce qu'ils appellent les temps modernes. D'autres s'馗rient: l'ノglise n'est autre que la soif de solidarit・des hommes; nous devons la changer en fonction des circonstances actuelles.
Ils se trompent. L'ノglise d'aujourd'hui est la m麥e que celle que le Christ a fond馥, et ne peut 黎re autre. Les apres et leurs successeurs sont les vicaires de Dieu pour le gouvernement de l'ノglise, fond馥 sur la foi et sur les sacrements de la foi. Et de m麥e qu'il ne leur est pas permis d'騁ablir une autre ノglise, ils ne peuvent pas non plus en transmettre une autre ni instituer d'autres sacrements; mais c'est par les sacrements qui jaillirent du c・du Christ suspendu ・la Croix que l'ノglise a 騁・construite (Saint Thomas, S. Th. III, q. 64, a. 2 ad 3). L'ノglise doit se reconna羡re aux quatre caract鑽es, contenus dans la profession de foi d'un des premiers Conciles, que nous r馗itons dans le Credo de la Messe: Une seule ノglise, sainte, catholique et apostolique (Symbole de Nic馥-Constantinople, Denzinger-Sch. 150 (86)). Voil・les propri騁駸 essentielles de l'ノglise, qui d馗oulent de sa nature, telle que le Christ l'a voulue. Et parce qu'elles sont essentielles, ces propri騁駸 sont aussi des marques qui la distinguent de tout autre genre de r騏nion humaine, m麥e si on y entend prononcer le nom du Christ.
Il y a un peu plus d'un si鐵le, le Pape Pie IX a r駸um・bri钁ement cet enseignement traditionnel: La v駻itable ノglise du Christ se constitue et se reconna羡, par autorit・divine, aux quatre caract鑽es auxquels il faut croire, comme nous l'affirmons dans le Credo; et chacun de ces caract鑽es est tellement uni aux autres qu'il ne peut en 黎re s駱ar・ Il s'ensuit que celle qui est et s'appelle vraiment catholique, doit en m麥e temps briller par ses propri騁駸 d'unit・ de saintet・et de succession apostolique (Pie IX, Lettre du Saint-Office aux 騅麭ues d'Angleterre, 16.IX.1864, Denzinger-Sch. 2888, 1686). C'est, j'insiste, l'enseignement traditionnel de l'ノglise, r饌ffirm・par le Concile Vatican II, bien que, pouss駸 par un faux oecum駭isme, certains l'oublient ces derni鑽es ann馥s: Telle est l'ノglise du Christ, dont nous professons dans le symbole, l'unit・ la saintet・ la catholicit・et l'apostolicit・ ノglise que notre Sauveur, apr鑚 sa r駸urrection, confia ・Pierre pour qu'il en f皦 le pasteur, le chargeant, lui et les autres apres, de la r駱andre et de la gouverner; ノglise qu'il 駻igea pour toujours comme colonne et fondement de la v駻it・(Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium
, 8).

20 Qu'ils soient un comme nous (Jn 17, 11), crie le Christ ・son P鑽e. Que tous soient un. Comme toi, P鑽e, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous (Jn 17, 21).
Cette exhortation ・l'unit・jaillit constamment des l钁res de J駸us-Christ, parce que tout royaume divis・contre lui-m麥e court ・la ruine; et toute ville ou maison divis馥 contre elle-m麥e ne saurait se maintenir (Mt 12, 25). Pr馘ication qui devient un d駸ir v馼駑ent: J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos; celles-l・aussi, je dois les mener; elles 馗outeront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur (Jn 10, 16).
Quels accents merveilleux Notre Seigneur a employ駸 pour parler de cette doctrine! Il multiplie les mots et les images pour que nous le comprenions, pour que cette passion de l'unit・reste grav馥 en notre 穃e. Je suis la vraie vigne et mon P鑽e est le vigneron. Tout sarment qui en moi ne porte pas de fruit, il le coupe et tout sarment qui porte du fruit, il l'駑onde, pour qu'il en porte davantage Demeurez en moi, comme moi en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit par lui-m麥e, sans demeurer sur le cep, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep; vous 黎es les sarments. Qui demeure en moi,
comme moi en lui, porte beaucoup de fruits; car hors de moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 1-5).
Ne voyez-vous pas comment ceux qui se s駱arent de l'ノglise, m麥e s'il leur arrive d'黎re couverts de feuillages, ne tardent pas ・se dess馗her, tandis que leurs fruits deviennent pourriture? Aimez l'ノglise, Sainte, Apostolique, Romaine, Une! Parce que, comme l'馗rit saint Cyprien: Celui qui amasse ailleurs, en dehors de l'ノglise, dissipe l'ノglise du Christ (Saint Cyprien, De catholic・Ecclesi・unitate, 6; PL 4, 503). Et saint Jean Chrysostome d'insister: Ne te s駱are pas de l'ノglise. Rien n'est plus fort que l'ノglise. L'ノglise est ton esp駻ance; l'ノglise est ton salut; l'ノglise est ton refuge. Elle est plus haute que le ciel et plus vaste que la terre. Elle ne vieillit pas, sa vigueur est 騁ernelle (Saint Jean Chrysostome, Homilia de capto Eutropio, 6).
D馭endre l'unit・de l'ノglise implique que nous vivions tr鑚 unis ・J駸us-Christ, notre vigne. Comment? En augmentant notre fid駘it・au Magist鑽e immuable de l'ノglise: En effet, le Saint-Esprit n'a pas 騁・promis aux successeurs de Pierre afin que, par sa r騅駘ation, ils pr駸entent une doctrine nouvelle, mais qu'avec son assistance, ils conservent saintement et enseignent fid鑞ement la r騅駘ation, ou d駱 de la foi, transmise par les apres (Concile Vatican I, constitution dogmatique sur l'ノglise, Denzinger-Sch. 3070 (1836)). C'est ainsi que nous maintiendrons l'unit・ en v駭駻ant notre M鑽e sans tache, en aimant le Souverain Pontife.

21 D'aucuns d馗larent que nous sommes peu nombreux ・demeurer dans l'ノglise. Je leur r駱ondrai que si nous conservions tous avec loyaut・la doctrine du Christ, notre nombre ne tarderait pas ・augmenter consid駻ablement, parce que Dieu veut que sa maison se remplisse. Dans l'ノglise nous d馗ouvrons le Christ, qui est l'Amour de nos amours. Et nous devons d駸irer pour tous les hommes cette vocation, cette joie intime qui enivre l'穃e, la douceur sans m駘ange du C忖r mis駻icordieux de J駸us.
Il faut 黎re oecum駭ique, entend-on r駱騁er. J'en conviens. Mais je crains que certaines activit駸 qui se disent oecum駭iques ne dissimulent une supercherie, dans la mesure o・ces activit駸 ne m鈩ent pas ・l'amour du Christ, ・la vraie vigne. C'est pourquoi elles ne portent pas de fruit. Je demande chaque jour au Seigneur d'agrandir mon c忖r pour qu'il continue de rendre surnaturel l'amour qu'il a mis dans mon 穃e pour tous les hommes, sans distinction de race, de peuple, de conditions culturelles ou de fortune. J'aime sinc鑽ement tout le monde, catholiques et non-catholiques, ceux qui croient en quelque chose et ceux qui ne croient pas et qui me causent de la tristesse. Mais le Christ a fond・une seule ノglise; Il n'a qu'une seule ノpouse.
L'union des chr騁iens? Oui. Plus encore: l'union de tous ceux qui croient en Dieu. Mais il n'existe qu'une seule ノglise v駻itable. Elle n'est pas ・reconstruire avec des fragments dispers駸 ・travers le monde. Et elle n'a besoin de passer par aucune esp鐵e de purification pour se trouver enfin propre. L'ノpouse du Christ ne peut 黎re adult鑽e, parce qu'elle est incorruptible et pure. Elle ne conna羡 qu'une seule maison et observe l'inviolabilit・d'un seul lit nuptial avec une chaste pudeur. C'est elle qui nous conserve pour Dieu; c'est elle qui destine au Royaume les enfants qu'elle a engendr駸. Quiconque se s駱are de l'ノglise, s'unit ・une adult鑽e et s'駘oigne des promesses de l'ノglise; et qui abandonne l'ノglise du Christ n'obtiendra pas les r馗ompenses du Christ (Saint Cyprien, op. cit).

22 Nous comprendrons mieux maintenant comment l'unit・de l'ノglise m鈩e ・la saintet・ et comment un des aspects essentiels de sa saintet・est cette unit・ centr馥 sur le myst鑽e du Dieu Un et Trine: un seul Corps et un seul Esprit, comme il y a une seule esp駻ance au terme de l'appel que vous avez re輹; un seul Seigneur, une seule foi, un seul bapt麥e; un seul Dieu et P鑽e de tous, qui est au-dessus de tous, gouverne toute chose et habite en nous tous (Ef 4, 4-6).
Saintet・ne signifie absolument rien d'autre qu'union ・Dieu; ・une plus grande intimit・avec le Seigneur correspond une plus grande saintet・ L'ノglise a 騁・voulue et fond馥 par le Christ, qui accomplit ainsi la volont・du P鑽e; l'ノpouse du Fils est assist馥 par le Saint-Esprit. L'ノglise est l'oeuvre de la Tr鑚 Sainte Trinit・ elle est sainte et M鑽e: notre sainte M鑽e l'ノglise. Nous pouvons admirer en l'ノglise une perfection que nous pourrions appeler originelle, et une autre finale, eschatologique. Saint Paul se r馭鑽e ・toutes deux dans son ノp羡re aux ノph駸iens: le Christ a aim・l'ノglise et s'est livr・pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bapt麥e de l'eau, voulant se pr駸enter ・lui-m麥e une ノglise glorieuse, sans tache ni ride ni rien de semblable, mais sainte et immacul馥 (Ef 5, 25-27).
La saintet・originelle et constitutive de l'ノglise peut demeurer voil馥 ・mais jamais 黎re d騁ruite, parce qu'elle est ind馭ectible: Les portes de l'Had鑚 ne tiendront pas contre elle (Mt 16, 18); elle peut demeurer cach馥 aux yeux humains, disais-je, ・certains moments d'une obscurit・que l'on pourrait appeler collective. Mais saint Pierre applique aux chr騁iens le titre de gens sancta (1P 2, 9), de peuple saint. Et en tant que membres d'un peuple saint, tous les fid鑞es ont re輹 cette vocation ・la saintet・et doivent s'efforcer de r駱ondre ・la gr稍e et d'黎re personnellement saints. Il y a eu, tout au long de l'histoire, et de nos jours aussi, nombre de catholiques qui se sont r馥llement sanctifi駸: jeunes et vieux, c駘ibataires et mari駸, pr黎res et la・s, hommes et femmes.
Mais il se trouve que la saintet・personnelle de tous ces fid鑞es d'hier et d'aujourd'hui n'a rien de spectaculaire. Bien souvent nous ne reconnaissons pas la personne simple, courante et sainte qui travaille et vit au milieu de nous. Le p馗h・et le manque de fid駘it・se d騁achent davantage au regard terrestre: ils sont plus voyants.

23 Gens sancta, peuple saint, compos・de cr饌tures qui ont leurs mis鑽es: cette contradiction apparente souligne un des aspects du myst鑽e de l'ノglise. L'ノglise, qui est divine, est aussi humaine, parce qu'elle est form馥 par des hommes, et que les hommes ont des d馭auts: omnes homines terra et cinis (Si 17, 31), nous sommes tous poussi鑽e et cendre.
Notre Seigneur J駸us-Christ, qui a fond・l'ノglise sainte, attend des membres de ce peuple qu'ils luttent sans rel稍he pour atteindre la saintet・ Tous ne r駱ondent pas avec loyaut・・son appel. Et l'on d馗ouvre ・la fois dans l'ノglise, ノpouse du Christ, la merveille du chemin du salut et les mis鑽es de ceux qui le parcourent. Le Divin R馘empteur a dispos・que la communaut・qu'il a fond馥 f皦 une soci騁・parfaite en son genre et dot馥 de tous les 駘駑ents juridiques et sociaux n馗essaires pour perp騁uer en ce monde l'oeuvre de la R馘emption Si l'on d馗ouvre dans l'ノglise quelque chose qui prouve la faiblesse de notre condition humaine, ce n'est pas ・sa constitution juridique qu'il faut l'attribuer, mais plut ・la d駱lorable inclination des individus au mal; inclination que permet son Divin Fondateur, m麥e chez les membres les plus importants du Corps Mystique, pour que la vertu des brebis et des pasteurs soit mise ・l'駱reuve et pour que les m駻ites de la foi chr騁ienne augmentent en tous (Pie XII, encyclique Mystici Corporis, 29.VI.1943).
Telle est la r饌lit・de l'ノglise, ici et maintenant. C'est pourquoi la saintet・de l'ノpouse du Christ est compatible avec l'existence en son sein de personnes qui ont des d馭auts. Le Christ n'a pas exclu les p馗heurs de la soci騁・qu'il a fond馥. Par cons駲uent, si certains de ses membres sont afflig駸 de maladies spirituelles, notre amour pour l'ノglise ne doit pas diminuer pour autant; au contraire, notre compassion pour ses membres doit augmenter (Ibid.).

24 Celui qui, apercevant les d馭auts et les mis鑽es de n'importe quel membre de l'ノglise, pour haut plac・qu'il soit de par ses fonctions, sentirait diminuer sa foi en l'ノglise et au Christ, ferait preuve de bien peu de maturit・ L'ノglise n'est gouvern馥 ni par Pierre, ni par Jean, ni par Paul; elle est gouvern馥 par le Saint-Esprit et le Seigneur a promis de rester ・ses c駸 tous les jours jusqu'・la consommation des si鐵les (Mt 28, 20).
Voyez ce que dit saint Thomas abondant en ce sens ・propos de la r馗eption des sacrements, qui sont cause et signe de la gr稍e sanctifiante: Celui qui s'approche des sacrements les re輟it certainement du ministre de l'ノglise, non pas cependant en tant que personne concr鑼e, mais en tant que ministre de l'ノglise. C'est pourquoi, tant que l'ノglise lui permet d'exercer son minist鑽e, celui qui re輟it le sacrement de ses mains ne participe pas du p馗h・du ministre indigne, mais entre en communion avec l'ノglise qui l'a pour ministre (Saint Thomas, S. Th. III, q. 64, a. 6 ad. 2). Quand le Seigneur permet que la faiblesse humaine apparaisse, notre r饌ction doit 黎re celle que nous aurions si nous voyions notre m鑽e malade ou trait馥 avec indiff駻ence: l'aimer davantage, lui donner davantage de marques ext駻ieures et int駻ieures d'affection.
Si nous aimons l'ノglise, nous n'駱rouverons jamais la volont・morbide de faire appara羡re comme des fautes de la M鑽e les mis鑽es de quelques-uns de ses enfants. L'ノglise, ノpouse du Christ, n'a aucun mea culpa ・entonner. Mais nous, si: mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa! Voil・le v駻itable meaculpisme: celui que nous faisons personnellement, et non celui qui attaque l'ノglise, en montrant et en exag駻ant les d馭auts humains. Ces d馭auts, chez notre sainte M鑽e, sont le r駸ultat de l'action des hommes qui peuvent atteindre des limites extr麥es dans la malice, mais qui ne parviendront jamais ・d騁ruire, ni m麥e ・porter atteinte ・ce que nous avons appel・la saintet・originelle et constitutive de l'ノglise.
C'est avec justesse que Dieu Notre Seigneur a compar・l'ノglise ・l'aire o・l'on accumule la paille avec le bl・ duquel proviendra le pain pour la table et le pain pour l'autel; Il a compar・l'ノglise ・un filet de p鹹heur ex omni genere piscium congreganti (Mt 13, 47): qui ramasse de bons et de mauvais poissons, lesquels seront ensuite rejet駸.

25 Le myst鑽e de la saintet・de l'ノglise ・cette lumi鑽e originelle que l'ombre de la bassesse humaine peut maintenir cach馥 ・nous fait 馗arter jusqu'・la moindre pens馥 de soup輟n ou de doute quant ・la beaut・de notre M鑽e. Et l'on ne peut pas non plus tol駻er, sans protester, que d'autres l'insultent. Ne recherchons pas dans l'ノglise les aspects vuln駻ables ・la critique, au contraire de certains qui ne montrent ni foi ni amour. Je ne con輟is pas que l'on 駱rouve une affection v駻itable pour sa propre m鑽e, et que l'on parle ensuite de cette m鑽e avec d騁achement.
Notre M鑽e est sainte, parce qu'elle est n馥 pure et qu'elle continuera d'黎re sans tache pour l'騁ernit・ S'il nous arrive parfois de ne pas d馗ouvrir la beaut・de son visage, nous devons nous laver les yeux; si nous remarquons que sa voix ne nous est pas agr饌ble, pensons ・notre duret・d'oreille qui nous emp鹹he de percevoir dans ses intonations le sifflement amoureux du Pasteur. Notre M鑽e est sainte, de la saintet・du Christ auquel elle est unie en corps ・que nous formons ・nous tous ・et en esprit ・l'Esprit Saint, qui habite aussi dans le c忖r de chacun d'entre nous si nous nous maintenons dans la gr稍e de Dieu.
Sainte, sainte, sainte! osons-nous chanter ・l'ノglise, en reprenant l'hymne en l'honneur de la Tr鑚 Sainte Trinit・ Tu es sainte, ノglise, ma M鑽e, parce que le Saint Fils de Dieu t'a fond馥; tu es sainte, parce que le P鑽e, source de toute saintet・ l'a ainsi dispos・ tu es sainte, parce que l'Esprit Saint t'assiste, lui qui demeure en l'穃e de tes fid鑞es pour r騏nir les enfants du P鑽e qui habiteront l'ノglise du Ciel, la J駻usalem 騁ernelle.

26 Dieu veut que tous les hommes soient sauv駸 et parviennent ・la connaissance de la v駻it・ Car Dieu est unique, unique aussi le m馘iateur entre Dieu et les hommes, le Christ J駸us, homme lui-m麥e, qui s'est livr・en ran輟n pour nous. Tel est le t駑oignage rendu en son temps (1Tm 2, 4-6). J駸us-Christ fonde une seule ノglise: son ノglise; c'est pourquoi l'ノpouse du Christ est une et catholique, c'est-・dire universelle, pour tous les hommes.
L'ノglise est, depuis des si鐵les, r駱andue ・travers le monde entier; et des personnes de toutes races et de toutes les conditions sociales en font partie. Mais la catholicit・de l'ノglise ne d駱end pas de son extension g駮graphique, bien que celle-ci soit un signe visible et un motif de cr馘ibilit・ L'ノglise 騁ait d駛・catholique le jour de la Pentece. Elle na羡 catholique du C忖r bless・de J駸us, comme un feu que le Saint-Esprit allume.
Au deuxi鑪e si鐵le, les chr騁iens d馭inissaient l'ノglise comme catholique pour la distinguer des sectes qui, tout en utilisant le nom du Christ, trahissaient certains aspects de sa doctrine. Nous l'appelons catholique, 馗rit saint Cyrille, non seulement parce qu'elle est r駱andue sur toute la terre, d'une extr駑it・・l'autre, mais parce que, universellement et sans d馭aillance, elle enseigne tous les dogmes que les hommes doivent conna羡re, sur le visible et sur l'invisible, sur ce qui est c駘este et sur ce qui est terrestre. Et aussi parce qu'elle soumet au v駻itable culte toutes sortes d'hommes: gouvernants et citoyens, doctes et ignorants. Et enfin, parce qu'elle soigne et gu駻it toute esp鐵e de p馗h駸, qu'ils soient de l'穃e ou du corps, poss馘ant en outre ・quel que soit le nom qu'on leur donne ・toutes les formes de la vertu, en actes et en paroles et en toutes sortes de dons spirituels (Saint Cyrille, Catechesis, 18, 23).
La catholicit・de l'ノglise ne d駱end pas davantage du fait que les non-catholiques l'acclament et la prennent en consid駻ation; elle n'a pas non plus de rapport avec le fait que, en des mati鑽es non spirituelles, les opinions de quelques personnes dot馥s d'autorit・dans l'ノglise soient prises en consid駻ation ・et parfois instrumentalis馥s ・par les organes d'opinion publique de courants proches de leur pens馥. Il arrivera fr駲uemment que la part de v駻it・d馭endue par toute id駮logie humaine trouve un 馗ho ou un fondement dans l'enseignement traditionnel de l'ノglise; et c'est l・ dans un certain sens, une preuve de la divinit・de la R騅駘ation que le Magist鑽e prot鑒e. Mais l'ノpouse du Christ est catholique, quand bien m麥e elle serait d駘ib駻駑ent ignor馥 par beaucoup, et m麥e insult馥 et pers馗ut馥, comme cela se produit malheureusement aujourd'hui en tant d'endroits.

27 L'ノglise n'est ni un parti politique, ni une id駮logie sociale, ni une organisation mondiale pour la concorde ou le progr鑚 mat駻iel, m麥e si ces activit駸 et d'autres du m麥e genre ont leur noblesse. L'ノglise a toujours r饌lis・et r饌lise un travail immense en faveur des n馗essiteux, de ceux qui souffrent, de tous ceux qui p穰issent d'une fa輟n ou d'une autre des cons駲uences du seul mal v駻itable qu'est le p馗h・ Et ・tous ・aux n馗essiteux de tous genres et ・ceux qui croient jouir de la pl駭itude des biens de la terre ・l'ノglise vient confirmer une seule chose essentielle et d馭initive: que notre destin est 騁ernel et surnaturel, que nous ne nous sauverons pour toujours qu'en J駸us-Christ, et qu'en lui seul nous obtiendrons d駛・d'une certaine fa輟n en cette vie la paix et le bonheur v駻itables.
Demandez maintenant avec moi ・Dieu Notre Seigneur que nous, les catholiques, nous n'oubliions jamais ces v駻it駸, et que nous nous d馗idions ・les mettre en pratique. L'ノglise catholique n'a pas besoin de l'approbation des hommes, parce qu'elle est l'oeuvre de Dieu.
Nous manifesterons que nous sommes catholiques par les fruits de saintet・que nous donnerons, parce que la saintet・n'admet pas de fronti鑽es et n'est le patrimoine d'aucun particularisme humain. Nous d駑ontrerons que nous sommes catholiques si nous prions, si nous nous adressons continuellement ・Dieu, si nous nous effor輟ns toujours et en tout d'黎re justes ・au sens le plus large du mot, qui est souvent utilis・de nos jours avec une nuance mat駻ialiste et fausse ・si nous aimons et d馭endons la libert・personnelle des autres hommes.
Je vous rappelle aussi une autre preuve manifeste de la catholicit・de l'ノglise: la conservation et l'administration fid鑞es des sacrements tels qu'ils ont 騁・institu駸 par J駸us-Christ, sans aucune tergiversation humaine, ni tentative de les conditionner psychologiquement ou sociologiquement. Car personne ne peut d騁erminer ce qui est du ressort d'un autre mais seulement ce qui rel钁e de son propre pouvoir. Et comme la sanctification de l'homme rel钁e de la puissance de Dieu sanctifiant, il n'appartient pas ・l'homme de d馭inir ・sa guise ce qui doit le sanctifier: cela doit 黎re d騁ermin・par institution divine (Saint Thomas, S. Th. III, q. 60, a. 5). Ces tentatives d'amoindrir l'universalit・de l'essence des sacrements pourraient peut-黎re se justifier s'il s'agissait de simples signes, de symboles, op駻ant selon les lois naturelles de compr馼ension et d'intelligence. Mais les sacrements de la Nouvelle Loi sont ・la fois causes et signes. C'est pourquoi l'on enseigne commun駑ent qu'ils causent ce qu'ils signifient. Il s'ensuit qu'ils gardent parfaitement la raison de sacrements tant qu'ils sont ordonn駸 ・quelque chose de sacr・ non seulement comme signes, mais aussi comme causes (Ibid., q. 62, a. 1 ad 1).

28 Cette ノglise catholique est romaine. Comme je savoure ce mot: romaine! Je me sens romain, parce que romain veut dire universel, catholique; parce que cela m'am鈩e ・aimer tendrement le Pape, il dolce Cristo in terra, comme aimait ・le r駱騁er sainte Catherine de Sienne, que je consid鑽e comme une amie bien-aim馥.
Il n'y a personne ・soulignait Paul VI dans son discours de clure du Concile Vatican II ・qui, en th駮rie, soit hors d'atteinte de ce centre catholique romain; tous peuvent et doivent 黎re atteints. Personne n'est un 騁ranger pour l'ノglise catholique, personne n'est exclu, personne n'est consid駻・comme 駘oign・(Sacrosanctum OEcumenicum Concilium Vaticanum II, Constitutiones, Decreta, Declarationes, Vatican 1966, p. 1079). Je v駭鑽e de toutes mes forces la Rome de Pierre et de Paul, baign馥 du sang des martyrs, centre d'o・sont partis vers le monde entier tant de propagateurs de la parole salvatrice du Christ. ハtre romain, ce n'est pas faire montre de particularisme, mais d'oecum駭isme authentique; cela implique le d駸ir d'agrandir son c忖r, de l'ouvrir ・tous avec la soif r馘emptrice du Christ, qui cherche tout le monde et accueille tout le monde, parce qu'il a 騁・le premier ・aimer tout le monde.
Saint Ambroise a 馗rit une phrase br钁e, qui est comme un chant de joie: L・o・est Pierre, se trouve l'ノglise; et l・o・est l'ノglise, ne r鑒ne pas la mort, mais la vie 騁ernelle (Saint Ambroise, In XII Sal. Enarratio, 40, 30). Parce que l・o・se trouvent Pierre et l'ノglise, il y aussi le Christ: et Il est le salut, le seul chemin.

29 Notre Seigneur a fond・son ノglise sur la faiblesse -mais aussi sur la fid駘it・・de quelques hommes, les apres, auxquels il a promis l'assistance constante de l'Esprit Saint. Relisons ce texte bien connu, mais toujours nouveau et actuel: Tout pouvoir m'a 騁・donn・au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du P鑽e et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant ・observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu'・la fin du monde (Mt 28, 18-20).
La pr馘ication de l'ノvangile ne para羡 pas en Palestine par l'initiative personnelle de quelques fanatiques. Que pouvaient faire les apres? Ils n'avaient aucune importance en leur temps: ils n'騁aient ni riches, ni cultiv駸, ni des h駻os, humainement parlant. J駸us charge les 駱aules de cette poign馥 de disciples d'une t稍he immense, divine. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai institu駸 pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure; alors tout ce que vous demanderez au P鑽e en mon nom, il vous l'accordera (Jn 15, 16).
La succession apostolique s'est conserv馥 dans l'ノglise ・travers deux mille ans d'histoire. Les 騅麭ues, d馗lare le Concile de Trente, ont succ馘・aux apres et ils sont plac駸, comme le dit l'Apre lui-m麥e (Paul), par le Saint-Esprit pour gouverner l'ノglise de Dieu. (Hch 20, 28) (Concile de Trente, Doctrine sur le Sacrement de l'Ordre, Denzinger-Sch. 1768 (960)). Et parmi les apres, le Christ lui-m麥e a choisi Simon en vertu d'une 駘ection sp馗iale: Tu es Pierre, et sur cette pierre je b穰irai mon ノglise (Mt 16, 18). J'ai pri・pour toi, ajoute-t-il aussi, afin que ta foi ne d馭aille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes fr鑽es (Lc 22, 32).
Pierre s'installe ・Rome o・il fixe le si鑒e du primat, du Vicaire du Christ. C'est pourquoi c'est ・Rome que la succession apostolique se remarque le mieux, et c'est pourquoi elle est appel馥 Si鑒e Apostolique par antonomase. Le Concile Vatican I, reprenant les paroles d'un concile ant駻ieur, celui de Florence, a proclam・que tous les fid鑞es du Christ doivent croire que le Saint Si鑒e Apostolique et le Souverain Pontife poss鐡ent le primat sur toute la surface de la terre, et que le Souverain Pontife en personne est le successeur du bienheureux Pierre, prince des apres, v駻itable Vicaire de J駸us-Christ, t黎e de toute l'ノglise, et p鑽e et ma羡re de tous les chr騁iens, et que c'est ・lui que fut remis par Notre Seigneur J駸us-Christ, en la personne du bienheureux Pierre, plein pouvoir pour pa羡re, diriger et gouverner l'ノglise universelle (Concile Vatican I, constitution dogmatique sur l'ノglise, Denzinger-Sch. 3059 (1826)).

30 Le pouvoir supr麥e du Souverain Pontife et son infaillibilit・lorsqu'il parle ex cathedra, ne sont pas une invention humaine: ils s'appuient sur la volont・fondationnelle explicite du Christ. Il est donc absurde d'opposer le gouvernement du Pape ・celui des 騅麭ues, ou de r馘uire la valeur du Magist鑽e pontifical au consentement des fid鑞es! Rien ne lui est plus 騁ranger que l'駲uilibre des pouvoirs; les sch駑as humains n'ont pas d'utilit・ici, pour attrayants ou fonctionnels qu'ils soient. Personne dans l'ノglise ne poss鐡e de par lui-m麥e un pouvoir absolu, en tant qu'homme; il n'y a pas dans l'ノglise d'autre chef que le Christ; et le Christ a voulu 騁ablir un Vicaire ・le Souverain Pontife ・pour son ノpouse en marche sur cette terre.
L'ノglise est apostolique par constitution: Celle qui est r馥llement et s'appelle catholique, doit en m麥e temps briller par les qualit駸 d'unit・ de saintet・et de succession apostolique. Ainsi l'ノglise est une, de l'unit・insigne et parfaite de toute la terre et de tous les peuples, de cette unit・dont le principe, la racine et l'origine ind馭ectible r駸ident en l'autorit・supr麥e et en la primaut・la plus excellente du bienheureux Pierre, prince des apres, et de ses successeurs ・la chaire romaine. Et il n'existe pas d'autre ノglise catholique que celle qui, 馘ifi馥 sur l'unique Pierre, s'駘钁e par l'unit・de la foi et par la charit・en un seul corps uni et compact (Pie IX, op. cit.).
Contribuons ・rendre cette apostolicit・plus 騅idente aux yeux de tous, en d駑ontrant avec une fid駘it・extr麥e notre union au Pape, qui est union ・Pierre. L'amour du Souverain Pontife doit 黎re chez nous une passion merveilleuse, parce que nous voyons le Christ en lui. Si nous nous familiarisons avec le Seigneur dans la pri鑽e, nous irons de l'avant avec un regard clair qui nous permettra de d馗ouvrir l'action du Saint-Esprit, jusque dans les 騅駭ements qui peuvent parfois nous sembler incompr馼ensibles ou qui nous causent tristesse et douleur.

31 L'ノglise nous sanctifie apr鑚 notre entr馥 en son sein par le Bapt麥e. Nouveaux-n駸 ・la vie naturelle, nous pouvons d駛・recevoir la gr稍e sanctifiante. La foi d'une personne, plus encore la foi de toute l'ノglise, profitent ・l'enfant par l'action du Saint-Esprit, qui unifie l'ノglise et communique les biens de l'une ・l'autre (Saint Thomas, S. Th. III, q. 68, a. 9 ad 2). Cette maternit・surnaturelle de l'ノglise, que le Saint-Esprit lui conf鑽e, est une merveille. La r馮駭駻ation spirituelle qui s'op鑽e par le Bapt麥e est d'une certaine fa輟n semblable ・la naissance corporelle: de m麥e que les enfants qui sont dans le sein de leur m鑽e ne s'alimentent pas tout seuls mais se nourrissent de l'aliment de la m鑽e, de m麥e les petits enfants qui n'ont pas l'usage de la raison et qui sont comme des enfants dans le sein de leur M鑽e l'ノglise, re輟ivent le salut de l'action de l'ノglise et non d'eux-m麥es (Ibid., ad 1).
Cela fait ressortir dans toute sa grandeur le pouvoir sacerdotal de l'ノglise, qui provient directement du Christ. Le Christ est la source de tout sacerdoce: en effet le pr黎re de la loi 騁ait comme sa figure; mais le pr黎re de la Nouvelle Loi agit en la personne du Christ, d'apr鑚 ce que dit saint Paul: ce que je pardonne, si je pardonne, c'est par amour pour vous que je le pardonne en la personne du Christ (2Co 2, 14) (Ibid., q. 22, a. 4).
La m馘iation salvatrice entre Dieu et les hommes se perp騁ue dans l'ノglise au moyen du sacrement de l'Ordre qui rend apte, en vertu du caract鑽e et de la gr稍e qui en d馗oulent, ・agir comme ministre de J駸us-Christ pour le bien de toutes les 穃es. Le fait que quelqu'un puisse r饌liser un acte qu'un autre ne peut faire, ne provient pas d'une diff駻ence de bont・ou de malice, mais du pouvoir acquis que poss鐡e l'un d'entre eux et pas l'autre. C'est pourquoi, comme le la・ ne re輟it pas le pouvoir de consacrer, il ne peut r饌liser la cons馗ration, quelle que soit sa bont・personnelle (Saint Thomas, In IV Sent., d. 13, q. 1 a. 1).

32 Il y a une diversit・de minist鑽es dans l'ノglise, mais sa fin est unique: la sanctification des hommes. Et tous les chr騁iens participent d'une certaine fa輟n ・cette t稍he, gr稍e au caract鑽e qu'ils ont re輹 dans les sacrements du Bapt麥e et de la Confirmation. Nous devons tous nous sentir responsables de cette mission de l'ノglise, qui est la mission du Christ. Celui qui ne ressent pas de z鑞e pour le salut des 穃es, celui qui ne recherche pas de toutes ses forces ・faire conna羡re et aimer le nom et la doctrine du Christ ne comprendra pas l'apostolicit・de l'ノglise.
Un chr騁ien passif n'est pas pr黎 de comprendre ce que le Christ veut de chacun de nous. Un chr騁ien qui s'occupe de ses affaires et se d駸int駻esse du salut des autres, n'aime pas avec le C忖r de J駸us. L'apostolat n'est pas une mission exclusive de la hi駻archie, ni des pr黎res ou des religieux. Le Seigneur nous appelle tous ・黎re, par l'exemple et la parole, des instruments de ce courant de gr稍e qui jaillit jusqu'・la vie 騁ernelle.
Chaque fois que nous lisons les Actes des Apres, l'audace, la confiance en leur mission et l'abn馮ation joyeuse des disciples du Christ nous 駑euvent. Ils ne recherchent pas les foules. Bien que les foules accourent, ils s'adressent ・chaque 穃e en particulier, ・chaque homme, un ・un: Philippe, ・l'ノthiopien (Cf. Hch 8, 26-40); Pierre, au centurion Corneille (Cf. Hch 10, 1-48); Paul, ・Sergius Paulus (Cf. Hch 13, 6-12).
Ils avaient appris cela du Ma羡re. Rappelez-vous la parabole des ouvriers qui attendaient du travail au milieu de la place du village. Quand le propri騁aire de la vigne s'y rendit, la journ馥 騁ant d駛・bien avanc馥, il trouva encore des ouvriers les bras crois駸: Pourquoi restez-vous ici toute la journ馥 sans travailler? -C'est que personne ne nous a embauch駸 (Mt 20, 6-7), lui r駱ondirent-ils. Cela ne doit pas se produire dans la vie du chr騁ien; il ne doit se trouver personne autour de lui qui puisse affirmer qu'il n'a pas entendu parler du Christ, parce que personne ne le lui a annonc・
Les hommes pensent souvent qu'ils peuvent se passer de Dieu. Ils se trompent. Bien qu'ils ne le sachent pas, ils gisent comme le paralytique de la piscine probatique: incapables de se mouvoir vers les eaux qui sauvent, vers la doctrine qui met la joie dans l'穃e. Bien souvent c'est la faute des chr騁iens; ces personnes pourraient r駱騁er hominem non habeo (Jn 5, 7),
je n'ai m麥e pas quelqu'un pour m'aider. Tout chr騁ien doit 黎re apre, parce que Dieu, qui n'a besoin de personne, a n饌nmoins besoin de nous. Il compte sur nous pour que nous nous consacrions ・r駱andre sa doctrine salvatrice.

33 Nous sommes en train de contempler le myst鑽e de l'ノglise une, sainte, catholique, apostolique. C'est le moment de nous demander: est-ce que je partage avec le Christ sa soif des 穃es? Est-ce que je prie pour cette ノglise dont je fais partie, dans laquelle je dois accomplir une mission sp馗ifique que personne d'autre ne peut remplir ・ma place? 黎re dans l'ノglise est d駛・beaucoup; mais cela ne suffit pas. Nous devons 黎re ノglise, parce que notre M鑽e ne doit jamais 黎re pour nous une inconnue, ext駻ieure et 騁rang鑽e ・nos pens馥s les plus profondes.
Nous ach钁erons ici ces consid駻ations sur les caract鑽es de l'ノglise. Avec l'aide du Seigneur elles sont rest馥s imprim馥s dans notre 穃e et nous verrons se confirmer en nous un jugement clair, s皞 et divin, qui nous fera aimer davantage notre M鑽e sainte, qui nous a amen駸 ・la vie de la gr稍e et nous nourrit chaque jour avec une sollicitude in駱uisable.
S'il vous arrive d'entendre des mots ou des cris offensants pour l'ノglise, montrez avec humanit・et charit・・ces 黎res d駱ourvus d'amour que l'on ne peut maltraiter une telle M鑽e. On l'attaque actuellement avec impunit・parce que son royaume, qui est celui de son Ma羡re et Fondateur, n'est pas de ce monde. Tant que le bl・g駑it parmi la paille, tant que les 駱is soupirent parmi l'ivraie, tant que les vases de mis駻icorde se lamentent parmi ceux de la col鑽e, tant que le lys pleure parmi les 駱ines, il ne manquera pas d'ennemis pour dire: regardez, le jour arrive o・les chr騁iens dispara羡ront et n'existeront plus Mais ils disent cela et ils meurent irr駑馘iablement. Et l'ノglise subsiste (Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, 70, II, 12).
Quoi qu'il arrive, le Christ n'abandonnera pas son ノpouse. L'ノglise triomphante est d駛・・ses c駸, ・la droite du P鑽e. Et de l・haut nos fr鑽es chr騁iens nous appellent, qui rendent gloire ・Dieu pour cette r饌lit・que nous voyons encore dans la claire p駭ombre de la foi: l'ノglise une, sainte, catholique et apostolique.

 ォ    PRハTRE POUR L痛TERNITノ    サ 

34 Il y a quelques jours, pendant que je c駘饕rais la Sainte Messe, je me suis arr黎・un bref instant ・consid駻er ces mots du psaume choisi par la liturgie pour l'antienne de la Communion: Le Seigneur est mon berger, rien ne pourra me manquer (Sal 23, 1; Antienne de la Communion de la Messe du samedi de la quatri鑪e semaine de Car麥e). Cette invocation m'a rappel・les versets d'un autre psaume, r馗it・autrefois pendant la c駻駑onie de la premi鑽e tonsure: Le Seigneur est ma part d'h駻itage (Sal 16, 5). Le Christ en personne se place dans les mains des pr黎res, qui deviennent ainsi des dispensateurs des myst鑽es ・/i> des merveilles ・du Seigneur (1Co 4, 1).
L'騁・prochain, une cinquantaine de membres de l'Opus Dei recevront les ordres sacr駸. Ces promotions sacerdotales d'un petit nombre de membres de l柱uvre se succ鐡ent depuis 1944, t駑oignant ainsi de la gr稍e et d'une volont・de service de l'ノglise. Malgr・cela, il y a chaque ann馥 des gens qui s'en 騁onnent. Comment est-il possible, se demandent-ils, que trente, quarante, cinquante hommes, dont la vie est pleine de promesses, soient dispos駸 ・devenir pr黎res? Je voudrais pr駸enter aujourd'hui quelques consid駻ations, m麥e au risque d'accro羡re la perplexit・de ceux-l・

35 Le saint Sacrement de l'Ordre Sacerdotal sera administr・・ce groupe de membres de l'蛍vre, qui ont ・leur actif une riche ・et parfois longue ・exp駻ience de m馘ecin, d'avocat, d'ing駭ieur, d'architecte ou d'une autre activit・professionnelle, et dont le travail offrait la possibilit・r馥lle d'acc馘er ・des situations plus ou moins importantes dans leur milieu social.
C'est pour servir qu'ils seront ordonn駸: non pour commander, ni pour briller, mais pour se donner, en un silence ininterrompu et divin, au service de toutes les 穃es. Une fois pr黎res, ils ne se laisseront pas entra絜er par la tentation d'imiter les activit駸 et le travail des la・s, quand bien m麥e il s'agirait de t稍hes qu'ils connaissent bien, pour les avoir r饌lis馥s eux-m麥es jusqu'alors; et cela assure en eux une mentalit・la・ue qu'ils ne perdront jamais.
Leur comp騁ence en diverses branches du savoir humain ・de l'histoire, des sciences naturelles, de la psychologie ・bien qu'elle fasse n馗essairement partie de cette mentalit・la・ue, ne les am鈩era pas ・vouloir se pr駸enter comme des pr黎res psychologues, des pr黎res biologistes ou des pr黎res sociologues: ils ont re輹 le Sacrement de l'Ordre pour 黎re, ni plus ni moins, des pr黎res-pr黎res, des pr黎res ・cent pour cent.

36 Sur beaucoup de probl鑪es temporels ou humains, ils en savent probablement plus que bien des la・s. Mais, ・partir du moment o・ils deviennent clercs, ils taisent cette comp騁ence avec joie, pour continuer ・se fortifier dans une pri鑽e incessante, pour ne parler que de Dieu, pour pr鹹her l'ノvangile et administrer les sacrements. Voil・ si je puis m'exprimer ainsi, leur nouveau travail professionnel, auquel ils consacrent toutes les heures de la journ馥, qui seront toujours trop peu nombreuses: il leur faut en effet 騁udier constamment la science de Dieu, orienter spirituellement beaucoup d'穃es, 馗outer de nombreuses confessions, pr鹹her inlassablement et prier beaucoup ・beaucoup ・l'穃e toujours tourn馥 vers le tabernacle o・se trouve r馥llement pr駸ent Celui qui nous a choisis pour 黎re siens, en un don merveilleux et plein de joie, m麥e ・l'heure des contradictions, qui sont le lot de toute cr饌ture.
Toutes ces consid駻ations peuvent augmenter, comme je vous le disais, les motifs d'騁onnement. D'aucuns continueront peut-黎re ・se demander: pourquoi renoncer ・tant de choses bonnes et nobles de la terre? Pourquoi renoncer ・avoir une situation professionnelle plus ou moins brillante? Pourquoi renoncer ・exercer une influence chr騁ienne sur la soci騁・par l'exemple, ・partir de la culture profane, de l'enseignement, de l'馗onomie ou de toute autre activit・civile?
D'autres rappelleront comment de nos jours de s駻ieux doutes circulent en beaucoup d'endroits ・propos de la figure du pr黎re: il faut, pr騁end-on, rechercher son identit・/i>. Et l'on met en doute la signification que rev黎, dans les circonstances actuelles, ce don ・Dieu dans le sacerdoce. Enfin, on pourrait 黎re surpris qu'・une 駱oque o・les vocations sacerdotales se font rares, elles naissent pr馗is駑ent chez les chr騁iens qui avaient d駛・r駸olu ・gr稍e ・un travail professionnel exigeant ・leurs probl鑪es de situation et d'emploi dans le monde.

37 Je comprends cet 騁onnement, mais je ne serais pas sinc鑽e si j'affirmais que je le partage. Ces hommes qui embrassent le sacerdoce librement, parce qu'ils en ont envie ・c'est une raison tr鑚 surnaturelle ・savent bien qu'il ne s'agit pas de renoncement, au sens ordinaire du terme. D駛・auparavant ・de par leur vocation ・l'Opus Dei ・ils s'adonnaient au service de l'ノglise et de toutes les 穃es, avec une vocation ・part enti鑽e, divine, qui les amenait ・sanctifier leur travail ordinaire, ・se sanctifier dans ce travail et, ・partir de cette t稍he professionnelle, ・faire de leur mieux pour sanctifier les autres.
Comme ・tous les chr騁iens, ces paroles de saint Pierre s'adressent aussi aux membres de l'Opus Dei, qui sont toujours des chr騁iens courants, pr黎res ou la・s: Vous 黎es une race 駘ue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour annoncer les louanges de celui qui vous a appel駸 des t駭鐫res ・son admirable lumi鑽e, vous qui jadis n'騁iez pas un peuple et qui 黎es maintenant le peuple de Dieu, qui n'obteniez pas mis駻icorde et qui maintenant avez obtenu mis駻icorde (1P 2, 9-10).
Unique et identique est la condition des fid鑞es chr騁iens, chez les pr黎res et chez les la・s, parce que Dieu Notre Seigneur nous a tous appel駸 ・la pl駭itude de la charit・ ・la saintet・ B駭i soit le Dieu et P鑽e de Notre Seigneur J駸us-Christ, qui nous a b駭is par toutes sortes de b駭馘ictions spirituelles aux cieux, dans le Christ. C'est ainsi qu'il nous a 駘us en lui, d鑚 avant la cr饌tion du monde, pour 黎re saints et immacul駸 en sa pr駸ence et dans l'amour (Ef 1, 3-4).
Il n'existe pas de saintet・de second ordre: ou nous luttons constamment pour demeurer en 騁at de gr稍e et ressembler au Christ, notre Mod鑞e, ou nous d駸ertons cette guerre divine. Le Seigneur nous invite tous ・nous sanctifier, chacun dans son propre 騁at. Dans l'Opus Dei, le fait d'黎re pr黎re ou la・ ne change absolument rien ・cette passion pour la saintet・・en d駱it des erreurs et des mis鑽es de chacun. Les pr黎res ne constituent d'ailleurs qu'une proportion tr鑚 r馘uite par rapport ・l'ensemble des membres.
Par cons駲uent, si l'on regarde les choses avec les yeux de la foi, ce n'est pas de renoncement qu'il s'agit quand on arrive au sacerdoce; et parvenir au sacerdoce ne suppose pas non plus le couronnement de la vocation ・l'Opus Dei. La saintet・ne d駱end pas de l'騁at de chacun ・c駘ibataire, mari・ veuf, pr黎re ・mais de sa r駱onse personnelle ・la gr稍e, qui nous est accord馥 ・tous, pour que nous apprenions ・駘oigner de nous les oeuvres de t駭鐫res et que nous rev黎ions les armes de lumi鑽e: la s駻駭it・ la paix, le service, empreint de sacrifice et de joie, rendu ・l'humanit・tout enti鑽e (Cf. Rm 13, 12).

38 Le sacerdoce am鈩e ・servir Dieu dans un 騁at qui, en soi, n'est ni meilleur ni pire que les autres: il est tout simplement diff駻ent. Mais la vocation de pr黎re appara羡 comme rev黎ue d'une dignit・et d'une grandeur que rien ne d駱asse sur la terre. Sainte Catherine de Sienne met les mots suivants sur les l钁res de J駸us-Christ: Je ne veux pas que d馗roisse la r騅駻ence et le respect que l'on doit observer ・l'馮ard des pr黎res, parce que la r騅駻ence et le respect qu'on leur manifeste ne s'adresse pas ・eux, mais ・moi, en vertu du Sang que je leur ai donn・・administrer. S'il n'en 騁ait pas ainsi, vous leur devriez la m麥e r騅駻ence qu'aux la・s, et pas plus Il ne faut pas les offenser: lorsqu'on les offense, c'est moi que l'on offense, et non pas eux. C'est pourquoi je l'ai interdit, et j'ai dispos・que je n'admets pas que l'on touche ・mes Christ (Sainte Catherine de Sienne, Le Dialogue, chap. 116; cf. Sal 105, 15).
Certains s'騅ertuent ・chercher l'identit・du pr黎re, comme ils disent. Comme elles sont claires, ces paroles de la sainte de Sienne! Quelle est l'identit・du pr黎re? Celle du Christ. Tous les chr騁iens peuvent et doivent 黎re non pas alter Christus, mais ipse Christus : d'autres Christ, le Christ lui-m麥e! Mais, dans le cas du pr黎re, ceci se r饌lise d'une mani鑽e imm馘iate, de fa輟n sacramentelle.

39 Pour l'accomplissement d'une si grande oeuvre, celle de la R馘emption, le Christ est toujours l・aupr鑚 de son ノglise, surtout dans les actions liturgiques. Il est l・pr駸ent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, ォ le m麥e offrant maintenant par le minist鑽e des pr黎res, qui s'offrit alors lui-m麥e sur la croix サ et, au plus haut point, sous les esp鐵es eucharistiques (Concile Vatican II, constitution Sacrosanctum concilium, 7; cf. Concile de Trente, Doctrine sur le Tr鑚 Saint Sacrifice de la Messe, chap. 2). Le sacrement de l'Ordre conf鑽e au pr黎re la possibilit・effective de pr黎er ・Notre Seigneur sa voix, ses mains, tout son 黎re; c'est J駸us-Christ qui, dans la Sainte Messe, change, par les mots de la cons馗ration, la substance du pain et du vin en son Corps, son ツme, son Sang et sa Divinit・
C'est en cela que se fonde l'incomparable dignit・du pr黎re. C'est une grandeur d'emprunt, compatible avec ma petitesse. Je demande ・Dieu Notre Seigneur de donner ・tous les pr黎res la gr稍e de r饌liser saintement les choses saintes, et de refl騁er 馮alement dans notre vie les merveilles des grandeurs du Seigneur. Nous qui c駘饕rons les myst鑽es de la Passion du Seigneur, nous devons rendre notre vie conforme ・ce que nous c駘饕rons. Et alors l'hostie occupera notre place devant Dieu, si nous nous faisons nous-m麥es hosties (Saint Gr馮oire le Grand, Dialog. 4, 59).
Si vous rencontrez un jour un pr黎re qui, apparemment, semble ne pas vivre en accord avec l'ノvangile -ne le jugez pas, c'est Dieu qui le juge ・sachez que s'il c駘鐫re validement la Sainte Messe, avec l'intention de consacrer, Notre Seigneur n'en descend pas moins entre ses mains, bien qu'elles en soient indignes. Peut-il exister plus grand abandon, plus grand abaissement? Plus qu'・Bethl馥m, plus qu'au Calvaire. Pourquoi? Parce que le C忖r du Christ d饕orde du d駸ir de la R馘emption, parce qu'il ne veut pas que quelqu'un puisse dire qu'il ne l'a pas appel・ parce qu'il va ・la rencontre de ceux qui ne le cherchent pas.
Il est Amour! Il n'y a pas d'autre explication. Toutes les paroles sont bien pauvres pour parler de l'Amour du Christ! Il s'abaisse ・tout, Il admet tout, Il s'expose ・tout ・aux sacril鑒es, aux blasph鑪es, ・la froideur de l'indiff駻ence de tant de personnes ・pourvu qu'Il puisse offrir, ne serait-ce qu'・un seul homme, la possibilit・de d馗ouvrir les battements d'un C忖r qui bat dans sa poitrine bless馥.
Telle est l'identit・du pr黎re: 黎re l'instrument imm馘iat et quotidien de cette gr稍e salvatrice que le Christ nous a gagn馥. Si l'on comprend cela, si l'on a m馘it・dans le silence actif de la pri鑽e, comment peut-on envisager le sacerdoce comme un renoncement? C'est un gain incalculable. Notre M鑽e sainte Marie, la plus sainte des cr饌tures ・Dieu seul est sup駻ieur ・elle ・a mis J駸us-Christ au monde une seule fois dans le temps; les pr黎res le font venir tous les jours au monde o・nous vivons, ・notre corps et ・notre 穃e: le Christ vient nous alimenter, nous vivifier, 黎re, d鑚 ・pr駸ent, le gage de la vie future.

40 Le pr黎re n'est sup駻ieur au la・ ni en tant qu'homme ni en tant que fid鑞e. C'est pourquoi il convient particuli鑽ement que le pr黎re fasse montre d'une profonde humilit・ pour comprendre comment, dans son cas, ces paroles de saint Paul s'accomplissent aussi de mani鑽e toute sp馗iale et en pl駭itude: Qu'as-tu que tu n'aies pas re輹? (1Co 4, 7) Ce qu'il a re輹 c'est Dieu! Ce qu'il a re輹, c'est le pouvoir de c駘饕rer la Sainte Eucharistie, la Sainte Messe ・fin principale de l'ordination sacerdotale ・de pardonner les p馗h駸, d'administrer d'autres sacrements et de pr鹹her avec autorit・la parole de Dieu, dirigeant les autres fid鑞es en tout ce qui a trait au royaume des Cieux.

41 Le sacerdoce des pr黎res, s'il suppose les sacrements de l'initiation chr騁ienne, est cependant conf駻・au moyen du sacrement particulier qui, par l'onction du Saint-Esprit, les marque d'un caract鑽e sp馗ial, et les configure ainsi au Christ Pr黎re pour les rendre capables d'agir au nom du Christ T黎e en personne (Concile Vatican II, d馗ret Presbyterorum ordinis, 2). L'ノglise est telle qu'elle est, non par un caprice des hommes, mais par la volont・expresse de J駸us-Christ, son Fondateur. Sacrifice et sacerdoce ont 騁・si li駸 ensemble par la disposition de Dieu que l'un et l'autre ont exist・sous les deux lois, l'Ancienne et la Nouvelle. Comme, dans le Nouveau Testament, l'ノglise catholique a re輹 de l'institution du Seigneur le Saint Sacrifice visible de l'Eucharistie, on doit aussi reconna羡re qu'il y a en elle un sacerdoce nouveau, visible et ext駻ieur, dans lequel le sacerdoce ancien a 騁・" chang・サ (Concile de Trente, Doctrine sur le Sacrement de l'Ordre, chap. 1: Denzinger-Sch. 1764 (957)).
Chez ceux qui sont ordonn駸, ce sacerdoce minist駻iel s'ajoute au sacerdoce commun de tous les fid鑞es. C'est pourquoi, encore qu'il serait erron・de soutenir qu'un pr黎re est davantage chr騁ien que tout autre fid鑞e, on peut en revanche, affirmer qu'il est davantage pr黎re: il appartient, comme tous les chr騁iens, ・ce peuple sacerdotal rachet・par le Christ et il est, en outre, marqu・du caract鑽e du sacerdoce minist駻iel, qui se diff駻encie essentiellement, et non pas en degr・/i> (Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, 10), du sacerdoce commun des fid鑞es.

42 Je ne comprends pas le d駸ir qu'ont certains pr黎res de se confondre avec les autres chr騁iens, oubliant ou n馮ligeant leur mission sp馗ifique dans l'ノglise, celle pour laquelle ils ont 騁・ordonn駸. Ils pensent que les chr騁iens veulent voir dans le pr黎re un homme comme les autres, ce qui n'est pas vrai. Ce que les chr騁iens veulent admirer dans le pr黎re, ce sont les vertus propres ・chaque chr騁ien, et ・tout honn黎e homme: compr馼ension, justice, vie de travail ・en ce cas le minist鑽e sacerdotal -, charit・ 馘ucation, d駘icatesse.
Mais ・c・de cela, les fid鑞es demandent une claire manifestation du caract鑽e sacerdotal: ils attendent du pr黎re qu'il prie, qu'il ne se refuse pas ・administrer les sacrements, qu'il soit pr黎 ・accueillir tout le monde sans s'駻iger en chef ou militant de factions humaines, quelles qu'elles soient (Cf. idem, d馗ret Presbyterorum ordinis, 6); qu'il mette amour et d騅otion dans la c駘饕ration de la Sainte Messe, qu'il s'asseye au confessionnal, qu'il console les malades et les afflig駸; qu'il enseigne le cat馗hisme aux enfants et aux adultes, qu'il pr鹹he la Parole de Dieu et non une science humaine quelconque qui ・quand bien m麥e il la conna羡rait parfaitement ・ne serait pas la science qui sauve et conduit ・la vie 騁ernelle; qu'il conseille et soit charitable envers ceux qui sont dans le besoin.

43 En un mot, ce que l'on demande au pr黎re, c'est d'apprendre ・ne pas faire obstacle ・la pr駸ence du Christ en lui, surtout quand il r饌lise le Sacrifice du Corps et du Sang du Christ et quand, au nom de Dieu, il pardonne les p馗h駸 dans la confession sacramentelle auriculaire et secr鑼e. L'administration de ces deux sacrements est si importante dans la mission du pr黎re que tout le reste doit tourner autour. Il est d'autres t稍hes sacerdotales ・la pr馘ication et l'instruction dans la foi ・qui manqueraient de fondement, si leur but n'騁ait pas d'enseigner ・fr駲uenter le Christ, ・le trouver au tribunal d'Amour de la P駭itence et dans le renouvellement non sanglant du Sacrifice du Calvaire, dans la Sainte Messe.
Laissez-moi consid駻er un peu plus longtemps le Saint Sacrifice; car si, pour chacun de nous, il est le centre et la racine de la vie chr騁ienne, il doit l'黎re tout sp馗ialement pour la vie du pr黎re. Un pr黎re qui, par sa faute, ne c駘饕rerait pas chaque jour le Saint Sacrifice de l'autel (Cf. ibid., 13) ferait preuve de peu d'amour de Dieu; ce serait comme jeter ・la face du Christ qu'il ne partage pas son d駸ir de R馘emption, qu'il ne comprend pas son impatience ・se donner, sans d馭ense, comme nourriture de l'穃e.

44 Il est bon de nous rappeler, de r駱騁er avec une inlassable insistance, que nous les pr黎res, que nous soyons p馗heurs ou saints, nous ne sommes plus nous-m麥es lorsque nous c駘饕rons la Sainte Messe. Nous sommes le Christ qui renouvelle sur l'autel le divin sacrifice du Calvaire. Dans le myst鑽e du sacrifice eucharistique, o・les pr黎res exercent leur fonction principale, c'est l'oeuvre de notre R馘emption qui s'accomplit sans cesse. C'est pourquoi il leur est vivement recommand・de c駘饕rer la messe tous les jours; m麥e si les chr騁iens ne peuvent y 黎re pr駸ents, c'est un acte du Christ et de l'ノglise (Ibid.).
Le Concile de Trente enseigne que, ・la Messe, ce m麥e Christ, qui " s'est offert lui-m麥e une fois サ de mani鑽e sanglante sur l'autel de la Croix, est contenu et immol・de mani鑽e non sanglante C'est une seule et m麥e victime, c'est le m麥e qui s'offre maintenant par le minist鑽e des pr黎res, qui s'est offert alors lui-m麥e sur la Croix; seule la mani鑽e de s'offrir diff鑽e (Concile de Trente, Doctrine sur le Tr鑚 Saint Sacrifice de la Messe: Denzinger-Sch. 1743 (940)).
L'assistance ou la non-assistance de fid鑞es ・la Sainte Messe ne modifie aucunement cette v駻it・de foi. Quand je c駘鐫re entour・par le peuple, je me trouve tr鑚 ・l'aise, sans 駱rouver aucun besoin de me consid駻er pr駸ident d'une assembl馥. D'un c・je suis fid鑞e comme les autres; mais je suis, par-dessus tout, le Christ ・l'autel! Je renouvelle de fa輟n non sanglante le divin Sacrifice du Calvaire et je consacre in persona Christi, repr駸entant r馥llement J駸us-Christ, parce que je lui pr黎e mon corps, ma voix et mes mains, mon pauvre c忖r, tant de fois souill・ que je veux qu'il purifie.
Quand je c駘鐫re la Sainte Messe avec l'unique participation de mon servant, l・aussi le peuple est pr駸ent. Je sens ・mes c駸 tous les catholiques, tous les croyants et aussi tous les incroyants. Toutes les cr饌tures de Dieu sont pr駸entes ・la terre, le ciel et la mer, et les animaux et les plantes ・qui rendent gloire au Seigneur de la cr饌tion tout enti鑽e.

45 Utilisant les mots du Concile Vatican II, je dirai en outre, que nous nous unissons au plus haut degr・au culte de l'ノglise c駘este, en communiquant et en v駭駻ant par-dessus tout la m駑oire de la glorieuse Marie toujours Vierge, de saint Joseph, des saints apres et martyrs et de tous les saints (Cf. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, 50).
Je demande ・tous les chr騁iens de prier beaucoup pour nous les pr黎res, afin que nous sachions r饌liser saintement le Saint Sacrifice. Je les supplie de manifester pour la Sainte Messe un amour si d駘icat qu'il incite les pr黎res ・la c駘饕rer avec une dignit・・une 駘馮ance ・humaine et surnaturelle, en soignant les ornements et les objets destin駸 au culte, avec d騅otion, sans h穰e.
D'o・vient cette h穰e? Les amoureux ont-ils h穰e de se quitter? On dirait qu'ils s'en vont et ne s'en vont pas; ils reviennent sur leurs pas plusieurs fois, ils r駱鑼ent des phrases banales comme s'ils venaient de les d馗ouvrir N'ayez pas peur de comparer les manifestations d'un amour humain noble et limpide aux choses de Dieu. Si nous aimons le Seigneur avec notre c忖r de chair ・nous n'avons que celui-l・・nous ne serons pas press駸 de terminer cette rencontre, ce rendez-vous amoureux avec lui.
Il y en a qui ne se pressent pas et qui n'h駸itent pas ・prolonger jusqu'・la fatigue lectures, avis, annonces. Mais, arriv駸 au moment principal de la Sainte Messe, au sacrifice proprement dit, ils se pr馗ipitent, emp鹹hant ainsi les autres fid鑞es d'adorer avec pi騁・le Christ, Pr黎re et Victime, et d'apprendre ・le remercier ensuite calmement, sans pr馗ipitation, d'avoir voulu venir de nouveau parmi nous.
C'est dans la Sainte Messe que toutes les affections et tous les besoins du c忖r du chr騁ien trouvent leur voie la plus sublime: celle qui, par le Christ, m鈩e au P鑽e, en l'Esprit Saint. Le pr黎re doit faire tout son possible pour que tout le monde connaisse cette v駻it・et la vive. Il n'y a aucune activit・qui puisse ordinairement passer avant celle de faire conna羡re, aimer et v駭駻er la Sainte Eucharistie.

46 Le pr黎re r饌lise deux actes: le premier, principal, sur le corps v駻itable du Christ; l'autre secondaire, sur le Corps Mystique du Christ. Le second acte ou minist鑽e d駱end du premier et non l'inverse (Saint Thomas, S. Th. Suppl., q. 36, a. 2, ad 1). C'est pourquoi une caract駻istique 駑inente du minist鑽e sacerdotal est de tendre ・ce que tous les catholiques s'approchent du Saint Sacrifice avec toujours plus de puret・ d'humilit・et de v駭駻ation. Si le pr黎re s'applique ・cette t稍he, il ne se trompera pas lui-m麥e et il ne trompera pas non plus la conscience des chr騁iens, ses fr鑽es.
Dans la Sainte Messe, nous adorons, en accomplissant avec amour le premier devoir de la cr饌ture envers son Cr饌teur: C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, c'est ・lui seul que tu rendras culte (Dt 6, 13; Mt 4, 10). Non pas une adoration froide, formelle, servile, mais une estime et un respect intimes, qui sont le propre des fils tr鑚 aimants.
Dans la Sainte Messe nous est offerte la meilleure occasion d'expier nos propres p馗h駸, et ceux de tous les hommes, afin de pouvoir dire, avec saint Paul, que nous sommes en train d'accomplir dans notre chair ce qu'il reste ・souffrir au Christ (Cf. Col 1, 24). Personne n'avance seul dans le monde, personne ne saurait consid駻er qu'il n'a aucune part de responsabilit・dans le mal qui se commet sur la terre, cons駲uence du p馗h・originel ainsi que d'un grand nombre de p馗h駸 personnels. Aimons le sacrifice, recherchons l'expiation. Comment? En nous unissant dans la Sainte Messe au Christ, Pr黎re et Victime: ce sera toujours lui qui se chargera du poids imposant des infid駘it駸 des cr饌tures, des tiennes et des miennes.

47 Le sacrifice du Calvaire est une preuve infinie de la g駭駻osit・du Christ. Chacun d'entre nous, personnellement, nous y gagnons beaucoup. Nous n'importunons pas Dieu Notre Seigneur lorsque nous lui exposons nos besoins dans la Sainte Messe. Qui n'a pas quelque chose ・demander? Seigneur, cette maladie Seigneur, cette tristesse Seigneur, cette humiliation que je ne sais pas supporter par amour pour toi Nous voulons le bien, le bonheur et la joie des nres; le sort de ceux qui souffrent faim et soif de pain et de justice nous oppresse le c忖r, et aussi le sort de ceux qui connaissent l'amertume de la solitude, de ceux qui, ・la fin de leurs jours, ne re輟ivent ni un 馮ard d'affection ni un geste qui les aide.
Mais la grande mis鑽e qui nous fait souffrir, la grande n馗essit・・laquelle nous voulons rem馘ier, c'est le p馗h・ l'駘oignement de Dieu, le risque que les 穃es se perdent pour toute l'騁ernit・ Conduire les hommes ・la gloire 騁ernelle dans l'amour de Dieu, telle est notre aspiration profonde dans la c駘饕ration de la Messe, comme ce fut celle du Christ lorsqu'il offrit sa vie au Calvaire.
Habituons-nous ・parler au Seigneur avec cette sinc駻it・quand il descend, Victime innocente, entre les mains du pr黎re. La confiance dans le secours du Seigneur nous donnera une d駘icatesse d'穃e qui se traduit toujours en oeuvres de bien et de charit・ de compr馼ension, de tendresse affectueuse envers ceux qui souffrent et ceux qui se comportent artificiellement, simulant une satisfaction inconsistante, si fausse qu'il en faut peu pour qu'elle se change en tristesse.

48 Remercions enfin Dieu Notre Seigneur pour tout ce qu'Il nous accorde, pour le don merveilleux qu'Il nous fait de Lui-m麥e. Que vienne ・notre c忖r le Verbe incarn・ Que Celui qui a cr鳬 les cieux et la terre s'enferme dans notre petitesse! Pour abriter le Christ en son sein, la Vierge Marie fut con輹e immacul馥. Si l'action de la gr稍e doit 黎re proportionnelle ・la diff駻ence entre le don et les m駻ites, ne devrions-nous pas transformer toute notre journ馥 en une Eucharistie continuelle? Ne vous 駘oignez pas du temple, ・peine le Saint Sacrement re輹. Ce qui vous attend est-il si important, que vous ne puissiez accorder au Seigneur dix minutes pour Lui dire merci ? Ne soyons pas mesquins. ・l'Amour doit r駱ondre l'Amour.

49 Un pr黎re qui vit ainsi la Sainte Messe ・en adorant, en expiant, en implorant, en rendant gr稍es, en s'identifiant au Christ ・et qui apprend aux autres ・faire du Sacrifice de l'autel le centre et la racine de la vie chr騁ienne, fera v駻itablement preuve de la grandeur incomparable de sa vocation, du caract鑽e dont il est marqu・ et qu'il ne perdra pas de toute l'騁ernit・
Je sais que vous me comprenez quand j'affirme que, compar・・un tel pr黎re, il faut consid駻er comme un 馗hec ・humain et chr騁ien ・la conduite de certains qui se comportent comme s'ils avaient ・s'excuser d'黎re ministres de Dieu. Comportement d'autant plus d駱lorable qu'il les am鈩e ・abandonner leur minist鑽e, ・imiter les la・s, ・chercher une seconde occupation qui supplante peu ・peu celle qui leur est propre, par vocation et par mission. Et fr駲uemment, lorsqu'ils se soustraient ・leurs obligations spirituelles envers les 穃es, ils tendent ・les remplacer par leur intervention dans les domaines propres aux la・s ・affaires sociales ou politiques ・donnant alors lieu au ph駭om鈩e du cl駻icalisme qui est la caricature morbide de la v駻itable mission sacerdotale.

50 Je ne veux pas terminer sur cette note sombre, qui peut para羡re pessimiste. Le v駻itable sacerdoce chr騁ien n'a pas disparu de l'ノglise de Dieu; immuable est la doctrine re輹e des l钁res divines de J駸us. Il y a des milliers et des milliers de pr黎res dans le monde qui r駱ondent fid鑞ement, sans ostentation, sans succomber ・la tentation de jeter par-dessus bord un tr駸or de saintet・et de gr稍e, qui a exist・dans l'ノglise depuis le d饕ut.
J'駱rouve une grande joie en pensant ・la d駘icatesse humaine et surnaturelle de ces pr黎res, mes fr鑽es, r駱andus sur toute la terre. C'est maintenant justice qu'ils se voient entour駸 de l'amiti・ de l'aide et de l'affection de nombreux chr騁iens. Et quand viendra pour eux le moment de se pr駸enter devant Dieu, J駸us-Christ ira ・leur rencontre pour glorifier 騁ernellement ceux qui, en leur temps, ont agi en son nom et en sa personne, r駱andant avec g駭駻osit・la gr稍e dont ils 騁aient administrateurs.
Revenons de nouveau en pens馥 aux membres de l'Opus Dei qui deviendront pr黎res l'騁・prochain. Priez beaucoup pour eux, pour qu'ils soient toujours des pr黎res fid鑞es, pieux, doctes, disponibles, joyeux! Confiez en particulier cette intention ・la Sainte Vierge qui prodigue de fa輟n toute sp馗iale ses soins maternels ・tous ceux qui s'engagent pour toute la vie ・suivre de pr鑚 son Fils, Notre Seigneur J駸us-Christ, Pr黎re ノternel.